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Motocultor 2019, jour 4

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Saint-Nolff, dimanche 18 août

La nuit fut chaotique et tous les survivants s’apprêtent à affronter cette ultime journée pleine de promesses. Le soleil est de retour, et le terrain nettement plus praticable. J’ai eu la bonne idée dans la nuit de faire une chute magistrale dont le ridicule a ravi mes camarades.

C’est donc la jambe boitante mais le cœur vaillant que je me dirige vers Vampillia en ce début d’après-midi. Bien moins connus en France que sur leur terre d’origine, le groupe est une découverte pour beaucoup. Ce qui frappe en premier avec les japonais, c’est l’énergie, voire la folie que dégage le frontman Mongo.

Le concert commence avec des passages instrumentaux au violon et au piano, pour prendre au fur et à mesure de l’arrivée des autres instruments un ton nettement plus sombre. Le show ne débute réellement qu’à l’arrivée spectaculaire de Mongo accroché à un poteau du chapiteau. On ne peut qu’être captivé par leur univers extrêmement singulier, musicalement très riche, une alternance de mélancolie et de rage. Inclassable donc, et visuellement parfait, un jeu de scène travaillé qui nous transporte. Bonne surprise supplémentaire : la venue de Neige d’Alcest, monté partager la scène avec Vampillia quelques instants.

Une des particularités du Motocultor, c’est l’intégration d’un OVNI, d’artistes qui à priori n’auraient rien à faire sur une affiche d’un festival metal. C’est pourtant un pari réussi tous les ans, et ce cru 2019 en particulier. Henri Dès & Ze Grands Gamins gagne sans conteste le prix de la meilleure ambiance cette année.

Le chanteur nous a tous accompagné pendant notre enfance et a transmis sa fibre musicale à son fils Pierrick que l’on retrouve à la batterie. Ce dernier forme un duo avec Raphaël à la guitare et a la basse, anciennement nommé Explosion de caca. Ce sont ces trois drôles de personnages que l’on retrouve sur la Dave Mustage. La tente est blindée, Henri Dès est acclamé dès son arrivée sur scène et semble ému de cet accueil plein d’entrain et, osons le dire, d’amour. Le publie semble connaître toutes les chansons par cœur, fait deux wall of Dès, un « chenille pit », ça slam de partout. Tous les classiques de son répertoire y passent, Les bêtises, La petite Charlotte, pour finir sous les ovations avec Flagada. Un grand moment, tout le monde ressort avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Je me dirige pleine d’entrain vers la Supositor stage pour assister à Aborted. Violence ultra jouissive, une brutalité comme on l’aime. Sven, le chanteur, ne tient pas en place comme à son habitude, interagit beaucoup avec le public à qui il commande un énorme circle pit autour de la sono. C’est toujours un bonheur de voir les belges, cette impression de passer sous un rouleau compresseur. Ambiance extraordinaire, un goût de trop peu quand le groupe termine son set avec The Saw and the Carnage Done. 

La foule est de plus en plus dense en ce début de soirée devant la Dave Mustage, attendant impatiemment les suédois d’Avatar. Pour ne connaître ce groupe que de nom, je dois dire que je n’ai aucun à priori sur eux, je ne sais pas du tout à quoi m’attendre. Ce sera pour moi une merveilleuse découverte, la deuxième claque de cette édition 2019, ni plus ni moins. Avatar, c’est d’abord un show extraordinaire, ou pour mieux dire un freak show à la Alice Cooper. Les costumes sont parfaits, le chanteur est ultra charismatique, communique très bien avec le public avec des apartés fréquents sans pour autant casser le rythme du spectacle. Les mises en scène sont formidables, on peut même parler de chorégraphies des instrumentistes. Headbangs ultra réglés, passages très heavy, parfois on a même droit à des sonorités rythmiques de type djent. Bref, il y en a pour tout le monde ! Le chanteur Johannes Eckerström a même une palette vocale incroyable, et en cette dernière date de tournée 2019, aucun signe de fatigue ne se fait sentir. C’est une véritable machine de guerre ce groupe et surtout très fédératrice. Le mélange grand guignolesque, circus et horreur est difficile à maitriser, nous avons des virtuoses en la matière. Certains déploreront peut-être que ça manque sans doute un peu de spontanéité, mais force est de constater que le leader fait de ce moment une communion entre les musiciens, visiblement très heureux de participer au Motocultor. Le concert passe a une vitesse très rapide, mais j’en ressors absolument conquise et vais dès ce soir me précipiter sur les albums studio du groupe.

La même scène accueille un peu plus tard Hatebreed qui fête cette année ses 25 ans.

Une énergie dingue qui prend tout de suite après l’intro. Passage remarqué par le chanteur Jamey Jasta d’une slammeuse dans une poubelle dès le début du concert. Un son bien hardcore puissant et plein de rage, des morceaux qui terrassent le public. Destroy Everything n’a jamais aussi bien porté son nom !

Retour ensuite sur la Supositor stage pour assister à Napalm Death. Je ne compte plus les fois où je suis allé voir Barney et sa bande. Napalm Death, ça se revit à chaque fois avec intensité. Ce concert ne fait pas exception. On assiste a un grand best of des anglais. Nous sourions à chaque nouveau morceau avec mes compagnons de concert. Certains n’avaient d’ailleurs plus été joués depuis pas mal de temps. Quelle folie, quelle énergie, et Barney est toujours en putain de colère. Voilà un artiste qui met son engagement sur scène, tant physique que politique et ça fait plaisir à voir. Il ponctue les titres par de petits discours bien sentis, et a même quelques phrases bienveillantes à l’encontre du festival, de ses organisateurs et du public. Le son est terriblement bon sur la scène qui a le plus souffert depuis jeudi. C’est impeccable, brutal, sans bavure. Du bon Napalm comme on veut en revoir encore, et encore, et encore… Je ne boîte plus, c’est vous dire si ça fait du bien. Napalm Death, reconnu d’utilité publique par tous les ostéopathes.

On termine le festival sur une note ensanglantée, gore, poisseuse, brutale avec les mythiques Bloodbath. Il y en a eu des musiciens à passer dans ce groupe, et c’est la même formation que nous retrouvons deux mois après le Hellfest, où ces garçons nous avaient déjà délivré un set de très haute qualité. On ne change pas une équipe qui gagne et nous sommes de bout en bout balafrés musicalement parlant, tant la précision et les ambiances violentes nous cisaillent de bonheur.
C’est bien l’heure du bain de sang. Malheureusement, le public n’est plus très nombreux, et c’est bien dommage. Petit bémol en fin de set cependant : à deux ou trois morceaux de la fin, le batteur s’est complètement trompé de morceau, ce qui certes prouve que ce ne sont pas des machines mais n’a visiblement pas beaucoup plu aux autres musiciens qui se sont tournés vers le batteur Martin Axenrot en lui faisant une tête des mauvais jours… Après ce court incident, ils terminent en apocalypse avec Cry my name et Eaten.

C’est déjà la fin de cette édition du Motocultor Festival 2019. Que de groupes entendus, que de boue au mètre carré, que de bonnes vibrations metalliques, que de délires encore partagés d’un bout à l’autre du site. Un bon cru, entre belles découvertes et valeurs sûres. 42 000 personnes ont participé cette année, un record pour un festival qui reste à taille humaine. Face à un tel succès, l’édition 2020 se fera de nouveau sur quatre jours. Le groupe Heilung a déjà été annoncé par la production.

Que dire, à part un énorme merci à toute l’équipe du Motocultor et aux bénévoles qui ont permis aux festivaliers de garder la patate malgré des conditions difficiles? A l’année prochaine, bande de fous tout plein de boue.