- MB : Salut Queen(ares), je suis Julien pour le webzine Mad Breizh. On se rencontre dans le cadre de votre date à Nantes, au Lovecraft, en compagnie de Tellmarch. Dans un premier temps, pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous vous présenter ?
Nico : Alors moi je suis Nico, et je suis à la batterie dans Queen(ares).
Max : Moi c’est Max, basse et chant.
Alex : Alex, guitare.
Charly : Charly, chant, guitare, muse.
- MB : Maintenant pouvez-vous nous présenter ce projet ?
Max : En fait, Queen(ares) c’est vraiment un groupe de copain pour le coup, Nico et moi on s’est rencontrés quand on travaillait la nuit chez Ikea, lui connaissait Alex parce qu’ils avaient déjà joués ensemble, moi je connaissais Charly et en fait on avait tous envie de faire de la musique les uns avec les autres. Alex a pas mal donné la direction artistique au début du groupe et puis c’est né comme ça. On a composé juste avant le covid et puis premier album début du covid et on a sorti l’album… super plan business… Rires.
- MB : Avant qu’on parle un peu plus du projet, de la compo… Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez commencé la musique ? Et comment vous êtes tombés dans ce style de post metal ?
Nico : Alors tout petit, en CE1 je crois, il y a quelqu’un du conservatoire qui est venu faire une initiation au chant. Et du coup je me suis dit « c’est stylé quand même » et vu que je n’habitais pas très loin du conservatoire de Roubaix et en fait c’était une espèce de recrutement un peu secret, pour ramener des jeunes… Et du coup je suis allé là-bas, j’ai fait 1 an d’initiation à la musique puis conservatoire. Puis après je me suis grandement fait chier à l’orchestre en reprenant des trucs de merde, de Forrest Gump…
Reste du groupe : ohhhh lalala. Attention.
Nico : Nan nan mais je me suis vraiment fait chier, en fait je me suis dit que j’avais envie de composer, je n’ai pas envie de juste jouer les morceaux des autres… Et puis j’ai des copains qui m’ont dit « vas-y on monte et on n’a pas de batteur ». J’ai fait « Ouais c’est bien mais je ne fais pas de batterie moi ». « Ouais c’est pas grave ». Et du coup je me suis dit vas-y on va faire de la musique avec les copains et on a monté The Lumberjack Feedback. Et puis j’en suis venu à ce genre de musique parce que j’ai un grand frère 12 ans plus vieux que moi, qui écoutait The Cure, Killing Joke, plein de choses supers cools qu’il m’a fait découvrir et que je lui ai un peu piqué aussi en cachette de temps en temps quand il n’était pas là… Voilà.
Max : Alors moi j’ai commencé la musique j’étais au collège, mes parents venaient de divorcer c’était une période difficile pour moi en tant que gamin de 12ans et j’ai rencontré un mec qui faisait de la guitare et qui avait un groupe. On était tout jeune et on a décidé de faire un groupe de punk. Je jouais pas du tout de musique, ce n’était pas trop dans ma famille et j’ai découvert ça avec lui, grâce à Charles De Lengaigne, que je remercierai toujours pour ça. Et en grandissant je me suis pris de passion pour ça et j’ai fait mon premier concert à 14 ans, devant la mairie de Vimy, dans le Pas De Calais et c’est à partir de ce jour-là que c’est devenu très obsessionnel et où je n’ai pas trop voulu faire d’études tout ça, car ça a toujours été un peu mon leitmotiv de faire de la musique. Le metal j’y suis venu parce que ça me fait beaucoup de bien déjà d’en jouer parce qu’il y a un genre de violence saine qui me permet d’extérioriser beaucoup de choses, autant dans l’énergie que dans les propos. Et du coup, le metal c’est aussi une musique qui se permet encore… enfin déjà qui est très large parce que metal ça ne veut rien dire… mais c’est une musique qui se permet beaucoup de choses et c’est ça que j’aime. Et en plus je peux le faire avec les personnes que je préfère dans le monde.
Alex : Moi j’ai découvert surtout la musique par rapport à des groupes comme Queen, les Guns, Metallica, et puis ma grand-mère m’a payé ma première guitare. L’envie de monter un groupe, je répétais à l’époque dans ma chambre, on faisait que des reprises de Sepultura, de Limp Bizkit, de Korn, une chose en entraînant une autre, faire des vrais groupes, des vraies compositions, et voilà.
Charly : Je pense que c’est un peu la même chose, mes 2 grands frères me faisaient écouter un peu de musique, je suis tombé fan du premier album de SUM 41 quand j’étais en primaire. Je n’étais pas très rock tout ça quand j’étais gamin, ce truc-là est arrivé, Offspring c’était un peu violent pour moi à l’époque et quand je suis arrivé au collège, un pote m’a fait découvrir Nirvana et on s’est dit que c’était vachement cool et qu’on allait faire la même chose. Je voulais absolument être chanteur, je me suis retrouvé dans un groupe avec un pote qui avait déjà une gratte, un mec qui voulait commencer la batterie… machin… on était en cinquième un truc comme ça, mon frère m’a dit quand même ce serait pas mal d’avoir un bassiste, je ne savais pas ce que c’était, du coup j’ai eu ma première basse qui devait coûter 80 balles au noël suivant et je suis devenu bassiste. De fil en aiguille, on rencontre des gens, lycée, je me suis intéressé un peu au rock, j’ai fait pas mal de prog, mathrock… Je suis venu au metal un peu tardivement et puis après il y a eu Queen(ares) en gros. C’était long au début et puis après tout s’est enchaîné.
- MB : Petite question, donc vous êtes 2 à gérer le chant, comment vous bossez votre voix ? Comment vous avez réalisé que vous pouviez crier comme ça ? Est-ce que c’est beaucoup de travail ?
Max : Le truc c’est qu’au début on avait un chanteur, donc on était 5, et puis ça ne l’a pas fait à l’enregistrement de l’album. En fait le premier album, on l’a enregistré 2 fois. Donc ça ne l’a pas fait, donc on a auditionné plusieurs chanteurs et finalement on s’est demandé si on ne le ferait pas tous les 2. Charly screamait déjà un tout petit peu, moi j’avais zéro expérience là-dedans et du coup je me suis fait super mal au début, c’était horrible. Et puis en faisant des concerts, j’ai repris quelques cours de chant aussi pour gérer le souffle, prendre conscience de ta colonne d’air, du souffle que tu peux envoyer sans se faire mal, et tu vois ça arrive comme ce soir, je ne m’entendais pas bien, je ne me suis pas fait mal mais j’ai la voix un peu voilée. Et en fait, on en est venu à chanter à 2 car ce qu’on fait, sur le prochain album on a déjà les chansons, on compose tout l’instrumental et après on fait les chants par rapport à ça et on cherche à 2, on se cale à 2 dans une cave et on expérimente un peu des idées.
Charly : Maxime en a un peu parlé, comme je voulais être chanteur étant jeune, j’ai commencé par ça, après à un moment j’ai découvert Billy Talent et c’était vraiment trop mon truc, je me suis dit c’est vraiment pas mal, le mec chante hyper aigüe, hyper saturé, c’est vachement cool. Du coup j’ai commencé à gueuler un peu dans un groupe, surtout au début du lycée. Puis des potes m’ont fait écouter un peu de metal, je me suis dit tiens c’est marrant aussi ce type de chant… c’est marrant du coup quand on écoute les enregistrements de ce groupe-là, on réalise que plus les mois passent et plus on sent que j’écoute de la musique de bourrin. À un moment j’ai découvert Necrophagist et je me suis dit je veux faire du death growl comme ça. Et puis voilà, on teste des trucs. Il y a plein de styles de chant que j’aime bien, la voix avec Queen(ares) c’était vraiment l’occasion de bosser ce truc-là. Sur le deuxième album, on a autant du chant tonal, voix de poitrine que des trucs qu’on double en voix de tête. Le registre de chant est assez large. On n’a pas envie de se cantonner uniquement au chant saturé non plus dans ce projet.
- MB : Donc niveau composition, aujourd’hui vous avez sorti un album, comment composez-vous les morceaux ?
Max : Généralement il y a Alex ou Charly qui ramène un riff et puis après on essaie de le faire vraiment ensemble, de s’enfermer dans la salle de répète et du coup c’est très long, parce qu’on n’est souvent pas d’accord…rires. Surtout Nico (en toussant) …Rires. Je rigole… nan pas trop.
Nico : Après si c’est bien c’est peut-être parce que je suis chiant.
Max : Exactement. En fait l’idée c’est qu’à la fin on arrive à un truc…
Nico : Où je suis content.
Rires.
Max : Nan mais c’est ça, où en fait on est tous content du titre et que personne ne se sente lésé sur rien. Après, sur le premier album c’était un peu plus compliqué, sur le deuxième ça a été plus simple j’ai trouvé. Tu vois c’est un truc où faut apprendre à se connaître, et sur le troisième album ça se passera encore mieux. Il y a aussi un truc un peu d’égo, tu as une idée et tu as envie vraiment de la pousser à fond. Par exemple, sur le deuxième album j’avais des idées et tout ce que je demandais c’est qu’on les essaie, mais je me disais si les gars ils n’aiment pas c’est que ce n’est pas le bon truc. On essaie de faire en sorte que ce soit assez démocratique pour que sur le résultat final, il y ait un peu de nous tous à part égal. Parce que, encore une fois, Queen(ares) c’est un truc de copains. Même si on le fait sérieusement, le but c’est qu’on soit tous contents.
Nico : C’est vrai qu’on a testé d’autres méthodes, pendant le covid on a été contraint de travailler à distance et c’était intéressant mais on a besoin d’être humainement ensemble pour faire de la musique.
- MB : Vous nous avez donc parlé d’un deuxième album, qui est enregistré ? Qui arrive ? Est-ce que vous pouvez nous en parler un peu plus ?
Max : Je parle beaucoup parce que c’est moi le leader en fait… Rires.
Nico : C’est juste le plus proche du micro.
Max : En fait on ne sait pas encore quand il sort car on va essayer de trouver un label pour le sortir. Il est enregistré, il est en mixage par Charly, parce que en fait, Charly et Nico sont tous les 2 sondiers et c’est eux qui ont géré les prises de l’album. Charly mix pas mal de groupe, comme Traquenard… On le fait un peu par nous-mêmes, ça reste dans le cocon familial. Mais le deuxième album, pour répondre à ta question, je ne sais pas quand il arrive mais il va être bien.
- MB : Pouvez-vous nous parler un peu d’influences, qu’est ce qui influence le jeu de Queen(ares), tant du côté influences musicales ou sociétales, culturelles…
Max : Charly et moi on est sous antidépresseurs. Rires.
MB : Ça ne marche pas…
Max : En tout cas, les propos de la musique c’est plus ou moins la condition des hommes et des femmes dans notre société moderne. C’est hyper banal un peu de dire ça mais en fait c’est tous les aspects qui font que ça peut être beau comme terrible. Donc ouais ça parle beaucoup de ça. On s’est aussi inspiré de littérature, Charly a écrit un texte sur un bouquin qu’il m’a filé. On se file des bouquins à lire, ce qui nous inspire. Mais ça parle toujours un peu de société et du mur dans lequel on fonce toutes et tous. Après musicalement je vais laisser la parole à Alex.
Alex : J’écoute énormément de musique et de trucs variés, j’adore la musique ambiante. À partir du moment où je trouve une idée ambiante, j’essaie de la décliner, de poncer un max et de trouver un gros riff par-dessus et finalement le truc ambiant il ne va peut-être pas rester… En ce moment par exemple, je suis en train de composer des trucs, j’ai une piste où j’enregistre tout ce qui me passe par la tête. Comme Nico parlait tout à l’heure de notre méthode de travail, le fait de travailler à distance on a essayé mais finalement on n’a pas gardé grand-chose. Il y avait des trucs bien mais quand on les jouait en répète, on ne se reconnaissait pas dedans.
Max : En fait on ne vient pas des mêmes branches musicales, Nico a été fort dans le doom…
Nico : Les trucs chiants et lents avec pas beaucoup de notes…
Max : Alex lui il était plus dans le hardcore, moi j’étais plus dans le punk hardcore, Charly était dans la musique progressive, parfois expérimentale. On est tous fan chacun d’un groupe différent, je suis un énorme fan de Mastodon, toi (à Alex) tu adores Cult Of Luna…
Alex : Même Type O Negative, je suis un gros fan de Radiohead aussi.
Max : Tu vois Charly il adore Phil Collins…
Charly : En vrai j’aime bien Phil Collins.
Max : Il adore tout ce qui est Tears For Fears…
Charly : The Cure.
Max : Nico il a même fait de la techno un moment…
Nico : Ouais j’ai fait de la techno en club, DJ résident. J’avais un label de techno, non mais n’importe quoi. Je suis un gros fan de post rock, je faisais du stoner parce que c’était les copains…
- MB : Il y a des gens qui vous accompagne, qui vous aide ?
Max : Il y a ma compagne qui nous aide beaucoup pour tous les visuels, c’est elle qui gère ça. Après, Mathias Sawicz, en régis son sur les grosses dates et puis Cédric Charbonnier, qui faisait partit du Métaphone à Lille, du 99BIS, qui est une salle où ils font des accompagnements et pour le coup cette accompagnement là c’est un vrai accompagnement, sur plusieurs années et ils nous ont vraiment, très fortement aidés. On se démerde beaucoup nous-même, c’est un peu en vase clos mais par contre on ne ferme jamais la porte pour être aidés, aux gens qui ont envie de mettre la main à la pâte aussi. On prend volontiers des avis, des coups de main. Il y a aussi Elo Sawicz, qui est la femme de Mathias, qui a une boîte qui s’appelle Agence Singularités, qui elle aussi, nous file des coups de main. C’est des personnes qui sont investies quand elles peuvent mais aussi parce qu’humainement il se passe des choses. De toute façon, tout est toujours à propos de l’humain, on essaie, comme tout le monde devrait, d’être un meilleur humain autant que possible tu vois, comme toi surement aussi. Et du coup ces personnes-là, elles nous font grandir de ouf. Les personnes qu’on vient de citer là, on leur doit beaucoup.
- MB : Est-ce qu’il y a un terreau post metal/rock/hardcore, dans le nord de la France ? Comment ça se passe de votre côté ?
Nico : Fût un temps, il y avait énormément de groupes de post rock à Lille, énormément, je parle de ça il y a une quinzaine d’années. Maintenant, vachement moins.
Charly : À propos de Lille, il y a une grosse scène rap aussi. Il y a Roubaix à côté, il y a pas mal de gros rappeurs qui sortent de là-bas. Je ne sais pas s’il y a une grosse direction à Lille en ce moment… Nous on est résidents à la Malterie, il y a des styles très différents.
MB : C’est le côté Rock In Bourlon qui fait dire ça.
Max : Ah oui. Il y a un peu de tout mais je ne pense pas qu’il y ait un vivier post metal. Il y a plein de groupes supers cools sur Lille.
- MB : Pour terminer, qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ? S’il y a un groupe que vous souhaitez mettre en avant, c’est le moment.
Max : Il y a 2 jours je suis allé voir un groupe à La Bulle, à Lille, qui s’appelle Black Pyramid, c’est du stoner, les mecs tournent depuis un moment. J’aime bien stoner mais des fois ça me fait vite chier quand même et là… Niveau son…
MB : C’était fort….
Max : J’ai pris l’Amérique en plein dans la tronche. Black Pyramid c’était trop bien, en plus sur leur dernier album il y a un morceau qui dure 25 minutes. Je l’ai offert à ma femme.
Nico : Moi il y a 3 trucs je dirais. Il y a un groupe avec lequel on a joué un peu par hasard à Gand la semaine dernière, y’a Hate & Merda, des italiens en duo, complètement barrés qui font de la pure zik. Il a le nouvel album de Love Sex Machine qui est vraiment ouf, la prog elle déboite et en plus on va jouer avec eux bientôt. Et Eartheater, chanteuse américaine complètement barrée, cette nana c’est le ture-fu. Super album.
Alex : Alors il y a 2 trucs que j’écoute beaucoup en ce moment, c’est Hypno5e, groupe français. Pour moi c’est un mélange entre A Perfect Circle et Gojira, je suis un gros gros fan de leurs albums. Et Knocked Loose, tous les 2 des grosses prods mais voilà. Sur Hypno5e j’adore les sons de gratte, j’adore l’ambiance. Il y a un esprit un peu filmographie sur le truc, je trouve ça génial.
Charly : L’album récent que j’écoute beaucoup c’est le quatrième album d’un groupe anglais qui s’appelle (à repréciser) , c’est des mecs qui ont commencé dans l’électro un peu expérimental et là avec les années c’est plutôt devenu du rock indé, un peu low-fi bizarre, il est monstrueux.
- MB : Merci beaucoup, niveau actu il y a des choses à annoncer ?
Max : On joue samedi 8 juin, dans 2 jours…
MB : oula ce ne sera pas retranscrit…. Rires…
Max : Au Betiz Fest de Cambrai. On joue le 22 juin au Rock In Bourlon à Bourlon. On joue le 20 juillet à la Brat Cave avec justement, Love Sex Machine. Et puis après on a des dates qui arrivent pour l’année prochaine mais qui ne sont pas encore annoncées.
MB : Merci à fond pour votre temps. Belle continuation.
Groupe : Merci….
Max : Et donnez-nous de l’argent.
Rires.