Au lieu de passer la Saint Valentin à pleurnicher sur votre sort, vous auriez pu vous rendre au magasin de musique le plus proche pour vous procurer Rien Ne Devait Mourir, le nouvel album de Angellore.
Nous avons pu nous entretenir avec le groupe sur ce dernier né, quatre ans après l’excellent La Litanie Des Cendres. Un doom toujours plus puissant et envoûtant vous attends durant votre écoute.
Rencontre avec la tête pensante du groupe, Walran.
Présentez-nous le groupe : comment vous êtes-vous rencontré ? Comment et quand avez-vous commencé à travailler ensemble ?
Rosarius et moi nous sommes rencontrés via internet en début d’année 2007. C’est sa chronique de l’excellent album de Saturnus « Veronika Decides To Die » qui m’a incité à le contacter. Nous avons d’abord échangé par mail, puis par téléphone et avons très rapidement discuté de l’idée de faire de la musique ensemble. Nous avions beaucoup de goûts communs et, surtout, une même vision de ce que nous voulions faire. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois en face à face lors du Festival d’Avignon et un mois plus tard, en août 2007 donc, il venait chez moi muni d’une guitare, d’un ampli et d’un micro : là, en deux jours, nous avons composé et enregistré notre première démo, « Ambrosia ». Durant les deux années qui ont suivi, nous avons continué à composer et enregistrer ensemble et, en juin 2009, avons intégré mon ami Ronnie, que je connaissais depuis le lycée, en tant que batteur. Plus tard, en 2016, deux amis proches avec qui nous avions déjà souvent travaillé, Lucia et Celin, ont officiellement intégré nos rangs en tant que chanteuse et bassiste.
Comment se déroule une session de composition et d’enregistrement quand on est musicien dans Angellore ?
Généralement, il suffit que Rosarius et moi nous trouvions ensemble dans un environnement calme et paisible avec un ordinateur, une guitare et un clavier pour que l’inspiration vienne et qu’une composition commence à naître. Il nous arrive aussi de travailler séparément, de faire nos démos chacun dans notre coin et de présenter nos idées aux autres ensuite. En général, ces premières ébauches de morceau évoluent lorsque le groupe au complet commence à travailler dessus. Celin et Ronnie apportent leurs suggestions et contributions, et nous aident à construire les structures définitives. Une fois que nous sommes satisfaits et estimons avoir suffisamment avancé, nous enregistrons une maquette du morceau, avec arrangements et lignes de chant. La plupart du temps, les paroles naissent en même temps que la musique, ou sont écrites immédiatement après. Enfin, lorsque nous disposons de suffisamment de titres, nous nous rendons en studio pour mettre en boîte un album. Les choses se passent comme ça depuis nos débuts, et cette formule nous convient très bien. Il arrive même en studio que nous nous laissions porter par une certaine spontanéité, et que des décisions importantes soient prises de façon assez impulsive, en dernière minute. Nous croyons vraiment en la magie du moment et tenons à nous sentir libres dans ce que nous faisons.
Parlez-nous de Rien Ne Devait Mourir. Quelles ont été vos motivations pour écrire cet album ?
Au départ, Rosarius et moi nous sentions si proches de La Litanie Des Cendres que nous voulions continuer dans la même voie. Mais très vite, nous avons constaté que nos nouvelles compositions partaient dans une autre direction, un peu plus sombre et dramatique. Dès lors, nous avons décidé de nous montrer plus ambitieux sur le plan de l’arrangement et de la composition, et de faire un disque plus organique. C’était important pour nous de remplacer, lorsque nous le pouvions, les sons de claviers par de vrais instruments, afin d’exprimer l’émotion le plus justement possible. Au départ, tout était centré autour des trois morceaux les plus longs. Les trois pièces de cinq minutes sont venues plus tard, lorsque nous avons estimé qu’il nous fallait aérer notre propos, au risque d’accoucher d’une œuvre vraiment trop indigeste pour les auditeurs !
Quelle est la thématique récurrente de Rien Ne Devait Mourir et pourquoi l’aborder ?
Même si Rien Ne Devait Mourir n’est pas un concept album, la thématique de la mort y demeure omniprésente. Chaque morceau aborde le sujet de façon différente. Outre le fait qu’il s’agisse d’un archétype dans la musique et la littérature gothique aussi bien que dans le doom metal, c’est un thème dont on ne pourra jamais entièrement faire le tour. La musique d’Angellore aspire à créer une sphère de rêve où les auditeurs peuvent se réfugier, quelque part entre les mondes, entre le rêve et l’éveil, le réel et l’imaginaire, la mort et « l’après-vie ».
De qui vous êtes-vous entouré ?
Pour ce qui est de la production et du mixage, nous nous sommes de nouveau adressés à Florent Krist et à son EverTone Studio, situé dans les environs de Marseille. C’est là que nous avons enregistré tous nos disques. Nous entretenons d’excellentes relations avec Florent et nous sentons « à la maison » lorsque nous sommes au studio, ce qui est primordial pour travailler dans de bonnes conditions, surtout au moment de mettre sur bandes des morceaux longs, qui demandent une attention accrue. Le mastering a une fois de plus été assuré par Markus Skroch, du Kalthallen Studio. Nous ne nous sommes jamais rencontrés de visu, mais je suis son travail depuis longtemps et ai le plus grand respect pour l’homme et son œuvre. C’était intéressant pour nous de montrer la progression que nous pouvions effectuer de disque en disque, sans jamais changer d’équipe. Nous avons également bossé avec beaucoup de musiciens extérieurs au groupe pour cet album, qu’il serait fastidieux d’énumérer ici. Enfin, côté label, nous avons le privilège d’avoir deux partenaires à nos côtés sur cette sortie : Finisterian Dead End, tout d’abord, qui s’occupe de la sortie CD en partenariat avec Shunu Records, notre ancien label, qui s’est chargé de nous créer un digipack unique et réellement spécial. The Vinyl Division ensuite, label espagnol qui s’occupe de publier le disque en vinyle. C’est une chance pour un groupe aussi modeste que le nôtre de bénéficier du soutien de structures aussi solides, composées d’authentiques passionnés !
Qui sont les artistes qui vous influencent ?
Il y en a beaucoup ! Lorsque nous avons commencé, nous ne jurions que par Saturnus, Draconian et Shape Of Despair, mais aimions déjà beaucoup Tristania, Uaral, Empyrium, Estatic Fear, Theatre Of Tragedy, My Dying Bride, Whispering Gallery, les premiers travaux de Within Temptation et de While Heaven Wept… Plus tard, d’autres références sont venues grossir notre catalogue, des groupes plus confidentiels mais tout aussi merveilleux, comme Ophelia ou Omit, par exemple. Et là, je ne reste que dans le doom et le metal gothique. Notre inspiration vient aussi de la musique goth, du pagan metal, du folk, du dark ambient, de l’heavenly, du black metal, du funeral doom… Nous sommes des passionnés de musique, toujours avides de découvertes. Consciemment ou non, ces influences viennent toutes imprégner la musique d’Angellore, qui demeure cependant extrêmement personnelle à nos yeux.
Pour vous, quel est le groupe qui représente aujourd’hui le mieux votre style et pourquoi ?
Voilà une question très difficile, d’autant que notre style, bien qu’ancré dans le doom et le metal gothique, flirte aussi avec le black mélodique et le metal symphonique… Si je devais n’en retenir qu’un, je citerais probablement Draconian. Leur musique est plus lourde et puissante que la nôtre, leur atmosphère plus mortifère et moins féérique, mais nous partageons le même goût pour les leads de guitare mélancoliques, les nappes de claviers qui soutiennent l’atmosphère, l’alternance entre chant féminin et chant extrême, l’aspect solennel et grandiose, les mélodies mémorisables… C’est un groupe pour lequel nous avons une affection particulière et dont nous attendons chaque sortie avec une grande impatience.
Quels sont vos projets pour cette année ?
Nous sommes actuellement en discussion avec un guitariste de session qui pourrait, à terme, répéter avec nous et nous aider à considérer le live de façon plus concrète. En effet, Angellore n’a encore jamais donné le moindre concert ! Nous avons cependant reçu de nombreuses sollicitations et aimerions vraiment nous y mettre. L’objectif pour cette année est de promouvoir et défendre notre bébé le mieux possible et de commencer à préparer son successeur. Cinq ans entre deux disques, c’est beaucoup trop ! Nous espérons publier un nouvel album en 2022. On verra bien…
On va finir avec votre petit message pour les lecteurs de Mad Breizh Production :
Ecoutez notre album, parce que c’est un travail de passionnés à destination de passionnés ! ,Si vous aimez le metal mélodique au sens large du terme, et la musique qui fait rêver, vous devriez y trouver quelque chose. J’espère de tout cœur que vous donnerez une chance à Angellore. Merci d’avoir lu cet entretien jusqu’au bout !
Merci à Laurent de Finisterian Dead End
Merci à Walran et à Angellore