Ami-es de Mad Breizh, bonsoir !
L’album que je vais vous présenter aujourd’hui, est un vrai bijou issu des esprits particulièrement créatifs des Dirty Sound Magnet. Ce power trio made in Switzerland, et composé de Stavros Dzodzosz (lead vocal et guitare), de Marco Mottolini (basse et chant) et Maxime Cosanday (batterie et chant) existe depuis plus de 10 ans et a sorti pas moins de 3 albums. Fortement influencés par le mouvement musical psychédélique des 60/70’s , les trois garçons sont parvenus à mixer l’ambiance éthérée de ces années-là avec un son et un rythme sacrément moderne.
« Transgenic » est sorti en octobre 2019, chez Hummus Record (label suisse), et vu la période que nous avons et que nous continuons à traverser, il était absolument indispensable que l’on vous parle de cet album de peur qu’il ne soit tombé dans le néant, sous le poids de la sidération lié à la pandémie.
Pour commencer, c’est avant tout, un album complexe, et je laisserai le soin à Stavros d’en parler plus aisément lors de l’interview tout à l’heure.
Tout comme il y a 2 niveaux de conception dans « Transgenic », il y a au minimum 2 niveaux d’écoute. Si tu parcours l’album d’une première oreille, tu te dis que c’est bien foutu. Par moment c’est bien pêchu, voir hypnotique, les ambiances sonores sont riches, diverses et le côté psychédélic apporte un côté assez fun… Déjà, c’est pas mal.
Pis ensuite, y’a la deuxième lecture, et là…Bim ! Tu sors un peu de la zone de surface, tu prêtes un peu plus attention à ce qu’il se passe, aux paroles, et là, tu te prends… Une énorme tarte :
« Transgenic », c’est un peu comme si Syd Barett était sorti de sa tombe pour s’associer à Jaz Coleman des Killing Jokes (période « Pylon ») afin de conceptualiser et réaliser un album complètement dingue, dystopique, prémonitoire et parfaitement génial. Bienvenue en terre bizarroïde aux accents Orwellien. Tour à tour, tu prends conscience EMOTIONELLEMENT voir corporellement du lien complètement distordu que nous entretenons à la nature, du futur transgénique et artificiel. C’est tour à tour violent, sarcastique, flippant. Le côté anxiogène contre balance avec des plages musicales beaucoup plus calmes, acoustiques, mêlées à des instruments trad qui laisse entrevoir le côté organique (par opposition au transgénique) et qui permet pour le coup d’avoir un peu de répit.
Je trouvais étrange le terme qui définit cet album des Dirty Sound Magnet de « stoner chamanique ». J’avoue même avoir éprouvé un peu d’ironie. Et bien, écoutez ça et vous m’en direz des nouvelles…L’album fait l’effet d’ un trip sous Ayahuasca, truffé de visions cauchemardesques, le tout rythmé par les tambours d’un chaman. Je ne sais pas si « Transgenic » a des vertus thérapeutiques, en tous les cas l’album vous transporte au bord de la transe et fait sacrément du bien.
En bref, « Transgénic » est un album essentiel qu’il est urgent de se procurer.
Allez, sans plus attendre, rencontre avec Stavros pour la petite interview éclair.
Mad Breizh: Salut les Dirty Sound Magnet et merci à vous de répondre à cette petite interview en espérant vous voir prochainement sur scène. Vous avez sorti un excellent 3ème album en octobre 2019, « Transgenic » parfaitement critique de la société actuelle. Vous pouvez nous parler du concept de l’album ?
DSM: « Transgenic » est un concept album à 2 niveaux. Le premier niveau est thématique. L’album dépeint une société dystopique très proche de la notre. Dans cet univers, la technologie a pris le dessus sur l’humain. Les thèmes de l’album, emprunt à la science-fiction en apparence, sont en fait très réels et actuels. On y traite de virus, de réseaux sociaux et de la perte de notre humanité au profit de la technologie. La robotisation de l’homme y est annoncé.
Le deuxième niveau est musicale. Etant un groupe de rock live dont l’énergie rappelle les années 70, nous avons voulu transformer notre son pour illustrer le concept « Transgenic ». Sur cet album, les sons traditionnels d’un power trio (guitare-basse-batterie) sont maltraités pour leur donner une couleur futuriste tout en restant très vintage et organique.
MB : L’album a été écrit sur la route, alors que vous tourniez un peu partout en Europe. Comment composez-vous ?
DSM: Quelque soit l’album, les bases (composition et paroles) sont souvent créées sur une guitare acoustique. Une fois que j’ai cette base, commence le processus de groupe. C’est là que ma composition devient un morceau de DIRTY SOUND MAGNET. Les précieuses contributions de Marco (basse) et Maxime (batterie) permettent au morceau d’évoluer. Dès ce moment, l’arrangement peut aller dans beaucoup de directions différentes comme on peut l’entendre sur » Transgenic « . Sur cet album, l’expérimentation en studio a été primordiale dans l’élaboration du son. C’est probablement notre album le plus produit. Je le vois un peu comme notre « Sgt. Pepper’s » (BEATLES) à nous.
MB: Il y a un énorme travail de post prod sur cet album? Comment avez-vous procédé pour mettre au point les arrangements? Avec qui avez-vous travaillé ?
DSM: Cela peut sembler étonnant mais il n’y a pas de post prod sur cet album. Les sonorités sont nées pendant le processus d’enregistrement. Au niveau des structures et arrangements, nous avions tout en tête et nous savions où nous voulions aller.
L’enregistrement était dingue. On essayait des choses folles. Sans aller dans le détail, je dirais que si il y avait eu une caméra pointée sur nous pendant ce mois passé en studio, une personne pas familière à un enregistrement pourrait assimiler ça à un asile psychiatrique. 🙂
MB: Quelques textes ont eu un écho singulier sur la période de pandémie, comme « Social media boy / girl , et je pense notamment à la chanson « Organic Sacrifice » avec le leitmotiv « No children playing outside » qui résonne particulièrement avec la situation. On aurait dit un bad trip qui s’est soudainement matérialisé à l’échelle planétaire. Le fait d’écouter le titre en plein confinement, ça faisait vraiment bizarre; Mais pour vous, qui avez créée le morceau, ça vous a fait quel effet ?
DSM: L’album Transgenic est un miroir dystopique de notre société comme l’était « Western Lies » notre album précédent. Bien sur, j’aurais préféré que le morceau « Organic Sacrifice » ne soit pas prémonitoire. Malheureusement, ce morceau, qui pouvait sembler surréel il y a 6 mois, se trouve être une description très précise de la situation vécue récemment sur Terre.
Pour être sincère, le virus que j’avais imaginé dans mon texte est différent. Ce virus trouve sa source dans l’être humain technologique et non dans une chauve-souris. Les réseaux sociaux qui ont apparemment été créés pour rapprocher les gens, ont réussi à faire le contraire. Mais justement, est-ce qu’il n’est pas là le vrai virus ? Dans la globalisation et la technologie ?
MB: Comment avez-vous vécu cette période de pandémie et de confinement d’un point de vu émotionnel et professionnel ? Cette période a t-elle été pour le coup, propice à la création et cela a-t-il eut un effet paralysant comme pour beaucoup d’auteurs /compositeurs?
DSM: Nous avons essayé de ne jamais nous plaindre et de travailler encore plus notre musique. Le début du confinement a été marqué par l’annulation de notre tournée anglaise. Nous avions prévu d’enregistrer un live officiel pendant cette tournée. Cela n’étant pas possible, nous avons enregistré une session live dans notre local de répétition qui paraîtra en vidéo mais aussi en physique (vinyl/CD). En plus de cela, nous avons enregistré un nouvel album studio qui sortira en 2021. Le résultat musical de ces projets dépassent nos espérances. Nous sommes en train de travailler intensivement sur le mixage de ces 2 albums en plus de nos répétitions quotidiennes pour garder le niveau. Nous sommes donc plus débordés que jamais. Paradoxalement, l’argent ne rentre pas dans nos caisses en ce moment car les concerts ne sont pas encore autorisés. C’est donc une période très difficile pour un musicien professionnel… D’autant plus qu’en Suisse nous ne bénéficions pas de l’intermittence du spectacle.
MB: On espère bien vous voir prochainement sur scène.Une tournée européenne devait être programmée suite à la sortie de l’album. Comment les choses se présentent-elles pour le groupe ?
DSM: Dès que les concerts seront à nouveau possibles, on sautera sur scène à pieds joints. En Suisse, il y a une lueur d’espoir mais pour nous, la majeure partie des concerts se déroulent à l’étranger. On espère également bientôt jouer en France où nous avons jusqu’à maintenant peu joué. Nos expériences avec le public français ont toujours été très positives. Le public français est plus connaisseur que ce que l’on veut bien croire en Suisse. Invitez nous!!!
MB: Vous avez un petit truc à dire pour les lecteurs de Mad Breizh ?
DSM: Le rock est mort, pas vrai?