Il est certains albums qui respirent une époque, qui vous figent l’espace d’un instant le crépuscule d’un monde déprimant courant à sa perte et qui pourtant, la seconde suivante, vous le ressuscite à l’instar d’un phénix renaissant de ses cendres dans une vraie énergie réparatrice.
« Disaster Serenades » du groupe franco-américain Parlor Snakes est de ceux-là…
Si leur deuxième album éponyme enregistré chez Matt Verta-Ray dans son «basement studio» du Lower East Side New-yorkais sonnait très « rock garage », le nouveau m’a littéralement bluffé en prenant le contrepied parfait !
Si « Disaster Serenades » est toujours ancré sur de très solides bases rock, il est beaucoup plus abouti et travaillé que les albums précédents et marqué d’influences plus diverses. Je dois dire que si j’avais déjà beaucoup aimé l’album précédent, j’ai adoré celui-ci…
Hypnotique, électrique, obscur , venimeux tout en étant paradoxalement sensuel et enflammé…
Ce troisième album du groupe formé autour d’Eugénie Alquezar (voix, synthés) et Peter K (guitare) nous offre un univers complexe et déroutant, d’une noirceur jusqu’alors inégalée chez eux inspiré par le vécu de ces dernières années et dans lequel on peut entrevoir des cicatrices encore douloureuses (leur style était plutôt jusqu’ici proche d’un rock garage classe tout en étant sexy et vivifiant).
Plus intimiste, plus personnel, d’une poésie tour à tour sombre et lumineuse, violente et floue à la fois, on retrouve dans cet opus toute cette palette d’émotions devant lesquelles la faune des villes nocturne comme celle des campagnes a bien du mal à rester stoïque.
Non seulement, l’ensorcellement fonctionne merveilleusement bien… mais s’y abandonner devient limite addictif.
Jouissif…
Des intro maitrisées, des envolées et des riffs diaboliquement efficaces, un raffinement et une sophistication des arrangements alliés à un savoir-faire sans surenchère des finishs, en voilà la recette !
Ce n’est pas du garage, ce n’est pas du psyché, ce n’est pas du punk… C’est un tourbillon réunissant tout ce que l’on aime : un cocktail explosif et obscène aux rythmiques qui frappent et aux guitares qui tranchent aux milieux duquel résonne le chant hypnotique, mutin et sensuel, d’une sirène à la voix élastique…
Certains évoquent P.J. Harvey, The Pretenders ou Karen O, d’autres Andi Sex gang, Echo & The Bunnymen, Siouxsie & The Banshees, d’autres encore y voit l’efficacité teigneuse de Die Haut…
En somme, un de ces disques que l’on écoute en boucle les yeux grands ouverts dans le noir et qui vous fige ainsi le moment dans l’éternité…
Personnellement, j’y vois un album plus que réussi avec un gout d’y revenir obsédant ne me confirmant qu’une chose: vivement que les salles rouvrent pour qu’on puisse à nouveau être dans la fosse pour en découvrir la version live…car la morsure, alors, n’en sera encore que meilleure !
»Disaster Serenades » , c’est 9 Titres vénéneux !
1-Darkness Rises
2-Das Meer
3-Wonderland
4-Marc Bolan’s Fifth Dream
5-Delicate Creatures
6-Serpent
7-End Of Love
8-Nylon & Milk
9-Frequency
»Disaster Serenades » (Hold On Music / Wagram Music) est le troisième album du groupe sorti le 4 octobre 2019.
Le site officiel: Parlor Snakes
Facebook : Parlor Snakes
Laurent Sébastien AKA SDesignR