23 fois… En ces temps de disette scénique, en particulier dans les musiques que nous affectionnons tout particulièrement, je puis me rappeler de ces 23 fois où j’ai été voir Cannibal Corpse en concert. La dernière fois, c’était au Hellfest 2019, sur la tournée de leur excellent album Red Before Black.
Metal Blade, il y a quelques semaines, nous annonce la sortie du nouvel album prévu pour ce 16 Avril 2021. Je ne suis pas en reste et me presse pour pré commander le vinyle, le book art et le t- shirt. Vous l’aurez compris, je suis un fan Die Hard de la bande à Alex et Paul.
Pour autant, nous le savons, de nombreux groupes ont su décevoir leur auditoire par des productions parfois moyennes, voire à côté de la plaque, et c’est toujours avec cette appréhension que j’aborde la découverte d’une nouvelle œuvre.
Voici le line up sur ce 15ème album :
George « Corpsegrinder » Fisher: Vocals
Erik Rutan: Guitar
Rob Barrett: Guitar
Alex Webster: Bass
Paul Mazurkiewicz: Drums
Alors j’ai pris le temps de bien écouter, très bien même ce nouvel album.
11 titres infernaux s’enchainent avec une intensité inégalée. Le processus de composition reste le même et la direction empruntée par le groupe, fort de son nouveau guitariste Erik Rutan (remplaçant définitivement Pat O’Brien), est bien un aller simple vers la brutalité bestiale.
L’univers gore et horrifique du groupe est encore plus marqué, sans doute avec plus de personnalité dans chacun des morceaux, tant et si bien qu’on peut les détacher les uns des autres…comme d’autant de singles en puissance à démembrer !!!
Détaillons ensemble ceux ci à la hache :
1- Murderous Rampage :
Vous venez de vous prendre une masse derrière le crâne. Riffs tournoyants, une batterie tranchante et un chant bien déterminés à ne pas vous laisser respirer. Le jeu des deux guitaristes est monstrueux, incisif, appuyé. Les solos sont toujours aussi malsains, un peu comme si Kerry King (<3) avait appris à les interpréter !
Cette fin, comme un couperet vous entraine sur le second chapitre sans attendre.
2- Necrogenic Ressurection
Un départ frénétique, intense, avant de vous entrainer dans une partie bien lourde, grasse, suppurante, puis on repart dans les solos de l’espace avant un break simple et efficace…second et dernier service au banquet de la brutalité.
3- Inhumane Harvest
Le single sorti début Février s’était bien chargé de nous repeindre l’âme en nuances de rouge sang. Suintant lentement sur les murs de toutes les scènes de crime du monde, comme d’autant de riffs denses, le rythme rappelant l’indispensable Evisceration Plague nous scotche au fond de notre fauteuil.
Cette oppression nous kidnappe tout au long du titre… Sans doute avaient ils choisi ce titre pour nous faire patienter sagement, tant il détient l’ambiance incroyablement plombée qu’on retrouve sur cet album.
4- Condamnation Contagion
Mi tempo encore sur ce titre. Ce riff conférant aux alarmes nucléaires est ultra efficace (un peu moins fan des accords lâchés avec des roulements de batterie assez dispensables je trouve). A la moitié du morceau nous partons dans un grind batterie incisif, un chant bien lourd et un solo qui ne s’éternise pas, comme on aime, une espèce de plage glissante comme si on avait marché sur un sol jonché de tripes, et puis nous repartons sur le morceau conquis de s’être faits prendre au jeu.
5- Surround, Kill, Devour
A mon sens le morceau le plus rock n roll de l’abum. Ici on vise l’efficacité et le morceau a son propre groove. Il s’avère assez éloigné des riffs dont on a l’habitude (prenez une basse par exemple, ce titre est plus abordable pour le commun des mortels), et ce sont même des petits accents thrash à la Exodus qu’on peut percevoir dans le dernier tiers du morceau. Ca n’enlève rien à la brutalité, bien au contraire, George Fisher officie en tant que maitre de cérémonie et nous avons droit à un solo harmonisé de la paire Rutan / Barrett, court, surprenant, mais ô combien réjouissant ! Ce guitariste apporte vraiment énormément au groupe je trouve !
6- Ritual Annihilation
Linéaire, comme un rouleau compresseur. On se l’ingurgite cul sec, avec délectation et intensité. Pilonnage en règle. Tout double sens avec mes propos sont de votre entière responsabilité !
7- Follow The Blood
Là encore mid tempo… alerte spoil : ca ne va pas durer ! Un bon grind derrière alternant avec partie lourdissime puis break, et sans doute ma phrase vous étonnera t elle si vous n’avez pas le titre dans les oreilles, mais je trouve la construction assez proche de certains titres lourds de Pantera et les riffs très inspirés. Mais cet album contient vraiment tout ce que j’aime, ces harmonisations à la guitare sont vraiment bienvenues. Fin sans concession encore une fois.
8- Bound And Burned
Parce que tu t’es imaginé une seconde que le niveau pouvait baisser, l’intensité s’essouffler ? Aucunement ici ! Comme je le disais au début de cette chronique, chaque morceau peut clairement s’auto suffire, ce morceau est une pépite. Mais écoutez moi ces guitares et ces envolées ! Le tout dans la forêt de rythmes qui vous tatanent la tronche avant que vous ayez le temps de dire quoi que ce soit. Je reste fan des minis solos de guitares harmonisées. Et cette montée en intensité, ça respire à votre place ce morceau !!!
9- Slowly Sown
Je crois que je ne serai pas le seul à reconnaître du Pantera dans ces riffs…En plus gras, en plus fat, mais dans la batterie aussi, y’a un zeste de Vinnie Paul…Vinnie Paul Mazurkiewicz ? Ca matche parfaitement bien, la recette est éprouvée, à ceci près qu’on y rajoute de la brutalité vocale. Alors je ne sais pas comment dire ce que je ressens, il faudra attendre la conclusion de cette chronique. Ce titre est fabuleux !!
10- Overtorture
Un morceau pratiqué sans anesthésie, à la main. Ce morceau vous pulvérise littéralement. Le chaos est ici d’une traduction millimétrée, la basse d’Alex ne laisse jamais les silences s’installer. La fin est une fois de plus tranchante. Comas. Parfait
11- Cerement Of The Flayed
Nous voici pour la dernière offrande de l’album. Incisive, précise, mêlant les parties lourdes aux parties speed, retour des solos « à la Slayer », c’est une succession ininterrompue d’ambiances lourdes et speed. La fin nous frustre, forcément…Les malins:) On a déjà hâte au prochain album !!!!
Je vais conclure cette chronique en vous parlant de la production. Il est vrai que depuis Evisceration Plague, je suis assez fan du rendu sonore des albums. Toujours plus précis, clairs et collant aux enceintes, cette impression de véritable mur de son extrêmement bien défini est ici à son apogée. L’apport d’un tel guitariste (attention, j’adore Pat O’Brien, soyons clairs aussi!) comme Erik Ruttan, aussi inspiré et à l’interprétation incroyable apporte énormément à la production. Tout est audible, la basse est ultra bien définie, on a l’impression d’avoir les musiciens devant nous ! Tout est mis au service des propos, paroles toujours aussi impitoyables que George incarne mieux que quiconque.
15Ème album, compositions incroyables, interprétation magistrale, production aux petits oignons, du grand, du très grand Cannibal Corpse pour cette cuvée de sang 2021.
Stay Brutal.
Nicky