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La philo selon Lord Of The Lost

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 C’est étrange comme certains band ont cette faculté, malgré eux, de nous renseigner sur leurs origines. Lord Of The Lost est un groupe résolument Allemand. Chris « The Lord » Harms a ce timbre de voix, ce je-ne-sais-quoi qui fait tilt en tête. Et dans son histoire musicale, le groupe a montré des attaches au percutant mélange de musique extrême et de synthés entraînants.

Cette fois-ci, la barre monte encore d’un cran. L’artiste sort de ses propres sentiers battus et va chercher plus loin les concepts qui sont déjà les siens.

Avec ce magnifique double opus, Lord Of the Lost montre l’étendue de sa créativité aussi bien lyriquement que musicalement. Il va nous faire découvrir le plus profond de ses questions existentielles. Car à l’écoute de la première galette, la surprise est de mise. Le style est là mais il n’est pas lui-même. Ça sent bon la sublimation !

Voici donc, en guise de septième album studio du quintet, un double album nommé Judas. Et croyez-moi, il porte bien son nom. Ce personnage biblique est synonyme de félonie, de traîtrise dans notre culture standard. D’autres textes évoquent cependant la subtilité selon laquelle Judas aurait trahi Jésus à sa demande.

 Il n’en fallait pas plus aux protagonistes de cette chronique pour s’interroger sur cette dualité, cette complexité du personnage et étendre, par une ouverture aussi adroite que perspicace, cette réflexion sur l’humain en général.

Les deux parties de cet album sont donc à l’image du brainstorming (comme disent nos managers) qui nourrit les 24 saisissants titres de ce chef-d’œuvre.

La première partie est intitulée Damnation. C’est sombre, mélancolique mais hypnotique. La voix profonde du front man transmet à elle seule des émotions troublantes, lorsque par exemple il entonne a capella « The Death Of All Colours ». L’ouverture amenée par le titre « Priest » est telle une bande annonce pour toute la suite de l’album. Un fil conducteur atmosphérique.

La seconde partie, Salvation, compresse le tempo, prend en rythme. Il atténue la part d’ombre du premier disque. Le retour des synthés en ambiance de fond, tels que sur « The Heartbeat Of The Devil » où la rythmique flirte avec le mouvement New Wave. En fait, l’équilibre est juste parfait. D’un côté les paroles mélangeant espoir et fatalisme, ombre et lumière ; et de l’autre des mesures de piano qui nourrissent les émotions et ces touches de synthé résolument complémentaires et déstabilisantes.

 La religion est l’affaire de chacun et chaque histoire comporte son panel d’adeptes autant que de détracteurs. Lord Of The Lost sublime musicalement la question du bien et du mal et semble en flouter les limites. La voix est dure. Les textes riches et travaillés. Le quintet n’a pas terminé son ascension artistique et nous en fait une nouvelle fois profiter. Ils sont inhabituels et surprenants sans une once de transgression ou de raccourcis. J’ai rapidement compris cet album sur le plan émotionnel, mais il est difficile de poser des mots compréhensibles par tous pour définir cet opus.

Judas, sorti le 2 juillet dernier, diffusé par Napalm Records, est à écouter avec attention.