Aujourd’hui, chronique quelque peu « shot in the dark ». L’album dont je vais parler est le premier du genre que j’ai écouté, donc mes connaissances sur le sujet vont être limitées. Cependant, leur musique m’a tellement touché que je ne pouvais pas ne pas en parler. Ça faisait maintenant quelques temps que je voyais ce nom sur des affiches de concerts et de festivals, et que j’en entendais vaguement parler à droite à gauche. Interloqué et curieux, je me suis souvenu de la présence de ces Nantais sur ma liste de groupes à écouter, et y ai jeté une oreille. Deux heures plus tard, les yeux brillants et les sus-nommées oreilles complètement satisfaites après l’écoute de leur deux albums (dont deux fois le second d’affilé), j’étais absolument unanime avec moi-même. Messieurs si vous me lisez, vous avez un nouveau fan.
Cette chronique m’a pris du temps à écrire, principalement parce que je ne voulais pas écrire sur un sujet que je ne maitrisais pas. Depuis que j’ai découvert ce groupe, qui est défini comme du Post-Black Metal (même si j’ai pu comprendre sur certaines de leur interviews qu’ils n’étaient pas forcément d’accord avec cette catégorisation à la vue de leurs influences et de ce qu’ils cherchaient à mettre dans leur musique), j’ai cherché d’autres projets similaires, des objectifs potentiels de comparaisons. Force est de constater que vaine fut mon investigation, que ce soit par le biais des « tops 10 des albums de Post-Black Metal que tout le monde doit avoir écouté au moins une fois dans sa vie sinon t’es pas un vrai Trve » ou des artistes similaires des plateformes de streaming musical, rien de ce que j’ai pu écouter ne leur ressemblait vraiment. J’ai entendu des gens les comparer à des groupes comme Celeste ou Downfall Of Gaïa, mais je ne retrouve pas chez eux ce qui m’a fait adorer dès la première écoute RLHT. Je vais donc faire de mon mieux, être le plus sincère possible, et parler plus avec mon coeur qu’avec ma tête. Aujourd’hui c’est l’album « Exile » du groupe Regarde Les Hommes Tomber:
Regarde Les Hommes Tomber
Exile
Regarde Les Hommes Tomber est un groupe Nantais de « Post-Black Metal » formé en 2011, produit par Les Acteurs de l’Ombre Productions et fort de deux albums: un album éponyme datant de 2013, et notre sujet du jour « Exile », de 2015, suite directe de « Regarde Les Hommes Tomber ». Ce nouvel opus est marqué par le changement de leur chanteur U.W. remplacé par Thomas, et la décision d’enregistrer sans clic. Chose qui peut paraître anodine voire anecdotique, mais qui rend le résultat plus vivant, plus authentique. Enregistré, masterisé et mixé par Francis Caste (qui a déjà travaillé avec Bukowski, Hangman’s Chair, Kickback,…) au studio Saint Marthe, cet album bénéficie d’une production et d’un son sans pareille.
Il est maintenant temps d’appuyer sur play. Si vous êtes adeptes d’atmosphères oppressantes et sombres, de thèmes malsains et d’epicness sur fond de fresque Biblique, aucune déception possible. Mettez votre casque sur les oreilles, augmentez le volume (oui oui, jusqu’à onze, c’est ça), plongez-vous dans l’obscurité et laissez-vous emporter par l’intro « L’exil » pour un avant-goût du moment planant que vous allez passer. Déjà ici, la montée en puissance, les couches instrumentales qui se superposent successivement jusqu’à l’arrivée de la batterie puis de l’envolée du thème à la guitare nous happe complètement dans l’esprit de l’album. Ma première réaction fut quelque chose comme: « WOOOOOW ». Rien à ajouter, la stupéfaction, la surprise et la satisfaction sont déjà là. Fin de l’intro et enchainement avec la superbe suite « A Sheep Amongst the Wolves », qui commence par un rythme tribal au gros tom de batterie et nous oblige à secouer la tête indépendamment d’une quelconque volonté. Le troisième morceau « Embrace the Flames » est sans doutes mon préféré. Les hurlements du chanteur en plein milieu de la track mettent complètement en valeur le côté oppressant et malsain du projet. Le thème qui suit ces hurlements reste en tête, impossible de s’en débarrasser. Peu importe, je ne veut pas m’en débarrasser, j’en veut juste plus. Toute la musique est dingue. S’en suit un morceau divisé en deux parties « They Came… », sans batterie, à la limite de l’acoustique, servant d’introduction à « … To Take Us », gardant toujours cette recette faisant de ce CD une unité pleine de sens si écoutée d’un coup dans son entièreté. Malheureusement, déjà plus que deux titres. « Thou Shall Lie Down », une baffe plutôt puissante qui aurait fait bien mal si elle était dans la tronche. Le riff en plein milieu fait un peu pencher la tête sur le côté, sans doutes le choix des notes comprenant une quarte augmentée et une seconde mineure n’aide-t-il pas à rester de marbre, sans réaction. La encore, c’est ultra-malsain. Fin de l’album avec « The Incandescent March », titre de onze minutes comprenant une fois de plus une série de hurlements de la part de Thomas qui contrastent avec le chant saturé de « base » et offrent une dynamique différente et une théâtralité toujours bienvenue.
L’album est maintenant terminé. On sort petit à petit de l’état second dans lequel on était plongé, et on réalise à quel point « Exile » est une réussite. La musique de Regarde Les Hommes Tomber est remplie de sensations et de sentiments aussi torturés que malsains. Le champ lexical prévalant ici tourne autour des sentiments ressentis par les Hommes se rendant compte du mépris du Divin face à l’humanité, peu importe leur dévotion. Incompréhension, rejet, vengeance et rage sont les maîtres mots. Car oui, cette fresque Biblique a un sens, et nous emmène à l’endroit du sacro-saint livre Chrétien ou les Hommes sont chassés du royaume de Dieu. Les textes portent donc sur une quête de revanche de l’humain, dégouté qu’une vie de dévotion importe si peu lorsqu’arrive le jugement de Dieu, faisant preuve de manipulation des faiblesses et des désirs des descendants de Noé. On retrouve d’ailleurs sur le superbe artwork de l’album la Tour de Babel enflammée et les Hommes se dispersant dans le monde, ne se comprenant plus.
En conclusion, je dirais que « Exile » de Regarde Les Hommes Tomber est l’un de mes plus gros coup de coeur de l’année, et entre définitivement dans le panthéon (du Grec « de tous les dieux », je trouve de circonstance) de mes albums préférés, toutes musiques confondues. Si vous ne connaissez pas, essayez, même sans être adepte de musiques extrêmes, sur un malentendu et avec un peu d’ouverture d’esprit, ça peut passer. On a ici affaire à un album complet. La musique est incroyable et originale, le thème est sérieux, bien abordé et n’entre pas dans les clichés du genre, l’artwork est soigné, en un mot: RÉUSSITE.
« This reign must end right now
How can we still stare at the stars
How can we listen to the sun
My friends, my men, till the end
Our luminous gladius swords will be our words
The cry of the broken wings
The crack of the burning skins
To the ones who were once slaves
Thou shall kill them and dig their graves
I swear I’ll rise again
Lucifer in this very war
The parade of the dancing flames »
(texte issu du dernier titre « The Incandescent March »)
Nota Bene: C’est mon anniversaire dans moins de six mois maintenant, donc si quelqu’un veut faire plaisir à son chroniqueur préféré, le groupe a sorti une box édition limitée bien badass que vous pouvez retrouver en cliquant ici (taille L le tee-shirt).
Merci d’avance, bisous. <3
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Les Acteurs de l’Ombre Productions: http://www.lesacteursdelombre.net/productions/v2/