« Weeeeee thought we weeeeeere, iiiimmortaaaaaaal ! »
Alors que ce refrain a élu domicile dans ma tête, j’essaye de me concentrer pour écrire cette nouvelle chronique. La mélodie persiste, même les huissiers que j’ai envoyé dans mon lobe temporal n’arrivent pas à l’expulser. Je sors, vais boire une bière dans un pub, fais le tour de la ville à pied, sauve deux enfants de la noyade, suis décoré par le maire pour bravoure et héroïsme, entame une carrière dans la politique et devient président, du pays d’abord, puis du monde, puis de l’univers, rentre chez moi, fait des pâtes carbo’, fini la casserole et regrette en repensant à mes kilos en trop. Peu importe me dis-je, là j’ai pas le temps, mais demain j’irai courir pour avoir bonne conscience, et en profiterai pour dresser un autel au culte de la procrastination, tmtc. Mes efforts ayant apparement fonctionné et mon cortex pouvant à nouveau oeuvrer normalement, je me remet derrière mon ordinateur, appui sur play machinalement et regrette immédiatement mon geste, mon lecteur ayant été mis sur pause auparavant à l’endroit même de la mélodie ayant provoqué tous mes précédents efforts. Et bien… Soit. Drakwald, c’est la guerre ! (dernière phrase à lire avec un accent Burgonde)
Donc, amateurs de Pagan/Death Melo/Folk Metal, accrochez-vous bien, aujourd’hui, c’est l’album « Riven Earth » du groupe Drakwald:
Drakwald
Riven Earth
Drakwald est un groupe de Pagan/Folk Death Metal Tourangeau (de Tours, Tourangelles pour les dames) formé en 2010, auto-produit et qui possède à son actif deux albums, « Resist Fatality » sorti en 2014 et donc « Riven Earth » de Mai dernier. Sans oublier une première démo «Forgotten Lands » de2012. Je suis ce groupe depuis l’album précédant, et à peine l’écoute de « Riven Earth » commencée que je suis déjà très agréablement surpris par l’évolution de la production. Un grand bond en avant sans doutes rendu possible par leur campagne de crowdfunding victorieuse en 2015, leur permettant d’enregistrer au Dôme Studio (T.A.N.K, One-Way Mirror,…). Un petit mot aussi sur le superbe artwork de l’album, avec une pochette et un booklet magnifiques réalisés par ANI Artworks. Du son de qualité et un artwork très réussi, ça met déjà dans de bonnes dispositions pour la suite.
J’avais déjà parlé de la florissante scène Folk/Pagan Française dans mon article sur Lappalaïnen, et ne peut que vous recommander à nouveau d’aller jeter une oreilles sur nos groupes locaux, car il y en a, et des bons qui plus est ! Re-citons Himinbjorg, Belenos, Nightcreepers, Boisson Divine, Fenrir ou Cerevisia par exemple. Encore une fois c’est loin d’être une liste exhaustive de ce que peut nous proposer cette scène en France, donc n’hésitez pas à chercher, fouiller, écouter,… Internet est un outil de découverte merveilleux, ne l’oublions pas, soyons curieux !
Une fois n’est pas coutume, il est maintenant temps de passer à la phase écoute. A mi-chemin entre Amon Amarth et Eluveitie, tous ceux qui ont une fois écoutés et appréciés ce genre d’artistes trouveront leur compte dans la musique de Drakwald. L’album débute sur mon titre préféré du CD: « Doomsday Argument ». Après l’intro acoustique mettant en avant le thème principal à la guitare folk, la puissance du couplet nous offre un Melo Death ultra efficace accompagné d’une cornemuse dansant sur les mélodies et apportant cette couleur trad’ si chère à nos coeurs. Puis, le fameux refrain du début de chronique ! « Weeeeee thought we weeeeeere, iiiimmortaaaaaaal ! » est vraiment fait pour être scandé par la foule quand performé en live. Ça se retient facilement, c’est glorieux et épique, j’ai hâte de voir le groupe en concert juste pour ce moment. Le second titre « Erase by Fire » est le parfait exemple de ce que je disais plus haut, le compromis entre Amon Amarth et Eluveitie. Ne me méprenez pas, les influences sont la mais on est très loin d’un copiage. L’univers de Drakwald leur est propre et ne se lance pas dans du plagiat. J’ai d’ailleurs souvenir quelques fois en écoutant AA être quelque peu frustré du manque d’instruments traditionnels, et suis content que des groupes comme Drakwald soient la pour combler cette frustration ! Un autre morceau que j’aime beaucoup, « Despair of the Last Men ». A peu près la même recette que pour le premier morceau, une intro acoustique, thème joué à la cornemuse et au whistle, suivit d’une entrée du gros tom et de la guitare folk, répétition du thème avec tout le groupe, puis le couplet. Et quel couplet ! J’apprécie beaucoup les accentuations du flow du chanteur, qui pourraient rendre jaloux un Xzibit sous coke. Tout le morceau est excellent, pour moi un des meilleurs de l’album. J’ai un problème plus pointu avec « Echoes of Memories ». La toute première mélodie me fait énormément penser à autre chose, mais impossible de me souvenir quel groupe/musique/style. Du coup je pense à ça à chaque fois que je l’écoute, et ça me gâche mon plaisir, parce que ce titre est vraiment bien. Si vous voyez de quoi je parle, par pitié, laissez un commentaire sur Facebook, envoyez un message privé, faites venir TF1, mais dites-le moi ! « Riven Earth » se termine sur le toujours très bon titre « Blood and Glory », et c’était un très bon moment que je vient de passer. Le groupe a vraiment évolué, niveau production (indéniable) et composition. Le rendu est ultra-mature, très pro et complètement au niveau des standards internationaux du genre. Notons aussi la présence de quelques solos de guitare, chose assez rare dans ce style pour être soulignée. Moi en tous cas, ça m’a fait plaisir.
L’album fonctionne plus ou moins comme un album concept, pas dans le sens ou ça raconte une histoire de A à Z avec une histoire aboutie, des personnages, retournements de situations, cliffhangers et autres pirouettes scénaristiques, mais plutôt dans une continuité des lyrics. Le premier opus « Resist Fatality » nous prédisait la fin du monde, la suite « Riven Earth » nous raconte sa renaissance, un rapprochement des survivants vers les cultures païennes et une union plus saine avec la nature. Un message donc plutôt d’actualité, ou les cultes monothéistes n’ont plus d’utilité et prônent une suprématie d’ancien temps menant à une violence, quête d’une vérité religieuse absurde pouvant à long terme nous emmener vers ce genre d’événements apocalyptiques. On ressent peut-être un ras-le-bol de cette sauvagerie constante et une envie de retour aux sources, d’existence plus en harmonie avec Jord et Sucellos (personnification Viking de la Terre et dieu Celte de l’agriculture et de l’alcool). Parce que la nature c’est cool, mais la bière c’est bien aussi. – Bien évidemment, tout ceci est une interprétation personnelle de leur lyrics et ce que je comprend de mes recherches. Je ne dit pas que c’est LA vision du groupe, je ne les connais pas personnellement, après tout ils voulaient peut-être juste une histoire de fin du monde et de survivants –
Concluons, concluons. Il n’y a pas grand chose à dire, à part un grand bravo à tous ceux qui ont participé au projet. Je ne vais pas user ici de superlatifs car la chronique reflette déjà ce que j’en pense. Tout est réussi et fait plaisir à mon côté Folk/Pagan: musique évidemment, artwork, production, thème dégagé. J’ai vraiment passé un bon moment à écouter cet album, et le recommande vivement à tous. Merci Drakwald.
« It is now our time to rebuilt the cities of the fallen men
But we can’t found our new world on the base of the old one
We must now rethink our place in the immensity of the space
We must reinvent the way we live in this world full of ruins
I feel the spirit of the night raising up in my hands
I finally have the courage to erase by fire!
All the lies of the past, all the nonsense of the men
Will be destroyed by the power of fire! »
(texte issu du morceau « Erase by Fire »)
Website: http://www.drakwald.com/
Facebook: https://www.facebook.com/Drakwald