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Rencontre avec Nightwatchers

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Dans le cadre de la sortie de leur second album, Common Crusades, j’ai eu l’opportunité de rencontrer David et Julien du groupe de punk rock toulousain Nightwatchers

Retrouvez ma chronique de Common Crusades par ici.

Précommande l’album par là.

Mad Breizh : Bonjour et merci beaucoup pour votre temps, je suis aujourd’hui avec David et Julien du groupe de punk rock toulousain Nightwatchers. Pour commencer, en guise d’introduction, pourriez-vous nous présenter le groupe, alors depuis quand il existe, d’où vous venez, les membres, ce genre de choses.

David : Salut, alors ouais on a commencé en 2016, si je dis pas de bêtises, et en fait on avait tous des groupes à côté qui s’arrêtaient, ou qui n’étaient pas en stand-by, mais voilà on avait tous envie de faire autre chose. On est à Toulouse, pour faire simple, on traînait aux concerts et on s’est rendu compte qu’en fait on traînait un peu aux mêmes concerts tu vois ? Bah on se connais Julien (rédacteur Mad Breizh ndlr), je jouais dans Wank For Peace (groupe angevin de punk hardcore), Julien (chanteur de Nightwatchers ndlr), jouait dans No Guts No Glory, donc des trucs plus punk hardcore tu vois, ou hardcore mélo. Freddy notre batteur, jouait dans Black Pigeon, je sais pas si ça te parle, un truc de punk rock en français. Et puis Kévin, le dernier, qui lui il n’avait pas de groupe à ce moment-là en particulier, mais il était chaud pour rejoindre un projet. Donc en fait on s’est rendu compte qu’on aimait un peu les mêmes trucs et que ça nous branchait bien de faire un groupe un peu plus… On va dire punk rock, influences Ramones, Misfits, au début c’était un peu l’idée quoi. Et du coup on a commencé comme ça assez rapidement. On a fait 2 EPs, un en 2016, un en 2017, si je dis pas de bêtises. On a commencé à tourner un petit peu, et puis le premier album est sorti en 2019. Je sais pas si tu as quelque chose à rajouter Ju.

Julien : Salut, non tu as été complet je pense. Après Toulouse c’est pas bien grand donc effectivement on connait rapidement les gens qui vont aux concerts de punk. On se connaît un peu tous.

MB : D’un point de vue plus personnel, comme abordez-vous la musique ? Et plus particulièrement le punk rock. Qu’est-ce que ça représente ? Est-ce que c’est juste un style musical ? Est-ce un loisir ? Ou c’est plus que ça.

Julien : Alors je pense que, enfin je parle pour moi, je pense que les autres sont plutôt d’accord avec cette vision-là. Pour nous, c’est quand même pas que de la musique. Alors soit, c’est un style musical et je dis pas que tous les groupes de punk doivent avoir une portée ou un message politique ou social ou quoique ce soit, militant par exemple. Mais nous, c’est quand même un peu la vision dans laquelle on s’ancre, on va dire en tout cas. Pas qu’on défend parce que voilà, on a eu d’autres groupes qui n’avaient pas forcément cette vision, mais c’est vrai qu’avec Nightwatchers on a un peu ce côté qu’on essaie de mettre en avant, c’est à dire d’avoir des textes qui posent question, qui amènent des thématiques de société. Après on se revendique pas comme un groupe militant ou politisé, mais voilà en tout cas c’est la vision du punk qu’on peut avoir.

David : Je suis assez d’accord avec ça.

Rires.

David : Quand tu dis que tu t’exprimes pour un peu tout le monde, je pense que oui effectivement, c’est ça.

MB : D’un point de vue personnel encore, comment vous avez débuté la musique ? Et comment vous êtes tombé dans le punk rock ?

David : Euuuhhh… Je m’y colle. Rires.

Julien : Si tu insistes.

David : Moi j’ai commencé la musique au lycée, comme plein de monde je pense. Tu vois j’avais des potes qui jouaient de la guitare… C’était l’époque, enfin l’époque, j’ai pas envie de passer pour un vieux parce que c’est pas vraiment le cas mais, j’écoutais un peu de metal, un peu de ska, un peu de punk rock, voilà, et puis j’avais envie de pratiquer un instrument quoi, donc j’avais chopé une basse et puis tout de suite j’ai commencé à monter des trucs, pas forcément sérieux, mais à répéter à la maison des jeunes tu vois. On a pas forcément pris de cours mais on a commencé à faire des reprises, type Blink, Offspring, ce genre de truc. Et puis ensuite on a commencé à monter un groupe un peu plus sérieux du coup, et qui est devenu Wank For Peace dans la foulée.

Julien : Pour rebondir sur la question que tu posais avant, la vision du punk qu’on a aussi, c’est un truc complètement non professionnel. C’est à dire qu’on envisage pas du tout d’en faire notre taf, c’est pas du tout l’idée. On ne cherche pas du tout à en vivre. Je pense que ce n’est pas une très bonne idée quand tu fais du punk, de forcément vouloir chercher à en vivre. Comment moi j’ai commencé ? J’ai commencé la musique hyper tard, j’avais jamais touché un instrument avant mes 20 ans. J’ai commencé à toucher à une guitare, vers 22, 23 ans, un truc comme ça. Sans aucune base, c’est-à-dire que je ne connais pas les notes, j’ai jamais fait de solfège, j’ai jamais pris de cours, en autodidacte total, assez nul d’ailleurs. Rires. C’est toujours le cas hein… Je suis pas un bon musicien, voilà je sais faire Nightwatchers mais après c’est à peu près tout quoi. Mais c’est ça que je trouve trop cool en fait, ce qui est bien dans le punk, c’est que tu n’as pas besoin d’être hyper technique ou quoi. Dans le metal tu vois par exemple, c’est beaucoup plus compliqué. Dans le punk ce qui est cool, c’est qu’il y a ce côté instinctif, assez, on va dire parfois rudimentaire, c’est pas forcément bien joué mai si tu as les idées, ça marche en groupe. Tu peux faire un truc sans forcément avoir de base de folie musicalement parlant quoi. C’est ça que j’aime bien dans ce style aussi.

MB : Est-ce que chacun, vous pourriez nous conseillez 3 albums, 3 albums à absolument écouter. Les grands classiques selon vous, les immanquables.

David : Ok, alors je vais dire, comme ça Julien ne pourra pas le dire, Red Dons, Dead End Of Tradition.

Julien : Ouais on va faire 1 chacun, comme ça on se les grille pas tous. Rires. Moi je dis le premier album de Radioactivity alors, mais je sais plus comment….

David : Il a pas de titre, pochette jaune. Le premier Masshysteri, pareil il s’appelle Masshysteri, groupe suédois qu’on aime beaucoup.

Julien : Ok, moi je dis Sievehead, Into The Blue, groupe anglais du côté de… Non, ils ne sont pas de Londres, ils sont anglais mais je sais plus exactement d’où.

David : Ils sont du côté de Sheffield je pense..

Julien : Sheffield oui, t’as raison. Un groupe de Sheffield qui n’existe plus mais qui était hyper bien et qui nous a grave influencé, à partir du premier album je pense. C’est pas très connu mais le premier album de Sievehead il est très bien.

David : Ouais, moi je vais dire No Problem, le deuxième album qui s’appelle Let God Sort ‘Em Out. Qui est un peu plus côté punk, sans le côté Ramones tu vois. Qu’on adore mais qui est un peu plus, pas vénère parce que c’est pas vrai mais c’est vraiment plus punk, plus brut, plus à l’énergie. Avec Kévin on aime beaucoup.

Julien : Ouais et du coup, pour le dernier moi je dis Misfits, Static Age, le tout premier. Parce que c’est vraiment un de mes albums préférés de punk dans cette veine là.

David : Et en bonus, on mettra un skeud des Ramones, celui que tu veux dans les quatre premiers. (Je choisis donc le premier album, celui éponyme, l’origine du monde, Ramones).

MB : Avant qu’on s’attaque plus profondément à votre album, j’aurais aimé aborder un truc parce que vous n’êtes pas sans savoir que la scène punk rock française a été un peu remuée cette année. Avez-vous un regard sur ces événements, en tant que groupe punk de la scène française. Je vais bien évidemment référence à la libération de la parole des femmes et tout ce qu’on a pu lire, entendre, voir, concernant les attitudes dégueulasses d’hommes.

Julien : Alors pour le coup niveau distance on va repasser. Rires. Parce qu’on a été bien impliqué dans le truc. Qu’on le veuille ou non. Je sais pas David tu veux réagir ?

David : Ouais, vite fait, en gros…

MB : C’est pas obligatoire hein.

Julien : Non non mais on a des trucs à dire.

David : Je sais pas si tu as suivi un peu toi de ton côté mais… en gros… On a été contacté par le mec de Mediapart, oui on a été impliqué, oui c’est un sujet qui nous tient à cœur et sur lequel on ne peut pas rester insensible. Voilà. C’est un peu délicat d’en parler tu vois.

MB : Bien sûr, je comprends tout à fait.

David : J’ai toujours un peu du mal à mettre mes mots dans le bon ordre.

Julien : En fait la raison pour laquelle on a été contacté par Mediapart, elle est quand même parlante, en tout cas elle pose question, car Mediapart nous ont contacté parce qu’ en fait on a été un des seuls groupes, entre guillemets de la scène punk française, à réagir publiquement sur les affaires qu’il pouvait y avoir, à la base c’était Rage Tour, donc par rapport aux affaires qui tournent autour de Rage Tour. Et finalement on a pas fait… à la base notre message, le truc qu’on a posté sur Facebook à la base, c’était vraiment pas un truc de fou. Je veux dire, c’était juste dire bah on trouve ça triste que ces affaires la concernent aussi la scène punk, punk hardcore et plus largement la scène extrême en France. On le sait, on est au courant, on ne va pas se voiler la face, on est tristes que ce soit aussi une réalité dans ce microcosme là où on pourrait penser que ce n’est pas le cas. Et voilà, on dit juste on soutient et courage aux femmes qui osent prendre la parole, parce qu’il faut oser prendre la parole, quand tu vois le backclash que tu prends quand tu le fais. Et on avait pas dit bien plus que ça tu vois. Et le fait que Mediapart nous contacte parce qu’on est un des seul groupe à réagir à ça… tu te dis.. Ok ?! … je sais pas, enfin c’est bizarre. Donc je ne sais pas pourquoi il y a cette espèce de gêne à réagir sur ça, à soutenir les femmes qui prennent la parole. Je trouve ça tellement courageux, que ce soit dans la scène punk ou ailleurs, dans la société en générale, ça me paraît naturel en fait de soutenir cette démarche là et je comprends pas pourquoi il y a autant de groupes pour qui c’est gênant.. ou je sais pas, j’ai du mal avec ça. Voilà pour réagir à ça.

MB : Ok. Merci pour votre réaction. D’ailleurs, en lien avec ça, quelles valeurs, quels messages est on en droit d’attendre de la part d’un groupe de punk rock ?

Julien : On pourrait te dire non, parce que en fait le punk c’est tu penses ce que tu veux, tu dis ce que tu veux et nique on s’en fou. Mais au fond, au fond je pense qu’il y a quand même des valeurs communes, même s’il y a un aspect provoque des fois qui fait que certains pourront dire le contraire, mais foncièrement ça a quand même toujours été une musique qui a défendu un antiracisme, qui a plutôt quand même défendu davantage d’égalité…

David : De partage.

Julien : Ouais, davantage de justice sociale, de partage. A la base pour moi le punk ça a toujours été nique le piédestal du rock’n’roll et cet aspect un peu star système et tout. En tout cas, moi les valeurs que je défends dans le punk c’est ça quoi. Nous on est comme tout le monde dans la salle, il n’y a pas de star système ou quoi que ce soit, il n’y a pas ce rapport là à avoir. Voilà, les premières valeurs qui me viennent c’est ça.

MB : Ouais, ok. Merci. Bon maintenant on va un peu s’attarder sur ce pourquoi vous êtes là hein, la sortie de votre deuxième album. J’ai eu la chance de pouvoir l’écouter, déjà bravo, c’est la grosse branlée, moi je la trouve incroyable (cf chronique Common Crusades). C’est marrant, tu parlais des Ramones, moi je vois vraiment Nightwatchers comme un mix entre le punk bien old school type Ramones avec quelque chose à la Idles, Hives et une petite touche Cold Wave, post punk. J’aurais aimé connaître vos influences pour cet album particulièrement. Que ce soit des influences sociétales, culturelles, historiques ou musicales.

David : Bah… Déjà Ramones, pour le charley. Rires.

Julien : Pour la base rythmique.

David : Voilà pour la batterie, euh… ouais en fait ce disque-là, nous on l’a vraiment envisagé comme la continuité du disque d’avant et je pense que ça se ressent un petit peu à l’écoute. C’est à dire qu’on a pas changé la formule du tout au tout tu vois. Après, je pense qu’on a essayé d’amener un peu de… comment dire de relief au disque… Contrairement à l’album d’avant qui est un peu plus, on va dire, je veux pas dire redondant, mais vraiment punk rock vraiment… Là on a essayé d’amener des passages un peu plus aérés, avec des harmonies de guitares plus taffer, un son de guitare qui change un petit peu, un peu plus post punk comme tu dis. Et en fait, on écoute tous, plus ou moins les mêmes groupes sur les influences, mais après Julien pour le chant il va s’inspirer de trucs complètement différents de ce que Kévin va écouter pour le disque. Donc en fait j’aurais vraiment du mal à te dire les influences précises de ce disque-là tu vois. Mais effectivement il est peut-être un peu plus post punk et moins punk rock que le disque d’avant. Je sais pas si Julien tu es d’accord avec ça ?

Julien : Ouais si je suis d’accord. Et puis après les influences des fois c’est un peu… Enfin il y a des trucs conscients et puis il y en a d’autres un peu moins conscientes donc des fois on ne sait pas trop. C’est vrai que moi j’écoute, un peu plus que les autres peut être, des trucs des années 80, du punk des années 80, comme tu disais des trucs de post punk, de new wave et tout un peu. Je sais pas si ça se ressent dans les lignes des fois, il y a peut-être un côté un peu eighties qui ressort car c’est des trucs que j’aime bien. Mais après comme dit David, c’est un album un peu moins brut que le précédent, ou il y a un peu plus de.. peut-être un côté plus mélodique, mélancolique qui ressort, et c’est ce qu’on voulait, c’était vraiment l’idée d’avoir un truc un peu plus mélancolique.

MB : Comment vous composez vos morceaux ? Dans ce groupe, comment ça se passe ? Vous les taffer ensemble ? Chacun chez soi ?

David : Non généralement nous on aime bien les composer en groupe, et du coup souvent il y a quelqu’un qui amène une idée, soit un riff ou tu vois une idée de couplet/refrain, et puis sur une répète tous ensemble on se focalise vraiment sur les instrus d’abord. Et du coup, on part d’une idée de quelqu’un et on teste des choses, chacun amène un petit peu ses idées sur le moment. On aime bien, enfin pour ce disque-là en tout cas, on faisait une répète un morceau tu vois. Un espèce de brouillon de morceau, on répétait je sais pas 3 heures, peut être 4 heures. Julien souvent il arrive avec une idée de riff de guitare… ou Kévin.. et puis on brode un peu autour, on voit ce que ça dit. Des fois ça marche assez facilement, des fois un peu moins, et du coup on essayait de se faire une base de morceau sur une répète, et puis répété d’après on repartait de zéro un peu. Et puis une fois qu’on a eu quelques morceaux comme ça, on s’est dit, tiens on va revenir sur les premiers… Et en fait on a construit le disque un peu comme ça. Du coup c’est aussi pour ça, je trouve, qu’il est assez cohérent sur la globalité et c’est aussi pour ça que les morceaux ont été travaillés pour qu’ils s’enchaînent, tu vois les enchaînements c’est taffé etc tu vois. Il y a un vrai taf de compo à ce niveau-là. Et en fait, une fois qu’on a fait toutes ces bases de ce morceaux-là, on les a bien rejoués en répétant, on a fait les pré-prod, Julien après… C’est julien qui a écrit le chant, du coup il a pu avoir une vrai base de travail pour bosser ça, et après ça on est revenus un peu sur des trucs à changer, pour peaufiner entre guillemets. Et après, par exemple le dernier morceau du disque, on l’a enregistré le jour des pré-prod. On l’avait jamais joué ensemble, Kévin avait fait une démo sur Garageband par exemple. Et il y a 2, 3 morceaux, notamment l’intro de Phantom Menace, tu vois, qui a été faite comme ça, où on les a pas forcément bosser tous ensemble, mais le gros du disque en tout cas, c’est commun.

Julien : C’est assez rare qu’on ait un truc tout fait et qu’on joue tel quel. C’est arrivé sur 2, 3 intros, et ce morceau là comme dit David. Mais c’est vrai que ce n’est pas la dominante.

David : C’est pas notre habitude.

MB : Ca se ressent vraiment car il n’y a aucun morceau qui semble, en dessous des autres, enfin en dessous entre guillemets hein. Les 10 morceaux sont de même qualités et on sent qu’il y a du travail derrière quoi. L’enregistrement, comment ça s’est passé ?

David : Je vais répondre, comme ça je laisserais Julien parler des textes. Rires. On a enregistré le disque avec Matthieu Zuzek, un pote de Toulouse, qui avait enregistré l’album d’avant d’ailleurs. Et en gros, on a fait basse et batterie en live. Ensuite on a édité un peu les batteries, tu vois, pour que ce soit un peu propre. Et puis on a refait des basses quand il y avait besoin. Après les gars ont fait leurs guitares et Julien a fait les voix voilà. Et ensuite on a fait les arrangements, chœurs et claviers, à la fin. Ça s’est étalé sur plusieurs sessions, ça a un peu traîné par rapport à ce qu’on avait envisagé en termes de timing. Mais c’est pas plus mal, parce que du coup, je pense qu’on est tous content du résultat.

MB : On va parler des textes du coup, parce que c’est quand même une part je pense importante. Il y a une évolution ? La thématique reste un peu la même, que sur le premier album, mais c’est une perspective différente ?

Julien : Ouais exactement, effectivement on est toujours sur la même thématique générale, c’est-à dire la période coloniale, enfin la colonisation en France, l’Empire coloniale français on va dire, et ses réminiscences dans la société contemporaine française. Mais comme tu dis effectivement, ça a un peu évolué, c’est pas exactement sur le même axe que La Paix Ou Le Sable. La Paix ou le Sable on était vraiment sur des actes, des témoignages vraiment de… d’appelés, sur le registre de guerre, des faits de guerre en fait, des faits d’armes. La vraiment sur cette album, on s’est concentré sur l’aspect religieux on va dire, de la colonisation. Vraiment, comment la France a cherchée à déraciner l’Islam du territoire algérien par exemple, parce qu’on s’est vraiment concentré sur l’Algérie pour cet album-là. Et comment aujourd’hui, on est toujours dans ce même schéma par rapport à la pratique de l’Islam, on voit bien comment, il y a encore des gens qui cultivent cette idée que l’Islam est incompatible avec les valeurs de la République par exemple, on peut encore l’entendre, mais pas que dans la bouche d’Éric Zemmour parce que, on a tendance à dire que c’est lui qui porte ça mais quand tu lis en substances les discours de Casteix ou de Macron, on est… Ce registre-là est aussi présent dans le gouvernement actuel. Donc voilà en gros, c’est pour ça qu’on a choisi de se focaliser la dessus parce qu’on a trouvé qu’il y avait vraiment un fait d’actualité autour de ça et que c’était intéressant de mettre en comparaison ce qui avait pu se passer en Algérie, quand on remonte assez loin, avec ce qui se passe aujourd’hui en France.

David : Et du coup le disque il a une double, on va dire il aborde 2 périodes en fait. Il aborde le moment où l’Algérie était encore sous colonisation française, et des moments plus récents de ces dernières années.

Julien : c’est Face A, Face B. Face A, c’est la période coloniale et Face B, sur la période contemporaine.

MB : Parfait. Merci. Concernant le choix de chanter en anglais ? Est-ce que ça s’est imposé naturellement ? Parce que justement vous avez un message à passer, on est pas tous anglophones en France, comment ça s’est fait le fait de chanter en anglais ?

Julien : On a commencé Nightwatchers, et naturellement c’est la langue qui s’est imposée de fait, parce que… par rapport au style et par rapport à nos habitudes car on a toujours eu des groupes… quoique Black Pigeon était en français. A part ça on a quand même eu que des groupes ou ça chantait en anglais donc on avait pas trop l’habitude de… enfin moi pour chanter…

David : On s’est même pas posé la question je crois.

Julien : Ouais c’est ça, on s’est pas posé la question. Et moi j’avais vraiment l’habitude de chanter en anglais. Après c’est vrai que ça m’intéresserait de faire un truc en français mais pour un même groupe tu vois, de passer de l’anglais au français, je sais pas c’est… on s’est posé la question plusieurs fois… Mais on garde l’anglais par habitude, par facilité je pense. Rires.

MB : Je vous libère très vite, (les gars sont attendus pour un autre interviews et je suis déjà bien en retard ndlr), C’est important le rendu ? Par exemple vous avez sorti un clip, très épuré, noir et blanc, pas de décors rien. La pochette de l’album très épuré aussi, un façon scandinave, je disais, un peu à la The Hives. Est-ce que, pour vous, l’image véhiculée est importante ?

David : Alors oui… et la meilleure personne pour en parler, n’est pas là. Rires.

Julien : C’est Freddy ça.

David : En fait, c’est Freddy, notre batteur, qui gère vraiment ça… et qui met un point d’honneur, mais vraiment, parce que c’est vraiment… il est très tatillon là dessus… avoir un regard sur tout. Et tu vois, notamment la pochette de La Paix ou Le Sable, c’est lui qui avait tout fait. Les photos, c’est Anne sa copine, qui les avait prises à Paris. Là, pour le cardinal Lavigerie, c’est une statue qui est à Bayonne en fait, on a un pote qui nous a fait la photo de la pochette et ensuite Freddy a tout géré, il voulait un truc vraiment… qui frappe quoi, donc un peu épuré, mais en même temps plein de sens. Donc oui, oui, c’est un truc travaillé, après j’aurais pas vraiment les explications, il faudrait lui demander, mais c’est important pour lui et moi aussi je trouve ça cool d’avoir une continuité graphique entre les disques, et musicalement, et visuellement. Du coup le clip, il va dans cette lignée là tu vois, un truc pour créer un univers graphique et audio autour d’un disque.

MB : On pourra se le procurer où, Common Crusades ? (interview réalisée avant la sortie des précommandes, ndlr).

David : Euhhhh. Oui. Rires.

Julien : Normalement dans tous les disquaires indé.

MB : Il n’y a pas de précommandes ?

David : Il y aura des précommandes, incessamment sous peu. Le disque sort début octobre mais il y a du retard à l’usine, comme beaucoup de disques. Et du coup, on devrait avoir les disques fin novembre. Donc, le label va mettre en place des précos… Nous on en aura sur Toulouse en direct, ou on le mettra là où on vend du merch. Après je sais qu’ils ont une distrib assez cool. C’est Lövely, le label qui avait sorti le disque d’avant, qui le fait.

Julien file sur l’interview suivante.

MB : ah je suis désolé on est à la bourre, c’est bon pour moi.

David : Oui voilà, il sera trouvable facilement je pense.

MB : Bah écoute, désolé d’avoir débordé. Merci beaucoup, franchement c’était un plaisir. Bonne chance pour l’album.

David : Merci à toi, cool.