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Volbeat fera-t-il toujours du Volbeat

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Cette question, j’ai commencé à me la poser en écoutant, au casque, le dernier opus du groupe danois. Servant Of The Mind, avec ses 13 titres, m’a interloqué. Je vais tenter de vous expliquer mon sentiment pourtant si flou dans mon esprit. Album sorti le 3 décembre 2021, voyons ce qu’il nous cache.

Pour commencer, Volbeat, c’est quand même 21 ans de Punk N’ Roll Psychobilly marbré de Heavy Metal. A l’origine, le frontman Michael Poulsen sévissait dans le Death. Lassé de la scène extrême, et assumant certainement ses goûts, il se sert de l’influence de Johnny Cash et autre Elvis Presley pour refondre totalement la ligne artistique. Et ça marche ! Fort du succès immédiat, le quartet enchaîne doucement les albums et monte progressivement en puissance – mais pas trop – et trouve son équilibre. La caractéristique du son de Volbeat, c’est avant tout que c’est dansant. Oui. Si vous proposez une soirée et que l’ambiance, allez savoir pourquoi, retombe légèrement tel un soufflé en manque de blanc d’oeuf monté en neige, ce band danois va vous sauver ! Il est morphologiquement impossible de se contenter de headbanger. Sur les riffs de Rob Caggiano et de Michael, vous allez vous trémousser. Sur le battement énergique de Jon Larsen et la basse de Kaspar Boye Larsen, vous allez taper du pied.

 Alors ? Diable ? Pourquoi suis-je si ambiguë à l’entame de mon papelard ? Avec le titre d’intro Temple Of Ekur, le ton est donné. L’harmonie est entraînante, les riffs efficaces et Michael toujours aussi joueur avec sa voix. Légèrement haute et fluide, elle se fait plus grave et posée, lors d’une coupure inattendue. Franchement, ça part bien ! Par la suite, l’enchaînement des morceaux, de leur style, est assez intrigant. Ça « tape » partout. Avec Wait A Minute My Girl, le Rock N’ Roll est particulièrement assumé. On respire l’air du bon vieux temps. La Cadillac dans l’allée et la chevelure à la limite de la banane. Mais que le metalleux qui sommeille en toi, l’ami, se rassure. Par la suite, ça se durcit. The Sacred Stone ovnise après les deux premiers morceaux, notamment avec son intro qui a elle seule pourrait invoquer le diable. Il faut attendre le cinquième tube, The Devil Rages On, pour retrouver la note Billy du band. Perso, je trouve que le King Elvis aurait pu nous proposer ce morceau, mélange intéressant de présent et de passé. Arrivé à Say No More, mes doutes reprennent, mon ambiguïté reprend le dessus. N’ai je pas déjà entendu ça avant ? Cette chanson, elle n’est pas déjà dans (l’excellent) Seal The Deal & Let’s Boogie ?

Il faut savoir que contexte sanitaire oblige, et en mal de tournées, Volbeat a composé cet album en trois mois. Alors, je ne suis aucunement compositeur. Mais n’est-ce pas un peu court ? Dans un format de travail de cette taille, les danois ne se sont-ils pas contentés de ce qu’ils savent faire ? Les riffs, les lignes musicales des titres, les ambiances sont-elles innovantes ? Bien entendu, tout groupe a son univers et souhaite le partager avec nous. Et merci Volbeat pour ce partage ! J’adore mettre vos tubes pleine balle. Mais, ce petit sentiment de déjà vu ne me quitte pas. Garder le rythme de mon pied tapotant le sol non plus, qu’on soit clair. D’ailleurs, l’album continue dans mes oreilles. Voilà The Passenger et son tempo entraînant, agrémenté de micro passages plus ralentis. Plus loin, une intro me surprend. « Oh, du Tremonti » me dis-je. Ça part bien et le reste de Becoming est très agréable. Mais encore ces micro-ralentissements.

 Voici que nous nous dirigeons vers la sortie de cet album. Servant Of The Mind se conclut par Lasse’s Birgitta. Excellent titre pendant l’écoute duquel je comprends ce qui m’est arrivé tout au long de cette écoute (et re-écoute, et re-écoute) : Je suis paumé ! C’est ça finalement ce qui pose problème, non pas mon goût de ce qu’ils produisent, non pas la qualité de leur travail, mais bel et bien le fait que durant l’heure où s’enchaînent les morceaux, je n’ai pas su où donner de la tête. Les styles vont dans tous les sens et surtout s’étendent sur une période très vaste.

Finalement, Volbeat tente d’insuffler un air plus dur, de déployer son jeu en gardant leur signature Rockabilly. Il faut maintenant se demander si cet excellent opus n’est pas un peu frileux sur cette tentative ? Y a-t-il une légère timidité à amener le public vers d’autres voies ? Et par conséquent, la question de début de chronique reste ouverte : Volbeat fera t-il toujours du Volbeat ? (Vous avez 4 heures…)