La semaine dernière j’avais le privilège de m’entretenir avec Irvin, chanteur de Darcy. Leur nouvel album envoie du pâté et vous allez voir qu’Irvin aussi ! Place à l’expression et au franc parler.
Malheureusement, des soucis techniques lors de l’enregistrement m’empêchent de vous relater les propos d’Irvin sur le band et les guests qui renforcent cet album. Sachez qu’avant tout, Darcy est une affaire de famille. En effet, Clément à la batterie et Irvin sont cousins. Viennent les grands copains Vincent (guitares) et Marc (basse). Propulsés à leurs début en première partie de Tagada Jones, c’est avec plaisir que Niko Jones vient ici donner main forte sur les choeurs de L’Etincelle Du Brasier. Comme le dit Irvin, « ensemble la lutte peut être une fête » et la fête bat son plein avec Kemar (No One Is Innocente) sur Viens Chercher Pogo ou le tout aussi engagé Pierre (Merzhin) au chant de Notre Hymne.
Trêve de mes blablas, voici l’entrevue avec Irvin.
Mad Breizh : Machines De Guerre, qui sort le 11 février, possède une première chose qui m’a frappé, que je trouve excellente : Machines De Guerre, c’est une chanson, un album, mais c’est aussi ce qui vous définit quelque part. Machines de guerre c’est vraiment tout un ensemble pour vous ? C’est très symbolique ?
Irvin : Oui c’est symbolique aussi d’une époque. On a vraiment cette sensation d’être dans des temps de guerre. Que ce soit des guerres sociales, des guerres sanitaires, les guerres écologiques. Machines de guerre ça représentait un peu tout ça. Cela représente aussi cette image du groupe qui monte sur scène comme étant une grosse machine de guerre pour essayer de foutre la guerre dans le pogo et dans le Pit. Et l’anecdote est que Machines De Guerre est son nom brouillon en fait à la base. Parce que ce rif c’était une machine de guerre à lui tout seul. On a gardé le nom brouillon, on en a fait une chanson, et on a gardé le nom pour l’album.
MB : D’ailleurs c’est dit dans Machines de guerre : Les machines se sont aussi vos voix. Ce que j’aime bien c’est cette façon de chanter entre guillemets « hurlée » [j’ai pas de meilleur terme qui me vient sur le moment, ndr]. Donc la machine est à la fois la façon de chanter mais également le contenu des paroles.
Irvin : Tu as compris, c’est exactement ça. L’histoire c’était de dire que la voix du chanteur, la voix des choristes, est une machine de guerre, mais que aussi quand je dis « nos voix sont une machine de guerre », ça veut dire que nous, le peuple, que le public,… ; tout ce qu’on a dire peut-être une arme si c’est bien utilisé. Ça peut être un outil de justice si c’est bien utilisé. Voilà pourquoi nos voix sont une « machine de guerre ».
MB : Comme tu dis, avec cette multitude de voix avec tous les sens qu’on peut leur donner, c’est quelque part Darcy l’ovni qui tente de nous enlever un peu la rouille des yeux et des oreilles pour avoir une posture plus active en fonction de l’actualité. Les gens aujourd’hui sont-ils trop doux ? En fait tout au long de cet album c’est « Nous Darcy » qui, au fil des tubes, nous invite à bouger nos culs ?
Irvin : Le principe de Darcy comme je le dis souvent, c’est le champ de la colère. On espère être en éveil. Pas forcément un « réveilleur », mais toujours qu’il est cette petite veilleuse à côté de toi qui t’accompagne dans ton quotidien, quand tu te laisses faire par deux trois conneries. Tu te mets un morceau de Darcy et tu te dis « mais pourquoi on laisse passer des choses comme ça ? ». Que ce soit un mec au bar qui raconte des conneries, sur l’actualité par exemple. Voilà nous on prend pas de pincettes, on fait pas de concessions. On est la petite voix dans ta tête qui te dit qu’il ne faut rien laisser passer.
MB : L’album possède 14 titres. Il y en a un qui te tient particulièrement à cœur ?
Irvin : Moi je suis très très fan de Solution. C’est pas pour rien que je l’ai mis en premier single. C’est une évidence pour moi ce titre parce que c’est la première fois que je chante. D’habitude, je fais plus du chant un peu crié et parlé. Donc c’était un vrai travail pour moi de travailler une mélodie de voix, des cœurs. Solution devient une vraie chanson. C’est pour ça qu’ il a plus de force pour moi.
MB : Ce qui m’a surpris aussi quand j’écoute à fond ça dans ma voiture, ce sont les deux petits interludes. Ce sont deux petits calmes avant la tempête suivante ?
Irvin : L’idée des interludes, il y a plusieurs raisons. Déjà je me rappelle qu’un producteur nous avait dit au tout début de Darcy qui ne voulait pas nous signer parce qu’il trouvait que « Darcy, ça « bananait » trop et que ça manquait de respiration. Donc on s’est dit qu’on allait faire une respiration sur cet album. Un peu comme une petite allusion rigolote à ça. Voilà c’est pas du remplissage pour du remplissage, on est vraiment content de ces deux instrumentaux qu’on utilise sur scène d’ailleurs. Machines De Guerre c’est pas forcément un album concept mais pas loin. On a quand même cette omniprésence de la guerre, de la bataille, de la lutte. Que ce soit dans le champ lexical ou dans la musique. Et qui dit un peu « album concept », dit aussi musique instrumentale. On n’avait pas trop le choix, il fallait le faire. Je trouve que sur 14 titres on a réussi à créer une véritable atmosphère autour de ce mot là.
MB : Vu le contexte, il semble y avoir pas mal de sujets potentiels dans l’actualité autour de vous autour de nous. 14 titres ont été choisis, mais j’imagine que ça a été choisi au milieu de bien d’autres sujets. Des machines de guerre ne vont-elles pas manquer de carburant, selon toi ? Malheureusement j’ai envie de dire.
Irvin : Oui c’est ça. Comme je te le disais en début d’interview, nous notre seule raison de travailler, c’est la colère. Malheureusement on n’est pas prêt de s’arrêter. Plus on avance, plus je deviens fou. Je pensais que j’allais me calmer avec le temps mais non c’est pas possible. Quand je vois que les partis d’extrême droite se partagent 30 % des intentions de vote pour cette année, ça me rend dingue. Quand j’entends des mecs ne pas savoir de quoi ils parlent autour de moi dans un bistrot, j’ai envie de jeter un verre à la tête. Je continue à être en colère chaque jour. Je pense effectivement que Darcy a de beaux jours devant lui, mais malheureusement au final.
MB : Toute cette folle énergie, on sent clairement que vous êtes un groupe de scène. Vous avez envie de vous exprimer directement face aux gens, peut-être même de boire un coup avec eux après. Vous êtes intégré à votre public, j’imagine très bien. Donc cette folle envie d’expression, de tabasser les esprits, irrémédiablement vous avez envie d’aller défendre cet album en tournée. Y a-t-il quelque chose de frais que je t’ai déjà prévu ?
Irvin : Déjà on a cette chance déjà d’avoir pas mal de reports en 2022. Mais les dates datent déjà de 2020. Même pour certains en est au troisième report c’est incroyable. On a cette chance de refaire pas mal de festivals d’été qu’on avait signé en 2020. Et on a Rage Tour qui nous trouve aussi pas mal de dates pour cette année, que ce soit en support de Tagada, No One, Opium. Et pas mal de festivals qui seront pas forcément sur l’été donc on est content, on a déjà pas mal de dates pour cette année.
MB : Les mecs qui veulent trouver vos dates, il trouve ça où ? Vous avez une page ?
Irvin : On est très très présent sur les réseaux sociaux. Que ce soit sur Facebook, Insta, Twitter, on est très présent. On va les mettre sur la couverture de notre Facebook. Et tout simplement, si les gens veulent avoir la mise à jour, le mieux est d’aller sur le site de Rage Tour, d’aller sur la page « artistes », Darcy, et vous avez toujours les dates qui sont affichées et mises à jour.
MB : J’ai envie de faire un petit mot pour le label At(H)ome. Faut quand même être couillu pour suivre un groupe qui finalement est entier et résistant. Un band qui exprime des choses qui touchent aussi un peu la politique, ce qui peut rendre frileux certains. Les mecs assument j’imagine.
Irvin : C’est un rêve qui se passe. Pour nous c’était notre rêve quand on était adolescent. On recevait les magazines Rock Mag et Rock Sound, on écoutait les sampler et les artistes en développement, et 75 % du temps, ils étaient signés chez At(H)ome. Qu’on avait 15, 16, 17 ans, on s’est dit « putain, il faut qu’on fasse du rock et qu’on signe sur ce label ! C’est incroyable tous les groupes qui sortent de ce label ! Des tueurs les mecs ! ». Donc quand on a signé chez eux, on avait un sourire pas possible. Ils nous soutiennent sur absolument tout. Quel que soit le sujet. Là on a sorti notre dernier single qui s’appelle Rediaboliser, et qui parle de la dédiabolisation du Front National, et encore une fois sur les paroles et nous suivent. Ils nous suivent à 100% sur tout. Il n’y a jamais besoin de débattre, ils sont toujours OK. Ils nous soutiennent et nous supportent à 100%. C’est vraiment le paradis de travailler avec eux.
MB : Ça fait toujours une bataille de moins pour vous !
Irvin : Exactement ! [Rires.]
MB : Petite question perso comme ça : quand tu n’écoutes pas de punk, qu’est-ce que tu écoutes ?
Irvin : T’as bien raison ! J’écoute beaucoup de chansons françaises. J’écoute beaucoup Brel, aussi beaucoup de pop bizarrement. Je suis un grand amateur de pop. Je peux écouter des artistes comme Lana Del Ray.
MB : On trouve de l’inspiration partout.
Irvin : Ouais c’est ça. Très honnêtement j’écoute de tout.
MB : Aurais-je oublié un sujet ? On est bon ?
Irvin. On est bon oui. Je viens de dire un petit mot à ce que nous on appelle la famille, notre public. Parce qu’ils sont de plus en plus nombreux à venir nous soutenir sur scène et à venir nous voir sur les réseaux sociaux et après les concerts. Donc merci à eux. Ce sont eux qui nous donnent la force d’aller jusqu’au bout et de se battre.
MB : Les pogo sont de plus en plus gros devant la scène !
Irvin : Exactement. On s’amuse beaucoup à être de plus en plus arbitre de bataille devant la scène et ça me plaît beaucoup .
MB : Comme on disait « la lutte peut être une fête » et plus on est nombreux et plus ça peut être la grosse teuf. Je te remercie, merci à toi. Ah, on a besoin de musique ! On a besoin de vous cette année !
Irvin : On sera là !
MB : Profitez bien, merci encore et on se cause à l’occasion…
Irvin : Avec plaisir. Merci Yann. Chao