Diem Perdidi, Carpe Diem ! Comme disait l’autre. « J’ai perdu ma journée, cueille le jour ». Dans cette phrase, ce qui m’amuse, c’est finalement le rapport que j’en fait avec l’artiste du jour : J’adore les années 70 ! J’adore les films de cette époque, l’ambiance, l’insouciante apparence, les grosses caisses V8. Et pour ce qui est de la musique, je ne sais pas si une autre décennie me rend plus scotché que celle-ci. Quelle aventure c’était pour ces jeunes groupes tels Iron Maiden, Judas Priest, ou Lynyrd Skynyrd (pour changer de style), de débuter dans cette époque de libertés, d’enregistrements à l’arrache, sans une thune, de tournées assurées la plupart du temps en système D dans un fourgon fumant, le splif se consumant dans le coin de la bouche.
Saxon est de cette génération. Made in Angleterre, le band a connu un succès presque franc tout au long de ses 24 albums. Si vous n’êtes pas branché old Heavy Metal, ce nom ne vous parle pas nécessairement. Surtout que Saxon a, contrairement à nombre de ses contemporains, connu une légère traversée du désert dans les années 90. Décennie des clips vidéo et donc de la reconnaissance internationale. Mais Saxon est bel et bien là. Et je kiffe !
Depuis 1977, Biff Byford demeure le frontman indélogeable du groupe. Ce britannique a aujourd’hui 71 ans, génération des Rob Halford et Ozzy Osbourne. Ces mecs sont l’histoire du Metal et voyons ensemble ce que Saxon a à nous raconter dans ce nouveau volet, Carpe Diem.
Cet opus de 10 morceaux nous fait voyager dans le temps. Pourquoi ? Car durant ces 44 minutes, je trouve que l’on retrouve toute l’essence de la old school. Il y a l’ambiance mystique introduite dès le premier titre ; montée en puissance pour laisser Carpe Diem (Seize The Day) commencer à enflammer le tempo. Les riffs de Paul Quinn (membre d’origine) et Doug Scarrat sont carrés et efficaces. La voix de Biff, malgré les années, envoie le pâté. Mais ce n’est qu’une intro car avec Age Of Stream, le frontman va chercher encore plus loin les aigus et la puissance. La batoche de Nigel Glockler martèle le rythme, s’amusant de ses dizaines de toms et cymbales. Même si lors de certains tubes, tel le premier single sorti de l’album, N°3 dans la playlist, The Pilgrimage. Courte et efficace, s’ensuit Dambusters. La plus courte des chansons proposées en est également une des plus dynamiques.
Devoir de mémoire de batailles (Remember The Fallen), désintégration astronomique (Super Nova), ou tout simplement la vie d’artiste pleine balle (Living On The Limit), les sujets sont bel et biens ceux du Heavy. Ils sont bien ceux de Saxon. Le band britannique a cette force de rester ancré dans ce qui le caractérise tout en incorporant des nuances de Metal moderne. Passé le magique All For One, me voici à l’écoute de Black Is The Night. Surprise ! Le premier couplet, dans son riff comme dans la ligne de voix, me fait penser à un titre de Rob Halford, Hell Razor, sur l’album Made Of Metal. Je ne parle évidemment pas de copier/coller. C’est un hasard, certainement dû à ma propre oreille et ma propre expérience, voire ma sensibilité. Je sais, je suis trop sensible. Mais quand on parle de Heavy Metal, ça fait ça chez moi !
De fait, Saxon n’a déjà plus rien à prouver et pourtant, cette super production Carpe Diem démontre que les anciens sont toujours là et qu’ils sont un exemple de vitalité, de création et de panache. La voix de Biff ne prend pas une ride et je suis bien curieux et hâtif de découvrir ça sur scène un jour. Ils seront d’ailleurs en France les 2 et 22 octobre prochains si je ne m’abuse. En attendant, sous couvert du Label Silver Lining Music (Soen, Apocalyptica,…) la galette est dispo depuis le 4 février.