Lundi matin, j’ouvre ma messagerie. Entre les courriels d’amis retenus contre leur gré dans d’obscures pays d’Afrique et qui auront la vie sauve si je m’acquitte d’une obole modeste mais bienfaitrice ; les relances de marabouts altruistes qui me veulent le plus grand bien en se proposant d’allonger mon pénis de 20 ans ou ma vie de 15 cm, ou inversement, j’ai le plaisir de constater quelques mails de Dieu le Père de Rage Breizh. Plein de chroniques en attente. J’en ouvre deux/trois et écoute distraitement les quelques disques et démos. Après un album de death pas mal, du hardcore pas dégueu, Voice of Winter is coming sur la playliste. Je ne sais pas si c’est la fatigue due aux agapes du week-end ou si c’est un mauvais jour – comme l’a dit si justement le Philosophe Krän le Barbare, « il y a des jours où faut pas me faire chier et y’a des jours tous les jours », brillant ! – mais, le truc me laisse de marbre. Pas mieux le lendemain.
Et puis le miracle. M’octroyant une dernière écoute pour dire pourquoi « je ne chroniquerai pas ce disque c’est une merde » je me suis pris la claque sinon de l’année du moins du mois.
Les hostilités commencent par View From Sedna, où le trio propose un death puissant, des riffs sophistiqués – marque de cet album et, semble-t-il, du groupe. Avec Ladies, on commence à découvrir le travail incroyable de composition, notamment dans des breaks d’outre espace. Avec Liberticide, les lascars montrent leur talent dans l’écriture d’intro, dans des jeux complexes, dans la qualité de chant. Le chant, justement, ici en français (dans ce qui ressemble à une ballade celto-nordique avec plein de sang et de larmes à faire chialer une ménagère viking) est géré au poil.
La suite est entièrement à l’avenant : Chrome, morceau sans parole au solo des plus inspirés ; Childhood of evil (qui donne son nom à l’album) et ses passages jazzy/groovies tenues par une voix féminine sublime; le furieux et inquiétant Damocles. Et l’on termine avec Lord of Whores, morceau de bravoure de presque 10 mn et ses voix black. Parfait !
Avant de recevoir cet album je ne connaissais pas Voice of Winter. Et c’est bien dommage. La chose est maintenant réparée même si j’ai des choses à rattraper d’urgence. En lisant le petit papier bien abscons fourni avec l’album, je n’en sais pas plus sur le groupe. Ce qui est certain en revanche c’est qu’écrire sur cette expérience de son n’est pas aisé. Ces gars vous mènent par le bout du nez et on ne sait jamais où ils vont. Imprévisibles de bout en bout de la galette. Du death qui ne ressemble à rien de connu, puissant, grisant, maitrisé, drôle… addictif !
Pour le brio du combo, l’originalité des morceaux ; pour l’excellence des musiciens – ce bassiste ! – ne restez pas, comme je l’ai été trop longtemps, dans l’ignorance et jetez-vous sur Childhood of Evil, un album qu’il est trop bien à écouter !