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DSM III : La Suisse psychédélique

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La diversité musicale est une richesse. Pour peu que l’on ait l’esprit ouvert et les esgourdes réceptives, il y a moyen de passer du super bon temps. A mesure que les époques passent, les groupes s’inspirent et s’influencent de bands qui ont eux même participé à étendre les voies musicales 

Vous vous rappelez quand on disait « c’est du hard rock » ou « c’est du death » ? De nos jours, il est compliqué de catégoriser un groupe tellement il pioche à tout va dans sa sensibilité hétéroclite. Le groupe que je vous présente ici ne déroge pas à la règle. Si vous demandez quel est le genre musical de Dirty Sound Magnet, on vous répondra que c’est du Rock psychédélique déjanté–blues rock–70′. C’est pourtant évident ! En parlant de genre musical, je fais une courte parenthèse pour confirmer que oui, cet article va promouvoir le talent de bluesmen. Les racines sont communes et il est bon de laisser parfois s’échapper les doubles pédales et les saturations.

Avec cet album DSM III, Dirty Sound Magnet nous propose son quatrième opus, 5 ans seulement après la sortie du premier. Mais il est le troisième album « studio ». J’imagine que je ne prends pas trop de risques en pariant que le nom de DSM III a un lien avec ce fait établi. Sorti le 18 mars sous Hummus Records, voyons ce que nos fribourgeois préférés (en même temps je ne connais qu’eux) sont en mesure de nous proposer.

Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais quand j’écris les lignes qui défilent une à une devant vos yeux, je laisse vaquer mon lecteur audio sur l’album en question. Ça me met dans l’ambiance et, magie du cerveau humain, certains passages me font décrocher de la rédaction pour profiter d’un son, avoir une impression, une émotion. Ceci étant dit, Dirty Sound Magnet, ça groove. Ils sont trois artistes, tel un petit groupe d’amis qui, pour l’occasion d’une soirée, se font un beuf dans un coin du salon. Ça respire l’improvisation et chacun y va de son habileté. Les lignes de basse de Marco Mottolini se baladent, sinueuses et rythmées, avec un swag très agréable. Écoutez Pandora’s Dream notamment, ou Mr Robert dans lequel je la trouve présente à souhait. Certainement parce que sur ce dernier titre, la batoche de Maxime Cosandey a une partie plus en retrait. Pour se faire une idée de la folie créatrice du guitariste Stavros Dzodzosz (désolé Stav’ mais je suis soulagé de ne pas avoir à prononcer ton nom, déjà que je bafouille !), le mieux est de s’attarder sur Toxic Monkeys, troisième titre de cet opus de 8 chansons. Je vous en propose une live session en fin d’article. En plus de groover à mort, ce morceau démontre plusieurs traits de caractère intéressants sur nos amis suisses. Mon oreille metal me fait penser à du progressif. La construction pleine de surprises et les accélérations/décélérations sont un bonheur. Je lui trouve un goût d’Iggy Pop dans sa période psy. Je vais oser dire que, par la vocalise de Stavros, un air british pop à la Blur se laisserait volontiers percevoir.

Et tout est comme ça ! Dès le lancement de la galette, Body In My Mind nous régale de plus de 6 minutes d’un groove magnétique. Je trouve que ce titre serait top pour une BO de film. Une action rocambolesque et effrénée dans une comédie avec Georges Clooney. Par exemple quand à la fin, le dénouement du plan machiavélique nous saute aux yeux et qu’on se dit « mais p*t.. c’est carrément bien pensé ! ». Pardon, je m’égare. Il n’empêche que DSM (le groupe) a su mettre une ambiance totalement novatrice tout au long de l’album et que cette ouverture musicale leur permet un jeu aussi varié que précis. Le tube Meet The Shaman possède un chant qui se veut clairement envoûtant. La batterie martèle inlassablement un tempo transcendant alors que le chant, étiré et pur, suggère un passage en hypnose immédiat ! Le gourou Skippy n’est pas loin (private joke pour les vieux comme moi).

Pour finir de parler des titres, ça et là, notons une nouvelle fois la diversité avec l’intro de Heavy Hours qui en restera le fil rouge. En effet, ce morceau va chercher, par la guitare, un air de rock sudiste américain. Ce riff qui aurait pu, en acoustique, provenir d’un banjo. Un petit tube en acier sur l’auriculaire, un médiator, des bretelles et un chapeau; et roule ! Les slides sur les frets et le jeu rapide ne peuvent pas vous faire penser à autre chose. C’est très, très bon ! Laissez-vous enfin bercer par l’outro, Sunday Drama, qui joue le rôle extrêmement précis et bien réalisé de peu à peu vous ressortir de la transe dans laquelle vous avez été, malgré vous, plongés.

Pour conclure, toi qui lis ceci sappé de ton tshirt noir, pantalon noir (le cuir te va bien !), avec peut-être même ton genre musical favori en fond sonore ; profite de cette sortie d’album pour te replonger furtivement dans les couleurs chamarées et improbables portées par cet opus qui, sans aucune prétention j’imagine, fait juste du bien ! Surprenant et frais, le trio s’amuse comme s’il improvisait. J’ai appris un truc aujourd’hui : c’est donc ça le Rock psychédélique déjanté–blues rock–70′ ?