Relecture: Victor
Il y a de ça quelques années, je chroniquais le second album du groupe Breakhead, Allegiance to Materiality. J’étais tombé sous le charme et je m’étais à suivre la bande sur les réseaux sociaux. L’envie de les voir en live était fortement présente. Mais compte tenu de la situation géographique du chanteur, Loïc, les concerts de Breakhead ne sont pas nombreux. C’est donc avec une grande joie que j’ai appris qu’il passait au Douai Brutal Fest en début de mois. J’ai donc pris la décision de contacter le groupe via Facebook pour savoir si une interview était possible sur place. Ce qu’ils ont acceptés volontiers. Je tiens d’ailleurs à les remercier grandement. Mais le destin était contre moi… Le jour même, j’ai été terrassé par une grippe intestinale fulgurante qui m’as cloué au lit durant plusieurs jours. Mais c’était sans compter sur la gentillesse des membres de la bande: Ils ont acceptés d’effectuer l’interview la semaine suivante via Skype. Au top, les gars !
INTERVIEW:
Moi : Ok, on est avec Breakhead. Première question, les gars, et pour moi c’est la plus importante : Comment ça va ?
Breakhead : Très bien, super. On est chaud pour Samedi, à Hazebrouck, deuxième date du mois, donc ça va être bien sympa. La première était déjà bien sympa…
M : Ouais, parce que samedi dernier vous avez joué au Douai Brutal Fest. Comment ça s’est passé ?
B : Et bien, écoute, très bien. On a eu un p’tit souci technique au niveau d’une de nos guitares, ça a coupé le set à la moitié mais hormis ce petit problème, ça s’est super bien passé, le public était au rendez-vous, le son et les lumières étaient de qualités. Et surtout ça fait plaisir de jouer sur une scène de qualité, qui est bien agencé comme ça.
M : Et donc, ce samedi là, vous jouez à Hazebrouck à La Friche. Vous partagez l’affiche avec 3 autres groupes
B : Ouais. Avec Deviant Ritual, Coroners et Solar Eruption.
M : Vous avez écouté ce qu’ils font ?
B : Ouais. Deviant Ritual, on les connaissait déjà parce que certains des membres avaient une ancienne formation avec qui on avait déjà joué et Solar Eruption, je suis un grand fan.
M : Vous avez d’autres dates après celle ci ?
B : Pour l’instant non. On en avait une le 29 Avril, mais on a dû la décliner parce que ma situation géographique ne permettait pas d’honorer la date, vu que je vis en Pologne. Mais hormis cette date, non. Après on est ouvert à toute proposition
M : Vous avez démarré le groupe en quelle année ?
B : Ça fait 8 ans. De base, Breakhead ça a commencé avec le bassiste et le guitariste suite à un concert de Metallica parce qu’on était pas tant que ça dans le Metal avant, ou du moins pas autant que maintenant. Donc ils ont été voir Metallica à Paris, et ils ont pris une claque. Ils ont commencés à faire de la gratte et de fil en aiguille, quand j’ai rejoint Breakhead, c’était plus typé Thrash Hardcore, et moi je cherchais un truc plus Black Death. Donc on a essayé de mixer tout ça. Donc ouais, une dizaine d’années.
M : En parlant de style, vous vous définissez comme un groupe de Modern Thrash
B : Plus ou moins. Thrash, Thrashcore, Death, des fois Deathcore. C’est des influences de tous les horizons. On arrive pas vraiment à mettre une étiquette car ça va changer d’un morceau à l’autre. L’essentiel, c’est que ce qu’on compose, ça nous botte.
M : Je ne sais pas si vous connaissez ce groupe, mais je trouve que vous retrouvez beaucoup à Dyscarnate
B : Oui ! J’adore ce groupe ! Il ne font pas partie de mes influences mais ça me botte bien, c’est bien rentre dedans, les riffs de guitare sont bien groovy, en plus ils sont calés sur la batterie et ça donne un truc vraiment classe.
M : Et concernant les gros groupes qui vous ont influencés ?
B : Oulà, ça peut être beaucoup de groupes. Moi j’écoute du Metal depuis vraiment assez jeune, j’ai commencé par tout ce qui est Nu, Hard Rock… Après ça a été Heavy, Thrash Old School, puis j’ai eu une grosse période Grind, Black… Mais aujourd’hui, je serais plus dans le Thrash à nouveau. Si je dois citer des groupes, ce serait Lamb of God, Heaven shall burn… Les guitaristes, eux, c’est plus dans un délire Deathcore, voire Brutal Deathcore à la Suicide Silence, Thy art is Murder… Après, ils aiment tout ce qui est un peu technique. Fab, lui, c’est plus le Thrash à l’ancienne, très Groove aussi, avec tout ce qui est Suicidal Angels.
Et moi (Loïc), j’étais pas dans le Metal avant. J’ai commencé avec la vague japonaise, rien à voir, tout ce qui est rock japonais. Après je suis resté sur le Folk Metal :Ensiferum, Eluveitie, Finntroll. Et au fur et à mesure, je me suis dirigé vers des groupes de Death, comme Dyscarnate forcément… Puis ça a été des groupes de Black. Mais niveau influences, j’ai pas vraiment de groupes, c’est plutôt un feeling, tu vois. C’est la manière de chanter que j’aime bien, parce qu’à l’époque je faisais du Black Death, donc j’alternais le chant Death, le chant Grind… Et par exemple, Amon Amarth, c’est un groupe que j’aime particulièrement. J’ai grandi ces 10 dernières années avec ce groupe donc c’est vraiment ce côté voix très grave. Après, j’aime beaucoup les groupes comme Get the Shot (NDLR : Je portais un sweat Get the shot que j’ai fièrement exhibé), qui est vraiment dans l’agressivité et c’est ça qu’on essaye de retranscrire dans Breakhead : Un chant très rapide, et du coup très agressif. Pas forcément Growl, mais entre les deux.
M : D’ailleurs à ce sujet, j’apprécie beaucoup ta technique de voix. Tu as un entraînement particulier pour la bosser ?
B : Pas vraiment, c’est venu des années avec mon premier groupe, ou on était deux chanteurs, y’en avait un qui faisait que la voix Black, et l’autre qui faisait que la voix Death. Et ça pouvait arriver, que pour X raison, qu’un des chanteurs ne pouvait pas venir à la répét’, donc je travaillais ses parties. En fait, j’ai eu l’habitude pendant 4-5 ans de bosser comme deux chanteurs. Et au final, la technique, j’y travaille plus car je peux pas répéter toutes les semaines, vu que j’habite en Pologne, j’habite dan un appart’, donc les fréquences, tu les évites le soir, donc ça me laisse moins de temps. Je travaille vraiment la technique pour garder cette capacité.
M : Un groupe avec qui vous aimeriez partager une affiche ?
B : Moi, personnellement ouais : C’est un groupe allemand qui s’appelle Critical Mess. C’est une chanteuse qui est Frontman et elle a une voix qui peut rivaliser avec celles de tous les chanteurs de Death. Elle a aussi des groupes de Thrash, elle a pas mal de formation et elle est extrêmement talentueuse. C’est vraiment un bon groupe et en plus ils ont un bon délire sur scène, et ils sont aussi très accessible. C’est le genre de groupe avec qui tu peux taper en soirée, et pour moi, c’est important d’avoir un bon contact avec les personnes avec qui tu joues. Faut vraiment partager cette passion. Après, je ne suis pas fermé sur la question. Tout ce qui m’intéresse, c’est de passer une bonne soirée
M : C’est un avis perso, mais je vous verrais bien avec Devil Driver
B : (Rires) Et bin c’est le groupe préféré de notre bassiste ! Mais carrément, ça me dirait totalement de jouer avec eux, je serais en surkiff
M : Concernant votre dernier album qui est sortie en 2021, je crois…
B : Ouais c’est ça. Il a été officiellement enregistré en 2019, mais on a eu le COVID, donc on a attendu un petit peu avant de le sortir. On l’a sortie quand même en période COVID, mais ça c’était calmé
M : Et à l’époque, vous n’aviez sorti qu’un seul single, « Passengers ». Pourquoi celle ci et pas une autre ?
B : Simplement, parce qu’il y a ce côté représentatif de ce qu’il y a sur cet album. Dès le début, c’est très Groove, très rentre-dedans et à la fin, ça fait danser, ça donne envie de pogoter. En fait, on voulait marquer avec un premier son, direct, histoire de montrer ce qu’on était capable de faire. C’est pas un morceau très compliqué, mais je trouve que, parmi tous nos morceaux, il donne vraiment envie de tout casser. Chaque morceau à son identité, ils sont tous différents à leurs façon, c’est pour ça que ça a été difficile d’en choisir un
M : Et, de votre avis personnel, quel est votre morceau favoris ?
B : Moi, direct, c’est « Dystopia ». J’aime cette fin très calme. C’est un morceau qui parle pas mal. Avec le passage en voix claire, ça apporte vraiment quelque chose, ça fait monter la pression puis d’un coup, t’as le break de fin…
M : Vous avez sorti un clip avec le morceau « Blackout », et je trouve que vous avez bien fait car elle représente exactement votre style : ça monte, ça monte, puis d’un coup…. BOOM, le Breakdown !
B : C’est exactement ça ! On voulait que ça soit l’intérêt de ce clip. Il y avait déjà le délire visuel qu’on avait en tête, mais vu qu’on savait que ce breakdown allait avoir un certain impact, on voulait qu’en vidéo, ça soit décuplé. Quand tu regardes le clip, tu sens mieux le morceau. Ce qu’on voit dans le clip, c’est un mec qui se sent bien au début du clip, et quand il voit les délires de la société, il se met à déprimer. C’est un peu une expérience personnelle. A un moment de ma vie, j’ai essayé de me connecter aux réseaux sociaux, etc.….. parce que, au bout d’un moment, t’en as juste marre de voir que des mauvaises nouvelles. Et au final, tu relativises. J’ai essayé de me déconnecter de tout ça, mais y’a eu la guerre en Ukraine, et moi, vivant en Pologne, j’suis directement à côté. Et voilà, en fait, la réalité est toujours là pour te rattraper. C’est un peu une fatalité. Par exemple, moi, je ne regarde jamais les infos, et je me sens bien. Mais si j’étais le genre de mec à regarder ça tout le temps, ça aurait un impact sur mon mental. « Blackout », c’est une fatalité : On est dans un monde de dingo, et on peut pas y échapper. J’essaie de rester positif, quand t’écoutes notre premier album, c’était le concept de l’esprit humain, donc le bien et le mal, avec toujours une porte de sortie, mais avec Allegiance to Materiality, y’en a aucune. Je voulais me projeter dans un futur dystopique, et avec tout ce qui se passe aujourd’hui, j’ai essayé d’imaginer ce qui pourrait se passer dans 50 ans avec tous ces problèmes d’actualités, mais amplifiés. J’ai eu beaucoup de mal à être positif sur cet album.
M : Parlons de la pochette. J’ai cru comprendre que c’était quelqu’un qui essayé de sauvegarder une humaine afin qu’elle puisse vivre dans le futur
B : C’est exactement ça. Tu remarqueras qu’elle a un casque de réalité virtuel et c’est un détail important, avec le labo qui est en flamme. C’était vraiment pour montrer que elle, elle est sauvegardée, elle est dans sa bulle. Elle porte son masque, mais tu ne sais pas ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent à ce moment-là alors que le monde part en couilles. Et quand tu retournes la pochette, tu vois qu’elle a disparue et que tout ce qu’il reste, c’est juste un fluide rouge. Ca peut dire plusieurs choses : soit qu’elle a réussi à s’échapper, soit que son corps s’est décomposé. Parce qu’il n’y a plus de flamme, signe que le temps à passé. C’est surtout une grosse critique du monde actuel, ou, clairement, on est tous comme ça : On est bien tant qu’on est comme ça, tant qu’on a des œillères.
M:Passons à un sujet plus joyeux : votre meilleur souvenir sur scène ?
B : Oulà, faut une sacrée mémoire. On a déjà fait la liste, maintenant, on doit en être à 70 dates donc c’est compliqué comme question. C’est p’t’être con comme réponse, mais je pense aux Familles de la musique. C’était juste un concert en plein air devant un bar, et à chaque fois qu’on jouait, on arrivait à bloquer la rue, tellement c’était blindé de monde. Et t’avais même des Wall of Death et des Circle Pits dans la rue, et c’était carrément cool ! C’est vraiment ce que j’aime le plus : cette connexion avec le public. C’est eux qui t’écoutent, qui bouge au moment où il faut. T’as composé des trucs pour qu’ils bougent à certains moments, et quand ça arrive réellement, t’es content, quoi
M : Un endroit ou vous aimeriez jouer ?
B: J’aimerais bien tester Les 4 écluses, Le carré Sam à Boulogne, Le Splendid à Lille, y’a aussi La Brat Cave parce qu’ils ont une bonne capacité d’accueil
M : Je vous verrais bien au Motocultor, en Bretagne
B : Oui, tout à fait. En plus il est vachement hétéroclite, comme festival. J’aimerais bien aussi tenter le Sylak. C’est pas une usine, c’est loin d’être un Hellfest, mais y’a du monde, mais c’est un peu dans la veine du Ieper Hardcore Fest.
M: Les mecs, merci énormément pour votre temps
B : Merci, ça nous fait plaisir