Après de nombreuses heures sur la route, vacant sur le bitume, moi, mon sac et mes chaussures usées, je pars. Les kilomètres s’enchaînent, je voyais au loin les lumières de la ville. Ou était-ce moi qui devenais juste fou ? Je marchais encore et encore….
Bon j’exagère peut-être un peu. Je suis allé à Rennes, c’est pas très loin mais c’est déjà ça. En voiture en plus. Avec des amis, donc j’étais pas très seul (merci encore à eux). Ma mission pour ces deux prochains jours : le Samain Fest. Se déroulant dans le petit village de la Mézières, j’y arrivais pour 18h, je n’ai donc pas pu voir l’ouverture du fest. Pour sa septième édition, le Samain vise toujours de plus en plus gros à chaque nouvelle édition. Avec cette année une affiche monstrueuse, le nombre de spectateurs était encore plus conséquent que les années précédentes. Il faut dire aussi que l’entièreté des bénéfices est reversée à l’école Diwan.
L’odeur du barbecue nous donne la dalle ( en plus c’est local, même la bière) en même temps que le groupe de stoner nantais BIGSURE joue sur scène. Ne connaissant pas énormément la scène stoner, le groupe me surprend. Une musique vraiment cool, qui te transporte assez loin une fois à l’intérieur. Le seul inconvénient c’est le chanteur, qui ne s’était sûrement pas assez échauffé la voix, mais qui réussit malgré tout à donner une atmosphère vraiment transportante et particulière.
Après avoir installé ma tente ( comme dirait mon frère « je monte ma tente et je démonte ta tante », ndlr) et mes autres affaires, je me dirige ensuite vers la scène voir les heavy metalleux de HURLEMENT, que j’étais curieux de voir en concert. N’étant pas venu en Bretagne depuis 2012, le groupe a intérêt d’être à fond ! Malgré le son qui n’était pas top, le concert était dingue, une ambiance incroyable, et un bassiste totalement fou. La foule scandait « guerrier » qui semblait être l’hymne du groupe. Et le plus incroyable dans tout ça (outre le bouc du guitariste) , c’est sûrement la voix du chanteur. Une voix comme on en entend pas partout en France, ramenant presque Rob Halford sur le banc de touche. J’ai pu parler quelques instants avec Alexis, le chanteur, qui me parlait du concert terminé il y a quelques minutes : « c’était le rush total, mais au final on est super content d’avoir joué, on pensait vraiment pas qu’un groupe de heavy metal allait si bien passer dans un festival beaucoup plus basé sur les musiques extrêmes. Mais finalement on est content, on s’est toujours surnommé des « imbéciles heureux », et c’est le cas ahah »
Vint ensuite le tour de Brieg Gueverno, groupe de Rock Progressif breton. Pour être honnête je ne m’attendais à rien de ce concert. Je n’accrochais tout simplement pas avec le style, l’ambiance ainsi que le chant en breton qui peut en rebuter plus d’un. Sauf qu’en live, c’est tout autre chose. Le son était excellent, toutes les ambiances dégagées par la musique pouvaient s’exprimer librement à travers nos oreilles. La musique jouée par le trio emportait la plupart de la foule dans leur univers particulier, après un concert assez violent. Avec un chant et des instruments totalement maîtrisés, le concert fût un réel plaisir, donnant le « la » au groupe suivant, j’ai nommé MARS RED SKY.
Alors MARS RED SKY c’était LE concert que je voulais voir là bas. Ne passant pas beaucoup en Bretagne, j’étais carrément sur le cul en apprenant qu’il passait. Du coup j’ai fait envier quelques amis qui ne me parlent plus depuis, car trop jaloux, c’est compréhensible. Le groupe passé à la dernière édition du Hellfest, leur carrière a pris un sacré coup de pied depuis. Étant au tout premier rang, je me plongeais dans ce heavy rock psychédélique, bercé par la musique extrêmement entraînante ainsi que la basse surplombant le tout. Les musiciens en osmose, jouant dans les nuages de fumées dispersés sur scène, jouant des titres comme « strong reflection » tiré de leur premier album, ou « under the hood » tiré de leur dernier venu « APEX III » . Le groupe a conquis le public, dont la majorité était totalement captivée par la musique.
Buvant de la couille de loup à flot, accompagné de galettes saucisses toutes aussi locales, c’est ainsi que je vagabonde en backstage en attendant ADX, le fameux groupe de heavy speed, que beaucoup de gens attendait aujourd’hui.
Les parisiens changent totalement l’ambiance qu’ont posé leurs prédécesseurs. Une heure de show chaud, endiablé et furieux. Oh ! J’aperçois là-bas le premier pit de la soirée ! Bonheur et exaltation s’emparent de moi, et de ce pas je me précipite dans un énorme pogo de 5 personnes. Ayant évité la mort, je ressors de cette foule pour me diriger dans un endroit plus calme. Pendant ce temps, les musiciens déchaînés fendaient le pit en deux, scandant les morceaux de leurs derniers albums en date, « non serviam » sortit en 2016. Le groupe dégageant les bonnes vieilles énergies du heavy metal des années 80, très habillement mêlé à du trash, je prends mon pied à ce concert. La soif m’appelant, je repars en boitant.
L’ambiance est encore plus à cran. La couille de loup tarie, je repars bredouille me consoler auprès des monstrueux HEXECUTOR. Avec leurs tenues de cuir style année 80, « Vilage People » aurait eu l’air de tarlouze à côté. Considéré par beaucoup comme le meilleur groupe de trash old-school français, le groupe avait fait bougé toutes les têtes au Motocultor cette année. Le chanteur et sa voix d’acier découpa le public, les guitares saturées et tranchantes comme un fil de rasoir les achevant encore plus, la formation rennaise se surpassa une fois de plus. Supportant des problèmes de sons, les gars d’HEXECUTOR semblaient un légèrement frustré. Problème de micro, la guitare qui déconne en plus des retours sur scènes qui ne fonctionnent qu’à moitié.. Mais malgré les problèmes techniques, le professionnalisme passe avant tout, et les rennais on fait de leurs mieux, jusqu’à totalement faire oublier les soucis à la fin du concert. Les pogos fusaient dans tout les sens à l’appel de « la sorcièèèèère », qui est devenu pour les prochains jours la phrase entendu dans presque tout le fest.
Ce magnifique groupe clôtura donc la fin de cette première journée de Samain, vive et intense en rencontres et concerts. Parlant musique avec les gars de la sécu, qui étaient tous absolument adorables, on déconne en fumant des clopes et pas que. Annonçant la couleur pour le lendemain, je me couche non pas ivre de bière, mais de musique.
Réveil dans le froid glacial de la première nuit. Une petite bière pour décoller le tout et on repart avec les voisins de tente manger un casse dalle (gros big up à Josselin (carrément, carrément ) ).
Une bonne humeur de gueule de bois résonnait, et tous se dirigeaient vers la place de l’église où des concerts devaient s’y jouer. Des metalleux sataniste devant la maison de Jésus, on me l’aurait dit un jour je ne l’aurais jamais cru. Calé entre deux bars, le PMU et LE CLAP ( avec un serveur extrêmement gentil ) le concert commence avec le trio ABAT-JOUR qui scandait du punk crossover à coup de « donner moi des bières » ou « buvez du liquide », tels étaient le noms de certaines de leurs compos. Des putains de génies. Ensuite la formation BLACK ORCHID prit le relais. Un hard rock épatant de maturité, rappelant l’inoubliable son de MOTORHEAD, repris par le groupe avec l’inévitable « ace of spades » . Une guitariste et une bassiste d’un doigté phénoménal ainsi qu’on son excellent, un chanteur ressemblant au frontman des NASHVILLE PUSSY et un batteur qui bat ses fûts aussi lourdement que Varg Vikernes brûle des églises.
Le groupe d’après mis aussi le feu à l’église ainsi qu’au village entier, séparant la foule en deux devant les deux bars concurrents, Man’n Sin c’est LE groupe qui à foutu la patate avant ATROCIA. Des gros sons qui ressemblent à du LAMB OF GOD ou du MACHINE HEAD, les gars iront très loin si ça continue pour eux.
Les concerts finirent vers 15h et, le ventre vide sauf de bières, nous retournons de bons pas vers le fest à 17h00 pour voir le premier groupe de la journée. De l’entrée du fest rugissait le son violent et atroce des nazairiens d’ATROCIA et leur death metal acharné qui m’a fait saigné les tympans et donner des crampes à la nuque. Une ouverture de deuxième jour de festival réussie, avec un son un poil trop fort mais bien répartit dans l’ensemble pour du death metal, qui d’habitude est assez dur à équilibrer. Les gars du Samain sont les meilleurs.
A peine le temps de se remettre les oreilles en place que voilà le deuxième groupe RED DAWN entre en scène. Le level monte d’un grand en brutalité. Dès le début du concert, une explosion de guitare, de saturations, de batterie s’abattit encore une fois . Du technical death comme on aime, avec des guitares rapides et des solos de dingues, ainsi qu’un chanteur avec un voix de malade. Un concert monstrueux qui en dit long sur le travail du groupe en dehors de la scène. Mais les metalleux de RED DAWN peuvent être de durs sur scène, en backstage c’est tout autre chose. L’alcool y est et les rires aussi, j’ai maintenant devant moi des nounours avec de grosses voix cassées.
Fatigué et la tête un peu lourde, je pars me reposer un peu en backstage et parler avec quelques artistes. Entendant quand même ( avec un son encore meilleur) de là où j’étais, j’entends le death metal brutal et les rythmes ardents du groupe, qui encore une fois démonte. Rejoignant le public au bout de 25 minutes de show, je m’imprègne directement du concert, comme SKELETHAL à l’habitude de faire. Une ambiance très sombre, avec des éclairages très faibles bercent la scène.
Ensuite, les fabuleux membres de YUGAL. Passés au motocultor en 2014, les Vannetais détruisirent la scène du Samain en deux avec des riffs harassants ainsi que des sonorités orientales propre à leur style. Jouant les musiques de leur dernier album « chaos and harmony » le groupe offrit un jeu de scène incroyable pour un concert de cette envergure, à coup d’étranglement avec le micro, et un chanteur totalement fou. Avec un son encore une fois d’une habile propreté, YUGAL à tout détruit sur son passage et est, à titre personnel, le meilleur concert du fest.
Ayant vu DEATHCODE SOCIETY au hellfest 2017, je ne pu m’empêcher d’aller zieuter le concert encore une fois, pour le moral. Portant leurs déguisement de porteur de mort et des chasseurs de pestes se mêlant à la fumée, le groupe renvoyait un visuel très fantomatique et instaurait l’ambiance comme à chacun de leur concert. Un black metal parfois mélodique, où s’incruste des influences death. Ayant des excellents musiciens, le concert était encore une fois incroyable, autant sur le plan visuel que technique, avec un son qui saturait légèrement parfois.
Un groupe lui aussi passé au motocultor en 2017 et qui avait fait un carton, c’est BELENOS. Partisan d’un epic pagan metal, les premières notes vous prennent directement les couilles pour vous les faire bouffer. N’étant pas fervent amateur de pagan, je me surpris à me prendre une grosse claque dans la gueule quand à leurs jeux et leurs techniques excellentes qui font de la scène un véritable défouloir ambulant. Le groupe étant très attendu, ils n’ont pas déçus les fans, triste que le concert se finisse déjà si tôt.
Prenant encore et toujours une bière, je pars maintenant m’asseoir contre un mur écouter le dernier concert du fest. Snif. Un grand homme m’a dit un jour : « Prend ta bière, assieds toi dans un coin et écoute Bolzer, tu verras. » . Bolzer c’est 2m de masse, une guitare à douze corde, et le batteur. Le seul groupe non Breton du fest, mais sûrement le plus attendu de tous, car le bruit qu’il à fait au motocultor n’a pas laissé indifférent. Et bah ce grand homme n’avait peut être pas raison. Malgré un visuel vraiment sympa, totalement plongé dans la fumée, ainsi que le guitariste-chanteur ayant une présence extraordinaire, la musique ne m’a pas transporté plus que ça. Aimant le black athmo, je trouve Bolzer rébarbatif, je m’en vais donc en backstage prendre une bière.
Donc pour résumer, le Samain c’est LE festival de metal à ne pas louper. Constituer d’une équipe incroyable qui collabore pour sauver une culture bretonne qui se perd, les organisateurs nous font découvrir et redécouvrir les mythes celtes et bretons. La culture bretonne ne se limitant pas à la crêpe, ou biniou et aux menhirs, le festival est là pour nous montrer que la Bretagne continue à évoluer à travers les âges tout en essayant de garder les traditions qui lui sont propres. A ne pas oublier que tous les bénéfices sont reversé à l’école Diwan de Guipel. Un énorme bravo aux organisateurs pour l’énorme travail réalisé pour la création, l’organisation et la programmation incroyable du fest. Et encore, je ne vous ai pas parlé de tout ce qu’il y avait autour des concerts, comme les conférences, les cérémonies druidiques ainsi que des contes celtes …. etc. J’ai bien bu, j’ai bien ris et putain ce que j’ai aimé. Alors, à l’année prochaine, et longue vie au Samain fest.
(Et ne t’inquiète pas, toi le crêpier qui m’a fait une crêpe alors que je n’avais pas le sous, je tiens la promesse que je t’ai fait. )