Faire partie d’une fédération, c’est pouvoir compter sur de multiples aides et expertises dans l’élaboration de nos projets. Le monde du Metal a enfin la sienne ! Comment celà fonctionne t’il? Découvrons sans plus tarder la Fédération des Musiques Metalliques avec Pascal Gueugue, son coordinateur et évangésilateur.
Le constat d’un besoin
Mad Breizh: Salut Pascal. Alors bon du coup, parle-nous de cette belle association de la Fédération des Musiques Métalliques.
Pascal : Ouais et bien écoute c’est une association qui a été fondée en fin d’année dernière, fin 2022 et que j’ai vraiment lancée en début d’année, là sur les adhésions notamment, avec la conférence de presse qu’on a fait en février c’est une structure qui a été montée au départ pour accompagner la filière, enfin au départ. Même maintenant “à l’arrivée” aussi d’ailleurs qui a été montée pour restructurer la filière, accompagner les artistes et les acteurs de la filière en général Metal à se structurer, à se professionnaliser et surtout à gagner un peu en visibilité auprès des institutionnels. Notamment puisque moi je bosse dans la musique depuis une vingtaine d’années et que j’ai beaucoup travaillé avec les institutionnels. Alors quand je dis institutionnel, c’est SACEM, ADAMI, CNM,… Toutes les structures qui sont liées à la musique en général et à la profession, enfin aux métiers de la musique, et à l’écosystème de la musique. La réflexion est venue vraiment des discussions avec ces institutionnels pour “comment on peut donner un peu plus de visibilité, comment on peut comprendre un peu mieux la communauté Metal et ses acteurs et puis comment on peut les accompagner un petit peu mieux dans leur professionnalisation”. Comme je disais [les mettre] sur la voie pour leur donner un petit peu plus de crédit. Nous on sait, dans la scène, que les acteurs sont là, qu’il se passe des choses. Tous les jours, il y a des activistes qui font des concerts, qui organisent des évènements, qui tournent. Enfin voilà, on sait que la scène elle est riche et dense mais tout le monde ne le sait pas, voilà.
MB: Oui c’est vrai mais comment vient l’idée à la base? C’est un constat de toi à la base, en tant que professionnel de la musique?
Pascal: Oui c’est ça exactement. Moi ça fait une vingtaine d’années que je travaille dans la musique, j’écoute du Metal depuis longtemps et, travaillant dans la musique, j’ai constaté que (et c’est pas la seule scène) qui a des problèmes de structuration. Mais je trouvais que le Metal était quand même une de celles qui avaient le plus de difficultés à passer ce cap un peu de “professionnalisation”. Alors quand je parle de professionnalisation, je ne veux pas dire que les gens ne sont pas des professionnels dans la scène il y a des très bons artistes autodidactes parfois, les structures associatives sont hyper solides. Enfin voilà, il y a vraiment une volonté de faire les choses bien mais c’est souvent des gens qui ne sont pas formés aux métiers de la musique, ou à la législation, ou à tous ces sujets qui font que le métier de la musique est un métier ; en tout cas que cet écosysteme là est régit par des lois et des règles et qu’il faut les respecter pour pouvoir travailler au mieux. Et donc je trouvais dommage que la scène n’en profite pas, que les artistes ne soient pas aidés, accompagnés dans leurs démarches d’artistes, dans leur travail de scène. Si tu veux il y a tout un ensemble d’aides qui existent et d’accompagnement qui existent pour ces structures là, pour les artistes, pour les structures de spectacles et dont la scène ne bénéficie pas vraiment, parce que l’esthétique est un peu moins mise en avant que les autres, parce qu’elle s’est mise un peu de côté aussi de fait, en se disant que de toute façon on ne s’occupera pas d’elle. Voilà donc l’idée. Elle est née de ça, de se dire effectivement y’a ce constat d’une scène qui est costaud avec une communauté forte et des supers projets et des artistes hyper intéressants. Et d’un autre côté parfois pas beaucoup d’aide pour y arriver et puis le système de la débrouille a ses limites, on l’a vu pendant le COVID où moi j’ai eu quand même pas mal de discussions avec beaucoup d’artistes qui se sont retrouvés en galère parce que plus de tournées, plus de lives
et donc obligés de se remettre un peu en question avec, contrairement à d’autres genres musicaux, pas de revenu en fait.
MB : Oui c’est beaucoup de lives, de concerts, c’est ca qui fait que le Metalleux se déplace. Il fait du merch, enfin il achète du merch, il achète son billet. Parce qu’on aime cette musique, on aime la prendre à la tronche quoi.
Pascal : Exactement! Et c’est vrai que du coup avec le COVID, c’était beaucoup plus compliqué. Donc il y a eu quelques initiatives quand même online etc mais on sentait que c’était plus compliqué pour certains de s’y coller et de toute façon les revenus que certains généraient par ailleurs dans d’autres genres musicaux sur des droits d’auteurs comme ça. Donc [on s’occupe] des choses qui sont plus liées au travail de l’artiste. Là je me “focusse” sur les artistes pour qui ce n’était pas le cas, pour les pour les gens du Metal qui eux généraient beaucoup de droit surtout par le live encore une fois. Bref, je pense qu’il y a une prise de conscience de tout cela. Bon en tout cas pour en avoir discuté avec pas mal d’acteurs de la scène, il y a une prise de conscience et maintenant nous on a envie de se structurer, on a envie d’être plus solide et de se professionnaliser et ça coïncidait avec mon envie de monter cette structure, voilà.
Accompagner et développer
MB : Pourquoi on appelle ça une fédération? C’est un groupement d’équipes qui sont spécialisées chacune peut être dans une démarche spécifique enfin y’a une multicompétences ?
Pascal : La logique de la fédération c’est de regrouper en tout cas un maximum d’acteurs et ensuite du travail vertical d’action en fonction des thématiques et des métiers pour pouvoir aider chaque branche de la scène, donc je vais avoir un axe plus sur les artistes effectivement, un axe plus sur les producteurs de spectacles, un axe plus sur les éditeurs de musique, un axe plus sur, je sais pas, les luthiers par exemples. Enfin voilà, on peut vraiment travailler par branche et donc nous on regroupe toutes ces infos là et on les fédère. On fédère tous ces acteurs au sein d’une entité unique pour mieux porter chaque message, voilà.
MB : D’’accord… Et c’est une grande équipe que tu diriges?
Pascal : Alors pour l’instant on est six. Je dirige sans diriger. On est tous un peu en parallèle on va dire sur les fonctionnalités. Disons que moi je porte beaucoup le projet moi parce que j’ai vraiment pris le truc à bras le corps et que je me suis entouré de gens qui eux, par ailleurs, ont beaucoup de choses à faire. Donc tu vois j’ai des directeurs de salles de spectacles, j’ai des gens qui ont des labels. Donc ce sont des gens qui sont bien occupés. Donc ils m’aident ponctuellement en fonction de mes besoins et de mes demandes et des besoins que je peux avoir qui se manifestent de la part de mes adhérents ou des gens avec qui j’échange. Je ne fais pas de séparation entre les gens qui me posent des questions et mes adhérents, j’essaye de répondre à tout le monde mais évidemment, je valorise un peu plus mes adhérents. Mais voilà on est 6 aujourd’hui mais la structure a vocation de s’étoffer. On va sûrement grossir et comme je disais, créer probablement des commissions de travail, donc avoir plus de monde dans les équipes.
MB : Ca veut dire aussi avoir des bénévoles motivés, qui veulent s’impliquer dans cet fédé, qui y voient un intérêt. Par exemple moi qui suis bénévole pour écrire des articles pour faire promouvoir le Metal, c’est un peu la même démarche. Chez toi c’est que dans quelques-temps, quand il y aura besoin ou envie, une personne lambda avec une compétence particulière. Pourquoi pas du développement informatique aussi? Enfin voilà un peu de tout… Tout le monde est utile pour pouvoir fédérer et générer cette image du Metal quoi.
Pascal : Carrément, oui! L’idée c’est vraiment encore une fois de s’adresser à tous ceux qui peuvent apporter leur pierre à l’édifice, qui sont la communauté. Alors c’est vrai que pour l’instant on a ciblé plutôt sur les structures professionnelles parce que c’était d’abord ces structures-là qu’ on était en capacité d’aider, et quand tu t’adresses aux institutionnels dont je parlais tout à l’heure. Eux vont forcément avoir des solutions pour des structures qui sont déjà un petit peu établies. Que ce soit des assos ou pas d’ailleurs, mais qu’à des structures qui ont déjà des démarches professionnelles, d’événements à monter, d’activités économiques, etc… Ensuite évidemment, quand la fédé va se mettre en place un peu plus concrètement au fur et à mesure, toutes les bonnes volontés seront bonnes à prendre et puis l’idée étant quand même de travailler sur des territoires différents. Il y aura forcément besoin de forces dans tout, partout quoi.
MB : Un maillage territorial c’est important aussi
Pascal : Exactement oui ! On ne veut vraiment pas rester centralisé. Ce n’’est d’ailleurs le cas donc là tu vois j’ai été à Strasbourg y’a deux jours, là je dois aller en PACA bientôt. Jje vais retourner du côté de la Normandie… Enfin bref on bouge ! Dans le nord évidemment enfin un peu partout. Et l’idée est que sur chaque territoire, on ait après des gens qui soient un peu autonomes et qui soient un peu des têtes de pont pour la fédé et que chacun du coup soit des antennes pour le réseau national.
MB : D’accord… Et du coup, tu as déjà des accomplissements notables peut être ? Depuis que tu as mis en place cette fédération ? Des choses dont tu es fier ou qui pour te dire “putain ça fonctionne !” quoi…
Pascal : Écoute.. Déjà on a plus de 50 adhérents, plus de 50 structures adhérentes, donc je trouve déjà qu’en deux mois c’est pas mal.
Montrer le Metal autrement
MB: MadBreizh vous a rejoint aussi ?
Pascal : Exactement, et je vous en remercie d’ailleurs et je trouve ça chouette déjà. Ca veut dire qu’il y a de la solidarité et de l’envie, on a mis en place… alors… : les trucs concrets qu’on a réussi à faire pour l’instant c’est qu’on a réussi à mettre le pied dans la porte dans certains événements. Là je pense notamment à des éléments plus professionnels comme le Mama qui est un salon des musiques actuelles à Paris, qui est un gros événement où il y a eu pour la première fois l’année dernière une conférence sur le Metal ce qui n’avait jamais eu lieu dans ce salon-là. [Un salon] qui doit exister depuis une dizaine d’années facile… Donc ça ce sont des choses concrètes. On est de plus en plus invité dans des événements comme ça pour parler du Metal. J’ai été encore, comme je disais, à Strasbourg dans un salon consacré à l’édition musicale et on a fait une intervention d’une heure sur le Metal particulièrement et ses problématiques. Et ça je trouve déjà que ça fait bouger les lignes. Concrètement on a eu aussi… : on commence à avoir des actions sur des aides. Alors c’est pareil, c’est très technique, mais des aides sur certains paliers d’aides qui n’étaient plus [ou] pas accessibles aux artistes de Metal, je pense à l’ADAMI. Donc typiquement, je ne sais pas si tout le monde va comprendre mes propos mais en gros il y a certains seuils sur lesquels qui sont demandés, pour les groupes, pour les structures, et qui ne sont pas accessibles pour certains. Certaines esthétiques, pour des raisons purement structurelles. C’est-à-dire que dans le Metal on ne génère pas assez de droits par exemple sur des revenus radio, on sait très bien qu’il n’y a pas beaucoup de Metal en radio et donc il y avait certaines aides qui n’étaient pas accessibles. Donc on a fait abaisser les paliers de minimum d’accès pour pouvoir… Pour que des projets Metals puissent accéder à ces aides, voilà.
Ca, c’est du lobby. C’est une grosse partie de mon travail et c’est du lobby qui donne des résultats concrets donc voilà l’idée : c’est qu’il y ait de plus en plus d’actions comme ça qui fassent qu’à un moment donné les structures dont je parlais tout à l’heure (ADAMI SASEM CNM etc) ouvrent des portes à des projets de type Metal qui n’étaient pas forcément écoutés jusque-là. Et c’est vrai aussi pour des événements. Tu vois je pense à des gros festivals de chansons traditionnelles ou variétés qui sont plutôt fermés à cette esthétique, d’arriver à faire à nouveau, remettre du Metal dedans. Ce qui me paraît à moi aujourd’hui aberrant, [c’est] qu’il n’y en ait pas en fait. Tout simplement !
MB : Après c’est que le grand public ne connait pas la variété extrêmement riche qu’il y a dans le Metal. Et même si tu as une ligne directrice, une ligne qui fixe ton festival, il y a quelque part un groupe de Metal qui est capable de tenir la ligne.
“Tout le monde à Carhaix y’a RAMMSTEIN qui passe !” Des choses comme ça. Et ça n’a choqué personne, ça le fait quoi.
Pascal : Exactement ! C’est vrai que vous avez la chance qu’on soit sur un territoire en Bretagne où en tout cas, je pense, que la culture musicale est hyper importante et hyper présente. C’est pas vrai partout malheureusement et c’est vrai qu’il y a un certains nombre de festivals un peu “mainstream” qui aujourd’hui ne veulent pas laisser rentrer ce genre d’esthétique malheureusement. Et donc ça il faut que ça change. Nous, on va aussi pousser pour ca. Pas pour que le Metal devienne mainstream, mais pour qu’il y ait une ouverture sur ces esthétiques là parce que il y a plein de choses intéressantes. Mais ça passe aussi par de la pédagogie, de l’éducation. Réexpliquer ce que c’est le rock et le Metal ensuite. Ouais y’a plein de choses, y’a plein de dispositifs à mettre en place.
MB: Une grosse mauvaise image quelque part à retravailler pour ne pas avoir de “non, c’est une musique de sauvages”.
Pascal: Exactement. Je pense qu’en s’y mettant tous, tu vois, je sais qu’il y a plein de gens qui travaillent depuis longtemps. Je pense qu’on est dans une phase où ça bouge un peu justement c’est intéressant. Je pense qu’il y a des angles qui sont thématiques qui sont intéressants à aborder. Je pensais à la partie esthétique, sociologique, anthropologique. C’est-à-dire des choses plus scientifiques finalement qui peuvent donner une autre image du métal et puis il y a les sujets de société. La place des femmes, l’écologie, ce sont des sujets que les métalleux connaissent très bien. Ils s’en sont emparés depuis longtemps. L’engagement écologique, c’est pas nouveau dans le métal.
MB: Je sors de festival à Brest qui s’appelle le Metal Earth Festival qui a ce concept de faire une expo en parallèle des concerts. Et au sujet des femmes, il y a en Norvège ou en Suède je crois un festival qui est exclusivement féminin. Même dans le public. Des concepts comme ça c’est intéressant.
Pascal: Carrément ! En tout cas, ça permet de monter un peu le curseur du sujet et de moins regarder le metal à travers le prisme, comme tu disais très justement tout à l’heure, du sauvage qui écoute des trucs de bourrin. C’est loin d’être le cas de la communauté en général qui est quand même plutôt composée de gens qui ont des bons métiers et qui sont bien installés. Donc ça c’est vachement intéressant à relever aussi et à faire comprendre. Il y a un volet qui aussi qui a fait bouger les lignes et qui fait encore bouger les lignes aujourd’hui, c’est le volet économique. Avec le Hellfest et des groupes qui ont bien marché comme Gojira, etc.. Les gens commencent à se dire qu’il y a aussi un intérêt économique dans le metal. C’est une communauté qui a des moyens et qui en tout cas les met au service de sa passion. Donc c’est intéressant de voir qu’il y a de l’argent, que ça circule, et malheureusement ou heureusement, je ne sais pas comment le prendre, ça fait partie des leviers aujourd’hui qui font que l’on fait attention à toi ou pas.
MB: Il y a quelques années de ça à propos du Hellfest, il y avait un gars qui avait fait une thèse sur qui est le métalleux avec finalement des preuves par A+ B qu’il y avait un niveau social relativement élevé. Il y avait de l’entrepreneur, du médecin, aussi du chômeur. Et justement de tout. Ce genre de personne peut aussi aider finalement à mettre le pied à l’étrier pour qu’il y ait cette bonne image?
Pascal: On a une partie nous, observatoire du métal qu’on va développer avec Corentin Charbonnier auquel tu fais référence, qui a écrit cette thèse d’anthropologie sur le Hellfest. Mais des gens comme Jérôme Guibert aussi, qui sont des sommités en sociologie. Il est professeur d’ université à la Sorbonne. Ca, c’est une manière de montrer aussi qu’effectivement on est pas juste sur le truc ras du casque cliché, mais qu’il y a aussi des gens qui cogitent, qu’il se passe des choses, que la population est variée. Ces infos là sont bonnes à diffuser pour que l’image change.
Une montée douce en puissance
MB: Avez-vous une structure, un peu comme une base de données ? Par exemple, si comme moi on fait la tournée de concerts autour de son domicile, dans un endroit (par exemple un bar qui offre un petit espace concert), est-ce que ces personnes peuvent être mises en contact avec la fédération ? Y a-t-il une base de données ?
Pascal: Et c’est un des projets qu’on a envie de mettre en place. Pour l’instant c’est un petit peu tôt car ça demande pas mal d’argent de constituer un outil base de données performant. Mais l’idée est de construire une cartographie avec tous les acteurs du metal en France. De réunir toutes ces infos : lieux, disquaires,.. Aussi bien pour les professionnels vers les professionnels : Ça c’est une partie de la cartographie qui sera plus pour de la ressource. Par exemple si toi tu es organisateur d’événements et que tu cherche une assurance ou un mec qui fait de la sécu, un régisseur vidéo. Il y a vraiment cette possibilité de mise en lien avec des gens sur ton territoire, ou d’ailleurs. Il y a aussi l’aspect plus pour le grand public ou effectivement on voudrait cartographier tous les bars, disquaires et magasins de merch. Même les coiffeurs! Amener le truc jusqu’au bout. Ce qui est drôle c’est d’avoir un boucher. Genre le boucher du coin qui est fan de métal. C’est drôle ! L’idée c’est de pousser un peu le délire sur une carte de ce type là et je pense qu’on va essayer de mettre ça en place d’ici la fin de l’année sur une deuxième partie. On fera sûrement appel aux gens via un Crowdfunding, par un financement participatif pour impliquer la communauté aussi. Je trouve que c’est cool de le faire comme ça. Mais avec un vrai outil pour eux.
MB: En particulier avec Madbreizh, qui vient d’adhérer, il y a déjà des pistes de travail ?
Pascal: Tout à fait, je pense que le côté médias est intéressant parce que ce sont quand même les médias qui font vivre aussi le territoire et les groupes. Il font tourner les choses aussi donc je trouve que c’est important qu’il y ait des médias locaux comme ça, qu’ils soient partie prenante de la Fédé. Donc effectivement il y aura des mises en lien possible avec des groupes à découvrir ou vice versa, vous, qui nous faites découvrir. La Fédé, c’est un réceptacle, c’est un haut-parleur, tu vois. Moi je peux mettre des gens autour de la table. Ils vont se parler entre eux. Je compte vachement sur ce truc d’interaction entre les gens et de création de liens. Et après, l’aspect production fait évidemment partie des choses qu’on va accompagner, aider à structurer. Après il y a des gens qui se débrouillent très bien tout seuls, encore une fois ; mais nous on peut faciliter les choses notamment au niveau institutionnel. J’espère que ça sera une des aides concrètes que l’on pourra apporter aux festivals qui se montent ou aux gens qui produisent des choses. C’est marrant, on me contacte et on me demande de débroussailler un problème politique par exemple sur un territoire. Et c’est intéressant de se dire que les gens ont identifié la structure comme étant un interlocuteur qui peut venir intercéder ou apporter un peu de crédit là où on arrive plus à convaincre les élus ou les locaux. Je trouve ça chouette quoi.
MB : Tu as l’air partout et ultra occupé. C’est une activité de plein temps pour toi la Fédération?
Pascal : Ca fait partie de mon objectif concret d’en faire mon activité principale. En fait c’est déjà le cas depuis maintenant un an. J’ai consacré tout mon temps à ça. Donc oui c’est mon but même si j’ai le nez dans plein de trucs différents. Je suis sollicité à plein d’endroits. Je le fais beaucoup à travers ce sujet Metal maintenant et ça me permet aussi de travailler… C’est juste la continuité de ce que j’ai fait depuis des années. C’est à dire l’accompagnement d’artistes, dans la production de spectacles. J’ai fait de la formation professionnelle… Je fais pas mal de choses. Toutes ces choses là se rematérialisent à travers le sujet de la Fédé avec laquelle je peux faire tout ça dans la même structure et pour une communauté qui m’intéresse.
MB : D’avoir cette multitude de compétences c’est prendre en main l’ensemble des travaux? Dans une activité passée, par exemple la production de spectacles, tu as pu te trouver “frustré” que les choses n’avancent pas par manque d’interlocuteurs? Du coup aujourd’hui tu te dis “moi je sais comment faire alors on va faire. On n’attend pas les autres”.
Pascal : De toute façon je ne suis pas du genre à attendre que ça se passe. J’ai dit que je le faisais, je l’ai fait et j’aime bien que les choses se concrétisent assez vite. Même si là tu vois les choses se mettent en place un peu plus longuement que prévu. Mais vu que c’est un gros projet, c’est normal même si j’aimerais bien que ça aille un peu plus vite sur certains trucs mais c’est normal. Je vois bien que petit à petit ça commence à s’agréger, à se structurer. Il y a des projets concrets qui émergent. Tous les jours j’ai des gens qui me disent “je peux faire ça, on le fait ensemble?” Ça donne matière à faire des choses vraiment cool. Quand vous [MadBreizh] vous êtes rapprochés de moi je trouvais ça cool aussi parce que ce sont des structures qui s’activent et qui se bougent sur un territoire et que ça va forcément aboutir à des partenariats et des choses à faire ensemble ou des coups de mains et contributions. Ca c’est vachement bien et c’est pour ça que je l’ai fait aussi, clairement. Oui, j’ai pas mal de cordes à mon arc parce que j’ai fait beaucoup de choses en fait. Donc forcément c’est intéressant de pouvoir les matérialiser comme ça.
MB : Chez Madbreizh, on a des personnes qui sont un peu partout en France. Si tu es à Strasbourg et que tu as un truc à vérifier sur Quimper (par exemple), c’est aussi ça la Fédération de pouvoir demander “t’as pas moyen de discuter avec telle personne?” C’est le but d’entraide ponctuelle possible en Fédé.
Pascal : Exactement. Dans la communauté, on sait que les gens se filent facilement des coups de main. Moi ce que je trouve intéressant c’est de le faire déjà pas sur les mêmes territoires. Déjà je trouve ça cool. C’est de se dire, comme tu le dis très justement, on va créer des passerelles pour que Strasbourg et Quimper puissent collaborer. Parce qu’à un moment donné, il va y avoir un groupe qui aura envie d’aller jouer là bas et vice versa. Ou il va y avoir besoin d’un techos là bas… Créer ce cercle vertueux de lien entre les gens. Chose que les gens font de manière un peu artisanale. C’est né aussi de là cette idée de fédérer, comme beaucoup de projets que j’ai monté moi avant; d’arriver à “comment j’arrive à tisser du lien entre les personnes qui aimeraient bien collaborer mais ne savent pas comment?” Et moi j’ai souvent des gens qui venaient me voir, ou m’appelaient en me disant “je cherche machin” et moi je faisais les mises en lien, quelque soit l’endroit sur le territoire. Je trouve super intéressant d’avoir des outils pour le faire ou des gens qui se mettent autour d’une table, comme je disais tout à l’heure, et qui trouvent des solutions entre eux. Un à Marseille, un à Lille ou à Brest.. Ces trucs de collaboration je trouve ça hyper intéressant et j’aimerais bien que ça se passe comme ça.
MB : On aura l’occasion de reparler ensemble de projets futurs. Merci de nous avoir consacré du temps. A bientôt .
Pascal : Merci à toi. Pour ton temps. A très vite !