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Dans les profondeurs du MetalEarth

Le jour 1 qui commence bien” 
Vous souvenez-vous de l’année dernière?
L’année dernière, le MetalEarth occupait encore l’espace Léo Ferré, dans les hauteurs brestoises.  Petite salle accueillante où l’atmosphère était tout à fait encline à la prise de son et de conscience.
Car oui ! Le MetalEarth est enragé par son line up extrême, mais engagé, par sa volonté d’alerter sur les devenirs de la Nature.
Or, cette année, cap sur la Carène, salle emblématique de la culture musicale brestoise. Nichée sur le port, elle offre d’emblée un lien avec le thème maritime de cette année. La jauge de cette salle est plus imposante, la configuration différente de celle connue et maîtrisée de Léo Ferré. Qu’en est-il alors? Souquez ferme lecteurs ! Cap sur les océans, le poste autoradio à fond. Après une escale caféinée chez Xavier, au Relecq, puis garé tant bien que mal dans une rue adjacente, me voilà devant la bête portuaire. Massive. Les studios de travail et les bureaux aux étages, et ce rez-de-chaussée 100% dédié à la scène. Quelques badauds accompagnent mon attente. Ca parle Metal, évidemment.

Le grand hall d’entrée s’ouvre à nous sur les coups de 20:00. Quelques photos de mère Nature, option océans, forment une haie d’honneur nous permettant de jeter un premier coup d’œil sur les thèmes du week-end. Sur ma gauche, les portes du Club (petite salle de la Carène) sont closes pour le moment. Sur ma droite, le bar. Long et assuré par la Carène, il s’agrémente d’un bel espace détente et annonce la disponibilité d’une bière ambrée nommée “Metalearth”. Et oui, l’immersion est totale. En face du bar, le Merch qui va certainement nous proposer de beaux produits issus des groupes à venir et du festival lui-même. Enfin nous atteignons le fond de la place et voyons, sur les starting blocks, deux associations prêtes à échanger sur la nature, les océans. Greenpeace et Sea Shepherd sont en effet fin prêts à présenter leurs actions et leurs constats. Nous les retrouverons plus tard dans le week-end.

Le repérage est terminé, la libation est en solide préhension, et les portes du club s’ouvrent pour laisser le public s’approprier la scène. La soirée placée sur la vague Black Metal est annoncée à guichet fermé et le premier groupe, Houle, entame son set.
Le club est plein. Le public semble surpris de l’ambiance amenée par le band qui propose un black très mélodique. Les têtes oscillent timidement. Qu’il n’est pas facile de débuter une soirée ! Pourtant, le show est terrible. Techniquement et dans la synergie des instruments. Adsa, la lead vocal, donne de sa voix perçante et Vikser, derrière ses fûts, est splendide dans sa marinière. Ils jouent les titres de l’album avec conviction. Baleines ! Faites attention à votre couenne ! Houle raconte la vie portuaire à la jonction des 19 et 20ème siècles. Je suis agréablement placé face à la basse de Gaast qui, de son jeu rapide et clair, se fait distinctement entendre. Je ne sais pas pourquoi je le note. Peut être une présence plus accentuée que sur d’autres formations. Quoi qu’il en soit c’est très bon. Le public le sait, le sent, et se chauffe doucement de cette soirée au démarrage parfait. La symbiose prend bien entre toutes et tous.
Houle, bien que de formation parisienne, s’est amouraché de la vie marine par les histoires de jeunesse brestoise de leur guitariste Crabe, binôme scénique de Zéphyr. Mais je n’en dis pas plus ici, le band a gentiment accepté une entrevue que je vous propose en fin de papier.

Proposer une seule scène, c’est aussi accepter d’entrecouper la soirée par les changements de plateau. C’est là que le MetalEarth prend aussi toute sa dimension expositive. Les festivaliers débriefent le concert, s’agglutinent sur le Merch du groupe pour exprimer leur plaisir et acquérir un bien estampillé d’un visuel HOULE original. Ceci fait, l’errance patiente de ces metaleux dans le hall d’accueil finit par les faire s’intéresser aux exposants. Le premier, Greenpeace, est venu avec un casque d’immersion qui vous fait voyager, en film 360, dans des endroits inaccessibles. Moi évidemment, je pose le casque sur mon nez, je contemple cette magnifique mer glacée et en me retournant, tel un géant collé dans mon dos, le bateau Greenpeace me fait de l’ombre de sa proue fière. C’est bluffant ! 

« Les gens étaient intéressés. Je ne dirais pas qu’ils sont venus en masse mais ils étaient quand même intéressés pour ceux qui venaient.

j’étais étonnée quand même, même s’ils connaissent le sujet,  il y avait quand même besoin d’apporter des précisions sur l’importance des conséquences qui pouvaient en découler concernant le deep sea mining et les aires marines protégées. Donc c’était chouette de pouvoir apporter des précisions.

Pour ce qui est de signer la pétition, j’espère que ça pourra se faire ultérieurement, quand ils pourront regarder les textes plus précisément. Parce que forcément lors d’un festival on a nécessairement envie de signer direct quand on est en mode festivalier. On a plutôt envie de regarder ça à tête reposée.

J’ai mis en avant les deux pétitions des campagnes concernant les océans. C’est vrai que dans la mesure où nous sommes plusieurs organisations à défendre le même sujet sur les océans, une coalition « océan » qui regroupe plein d’organisations, il est important aussi de faire savoir ça. Signer une pétition Greenpeace, c’est avant tout signer pour les océans.

Le public metalleux est très réceptif. Je l’ai trouvé plus réceptif que quand on peut alpaguer un petit peu les gens dans la rue ou quand on va monter un stand au Moulin Blanc ou en ville. Les gens ont parfois eu des réactions assez vives.

Des personnes qui nous disent que c’est n’importe quoi. Il y a des personnes qui sont réactives agressives en pensant qu’on est des écolos rébarbatifs qui amenont toujours les mêmes sujets. Mais ce sont peut-être des gens qui sont dans le déni parce que je pense qu’ils ont quand même certaines informations. Malheureusement, je pense que l’information sur l’environnement ne passe pas sur les réseaux nationaux télévisuels et radiophoniques.

Les mettaleux ne viennent pas que pour la musique est en effet, j’étais déjà dit aux organisateurs que j’étais très contente qu’un festival invite comme ça et prenne pour thème la défense de l’environnement. Je trouve vraiment important de pouvoir faire perdurer ce mode de fonctionnement parce que les gens sont assez réceptifs. Ca m’a vraiment étonné en fait parce que quand tu es en festival, tu veux écouter de la musique mais t’as pas forcément l’oreille prête àentendre des sujets qui plombent la semaine et qu’on entend tout le temps. Là c’est vrai que j’ai trouvé le public metalleux réceptif y a eu vraiment à aucun moment de mauvaise réception du sujet.[Le MetalEarth prévoit de mettre les océans en avant un an sur deux, ndr] Alors je suis heureuse de savoir que ce soit prévu. Que ce soit Greenpeace ou d’autres, peu importe en fait. Je vais parler hors étiquette Greenpeace mais de manière personnelle. J’enlève ma casquette : Que ce soit au nom de greenpeace ou au nom d’une autre association de protection de l’environnement généralement, et des océans, mais qu’on y aille tous ! Le but est juste de diffuser la connaissance pour que chacun sache à quoi s’en tenir et et puis se faire une idée. On y va et si des gens sont réceptifs ici, ça peut être le moment de leur partager, leur faire savoir des choses qu’ils ne connaissent pas. Je les [les organisateurs, ndr] remercie grandement. J’aurais bien pris le micro tout à l’heure mais ce n’est pas mon truc de prendre le micro J’ai beaucoup apprécié la collaboration entre nous. La Carène est accueillante et je souhaite que ça perdure. »

Laurence – Greenpeace

Le jour 1, toujours sans frein”
Je remercie Laurence alors que vient à mes oreilles un riff lancinant pendant que la densité festivalière locale s’amenuise. Pour être clair, le public retourne au club pour le début du deuxième concert. Voici Acod …
Éclairés de dos, l’ambiance est d’ores et déjà posée. A défaut de distinguer les visages, certainement peu souriants mais concentrés sur la performance, je ne peux éviter de remarquer le viking à la basse. “Beau bébé” dit-on par chez nous. Leur Black est pur et dur. Il propose cependant des moments calmes, invoquant la méditation, invitant à la réflexion. Batteur et guitariste drapés de capuches sombres, il plane une atmosphère réussie qui accroche les festivaliers. Le lead vocal semble habité de la musique lancinante, absorbant les mélodies instrumentales venant le draper et initiant chez lui, entre deux chants, des mouvements hypnotiques.
Et là, surprise ! Le rythme s’accélère notant une ambiance de salle plus propice au headbanging.
Il règne une certaine communion entre le groupe et le public qui se prend au jeu du dégourdissement. Ça commence même à bousculer un peu, malgré la faible luminosité des spots proposés à notre regard. Ils l’auront cherché, le premier Circle Pit de la soirée déboule en milieu de set. Nous sentons bien l’expérience de leurs 18 ans d’existence. C’est vraiment carré. Plaisant.
Et bordel, qu’il est grand ce bassiste !
econd break de la soirée, le cycle est lancé. Le rythme est pris par les festivaliers qui semblent également avoir pris possession du lieu. Je crois que le MetalEarth va être bien ici…

Petit mot d’un festivalier : « La dimension change. Du côté de Bellevue, c’est une petite salle. Il y a de la proximité avec les artistes et il peut y avoir des petits couacs techniques qui amènent quand même quelque chose de sympa. Alors qu’ici c’est un autre niveau. Léo Ferré touchait vraiment les gens. Un lieu atypique presque en ambiance boite de nuit mais avec du Metal dedans. La Carène, c’est une habitude à prendre. La grande salle,à terme, je suis pour ! Et les personnes de l’association sont supers avec nous et s’améliorent d’année en année. Ils n’ont plus le côté technique à gérer et ça leur laisse du temps pour fignoler le reste sûrement. En plus avec le metalleux, y a jamais d’emmerde. Ou alors c’est vite réglé ! [rires] »

Yann – Public fidèle.

C’est l’heure du final. The Great Old Ones assure la tête d’affiche avec son black atmosphérique inspiré de l’univers de H.P. Lovecraft. C’est d’une propreté les amis ! Après une introduction planante, telle une salutation timide d’un ému jeune homme face à une foule attentive, ce qui arrive est surprenant. On prend une grosse claque dans nos esgourdes ! Nous avons affaire à du pur black, sans concession, atmosphère attirante et dérangeante à la fois. Ce que je remarque, ce sont les trois guitares. Je ne suis pas du tout spécialiste du Black Metal mais il est rare, quelque soit le style, d’avoir autant de grattes. Et ça le fait grave ! L’une des guitares propose un riff décalé, presque en contre-harmonie, en symétrie, en mouvement sur un bon gros riff bien lourd. La presta est très, très propre.
En fait, le bilan de cette première journée est comme une évidence. Pour le grand public, et même une partie des amoureux de musique extrême, le Black Metal passe pour un générateur chaotique de chansons déstructurées et effrayantes. Avec les groupes de ce soir, il y aurait de quoi changer beaucoup de ces points de vue. Les techniques sont calées aux petits oignons. Les chants sont simplement justes. Les compositions compréhensibles par nos sensations ; à défaut de piger systématiquement les textes*.
(* Oui bon ça va ! Je parle de moi là… Pas assez bossé à l’école surement : Ditiz maï folte.)

Au lit.. Demain “y a pas école” mais il y a le J2 du festival MetalEarth #3.

“Le jour 2, que de metalleux”
Eh oui, 20:00 ce samedi 16 novembre, s’ouvre à nouveau la Carène sur un festival plein à rabord de fans motivés. Ce soir, c’est Death Metal. Le fil rouge du week end? Le death proposé ce soir va être agrémenté d’une touche mélodique, progressive… Voyons cela de plus près.

Pour débuter la soirée, Spheres, groupe de Metal Progressif, vient nous présenter Helios, son dernier opus. Envoûtant, le groupe alterne au sein même des titres différentes ambiances. Le lead guitare est technique et s’amuse de solos savamment éparpillés. La bassiste est omniprésente de son flow rendu très audible par le réglage clair et percutant de son instrument.
Entre deux morceaux, Jonathan (lead vocal) sait interagir avec humour avec le public. Sa voix est comme élastique entre les portes du glutural et du chant clair. Sa voix est totalement maîtrisée. Les screams hornent très bien les riffs ardus et tout ceci nous emporte sincèrement dans une atmosphère qui frôle la spiritualité

L’heure du changement de plateau a sonné. Je me dirige donc vers les stands associatifs, après être passé voir le sympathique garçon qui distribue les bouchons d’oreille. A chaque bouchon pris, on peut tirer au sort un papier qui peut faire gagner des bouchons plus sophistiqués. Pour moi, perdu… Rien d’étonnant. Ainsi je vais voir Sea Shepherd pour faire un bilan provisoire de ce week-end. “L’association avec le MetalEarth se passe très bien. L’accueil est vraiment très bon. On a pas mal de personnes qui viennent en fait savoir ce qu’on fait, ce qu’on est comme association. On leur rappelle à chaque fois qu’on est une association de protection des océans et de la vie marine en général. Sur ce stand, on leur propose déjà de nous connaître, de nous soutenir, parce qu’ on est 100% dépendant des dons des particuliers. Et éventuellement après on propose du merchandising de l’association. C’est le festival qui nous propose. Nous fonctionnons toujours de cette manière : ce sont les artistes ou les gérants de festival qui nous contactent pour participer, amener ces actions à ces événements-là. Ensuite, il nous suffit juste d’avoir des bénévoles de disponibles. Du coup on est présent. On y était hier soir et on y est aujourd’hui. Sur les deux jours, ça fait cinq personnes qui se mobilisent pour présenter l’association.
De tous les publics que l’on a sur différents concerts, en réalité les metalleux sont des gens hypersensibles à notre cause et ils soutiennent énormément Sea Shepherd. Vraiment. Il y a le logo déjà qui fait un peu, mais il y a vraiment la cause en elle-même de toute manière. Ce sont vraiment des gens qui viennent, qui discutent. Ils sont super agréables, super sympas et vraiment sensibilisés.”

(Julien et Ewen – Sea Shepherd)

Attention, lecteur ! Le groupe qui débute maintenant son set va me scotcher. Initialement organisé pour faire une petite entrevue de bénévole, profitant du calme du hall pour défourailler mon micro, je me suis vu dans l’incapacité de rater la moindre note de ce set. Carcariass m’a troué le uc ! C’est, comme disent les agents immobiliers, “mon coup de coeur”

Dans un rythme qui flirte avec le heavy, Jérôme, le lead vocal pose sa voix grave, d’un gluturale posé et propre, dans un tempo percutant et carré. Jérôme porte un t-shirt blanc aux longues manches sous une chemise noire de geai, casquette noire dépourvue de tout signe distinctif sur la tête. L’homme a une posture et une gestuelle qui sembleraient issues d’autres influences. Même le back flag trônant fièrement dans le dos du batteur a un air de fusion. Je me dis qu’on pourrait y voir une influence de Body Count. Mais point de fusion si ce n’est celle de mon cerveau qui prend son pied en accueillant dignement les signaux électriques venus de mes oreilles. Raph, le bassiste, entre deux tapings, fait un excellent chœur. Il est un parfait écho au lead, donnant un style agressif et speed, en toute cohérence. Il faut dire que Raph a été le chanteur des 4 premiers opus et qu’il n’a rien perdu de son envie de chanter. C’est très entrainant et d’une qualité constante à tout ce week-end MetalEarth. Merci à ce dernier pour cette folle découverte. Les bisontins ont pourtant commencé en 1994 ! J’étais où moi ?!

Je reprends mes esprits et profite de l’ultime intermède pour prendre l’air au milieu de mes semblables dans cette petite cour arrière. De l’air frais…

“Le jour 2, Vincent est heureux”

Nous voici face aux portes du Club qui vont sous peu s’ouvrir sur le dernier groupe de la soirée : Atlantis Chronicles. Les parisiens attaquent dur. et pas de chichi s’il vous plait : une basse, une guitare, une batterie et un chant. La formation est un quintet mais pour l’occasion, c’est un quatuor qui jouera pour nous. Les parisiens proposent un Death Metal progressif à tendance bien rythmée et peu commune. Entre deux riffs bien lourds, surtout proposés par la basse de Simon, la gratte d’Alexandre mélodise avec une célérité sauvage et prenante. On frôle le guitare hero et la structure même du set est extrêmement intéressante. La formule est en effet efficace et subtile à la fois. Une bonne batoche, les riffs : la basse se débrouille, la guitare s’amuse de semi-solos endiablés et Julien unifie tout ça de sa voix puissante. Heureusement, des bridges planants permettent de reprendre son souffle. Parce que la double pedale nous percute jusqu’au cœur. Les changements de tempo au sein même des titres racontent à eux seuls une histoire. C’est un beau spectacle qui, comme tout concert bien mené, à un goût de trop peu

Le Club se referme pour la dernière fois, refoulant une marée de festivaliers comblés. Certains ont très chaud à avoir profité de la tempête du pit. Ils illustrent le concept du week end en ayant l’air d’avoir pris la déferlante salvatrice sur la tronche.
J’aperçois Vincent Devrillon, fondateur de MetalEarth, et il semble entre deux occupations. Profitons-en pour lui demander le mot de la fin, le mien précédent le sien en concluant que la transition entre les sites à été bien faite, bien accueillie, et ouvre des opportunités de jauge pour les années à venir. La qualité de la musique, l’engagement du festival, sont certainement de bonnes bases pour une vie longue et extrême. J’ai tout dit je crois. A bientôt, place à Vincent. Et moi : FIN…

« Le changement à la Carène s’est très bien passé. Déjà les soirées étaient complètes, ou quasi complètes. Ca signifie que le public a répondu présent.Il a accroché aux affiches qu’on a proposé donc nous on est très satisfait. On a réussi aussi, du fait du passage à la Carène, à proposer le volet écologique dans un cadre beaucoup plus confortable pour les associations. On a mis les vidéos qu’on avait du mal à passer à l’espace Léo Ferré. On les a passées sur grand écran alors je suis vraiment content. C’est quelque chose que je voulais vraiment faire. Musicalement le public était là. Il y avait une bonne ambiance dans la fosse. Il y avait du sourire et des pogos et on a eu de bons retours derrière.Le volet musical et écologique marche bien. Je pense que ça pourrait encore mieux marcher mais le public vient avant tout pour les concerts et nous proposons les expos et les stands. L’écologie est un enjeu de société alors les gens sont de plus en plus réceptifs et c’est vrai que le public Metal est assez réceptif sur ce sujet. Ça a bien marché. J’ai même eu le temps de faire un voyage immersif en Antarctique avec le casque VR [Réalité virtuelle proposée au stand de Greenpeace, ndr] et c’est vraiment sympa. »
(Vincent – MetalEarth)



Entrevue avec HOULE

Madbreizh : Alors nous voilà donc en présence de Houle et de quelques personnes invitées parce que je pense que à cause des mignardises finistériennes, les petites kouignettes, des personnes sont venues intéressées.. Houle va ouvrir la soirée. Le groupe de Paris, assez jeune ma foi, 2021, et un avec déjà un EP et donc une tournée aujourd’hui pour un deuxième album. Qui est Houle ?
Crabe : Houle, c’est nous cinq et à la base c’est juste un projet qui avait attrait à faire mélanger du black metal mélo, très mélo, avec une musique plus en plus atmosphérique, mélodique ; voire un peu mélancolique avec pas mal de passages clairs. Évidemment on n’est pas les premiers à le faire mais c’était un peu l’idée. C’était de mélanger c’est justement ce qu’on veut. Ca correspondait bien au nom Houle, ce côté un peu mystérieux assez hypnotique. C’est puissant aussi et forcément aquatique donc voilà voilà pourquoi ce nom-là.

Malheureusement ben ça a engendré des millions de jeu de mots de de mauvais goût depuis qu’on a choisi ce nom-là, mais en tout cas au moins ça fait parler donc voilà le nom pour l’explication.

MadBreizh : Vous êtes un band parisien qui parle de la mer. Les membres du groupe sont-ils du littoral ou est-ce que finalement parler de cette de cette force de la nature que peut-être l’océan est quelque chose qui depuis toute grande ville loin de la mer peut être fascinant ?
Crabe : En fait c’est moi. Quand je les ai rencontré, ils n’avaient jamais vu la mer. [rires et protestations des autres membres] Moi je viens d’ici, je suis de Brest donc en fait ce soir je joue à la maison, à domicile. Forcément, quand on grandit à Brest, la mère est omniprésente. Elle fait partie de sa vie et tout le monde fait de la voile tout le monde va à la plage du Moulin Blanc se baigner en été. On connaît tous ça et forcément quand on voit la mer depuis sa maison, on voit quand elle est calme et quand elle est énervée.
En venant à Paris je me suis dis pas que ça me manquait et que ce serait chouette de faire quelque chose en rapport avec avec la mer qui n’y a pas à Paris parce qu’il n’y a pas énormément de nature à Paris donc c’est peut-être un peu pour ça que le projet est né. Et quand on sait tous rencontrés, que la line up était stable, on s’est rendu compte qu’il n’y a pas besoin d’être brestois ou du littoral pour pouvoir en parler parce que c’est un thème universel qui parle à tout le monde. Tout le monde connaît la mer, tout le monde l’a vue.

Finalement aujourd’hui il y a plus besoin d’avoir qu’un seul cerveau. Il y en a cinq puisque tout le monde tout le monde travaille ensemble sur ce thème là. Adsa peut écrire des textes qui sont bien meilleurs que ceux que personnellement je pensais écrire puisqu’on n’est pas forcément tous paroliers et puis chacun est en charge de son instrument [dans les compositions, ndr]. Nous sommes vraiment devenus un groupe à cinq sans leader particulier. On avance ensemble.

MadBreizh : Dis-moi Vikser. Est-ce à en parler avec passion que Crabe t’inspire les parties batteries ?
Vikser : Oui, Crabe a amené le thème de Houle en premier mais au final, on a réussi à tous se greffer sur ce thème. On a compris les émotions que ça donne et ce qui fait Houle aujourd’hui, c’est notre composition à tous ; notre vision de ce qu’est Houle et de ce qu’on veut raconter. Donc oui il est l’instigateur et maintenant construit tous ensemble autour de ce thème là qui est en fait hyper inspirant.

MadBreizh : Vous êtes peut-être issus d’autres d’autres genres musicaux internes ou non au Metal. Le black mélodique est un style très synergique finalement entre les moments forts et les périodes calmes ?
Vikser : Le black metal est le style qu’on a tous en commun alors on écoute tous du Metal mais avec des influences très différentes. Moi je suis plus heavy/death même si ma prédilection c’est le black. Crabe aussi est assez Heavy et Adsa également. Un peu Pagan également.
Adsa : Plus maintenant

Vikser : Tu l’as été quand même un peu fort

Adsa : J’étais ado quoi… Je suis allergique maintenant ! [Rires]

Crabe : Toi [À l’attention d’Adsa] c’est pas Black et Variétés Françaises ?

Adsa : Si ! [Rires]

Crabe : T’as le droit !

MadBreizh : Pour toi Adsa, être une femme chanteuse dans le Black Metal avec une voix bien gluturale, c’est naturel dans ce que tu es ou ça demande beaucoup de travail ?
Adsa : Le chant guttural pour moi c’est imposé d’une manière naturelle dans mes directions artistiques sur ce que je voulais faire. Déjà pour un point que j’aime bien, c’est le côté très androgyne du chant guttural. C’est quelque chose qui m’a vite plu dans le guttural. Après non c’est pas quelque chose qui est inné, j’ai beaucoup travaillé avec différents professeurs aussi notamment. Ça a été un travail de fond de plusieurs années quand même.

MadBreizh : Et le set de ce soir ? Comment est-il construit à partir des huit titres de l’album et les quatre de l’EP ? Y a-t-il un set de tournée ou en fonction du temps de ce soir, il y a une particularité ?
Zephyr : On a tendance à beaucoup privilégier le nouvel album en fait donc on va jouer surtout le nouvel album. On prend toujours un certain morceau de l’EP que je ne vais pas divulguer. L’album est encore assez récent donc on met l’accent dessus, mais il n’est pas exclu qu’ un moment où on refasse cette set-list peut-être plus variée ; revenir un peu sur l’EP. Pour ce soir, ça sera surtout le nouvel album.

MadBreizh : Le MetalEarth est un festival engagé et engagé, comme le dit son slogan. Vous, c’est la puissance de de l’élément, basée sur la mer aussi. L’océan est le thème de cette année au niveau des associations invitées. Comment s’est passée finalement la mise en relation entre vous et le festival ? Est-ce une initiative particulière du festival ?
Gaast : C’est notre booker qui a trouvé le festival pour nous. On est hyper content de travailler avec Eclosion Booking qui nous qui nous a trouvé pas mal d’occasions pour beaucoup de dates et c’est comme ça qu’on est qu’on joue maintenant au MetalEarth

Crabe : Il paraît que le festival nous avait repérés. Quand ils ont choisi leur thème, c’était un peu une évidence donc ils auraient contacté Simon, notre booker. De toute façon, même sans thème, on m’aurait dit « tu vas jouer à Brest », j’aurais dit oui !

MadBreizh : Étant de Brest-même, le fait de focaliser le public sur l’importance de la fragilité et la responsabilité qu’on a envers l’océan est quelque chose qui peut être promu au-delà du plaisir du son sur scène ?
Crabe : Nous, sur scène, on fait des chansons de baleiniers… [Rires]. On a un harpon et on dit qu’on va péter la gueule tout ce qui passe ! Dans l’idée c’est un peu paradoxal, mais dans le fond dans le groupe on a des personnalités qui sont assez sensibles au thème de l’écologie. Vikser est peut-être celui qui est le plus impliqué et le plus sensible à ces sujets. [Des mouvements se passent dans mon dos..] Zéphyr aussi visiblement

MadBreizh : Sur scène, vos harpons sont peut-être recyclés. C’est déjà un premier pas!
Zephyr : C’est le même à chaque concert donc il est réutilisé oui.

MadBreizh : Parlons de l’album. Il est de juin 2024. Vous êtes encore à le présenter en tournée donc on a le thème mais finalement il y a t-il un axe plus précis ou qu’elle joue sur cet album de de huit titres qui fait je le rappelle se nomme « Ciel Cendre Et Misère Noire » et dure 44 minutes.
Adsa : On a eu un précédent EP où on avait pu explorer les puissances naturelles, l’homme face à la nature, la puissance de l’océan. C’étaient des thèmes très lyriques. Pour l’album, on a décidé de se rapprocher plutôt de l’humain. De rentrer dans les terres. L’album est en fait très portuaire donc ça c’est quelque chose qu’il y a beaucoup à ressentir, notamment au niveau des effets audios utilisés dans l’album : les bruits de port, les bruits de phare etc qui sont très marins mais très portuaires en fait. C’était moins le cas sur l’EP. On se retrouve donc avec quelque chose de plus côtier.
Dans les thèmes de fond, on va aborder la vie qui fait face à l’océan. Vikser avait sorti une phrase pour qualifier l’album. C’est le Germinal des flots. J’avais trouvé ce terme en fait très efficace et très imagé en fait parce que c’est vrai qu’il y a un peu un côté misère. Ce côté miséreux, on l’aborde bien sûr de la manière de voir les marins, les pêcheurs et les familles autour d’une vision un peu cauchemardesque. On sait que c’est totalement romantisé « pour les besoins du film », mais c’est inspiré de faits réels.

Crabe : On a eu un interviewer qui disait qu’il connaît des capitaines de vaisseaux. Ils vont bosser en mer et ce sont souvent des gens joyeux. Nous, on est obligé de le faire à la sauce Black Metal donc forcément on ne va pas parler de choses extrêmement joyeuses tout le temps.

Vikser : Ce n’est pas parce que sont des gens joyeux, que ce qu’ils vivent au jour le jour n’est pas misérable. La vision est romancée effectivement la vie des gens qu’on décrit dans notre projet reste misérable. Une vie au jour le jour qui dépend de la mer.

Crabe : Le littoral à l’époque n’était pas facile. Forcément on prend un peu de recul. On ne parle pas d’une époque actuelle. On a tendance à ne pas forcément mettre une date précise sur les morceaux qu’on écrit, mais c’est quand même quelque chose entre 1830/1850. Il faut s’imaginer dans ces eaux-là et ça ne ressemble pas à aujourd’hui. On a fait un clip là où on a tourné sur une réplique de sardinier de 1870. Ce sont des bateaux à voile . Tout se fait à la main. Les journées sont longues et épuisantes. Voilà, on essaye de répliquer cette vie là, ces émotions. C’est également le cas des paroles d’Adsa qui sont presque argothiques de l’époque pour que se soit réaliste.

MadBreizh : Votre Black est tiré sur le mélodique. Ce que j’aime bien sont les coupures claires et nettes où une période de calme peut faire penser au calme avant la tempête ; mais

ça fait aussi « digérer » la première partie de la chanson pour finalement repartir sur une seconde partie
Crabe : Ça rend bien dans le thème mais c’est plutôt des choix de composition. Ce sont nos influences qui ont beaucoup dicté ces choix là. Maintenant on aime bien à la fois le Black mélodique qui tabasse, mais aussi des ambiances qui sont très lancinantes, très atmosphériques. Et on essaye un peu de jongler avec ça sur l’album. Il l’est un peu moins que l’EP mais c’est quelque chose qu’on aime garder parce que ça permet de poser une atmosphère qui est hyper lourde et pesante. Pour cela, en live, on fait vraiment l’effort d’avoir des samples constamment. On veut tout le temps que ce soit comblé pour avoir cette ambiance de flot continu et de vie sur la mer.