.Pourquoi Polly MusiqueProduction ? Dans quel but et sur quel rayonnement ?
Le nom « Polly » je suis allée le chercher chez Nirvana, un soir de brainstorming entre frangines. C’était comme une évidence d’y faire référence, puisque c’est le groupe qui m’a amenée à la musique il y a quinze ans.
L’association est engagée en faveur du développement des musiques actuelles. Elle sert de tremplin pour des groupes amateurs ou émergents locaux : on les accompagne dans la construction de leur projet musical à travers différentes missions telles que le management, le booking, la communication, la recherche de financement (subventions, mécénat, sponsoring), de prestataires (techniciens, studios, usines de pressage, graphistes, photographes …), et, une fois que le projet est solide, on a pour vocation de les laisser « quitter le nid » pour rejoindre un label et/ou un booker professionnels qui pourront leur proposer un service d’une qualité supérieure.
On prend le parti de ne collaborer qu’avec des groupes basés en Bretagne (Studio 107, Teska, Lid Greyhound, Tax Station, Jordane Richet), ou qui y ont de solides attaches comme c’est le cas pour le groupe canadien Moosy que nous accompagnons depuis peu et qui, avant de s’exiler Outre-Atlantique, est originaire de Quimper.
On a une scène hyper dynamique et intéressante dans notre région, on aurait tort de s’en priver !
D’où t’est venu cette idée, cette envie ?
La création de l’association en elle-même tient d’une volonté de concrétiser diverses expériences personnelles dans le domaine des musiques actuelles. Polly a été fondée au printemps 2013. Ca faisait alors quatre ans que je baroudais un peu partout au gré de petits boulots, de stages ou de vacations dans des labels, des boîtes de prod et des festivals, et ça faisait deux ans que j’accompagnais le développement du groupe brestois Studio 107. Pour le groupe comme pour moi, il devenait nécessaire d’avoir une structure réelle alors j’ai regroupé quelques copains et un peu de famille, et tous ensemble nous bâtissons depuis tout ce qu’est Polly.
Je savais que cette association répondait à un besoin au niveau local : je suis moi-même musicienne, j’ai joué dans plusieurs groupes et à chaque fois c’était la même galère pour trouver des concerts, chercher à se promouvoir et à tirer son épingle du jeu. L’idée, avec Polly, c’est de délester le plus possible les zikos de tout ça afin qu’ils se concentrent essentiellement sur la création musicale pendant qu’une équipe est dédiée aux démarches et à la paperasse. Ca ne veut pas dire qu’ils en sont exempts non plus : on est finalement un collectif artistique, les musiciens sont mis à contribution autour de projets communs. C’est important qu’ils en soient les acteurs et non uniquement les consommateurs. On essaye juste de trouver un équilibre à tout ça.
Quelles sont tes activités actuelles ?
Elles sont diverses et variées, je suis de nature hyperactive. Outre mon engagement au sein de Polly, je suis également secrétaire de l’association Echoes of West Horns qui a pour but la promotion des musiques Metal autour de l’organisation de concerts professionnels, ainsi que conseillère municipale de ma commune depuis près de deux ans. En dehors de ça, même si je suis manager d’artistes de formation, j’ai un emploi différent à côté, je suis vendeuse dans une boutique de vêtements associative et j’aspire à le rester, j’y trouve mon équilibre.
A l’occasion je traduis également des paroles de chanson de l’anglais au français sur le site La Coccinelle.
Quelles sont tes envies ?Tes projets ?
Continuer à voir Polly grandir et se développer. J’ai de la chance d’avoir une équipe sur laquelle je peux compter et qui m’apprend à déléguer. Une association résulte souvent de la volonté d’une seule personne, mais sa vraie réussite est à mon sens quand la structure fonctionne sans se reposer uniquement sur son fondateur.
De la même manière, j’aspire à ce qu’Echoes of West Horns s’impose et s’installe durablement dans le paysage associatif musical parce que je suis convaincue au fond de moi, et sans prétention, que l’on est capable de faire de grandes choses.
Quels sont tes gouts musicaux ?
Je suis passionnée d’atmosphères musicales denses et un peu sombres, ainsi que de plans de guitare alambiqués qui retournent le cerveau, donc je me nourris facilement de rock et metal progressif, ainsi que de doom, de sludge, d’experimental … En musiciens, mon trio gagnant c’est Steven Wilson, Mikael Akerfeldt et Maynard James Keenan. Je suis une totale fangirl.
Cela dit, je vogue volontiers vers d’autres genres musicaux, je pioche un peu partout, de Tchaikovsky à Taake en passant par exemple par Björk, The Smiths, Children of Bodom, David Bowie, Michel Berger, les bandes originales Disney ou Ghibli … Je ne me fixe aucune limite tant que j’y trouve des choses qui me ressemblent et/ou qui m’animent.
A l’inverse j’ai une foutue allergie à U2 et à Coldplay.
Tes 5 albums de l’année 2015
1. « Hope/Sink » de Studio 107. Ca n’a pas l’air très objectif là comme ça, mais j’ai une affection irrévocable pour ce disque. C’est le fruit de plusieurs années de travail, un condensé de galères et de petits bonheurs, donc sa sortie en octobre dernier restera un moment fort. J’ai d’ailleurs écrit les trois premiers textes de l’album.
2. « Hand. Cannot. Erase » de Steven Wilson. C’est un disque incroyable, un véritable chef d’oeuvre truffé de magie et de talent. Il explore plusieurs genres musicaux tout en subtilité et est dirigé de main de maître. Le morceau « Ancestral » est une tuerie absolue et comporte d’ailleurs mon solo de guitare préféré de l’univers (coucou Guthrie Govan !).
3. « The Congregation » de Leprous, ou comment voyager très loin sans quitter son fauteuil. Ce disque sent le génie et l’efficacité.
4. « Exhausting Fire » de Kylesa. Album captivant, un son unique et vraiment propre au groupe. Une belle réussite !
5. « Sol Invictus » de Faith no More. On en dira ce que l’on voudra, mais je fais partie de ceux qui ont longtemps attendu cet album et qui en profitent agréablement. Ca ne vaudra jamais un « King for a Day » ou un « Angel Dust » mais il fait le taf !
6 (bonus). « 25 », d’Adèle. Oui je fais partie de ces gens.
Tes meilleurs concerts de l’année 2015
1. Steven Wilson au Royal Albert Hall de Londres en septembre. Endroit magique, musiciens magiques, setlist magique, et débarquement surprise de Mikael Akerfeldt (Opeth) pour un duo sur un titre de Storm Corrosion inédit en live.
2. AqME, Teska, Studio 107 et Jordane Richet au Vauban de Brest en mai. Concert organisé par Polly, on s’est donné beaucoup de mal pour que la soirée soit parfaite et elle l’a été. De plus, Jordane Richet donnait là son premier vrai concert, il avait une pression de fou, soit ça passait soit ça cassait. Et ça l’a fait, il a scotché tout le monde par sa maîtrise et son talent. J’ai assisté en direct à la métamorphose de l’un de « mes » musiciens : d’une chrysalide il est devenu papillon. C’est ce genre de moment qui m’aide à avancer.
3. Dagoba et Malkavian, au Novomax de Quimper. Concert organisé en coproduction entre Echoes of West Horns et Polarité[s]. C’était le premier concert qu’Echoes organisait, il était sold-out un mois avant la date, la plupart des copains sont venus (certains même de Bordeaux), les groupes ont fait un taf hallucinant et on s’est tous couché heureux.
4. Freak Kitchen au Ferrailleur, Nantes. Je crois que je m’y suis fait expliquer la musique.
5. Steven Wilson à l’Olympia (Paris), en mars. Parce que c’est franchement cool les road trips avec des copains à travers la France pour aller se prendre une grosse claque musicale. Et puis, parce que contrairement au concert de Londres, il y avait Marco Minneman et Guthrie Govan dans le live band du monsieur.
Ton rêve le plus fou
Hormis me marier avec Alexi Laiho, je tuerais pour voir mes groupes sur de vraies grosses scènes. Teska au Hellfest par exemple, ou Lid Greyhound au Lollapalooza tant qu’à faire. On va continuer à travailler dur pour que ça arrive, la devise de Polly étant : « On ne franchira peut-être pas de montagnes, mais on peut au moins les contourner ».