Merci à Niko pour cette entrevue un des fondateurs et responsable de RAGE TOUR et chanteur, guitariste de Tagada Jones, que l’on ne présente plus et qui va nous présenter un peu son métier
Rage Breizh : Tu es originaire d’où ?
Et qu’est ce qui t’a amené à écouter du métal/Punk ? Niko : Je suis originaire de St Brieuc, né dans les années 70 : l’époque de la scène alterno français, du punk français, du rock français. Ma première cassette de Parabellum. J’ai déménagé à Rennes à 17 ans … A l’époque sur Rennes, la scène Rock française était très riche. Il y avait pratiquement tous les week-ends des concerts. J’essayais d’en voir un maximum … Bien plus tard je me suis mis au métal et au hardcore.
Rage Breizh : Parle-nous de ton parcours de musicien ?
J’ai commencé par le piano et le solfège mais ce n’était pas mon truc … A 18 ans je me suis mis à la guitare. Complètement autodidacte. C’est les copains qui me montraient comment faire, j’observais les autres et je mettais en pratique. Je pense que mes bases de solfège m’ont aidé à aller assez vite et je n’avais pas envie de passer par une école. Mais j’ai commencé à chanter avant de me mettre à la guitare au début de Tagada Jones. Je chantais uniquement, et là aussi je suis complètement autodidacte.
Rage Breizh : Comment transforme-t-on une passion en métier ?
Ça a toujours été une passion ! Le line-up original s’est rencontré au lycée Émile Zola à Rennes ! Décembre 93. Première démo en 95. Pour la petite histoire j’étais en école d’ingénieur, et on a décidé de tenter le coup. Le groupe existait depuis deux ou trois ans, on tournait quasi nationalement. On s’est dit : « si on tentait le coup ? On aime ça, c’est notre passion, on ne veut faire que ça ! On a donc tous plaqué nos boulots et études ! Enfin, pas tous… c’était l’heure des choix et certains on préférait ne pas suivre l’aventure. Premier changement du line-up ! L’idée n’était pas d’en vivre mais de vivre notre passion, on ne savait pas trop où on allait mais on y allait … A aucun moment on imaginait que cela allait devenir notre boulot ! Résultat : plus de 20 après, c’est notre job et toujours autant notre passion… Au début on avait déjà des demandes de dates européennes… On n’aurait jamais pu se lancer si on n’était pas disponible à 100% ! Si on avait eu un job à côté. De fil en aiguille ça a fonctionné ! Ça fait plus 21 ans que le groupe existe et moi 18 ans que je suis intermittent. On a eu la chance rapidement que le public nous suive … C’était vraiment au jour le jour, on se disait « on verra bien ».
Rage Breizh : Tagada Jones ça veut dire quelques choses ?
Tagada Jones n’a aucune explication, Le « tagada » vient du tagada des guitares et pas des bonbons… c’est un nom choisi au hasard lors d’une mémorable soirée. Au début, on ne savait pas trop et la première démo était sous le nom de Tagada … puis on a décidé de garder Tagada. Jones c’est sans doute un contre poids sur notre engagement : quelque chose de plus léger.
Rage Breizh : Quand et comment Rage Tour à été créé ?
Dès le départ on a décidé d’être indépendants ! De gérer nous-même notre réseau. D’être notre propre producteur avec Séverine, ma compagne … et de fil en aiguille avec tout ce que l’on a construit, notre réseau est devenu de plus en plus important. Permettant maintenant d’en faire profiter les autres. Rage Tour à 18 ans … 5 personnes à plein temps, fait petit à petit … Rage Tour, c’est maintenant une vraie structure, solide et forte ! On fait de la production, même si les tournées c’est notre principale activité : environ 35 groupes français et environ 200 groupes internationaux. Cela représente beaucoup de travail et tout cela fait par des musiciens pour des musiciens qui ne veulent pas gagner de l’argent sur le dos des groupes : ça fait une énorme différence ! C’est pourquoi beaucoup de musiciens se tournent vers nous car on connaît le mode de fonctionnement. On le vit au quotidien avec Tagada Jones. C’est une entreprise toujours en évolution, toujours plus de boulot, de groupes, dans la bonne humeur et de plus en plus de gens veulent travailler avec nous … Rapidement avec Tagada Jones, on a eu des propositions pour signer dans un label majeur… que l’on a refusé. Sachant qu’on s’engageait dans une démarche plus longue, on ne pouvait pas, comme un gros label investir des sommes importantes dans la communication, pubs et autres. Mais ce que l’on a construit est devenu très solide à force de patience et de travail … Pierre par pierre on a construit notre structure et au bout de 20 ans ça commence à être une structure très solide avec des fondations très saines, ça crée une énorme différence… On est fiers, on ne doit rien à personne. Tagada Jones est 100% auto-produit, c’est le contraire de la réussite par l’argent on est fiers … C’est une grosse particularité du groupe.
Rage Breizh : Vous gérez aussi la distribution ?
Pour la distribution on a commencé par le faire nous-même, mais c’était ingérable de distribuer à droite à gauche et surtout pour se faire payer ça devient très compliqué. On s’est rendu compte que l’on était à peine payé de la moitié des disques … on passait notre temps à relancer … On a décidé d’accepter des offres de distributions. On a changé pas mal de distributeurs avec la crise des ventes de disques. Beaucoup ont mis la clé sous la porte …. On perdu beaucoup d’argent suite aux différentes faillites … Mais ce n’est pas grave ce n’est que de l’argent ! On a nos propres nos studios, on pousse au maximum cette idée d’auto-distribution… On a pris le problème à l’envers : on sait que maintenant la vente de disques ne rapporte rien, mais que les groupes doivent continuer à produire et sortir de nouveaux morceaux, donc on a investi dans notre propre matériel, un vrai studio pro où l’on pratique des tarifs très abordables ! Évidement quand c’est nous qui produisons cela ne coûte rien au groupe, mais sinon on l’ouvre à notre réseau, nos amis et aux groupes demandeurs (dans la limite des places disponibles). On a des tarifs à 150 euros la journée pour le studio et il faut rajouter 150 euros la journée si on veut un technicien… Ce sont des tarifs hyper attractifs au vu du matériel que nous proposons. L’idée c’est vraiment de faire de la production de qualité pour un coût moindre.
Rage Breizh : Vous faites donc de l’accompagnement de groupes ?
On donne évidement des conseils et de quelques ficelles du métier aux groupes qui enregistrent chez nous. On est aussi là pour faire partager notre expérience. Après, il y a souvent des groupes qui nous demandent de les produire. Au départ on l’a fait avec des jeunes groupes et on a eu beaucoup de problèmes. Entre les groupes qui ne viennent pas aux concerts, à l’enregistrement, qui manquent de motivation, on s’est dit que l’on perdait notre temps … Maintenant, il faut nous considérer comme une deuxième étape, on s’occupera plus d’un groupe qui a déjà tourné, qui a déjà un album, qui a déjà franchit les étapes seul et montré sa motivation. Dans la vie d’un groupe il y a plein d’étapes à passer et nous on intervient quand une certaine maturité est arrivée. Je fais pas mal de formation avec les groupes et je donne souvent comme exemple que si on produit un groupe inconnu on va distribuer leur disque et on ne va en vendre aucun ! C’est pareil pour les dates de concert : on met un groupe inconnu sur une affiche et personne ne sera là, on part à la catastrophe. Nous on peut apporter beaucoup à un groupe : lui permettre de monter des marches supplémentaires mais il ne faut pas qu’il soit en bas de l’escalier sinon cela ne sert à rien !
Rage Breizh Donc tu fais de la formation pour les groupes ?
Oui j’en ai fait beaucoup et j’en fais toujours, mais un peu moins vu que mon métier de booker me prend beaucoup de temps. Mais je continue. Le principe est : je reçois plusieurs groupes et on discute et j’apporte mon expérience du métier. Si je peux donner un conseil maintenant c’est de ne pas compter sur les autres, tout faire par vous-même. La promo, les idées, les démarchages etc .. Ne compter que sur vous-même au départ, pas sur les professionnels.
Rage Breizh : Et pour finir l’actualité de Rage Tour ?
Beaucoup de choses ! Je dirais que la principale nouveauté chez Rage c’est que l’on devient de plus en plus booker européen. On est en train de passer un cap et on s’occupe de plus en plus de l’organisation des tournées de groupes étrangers : américains, japonais, etc … on s’occupe de leur tournée en Europe. C’est une grosse évolution … Par exemple, le dernier groupe que l’on a récupéré c’est les Nashville Pussy. Je viens de passer mes dernières semaines à booker leur tournée européenne : pour l’instant on est à 27 dates sur 30 jours c’est plutôt pas mal. Quand tu t’appuies sur un réseau d’amis et de connaissances que tu as construit au fil du temps, un réseau sain et solide ça va plutôt très vite.
Merci Niko pour toutes ses informations Propos recueillis le 19 novembre 2015.