Mad Breizh :
Comment a commencé l’aventure Ange ?
Christian Décamps :
À la base, il s’agissait d’un groupe de reprises qui s’appelait Les Anges. Il a évolué à la fin des années 60, quand l’album Sergent Pepper’s des Beattles a bouleversé le rock anglais, ce qui m’a donné envie d’inventer des choses similaires en français. À l’époque, j’étais aussi un grand fan de Brel, Brassens et Ferré, j’ai pris toutes ses influences, tout mélangé dans ma tête.
Après toutes ses années, comment décririez-vous votre style aujourd’hui ?
On nous a collé l’étiquette rock progressif, mais je préfère dire que c’est de la musique angélique ou du rock paysan. Plus concrètement, c’est un mélange de rock, de jazz, de folk et de classique.
Comment avez-vous construit votre dernier album, « Heureux » ?
Depuis une bonne dizaines d’années, j’avais très envie d’enregistrer devant un public. Je voulais que les spectateurs soient les témoins de notre travail. Nous avons fait ça dans une salle de musiques actuelles à Mulhouse, devant 6 à 700 personnes installées comme dans une cabine d’écoute, et la scène était le studio. C’était un moment merveilleux, car la pression du regard des autres donne du piment à la musique.D’une manière générale, je trouve que le studio possède une certaine froideur. Les morceaux y sont joués bout par bout, avec la présence de 2 musiciens, puis 3 autres, sur des clicks… La beauté de la musique est là, mais il n’y a pas cette prise de risques, cette mise en danger liée aux gens qui regardent. Et l’on s’est dit, pourquoi pas avoir comme témoin des personnes que l’on favoriserait, le public a été très respectueux, dès qu’il y avait la lumière rouge « On Air » lorsque nous étions en train d’enregistrer. On entendait pas une mouche voler, et quand ça s’éteignait, ils applaudissaient chaleureusement. Cela s’est très bien passé pour la totalité de l’album qui a été enregistré dans ces conditions là.
Vous souhaitez retrouver l’état d’esprit de vos débuts ?
Non, car on a longuement travaillé ensemble avant cette session. Mais plutôt que d’enregistrer à huis clos, on a souhaité le faire devant des gens qui n’avaient pas la moindre idée de ce qu’on allait jouer. Et ça a beaucoup plu, ils étaient très curieux de voir ce que ça donne.
Comment voyez-vous Ange à l’avenir ?
Tant que l’envie sera là, je continuerai. si j’avais l’intention de prendre ma retraite, ce serait déjà fait ! Si mon fils, Tristan, a envie de reprendre le flambeau un jour, il le fera, mais pour l’instant, cette idée le laisse dubitatif. En tout cas, Il est libre de faire ce qu’il veut. Mais ce serait bien qu’il le fasse, pour les fans.
Ange fête en 2019 ses 50 ans d’existence. Aurais-tu imaginé une telle longévité pour le groupe ?
Oui, je l’ai laissé venir dans mon inconscient. J’ai toujours vécu dans l’inconscient et je pense mourir dans l’inconscient !
Qu’est-ce qui peut expliquer cette carrière aussi riche, avec toujours autant de passion et de créativité ?
C’est la passion ! Je reviens toujours à l’exemple de l’arbre avec ses racines, qui forcent le respect. Mais qui ne sont pas de la nostalgie, parce que la nostalgie pour moi est une souche d’arbre. Quand on a coupé l’arbre, on ne peut plus rien faire. La nostalgie est un fléau… Les gens: « Tu te rappelles, ah c’était le bon temps… » On va où ? Le bon temps, il est partout ! Je n’ai pas trouvé d’autre moyen pour vivre que de vieillir, et je conseille à tout le monde de le faire ! C’est ce que fait Ange. Pour répondre à ta question, on aime vieillir, donner et souffrir et jouir. C’est ça un artiste, la souffrance et la jouissance conjuguée.
Quels sont les projets d’Ange après la tournée actuelle ?
Se reposer ! Nous allons terminer en 2020, après nous ne savons pas ! on verra bien !