Menu

Interview garage avec Spernot

SPERNOT-pochette-recto-nu.jpg

Dans le cadre de la sortie de leur premier album, nous avons eu la chance de pouvoir nous entretenir avec Tanguy, chanteur guitariste du groupe punk rock garage brestois, Spernot.

Salut, je suis Julien rédacteur en chef chez Mad Breizh, merci pour le temps accordé à cette interview.

Mad Breizh : Salut, je suis Julien rédacteur en chef chez Mad Breizh, merci pour le temps que tu nous accorde. Dans un premier temps, peux-tu nous présenter le groupe, qui fait quoi ? D’où vous êtes ? Depuis combien de temps vous jouez ensemble ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Origine du nom du groupe ?

Tanguy : Salut Julien, Spernot est un quatuor de musique amplifiée à tendance Rock Garage Punk selon les dires ! Le groupe est composé de Mélanie à la guitare, Stef à la basse, Sylvestre à la batterie et moi-même à la guitare et au chant. Mélanie chante aussi sur quelques morceaux. On est basé sur Brest, le nom du groupe est d’ailleurs le nom de la déchetterie principale de cette ville ! L’image de la déchetterie et l’esprit du punk collent bien ensemble, et l’idée de prendre le nom de la déchetterie nous a fait marrer direct. Puis « Spernot », on trouve que ça sonne bien en français comme en anglais. Comme on chante en anglais, et que « Spare not » veut dire « Ne pas épargner », ce nom est devenu une évidence !

Le groupe existe depuis 2015, c’est parti comme un side project de Mélanie, Stef et Anthony, le 1er batteur de Spernot ; ils jouaient tous les 3 dans Caïman. On est de très bons vieux potes avec Mélanie et Stef, ils m’ont proposé d’essayer un truc ensemble : j’étais censé ramener ma gratte et en fait j’ai ramené en plus quelques compos et je me suis mis à gueuler dans le micro tout en foutant à burne la saturation de mon ampli ! Spernot était lancé…

MB : Quels sont les influences du groupe ? Musicales mais pas que, tout ce qui peut influencer votre jeu au sein de Spernot (influences culturelles, sociétales etc)

Tanguy : On a chacun notre background musical, en tant que musiciens mais aussi en tant que passionnés de musique depuis la jeune adolescence. Du coup, si tu mets tout ça ensemble, ça brasse large ! Chronologiquement, de manière absolument non exhaustive, et orientée plutôt perso, ça pourrait donner ça : on partirait du blues de Muddy Waters, de JB Lenoir ou de Hound Dog Taylor, pour dériver vers le folk de Johnny Cash, qui serait suivi par le rock 70’s de Hendrix, de Led Zep ou des Who, ça virerai hard vers Black Sabath ou trash vers les Cramps,et passerait par les Stooges, the Birthday Party et les Dead Kennedys. J’en laisse tellement de côté-là, c’est pas évident !

La dernière grosse claque collective c’est IDLES, les 5 de Bristol qui envoient sévère ! Leur 1er album et leur live au bataclan sont fous…

MB : Comment s’est porté le choix de chanter en anglais ? 

Tanguy : Naturellement… On a une vrai culture musicale anglo-saxonne, on l’a vraiment dans les oreilles cette langue, et depuis un bon bout de temps ! Tout le monde sera d’accord pour dire que ça sonne de chanter en anglais. Et pour improviser, par choix ou en cas d’oubli des paroles, c’est méchamment pratique : tu balances un bon gros yaourt et ça passe crème ! 

Et perso, j’ai eu une petite carrière de barman dans un pub à Dublin, ça aide bien pour maîtriser la langue. Une fois que t’es parti à rêver dans une langue, quelle qu’elle soit, tu te sens à l’aise pour en faire quelque chose.

MB : Concernant les paroles, qui s’occupe d’écrire les textes ? Est ce qu’il y a des thèmes récurrents ? Qu’est-ce qui motive l’écriture ? Est ce qu’il y a une logique dans l’ensemble de l’album ou bien chaque morceau traite d’un sujet différent ?

Tanguy : J’écris pas mal des morceaux que je chante. Stef amène aussi des textes. Mélanie prend la voix lead sur pas mal de nouveaux morceaux et se penche aussi sur l’écriture du coup. On n’est pas en mal d’auteur !

On a tous une approche différente de l’écriture. Dans mon cas, les textes viennent quasiment tout le temps après la musique. Ça permet de coller au mieux à la partie musicale et le fait de chanter ses propres textes est un atout pour l’expressivité. Ecrire et chanter ses textes s’apparente pour moi à une sorte de catharsis. Je peux me lâcher vraiment, dans l’écriture comme dans le chant, et je crois que ça me fait du bien.

Les thèmes principalement abordés sont dans le désordre : les relations humaines, les excès en tout genre, les dérives sociétales, le mal-être et ses différents modes d’expression. Sur l’album « Trouble », il y a clairement une thématique autour de ce terme anglais qu’on peut traduire de dizaines de manières comme par exemple : dérèglements, problèmes ou souffrance.

MB : D’ailleurs comment se passe la conception des morceaux au sein de Spernot ?

Tanguy : Majoritairement, les morceaux de l’album sont nés d’idées de morceaux que j’enregistre sur mon téléphone. On est sur des bouts de morceaux, des riffs, ou sur des trucs déjà pas mal structurés. Sur ces enregistrements on m’entend généralement chanter en yaourt par-dessus la guitare, l’idée mélodique du chant arrive assez tôt. Donc le matériau premier est généralement composé, par moi ou d’autres, en dehors des répés. Mais ça évolue ! On prend de plus en plus de plaisir à improviser ensemble et cela nous amène sur d’autres manières de composer.

MB : Vous avez récemment sorti votre premier album, peux-tu nous parler de sa conception et de son enregistrement. Où avez-vous enregistré ? En combien de temps ? Comment c’est passé la session studio ? Qui s’est occupé du mixage +/- mastering ?

Tanguy : On avait fait une maquette 4 titres en 2016, enregistrée en 4h, et le résultat ayant été plutôt bien reçu, on l’avait distribué sous forme d’EP avec comme titre : « Dispose your ugly children here ». Sur la pochette on voyait un gamin qui pleurait dans une poubelle… L’idée de faire un album nous trotte dans la tête depuis un bout de temps, on a attendu d’être prêt et de sentir que c’était le bon moment pour rentrer en studio.

Le choix de l’ingé son s’est imposé de lui-même : Jibouille est l’ingé son studio de la salle SMAC de Brest, la Carène, et nos différentes sessions de boulot dans ce lieu nous ont amené à penser à lui en premier lieu. Il a dit banco, et nous nous sommes donc retrouvés à enregistré à la Carène, à Brest-même. Impec au poil !

Une session de 3 jours suivie d’une session de 2 jours et on avait 10 morceaux dans la boîte ! On était vraiment content car c’était notre 1ere expérience studio sérieuse. On a enregistré live, tous les instrus en même temps, donc y’avait un côté stressant… t’as pas intérêt de te planter trop souvent ! Sur les conseils de Jibouille, on avait beaucoup bossé en amont pour arriver le mieux préparé possible.

MB : Avez-vous été aidés par des labels, assos pour cet album ? Ou bien la démarche est-elle purement DIY ?

Tanguy : On est clairement sur une démarche DIY sur cet album.

MB : Peux-tu nous parler de la pochette de « Trouble », qui s’est occupé de la conception ? Quelle est l’idée derrière cette allumette ?

Tanguy : C’est David, Bigno(i)se, de Brest, qui a réalisé la pochette. Après plusieurs pistes intéressantes, on est parti sur cette idée d’allumette. C’est carrément conceptuel comme objet. C’est fascinant je trouve. L’allumette amène l’idée de commencement, on allume quelque chose, mais l’allumette amène aussi l’idée contraire, l’idée de destruction, on détruit quelque chose en le brûlant. Notre époque est vraiment « troublée » et il est grand temps de commencer à revoir notre mode de vie avant que celui-ci ne soit détruit… Puis cette flamme est aussi la flamme de nos envies, de la créativité, de l’amour, chacun y voit ce qu’il veut en fait ! Mais il faut que cette flamme allume des choses, et il faut que cette flamme en détruise d’autres.

MB : Êtes-vous confiant sur la reprise des concerts ? Après ce que nous venons de vivre ( et allons potentiellement revivre )

Tanguy : On est confiant parce qu’on veut être confiant ! Mais faut aussi être réaliste, on sait que c’est fragile… On avait notre release party prévue mais annulée en avril dernier. La Carène et l’asso Food Train, on les remercie chaudement au passage, ont remis une date sur la table. C’est une soirée réunissant 5 groupes qui ont une sortie de disque en actualité. La soirée « Galettes sur la blanche » est donc reportée au vendredi 16 octobre avec les Van Nistelrooy, The Mad Dogs, In Humankind’s Death We Trust, Butcher & Szyslak, et Spernot ! Ça va être terrible ! Bien rock’n’roll et bien brestois !

MB : Quel regard portez-vous sur le monde qui nous entoure et l’actualité toujours plus dégueulasse chaque jour ?

Tanguy : Un regard noir tout en ayant le doigt qui pousse le potard de volume à burne…

MB : D’ailleurs, pensez-vous que la période que nous venons de passer va aider à changer les comportements ?

Tanguy : Les changements restent petits, anecdotiques. Tant que les menaces (climatiques, énergétiques,…) restent abstraites pour l’homme occidental, celui-ci ne bougera pas ou alors que le petit doigt. Et inutile de compter sur l’homme politique ! On ne bougera pas les choses, c’est elles qui nous bougeront, et ce sera plus douloureux dans ce sens-là.

MB : Qu’est-ce qui t’a amené à jouer de la musique ? Qu’est-ce qui te motive à jouer au sein de ce groupe ? Pourquoi ce style de musique et pas un autre ?

Tanguy : J’ai commencé la guitare en entrant au lycée, je trippais à fond sur Jimi Hendrix, je m’entrainais à jouer le solo d’Hey Joe devant la glace avec la guitare derrière la nuque ! Ca devait pas être fabuleux mais je me rappelle que c’était moins dur que ça n’y paraissait. J’étais plus branché Guitar hero que Super héro…

Quand on a formé Spernot, 20 ans plus tard, je venais de ressortir ma stratocaster du placard. Le potard de la disto s’est naturellement mis sur 11, et de la même manière et sans le voir venir, j’ai commencé à gueuler dans le micro. Je pense que notre époque, et le fait d’arriver à la 40aine, ont créé ce groupe. Y’a tellement de choses qui te donnent envie de crier et jouer fort !

MB : Comment peut-on se procurer votre premier album ?

Tanguy : L’album est dispo chez plusieurs disquaires (à Brest à Bad seeds, l’Oreille cassée, Dialogues Musiques, à Plougastel à l’espace culturel, à St-Brieuc à la Fnac ). Il est aussi dispo dans différents bistrots comme chez Fred au Paul Art’s à Daoulas, Fred qui a toujours cru en nous et chez qui on a été plein de fois invités à jouer. Il est aussi dispo au Réveil-matin à Landerneau, chez Pascal chez qui on a toujours un grand plaisir à venir faire du bruit !
On peut aussi l’acheter en nous contactant sur facebook ou à l’adresse [email protected].

MB : Avez-vous des dates prévues ?

Tanguy : On fait un concert privé le week-end prochain. A part la soirée « Galettes sur la blanche », on a des trucs dans les tuyaux mais rien d’arrêté ! Les programmateurs sont particulièrement frileux ces temps-ci… Faut pas hésiter à nous contacter !

MB : Pour terminer je te propose un petit versus, tu choisis une réponse :

Marshall vs orange –> Orange évidemment même si j’ai commencé sur le Marshall 8080

Fender vs Gibson –> Fender évidemment, je suis fidèle sur ce coup-là !

Restaurant vs Junk food –> les 2 ! j’adore la bonne et la mauvaise bouffe ah ah !

Cinéma vs netflix –> les 2 aussi ! je suis cinéphile et adepte du binge watching.

The Clash vs Sex Pistols –> The Clash ! Joe Strummer est The Working Class Hero !

The Kinks vs The Sonics –> The Sonics, j’ai eu la chance de les voir à Binic, dans la fosse entre la scène et le public, c’était fou…

Ampli à fond vs pédales d’effets –> Ampli à fond ! Mon ampli accepte très mal les pédales, du coup pas le choix et tant mieux ! C’est brut, pas de triche !

Punk vs garage –> le Garage Punk !

Nofx vs Rancid –-> ni l’un ni l’autre

Labels vs DIY –> DIY, mais un coup de main est toujours bienvenu !

MB : Merci beaucoup pour ton temps et au plaisir de se recroiser.

Tanguy : Merci à toi !