Menu

Interview Marco (Treponem Pal)

Les légendes de l’industriel français sont de retour ! 6 ans après leur dernier album, Treponem Pal revient en force avec un nouvel opus intitulé Screamers. Et ce nom est également celui du premier single lâché par la bande. Et rien que celle là donne le ton de l’entièreté de l’ouvrage : un son bien martial et indus’ qui rappelle TRÈS fortement le Ministry des années 90. Comment ça pouvait ne pas me plaire ? 

À l’heure où j’écris ces lignes, aucun autre single n’est sorti. Mais déjà là, je peux dire que le choix du premier est parfait. Elle fait partie de mes tracks préférés. Mais ma préférence est la track qui ouvre l’ouvrage : « The Fall ». Je ne saurais dire pourquoi, mais je trouve qu’elle ouvre parfaitement cet opus. Elle instaure une sorte d’ambiance malsaine, froide, … Ouais, je sais, je suis bizarre… Mais c’est ce que je recherche dans l’Industriel, cette ambiance martiale, dure et imparable. 

Et c’est comme ça tout du long. Du moins, jusqu’au troisième morceau. Les 3 premiers sont bien motivants, bien lourds… Puis arrive une sorte de cassure avec « Too late ». Tout aussi martiale que les précédentes mais avec une ambiance plus… posée, je dirais. Ça donne l’impression que Screamers est chapitré. 

Après celle-ci, ça repart ! « Psychedelic Trip »… Et bin elle porte parfaitement son nom ! C’est un voyage qui rappelle énormément Killing Joke. Et ça, ça me plaît ! Mais il n’y a pas que les deux groupes précédemment cités (Ministry et Killing Joke pour ceux qui suivraient pas),  j’aurais juré entendre « Living dead Girl » en la « personne » de la track « Machine ». 

Il est indéniable que la bande a fortement été influencée par le Metal Industriel Américain. Et à mon avis, c’est réciproque. Cet ouvrage est un retour aux sources de ce qui a fait la grandeur de ce style, et honnêtement, ça fait plaisir. Mais comment savoir si tout ce que je viens de vous dire n’est pas une erreur de ma part ? Et bien en allant faire une interview du chanteur, Marco !

INTERVIEW:

Moi : Ok, on est avec Marco de Treponem Pal. Première question et pour moi, c’est la plus importante : comment ça va ?

Marco : Ça va, la forme. On est content d’avoir ce nouveau label, At(h)ome, qui ont l’air d’y croire, à ce retour. On prépare les concerts à venir donc on répète énormément. On a une nouvelle équipe avec Bastien, Nicky… On est fin prêt pour le live et on espère bien donner le maximum.

Moi : Votre dernier album date de 2017, c’est ça ?

Ma : Ouais c’est ça. Rockers Vibes qui est à moitié un album de reprises.

Moi : Donc, j’ai envie de dire que c’est le renouveau du groupe …

Ma : Oui…on peut dire ça, oui. Retour aux sources. Un peu dans l’esprit de notre 3ème album qui avait eu pas mal de succès à l’époque avec « Higher » qui est sorti après. Y’a des influences Hardcore Metal, Anarcho Punk, un côté plus psychédélique aussi, un côté industriel… mais ça c’est notre sauce.

Moi : D’autant qu’on peut dire que vous êtes le premier groupe de Metal Industriel français…

Ma : Ouais. Y’avait eu des choses plus Rock avant, avec des groupes comme NOX. On s’est formé en 1986.

Moi : De mon avis perso, j’ai beaucoup apprécié l’album car je trouve qu’il respire énormément le Metal Industriel américain à la Ministry

Ma : Et bien, Ministry n’a jamais vraiment été une influence pour nous. On a évolué en même temps. On a bossé ensemble en 92 : moi et Michel, on a été là bas pour jouer avec eux. Al Jourgensen s’est mis à vraiment faire ce côté industriel en 1987. Avant ce qu’il faisait, c’était de l’électro. En 97, il s’affiche vraiment avec des guitares Heavy et riffs très industriels. Si tu veux, on a participé à créer ce mouvement. On venait tous, plus ou moins, du mouvement Punk. Donc on avait envie d’inventer quelque chose de survitaminé plutôt que de rester dans les carcans classiques. Donc des groupes comme The young Gods, Ministry, Godflesh, Prong… on est arrivé en même temps, chacun, par hasard, avec le même feeling. Un truc un peu plus violent, un peu plus habité…Plus habité que de faire du ressassé de Punk, de Rock comme il en existe depuis toujours. Dans Treponem Pal et dans les autres groupes que je viens de citer, on a des influences diverses. Par exemple, on est des gens qui aimons le Hip-Hop, le Reggae, la musique industrielle à proprement parler, voire même la musique classique. Du coup, on puise dans tout ça. Ce qui donne cette dissonance, ces répétitions, cette forme de transe…

Moi : Tant qu’à parler de groupe qui ne sont pas réellement dans le Metal, je trouve que Treponem Pal ressemble pas mal à Killing Joke.

Ma : Oui! Bien sûr ! On a tourné avec eux. Ils nous ont invités à tourner avec eux après la mort de Paul Raven, leur bassiste, qui était venu jouer sur notre album Weird Machine. Mais c’est clair qu’ils font partie de nos influences.

Moi : Et concernant le Metal Industriel actuel, y’a des groupes qui t’intéressent ?

Ma : Bin écoute… je suis l’actualité, je suis curieux quand d’autres groupes dans la même veine que nous sortent des albums. Mais, à proprement parler, je n’écoute pas tellement ce genre de musique. Je suis pas en recherche de quelque chose qui nous ressemble, si tu veux. Cela dit, comme je viens de te le dire, je reste curieux. J’aime bien Punish Yourself, Shaarghott pour la France. Ils sont bons dans le genre. Après à l’étranger, je sais pas trop. Je reste sur des valeurs sûres comme Nine Inch Nails, avec qui on a tourné aussi. Mes goûts à proprement parler, tu serais assez surpris. J’écoute beaucoup de musique des années 70, des groupes comme Funkadelic, énormément de musique noire et de Reggae Dub.

Moi : Après, chacun est libre d’écouter ce qu’il veut, comme on dit.

Ma : Voilà ! On a chacun besoin d’écouter autre chose pour faire quelque chose de neuf, et pas reproduire ce que les autres font. Par exemple, dans ma voix, y’a des lignes de chant que j’ai qui proviennent du Reggae Dub que j’ai mis avec ma voix cassée qui crée des espèces de mélodies, si on peut dire, comme pour »Heavy Load », par exemple.

Moi : C’est vrai que c’est assez planant, parfois. Par exemple « Crazy Woman ».

Ma : Oui. « Too Late », aussi. Dont le clip sortira d’ailleurs en même temps que l’album.

Moi : Je sais pas si tu vas bien le prendre, mais la musique « Screamers » me rappelle beaucoup le morceau « Links 2 3 4 » de Rammstein. Le côté martial, cadence militaire, tout ça…

Ma : Alors, je connais pas ce morceau de Rammstein, mais oui. On a toujours eu ce côté martial.

Moi : Tu as dis que « Screamers » et « Too late », c’était deux mondes différents. Mais pourquoi avoir choisi ces deux là pour en faire des clips ?

Ma : Premièrement, on a sorti « Screamers », car on s’est dit que c’était la plus évidente, le plus reconnaissable pour Treponem Pal. Par contre « Too late », c’est carrément froid, et c’est une sorte de retour à certains titres qu’on a fait sur Aggravation. Très sombre, mais ça nous correspond aussi. Dans nos titres, y’a des côtés très positifs, qui vont de l’avant comme « Machine », même « Crazy Woman »… mais on a un côté schizophrène dans ce qu’on fait : on passe d’un côté positif à un côté très sombre. On se contrôle pas, ça vient comme ça et on se fait plaisir.

Moi : Dans tout l’album, ta préférée ?

Ma: Alors, y’a « The Fall », avec des paroles sur la chute de Babylone, et « Too late ». Par exemple, « Too late », comment tu la ressens ?

Moi : Et bien, je l’apprécie, mais pas pour les mêmes raisons. C’est la quatrième de l’album, et elle suit 3 autres sons qui sont bien tabassants. Et elle fait vraiment cassure.

Ma : Et bien, c’est ce qu’on cherchait! Et c’est ce qu’il se passera en live. On commencera avec les gaz à bloc et BOOM, tu casses l’ambiance. Et on recommence.

Moi : Concernant le live, vous êtes programmés au Hellfest.

Ma : Alors oui, mais on a aussi validé plusieurs dates avant. On sera le 4 Mai à Paris, à La Maroquinerie, le 12 Mai à Rouen, le 13 Mai au Black Lab de Wasquehal avec Combichrist, le 26 on sera à Strasbourg à La Laiterie, le 1er Juin à Lyon. D’autres dates doivent tomber, mais c’est pas encore confirmé.

Moi : Pour rester sur le Hellfest, vous avez fait les premières éditions.

Ma : Ouais. On a joué en 2008 et en 2013.

Moi : Tu as eu l’occasion d’y retourner en tant que festivalier ?

Ma : Alors là, pas du tout ! Parce que je ne sors plus beaucoup, c’est la réalité. Je vais voir très peu de concerts, contrairement à auparavant où j’en faisais plein et où je vivais la nuit. Maintenant, je préfère passer du temps avec ma chérie et mon chat. Mais comme je te l’ai dit, je reste curieux à travers Internet.

Moi : C’est donc la première fois que vous bossez avec At(h)ome. Comment la collaboration s’est passée ?

Ma : En fait, on les a abordés et très rapidement, ils nous ont dit qu’ils étaient très intéressés. Et en fait, on s’est dit non, car on trouvait que l’album ne tenait pas la route. Donc on est rentré dans le silence. Et 9 mois après, on est revenu vers eux en disant que l’album tenait mieux, et on leur a demandé ce qu’ils en pensaient. Ils ont écoutés, et le lendemain, c’était vendu. Olivier de At(h)ome est une bonne connaissance. Le démarrage pour la promo, qu’ils sont en train de faire, c’est vraiment pro. C’est un label sérieux.

Moi : J’ai reçu le CD promo de Screamers, et je trouve que ça fait vachement asiatique.

Ma : Ah mais, c’est tiré du tatouage japonais. J’en suis fan. En fait, c’est la deuxième collaboration, la première étant Survival Sounds. C’était un artiste tatoueur qui s’appelait Keuns, qui travaillait à Uthopia Tatoo à Poitiers. Il m’a tatoué et je l’ai ambiancé pour qu’il fasse la pochette de Survival Sounds. C’était un Baku, et en fait, c’est un chasseur de cauchemar dans la culture japonaise. Et après, avec Rafto, qui m’as tatoué aussi, et avec qui je suis devenu ami, je lui ai demandé pour Screamers si il pouvait me faire un démon. Je suis fan de tatouage et si jamais t’as envie de voir de belles pièces, va voir le travail de Shige. Ultra psyché, façon japonais, il est incroyable.

Moi : Un groupe français avec qui tu aimerais partager une affiche ?

Ma : Et bien, déjà jouer avec Combichrist, c’est bien ! Après, pour une affiche, on n’est pas regardant. Y’a plein de groupes avec qui on aimerait rejouer. J’adorerais rejouer avec nos amis de Prong, de Ministry évidemment… Jouer avec Lofofora, ça nous éclaterait aussi. Mais y’a deux groupes français que je kiff, c’est Slift et Lion’s Law.

Moi : Je vous verrais bien avec Tambours du Bronx ou niveau international, Oomph !

Ma : Ça serait un plaisir ! On a bossé avec eux y’a 30 ans de ça mais avec la nouvelle formation, ça pourrait être mortel. Et Oomph !, j’aime bien, c’est un bon groupe, et partager l’affiche avec des classiques comme ça, oui, carrément.

Moi : Je vais pas t’emmerder plus longtemps. Merci énormément pour ton temps

Ma : C’est moi qui te remercie !