Rencontre avec le très prometteur groupe (signifiant groupe à suivre de près ndlr) Mirizon, lors de leur passage en Off du Hellfest 2022. Nul doute que l’on devrait les voir se produire sur les scènes du festival dans les années à venir.
Mad Breizh : Salut à tous, aujourd’hui nous sommes avec le groupe Mirizon, dans le cadre de leur passage en Off du Hellfest Open Air 2022. Merci les gars de nous accorder un peu de votre temps.
Mirizon : Salut, merci à toi.
MB : Dans un premier temps, pouvez-vous vous présenter ?
Martin : Enchanté, je suis Martin, chanteur et guitariste de Mirizon.
Mathieu : Moi je suis Mathieu, chanteur screamer et actuellement booker pour le groupe.
Jules : Et moi je suis violoniste, et puis on a aussi un batteur qui n’est pas là et puis un bassiste. Voilà.
MB : Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment vous vous êtes rencontrés ?
Martin : À la base, Mathieu, Jules et moi, on faisait de la musique dans un autre groupe avant, et puis on a voulu se mettre au métal parce que c’était ce qu’on écoutait le plus, etc… Donc on a commencé ce projet-là, on a rencontré Louis, le bassiste, qui a intégré le groupe, puis Antoine, le batteur. C’est à partir du moment où nous avons été tous les 5, que nous avons créé Mirizon.
MB : Et ça c’était en 2019 ?
Martin : Oui c’est ça, début 2019.
MB : La grosse particularité de votre groupe c’est d’avoir un violoniste, comment avez vous intégré un violoniste dans un groupe de metalcore ?
Jules : Comme disait Martin, on était dans un groupe, ensemble, avant. Et on jouait plus du rock, c’est après qu’on a évolué vers le métal et puis je suis resté dans le groupe et on a adapté la musique, en gardant le violon parce que je ne joue que du violon et puis après ça s’est fait un peu naturellement en fait. Comme on dit souvent, ça demande une écriture un peu particulière pour intégrer le violon, on tâtonne un petit peu, des fois on voit si c’est pertinent de mettre du violon absolument partout ou si on en met seulement à certains endroits importants, voilà.
MB : J’aime bien demander comment vous avez débuté la musique ? Et comment vous êtes arrivés au métal ?
Jules : Alors je veux bien continuer, je faisais donc du classique, j’ai commencé dans une école de musique, après au conservatoire. Je suis entré dans le groupe ensuite, j’ai continué le classique en parallèle, jusqu’à l’année dernière. Et voilà…. J’ai toujours fait les 2 en parallèle en fait. Les 2 styles en parallèle.
MB : Et tu écoutais du métal et du rock ?
Jules : Pas particulièrement en fait, j’ai découvert avec les gars. Mais euh… J’écoute plus du classique d’ailleurs encore aujourd’hui. Et même d’autres styles de musique, parce qu’en violon on a pas mal de répertoire… Musiques de l’Est, des choses comme ça.
Martin : Moi à la base, j’ai fait de la guitare classique pendant 10 ans en école de musique et en parallèle de ça, j’ai eu une éducation musicale de mes parents en écoutant du rock années 80/90, The Police, U2 et tous les groupes dans cette veine-là. Et puis, petit à petit, je me suis mis au métal avec l’aide de Mathieu notamment, qui s’y est mis avant moi. Et puis, voilà on s’est dit « en jouer ça pourrait être cool aussi », mais en parallèle je fais aussi des études classiques, je suis au conservatoire de Nantes en chant lyrique, pour perfectionner la technique. Ça permet aussi de garder d’autres horizons qui permettent de stimuler la créativité.
Mathieu : Ouais, et donc du coup pour moi ça a été un parcours un peu classique au début. Années 80 avec les parents dans la voiture, papa qui écoute du rock aussi… à l’ancienne. Et puis après j’ai un oncle qui était beaucoup plus dans le rock, un peu métal aussi et qui m’a fait découvrir ça. Sinon YouTube, ou en fait on se balade et on tombe sur…. Je suis tombé sur du métal, metalcore au début et l’univers m’a beaucoup plus. Le fait qu’il y ait du scream, que ce soit un peu énervé, c’est le moment où on est au collège, au lycée, on se dit « je suis un rebel, j’écoute ça » …
Rires.
J’ai commencé comme ça et j’ai fait de la batterie pendant 10 ans et euh… à un moment quand on a transitionné avec le groupe, vers du metalcore et qu’il nous fallait un screamer, il n’y avait que moi qui savait… qui commençait à screamer en autodidacte. Donc j’ai arrêté la batterie pour pouvoir me concentrer là-dessus et faire les 2 en même temps était compliqué. Voilà, c’est le parcours à peu près.
MB : Quels sont vos influences, pour ce groupe, que ce soit musicales, cinématographiques, sociétales, n’importe quoi.
Mathieu : Pour le groupe, ce qui est bien c’est qu’on est 5 membres, avec une histoire musicale et donc des influences musicales très diverses. Jules disait tout à l’heure que lui c’est très classique, il vient du classique musicalement. Martin lui à la basse c’est beaucoup plus rock, metal, un peu pop rock. Un très grand fan de Muse. Pour moi c’était le rock, le métal, beaucoup de rap aussi aujourd’hui, français, américain. Pour notre bassiste, il y a du jazz, de la pop américaine, Billie Eilish par exemple. Et pour Antoine, notre batteur, je ne sais pas si c’est un truc de batteur mais ça va être beaucoup plus bourrin. Du death, du black, des trucs qui envoient… du hardcore aussi. Donc en fait on prend toutes ses influences musicales, alors on ne les mélange pas toutes parce qu’évidemment ça ne donnerait pas grand-chose, mais on essaie d’en tirer le meilleur, de mettre des petites touches par ci, par-là, qui font que… sur une base metalcore, on incorpore ces touches et on essaie de faire en sorte que ça fasse quelque chose d’unique, où les gens vont retenir en se disant « tiens ça, ça sonne comme Mirizon ». Mais sinon cinématographiquement, je ne sais pas s’ il y a des influences.
Martin : Il n’y a pas d’influences voulues particulièrement en tout cas, après je sais que je suis un peu cinéphile, Louis le bassiste l’est aussi un peu. Donc oui. Jules lit beaucoup, moi aussi, donc forcément que ça doit se retranscrire à un moment, que ce soit dans l’écriture ou dans l’imaginaire global
MB : Si on se rencontre aujourd’hui c’est grâce au label M&O Music, comment s’est passé cette rencontre ?
Martin : En fait, en 2019, on a sorti un ep autoproduit, on avait tout fait nous-même, enregistré dans notre chambre à l’arrache. Et on l’a envoyé à un certain nombre de personnes, on a récupéré des noms de professionnels du milieu etc. Et on a eu des retours, notamment de M&O Music, qui nous a dit « les gars si vous faites un album, moi je serais chaud pour vous prendre dans le label, tenez-moi au courant ». Et puis régulièrement il revenait nous voir en mode intéressé donc on s’est dit que c’était sérieux. Et puis, quand on s’est lancé dans l’aventure de l’album, avec HK Krauss du Vamacara Studio et Frédéric Leclerc, actuellement créateur Sinsaenum et anciennement de Dragon force, bah ça s’est fait assez naturellement. On a dit « on a l’album », « let’s go les gars je vous prends » et on a signé avec M&O.
MB : On sort un peu d’une période compliquée, mais au final en tant que groupe vous n’avez connu que ça quasiment, comment vous avez vécu cette période ? Comment on fait la promo d’un album, sans pouvoir le défendre en live ?
Martin : La période des premiers confinements ne nous a pas forcément impacté directement car la pré-production de l’album était déjà finie, les maquettes étaient déjà finalisées et étaient prêtes à envoyer pour l’arrangement. Les autres confinements nous ont un peu plus embêtés d’un point de vue date, justement, parce qu’il y avait pas mal de concerts annulés, reportés. Et donc on a dû faire la sortie de l’album pendant la pandémie, pendant qu’il n’y avait pas de concerts et aucun moyen de promouvoir, à part sur les réseaux sociaux notamment. On a essayé d’être très présents sur Insta, sur Facebook, sur YouTube. On a sorti pas mal de clips, des clips animés aussi, on a fait des live sessions, tout fait par nous-mêmes aussi, avec l’aide d’une salle sur Nantes, Le Michelet qui n’existe plus d’ailleurs. On a dû être très présents sur les réseaux parce qu’on ne pouvait pas, justement, connaître cette vie de groupe en concert. Vie que l’on connaît depuis la reprise. On a 10, 15 dates, du début de l’année jusqu’à décembre, donc ça c’est vraiment cool, ça nous permet aussi de créer un truc qu’on n’a pas pu faire avant, c’est une vie de groupe et une osmose, qui se créent uniquement en faisant des concerts, en jouant et en tournant ensemble.
MB : Concernant la composition des morceaux, comment travaillez-vous ensemble ?
Martin : Alors je fais la majorité de l’écriture, sur le premier c’est ce qui s’est passé. Mathieu en a écrit un peu aussi, il est intervenu sur certains morceaux. Et pour la suite ça va se faire pareil, nous 2 pour l’écriture des textes, j’ai pas mal de facilités pour l’écriture et Mathieu a plus de facilité à trouver des lignes de chants etc… Donc notre combinaison marche pas mal là-dessus. Donc c’est comme ça que ça va se faire sur le deuxième album aussi, peut être que tu auras un peu plus de texte aussi Mathieu. On verra en fonction de comment ça va venir et des influences qu’on va avoir.
MB : Vous intégrez le violon dans un second temps sur les morceaux ?
Martin : Bah ça dépend, sur le premier album ça se faisait soit après, une fois que le morceau était fini, soit des fois ça venait en même temps. On se disait, on a un lead, ça pourrait être le violon plutôt qu’une guitare, même si au studio après on a réfléchi différemment, mais des fois ça venait en même temps. Jules tu peux peut-être parler du travail du violon.
Jules : En fait ce qui se passe, c’est que Martin des fois il a des idées pour le violon, donc il m’en parle. Voir même des fois il a prévu tout un ensemble… tout un travail autour du violon, dans ce cas je teste, et puis si ça me va on valide quoi. Et après, ce qu’on fait des fois, ce que Martin aime bien faire, c’est des répétitions uniquement composition. Des fois on prend beaucoup de temps à se voir uniquement pour composer ensemble. Et donc dans ce cas c’est vraiment un travail qui se fait morceau par morceau, où on teste. On teste quand quelqu’un à une idée il la dit. Et même sans parler du violon, il y a pu avoir des chansons aussi ou on bloquait sur une partie, soit une voix, soit sur machin… puis un des membres du groupe donne une idée, et on fait ça en collaboration. Voilà, il y a plusieurs manières de faire, soit chacun dans son coin et puis après on en parle, ou tous ensemble.
MB : Donc vous avez un peu abordé le sujet du deuxième album, quels sont vos projets à venir ?
Martin : Alors on a recommencé le travail, on a commencé l’écriture entre guillemets, mais on veut vraiment se donner le temps de faire ça bien, donc on va prendre le temps de faire les choses. Qu’on fasse quelque chose qui nous convienne vraiment dont on soit fiers. Donc on va vraiment prendre le temps, ça ne va pas venir tout de suite, mais on a commencé à travailler. 2023, 2024, on espère avoir un album.
MB : Dans 15 ans on vous retrouve où ?
Martin : Bahhhh, genre à 150m là, sur la MS1 ou MS2. Rires. Réponse facile j’avoue.
Mathieu : Évidemment c’est l’objectif, pas juste passer au Hellfest, mais ça répond aussi à ta question sur les projets, là on a recommencé l’écriture, le projet majeur est de faire tourner un maximum l’album et le groupe en France. On essaie aussi l’Europe de l’Est car il y a une ouverture, notamment de la scène underground française. Donc ouais le but c’est de faire des concerts, d’avoir un projet qui tient la route, on ne se cache pas qu’on a des ambitions de ce côté-là. Mais d’y aller petit à petit. C’est-à-dire que, Martin rigolait la dessus mais, très sincèrement dans un coin de notre tête… là on a fait le Off cette année, pourquoi pas le Metal Corner dans 2 ou 3 ans, et après monter petit à petit sur Altar, peut être la Warzone si on a un deuxième album plus violent, c’est des objectifs et je pense que toute personne qui a envie de vivre de ça a forcément dans un coin de sa tête des objectifs comme le Hellfest, comme d’autres festivals. Ça fait partie du jeu.
MB : Pour terminer, pouvez-vous nous conseiller chacun, 3 albums à écouter.
Mathieu : En album récent, Resolve, groupe français lyonnais qui a signé chez Rising et qui commence à monter. Leur dernier album Between Me And The Machine qui est vraiment très très bien.
Un coup de cœur, ça fait un moment mais ils sont en train de revenir sur le devant de la scène, l’album Trauma de I Prevail. Ils ont sorti un single récemment donc voilà, je fais de la pub aussi.
Et… je vais aller côté rap, alors rap américain, c’est l’album d’un rappeur qui s’appelle NF donc il n’a pas besoin de pub mais…. Qui s’appelle Mention. Mais pour moi c’est vraiment un très bon album de rap conscient, pour les gens qui connaissent un peu le milieu, je pense que ça peut être sympa.
Martin : euuuuuuh, 3 albums. J’en ai en tête. Je vais commencer par le premier album de Spiritbox, qui est vraiment excellent, pur metalcore. Je dirais aussi The Dark Pool de Thornhill et Trench de Twenty Ones Pilots.
Jules : Alors puisqu’il en faut 3, en premier je dirais le dernier album de Gojira, voilà. Et puis alors les deux autres je pense au Stabat Mater de Vivaldi, chanté par Jakub Józef Orliński voilà, sinon Quatuor Pour La Fin Du Temps, enregistré avec Janine Jansen au violon et puis Martin Fröst je crois, à la clarinette.
MB : Merci beaucoup, bonne chance avec vos supers projets, vous tenez vraiment quelque chose d’original et d’abouti.
Martin : Merci beaucoup.