il y a de ces personnes qui, au travers de différents médias (télévision, presse, cinéma) vous parlent, vous passionnent… Pour ma part le Magazine Mad Movies a été un déclencheur aussi bien culturellement que dans mon travail aujourd’hui. Comprenez ma surprise quand dans les allées du market je tombe nez à nez avec l’une des personnes que je respecte le plus dans le milieu de la presse ! Je ne puis m’empêcher de lui demander un interview et donc la voici !
Salut Rurik, ça fait super plaisir de pouvoir t’interviewer ! Pourrais-tu d’abord te présenter à nos lecteurs ?
Écoute, j’ai fait pas mal de choses depuis 15/17 ans. J’ai travaillé dans la presse cinéma
d’horreur/fantastique/metal, j’ai pu participer à des émissions télé comme « Plus ou moins geek », j’ai présenté énormément d’émissions sur le web pour Mad Movies/Metaluna /Distorsion. J’ai aussi été le dernier rédacteur en chef de Hard’n’Heavy, avec une équipe dont certains me suivront d’ailleurs jusqu’au magazine Metaluna que je ferai par la suite, puis Distorsion. Depuis quelques temps, mes activités sont davantage consacrées au travail d’acteur et de musicien, que j’ai toujours fait en parallèle
Veux-tu nous parler de Distorsion ?
Distorsion c’est une sorte de mouvement. C’est aussi la revue dont je m’occupe en tant qu’éditeur et rédacteur en chef, et qui a vu le jour à la suite de l’arrêt de Metaluna. Un jour, Jean-Pierre Putters, le créateur de Mad Movies, est venu me voir en me proposant de faire un magazine avec lui. Du coup, j’ai ramené mon univers avec le cinéma de genre -que JPP avait déjà bien sûr-, le metal, et tout ce qui se balade entre les deux, comme par exemple le graphisme un peu fou. Metaluna a existé pendant un an et demi, puis Distorsion est né sur ses cendres, mais avec une sortie en librairie plutôt qu’en kiosque. On vient même de créer un département production qui s’appelle La Distorsion Parallèle, et on a aussi publié un bouquin l’année dernière, « Le cinéma français c’est de la merde ! », qui s’attarde sur les films français les plus intéressants, rares, ou mésestimés, de tous les genres et de toutes les époques.
Comme tu l’as dit, le monde du metal et du cinéma sont parfois liés. À l’heure actuelle, y’a t-il des choses qui te parlent et qui touchent très bien les deux tableaux ?
Hmmm… Quand je vais voir Ultra Vomit en concert, et qu’ils reprennent le thème de Predator, je trouve ça génial. Il y a d’autres groupes qui se lancent dans le ciné-concert, un peu, mais finalement beaucoup tâtonnent encore sur ce terrain, et au final on trouve assez peu de connaisseurs..
Tu trouves que ça n’est pas abouti ?
Pas du tout, mais si tu veux, actuellement un spécialiste de cinéma est rarement aussi spécialiste de musique. Et vice-versa. Alors ça ne va jamais assez loin, pour moi. Même si dans le metal on trouve une certaine ouverture d’esprit, c’est vrai.. Davantage que dans les festivals de cinéma en fait, où les gens restent très « cinoche ». Par exemple dans Metaluna, on a eu droit à des « ouais, y’a trop de musique dedans… », juste parce que les mecs qui achètent des mag’ « de cinéma » ne veulent y voir que ça !
Perso, je trouvais ça génial !
Tout a fait d’accord avec toi… (rires) Mais c’est pas toujours évident. Avec mon groupe Fugu dal Bronx, on fait des ciné-concerts instrumentaux heavy/noise, avec des images de films derrière, donc. On kifferait passer au Motocultor, ils n’en ont jamais programmé…
Après il n’y a jamais eu de ciné-concert à proprement parler mais l’année dernière il y avait Carpenteur Brut que tu connais sûrement ! Il produit une musique typée 70/80′ avec des images de films gores ou cultes de l’époque. Mais je reviens dessus avec le groupe Year of No Light que tu connais sûrement aussi, qui à réalisé un album concept sur le Vampyr de Carl Dreyer où ils refont l’intégralité du film en musique sur album. Du coup ma question est-ce qu’il y a des projets actuels qui te parlent ?
Putain je pourrai pas te dire, sur le moment là. Il y a quelques années, j’avais vu 7 weeks qui avait joué sur Le Mort-Vivant de Bob Clark. Mais franchement j’ai du mal à te sortir un truc (rires).
Moi je pensais un groupe même vieux ou n’existant plus, comme Necrophagia qui adorait faire des court-métrages gores pour accompagner sa musique.
Effectivement, et tu as même le groupe Warbeast, produit par Phil Anselmo, qui a sorti un court-métrage d’horreur récemment. Mais Anselmo c’est son truc : tu sais, une fois j’ai du l’appeler pour une interview, et il est resté me parler et me détailler toutes les VHS qu’il avait sous les yeux (rires). D’ailleurs, en parlant de court-métrage et de Carpenter Brut, j’ai joué dans le court-métrage Escape from Midwich Valley de PH Debiès, dans lequel j’ai une gueule d’homme-poisson. C’est basé sur Lovecraft.
Je vais te poser une petite question qui me taraude, qui pour le coup est plus cinéma que musique. Mais que penses-tu, non pas du principe du remake, mais du revival ?
A titre personnel, ça ne m’intéresse pas beaucoup. Après, la vraie raison d’être de ces choses, c’est l’argent. Il n’y a pas d’autres raisons : les gens à Hollywood pensent que c’est une formule, que si un film, un concept a eu du succès, il en aura encore… Ça ne va pas plus loin que ça. Tu as aussi des mecs qui rendent hommage, et je le comprends, mais je trouve ça dommage. C’est un peu comme si tu voulais faire « comme papa », sans vouloir créer ton propre univers. Parfois on trouve quand même des remakes qui défoncent -je pense à The Thing de Carpenter par exemple, c’en est un- mais je préfère le principe de « suite », qui est un peu con mais rigolo, au remake débile sans intérêt.
Le style dit de « post/core/metal/rock » est un genre très atmosphérique, emprunt d’émotions et souvent instrumental. Est-ce un style qui finalement te parle plus qu’un autre ?
Alors bizarrement, même si on en trouve des relents dans Fugu, je ne l’écoute pas plus que ça (rires).. J’ai des vinyles de groupes que j’ai jamais ouverts, comme Monarch…
Que j’interviewe tout à l’heure d’ailleurs !
C’est pas vrai, ils jouent tout à l’heure ? Cool ! Ce sont des groupes intenses, lourds, puissants, et pour les écouter il faut vraiment que je sois dans de bonnes dispositions. Car j’ai un rapport très privé avec la musique. Pour moi c’est très fort, et je me dois de l’écouter de la meilleure façon, au bon moment. La musique, pour moi, c’est plus fort que le cinéma.
Avez-vous prévu de sortir quelque chose bientôt, avec Fugu Dal Bronx ?
C’est prévu, oui, ça prend son temps mais un album est en route, pour faire suite à l’EP « Ti Nedo to xtro » et à notre titre « Le Corps de mon ennemi » sur la compil’ Distornoïz l’année dernière. Et je viens juste de sortir mon premier disque solo. C’est un regroupement des deux bandes-sons que j’ai faites pour deux expo au Japon, en 2016 et 2017, des expos sombres regroupant plusieurs artistes sur la thématique du Necronomicon de Lovecraft. À en juger par les réactions des gens, je dirais que le disque se situe entre le « dark ambiant » et la musique de film, des ambiances qui racontent des sortes d’histoires… Il y a des passages poisseux, lourds et étouffants, et d’autres plus intimistes. L’album s’appelle « Quatre semaines dans la pénombre », ce qui décrit assez bien la situation puisque ces deux expositions se passaient.. dans le noir complet ! Le disque est dispo en physique et en streaming sur rurik.bandcamp.com, et sur www.Distore.tv notamment.
Dernière question, enfin ! (rires)… Est-ce que tu peux me donner ton coup de cœur musical et cinéma du moment ?
Alors, ça ne sera pas 31 de Rob Zombie (rires) malheureusement, car j’aime bien ce mec, mais son dernier film c’est vraiment pas ça. Mon coup de cœur cinéma est un peu vieux, c’est La fille du 14 Juillet de Antonin Peretjako. Un film français complètement barré, surréaliste, et j’ai rarement autant rigolé de récente mémoire. Niveau skeud, le dernier Jamiroquai (rires). La pochette du dernier Anathema, « The Optimist », a un coté très Lynch, et je me suis fait un putain de film rien qu’avec cette image. Mais l’album est chiant.
Ben écoute, merci beaucoup et en espérant te voir à un concert de Fugu !
NICOLAS pour Mad Breizh