Rencontre avec le plus français des duos américains, Tarah Who ? Les filles nous ont fait l’honneur de passer quelques instants avec nous lors de leur passage en Off du Hellfest 2022. En espérant les revoir sur une des scènes du festival dans quelques temps.
Mad Breizh : Bonjour, merci de nous accorder un peu de temps pour Mad Breizh.
Tarah : Bien sûr.
MB : Dans un premier temps, comment allez-vous ? Comment s’est passé votre concert hier en Off du Hellfest ?
Tarah : C’était bien, c’était bien, premier Hellfest, bonne réponse je pense, c’était très drôle, très chaud mais très drôle.
MB : Pouvez-vous nous présenter, ce duo qu’est Tarah Who ?
Tarah : Alors moi je suis Tarah, j’ai commencé le projet en 2006 à Los Angeles et Coco.
Coralie : Coco, la batteuse, j’ai rejoint le groupe il y a 5 ans maintenant, en 2017.
MB : Comment s’est fait votre rencontre ?
Coralie : Alors, on était amis sur Facebook, parce qu’on avait des amis, surtout des batteurs, en commun sur Paris. Et quand j’ai su que j’allais aller étudier à Los Angeles, je lui ai envoyé un message parce que j’ai vu qu’elle habitait là-bas, pour avoir des petits conseils par rapport à la vie et tout ça. Et quelques mois après, elle m’a recontacté en me disant qu’il y avait une sortie d’EP et si je voulais aller le voir quoi. Après ça, elle m’a dit qu’elle cherchait à nouveau une batteuse et puis voilà.
MB : Et du coup vous êtes françaises d’origine toutes les 2 ?
Coralie : Oui, Bretagne pour moi.
Tarah : Et moi de Paris, mais depuis que j’ai 10 ans je vais beaucoup aux États-Unis et à 15 ans je vivais dans le Kentucky. Je suis revenue pour le lycée et je suis à Los Angeles depuis 2006.
MB : Ah c’est pour ça que je pensais que tu étais originaire des US, on ne détecte pas d’accent dans ton anglais.
Tarah : Ah c’est gentil.
MB : D’où vient cette volonté de rester un duo ? C’est la première fois que je vous voyais et vous utilisez des samples pour certaines parties de basse ou autre, mais il y a quand même une volonté de rester un duo ?
Tarah : Ouais, en fait c’est arrivé par hasard, en septembre 2019, on avait un bassiste, oui c’était juste avant le covid donc 2019, et en fait c’était la merde quoi. On devait jouer pour plusieurs dates en Angleterre et quelques-unes en France et Belgique. Coco attendait sa carte verte permanente, donc elle ne pouvait pas vraiment sortir du pays. Et puis 1 semaine avant le départ, on avait tout bien préparé, en plus on avait une date à Plédran pour Coralie, bon malheureusement elle ne pouvait pas venir, mais on voulait quand même représenter ce qu’elle fait aux États-Unis là-bas. Et là le bassiste, une semaine avant, dit qu’il ne peut pas venir… Pour des raisons pas très excusées à mon goût…. Bref. Et en fait j’ai eu que quelques jours pour soit trouver un nouveau bassiste, ou une nouvelle bassiste, qui devrait apprendre 20 nouvelles chansons, 3 sets différents en fait, en 1 semaine. Ou alors je récupère les samples, et je refais des basses et je pars avec ça. Mais c’était aussi, pour moi qui ne suis pas du tout ingé son, trouver comment faire marcher le truc. Donc déjà on avait Janet, qui joue dans d’autres groupes, c’est assez drôle en fait, donc Janet avait des concerts aux États-Unis, Coco a donc remplacé Janet sur ces dates et Janet a remplacé Coco. Mais elle a appris le set en 1 semaine et on a commencé avec les samples de basses. En rentrant on avait une tournée du côté d’Atlanta et je ne savais pas encore si j’allais recontacter l’ancien bassiste ou pas. Et puis il nous a fait un truc à la con, du style je peux faire ces dates-là, mais pas ces dates-là. Donc je lui ai dit, « écoute mec, c’est tu viens ou tu ne viens pas en fait. On est indépendants, tu vis le truc avec nous ou tu ne le vis pas. Tu ne vas pas arriver et tout sera fait sur un plateau ».
Donc en fait, c’est beaucoup plus simple finalement. Le retour des gens est plus positif, ils voient 2 nanas qui envoie le pâté, on fait autant de bruit qu’un groupe de 4 (enfin on nous dit 6 mais voilà quoi). Rires. En fait normalement…. Ce que tu as vu hier, Coco était derrière car on est en mode festival, pour l’organisation, mais normalement elle est à côté de moi en fait. Et du coup il y a un meilleur jeu de scène et on ne ressent pas le manque. On ne se focalise pas du tout là-dessus en tout cas.
Les gens aiment beaucoup plus, tant qu’on n’a pas besoin et tant qu’on ne peut pas payer un bassiste, bah non on ne le fait pas. C’est plus simple d’avoir à faire à Coralie, « C’est bon tu es dispo, ok on le fait ». On s’entends bien, ça va vite. Les décisions se font vite.
MB : Pour rebondir donc, vous êtes un duo féminin, en ce moment en France il y a des mouvements du type « More women On Stage » qui sont en train d’émerger et de prendre de la place avec une volonté de voir plus de femmes sur les scènes rock et dans les concerts. Est-ce qu’il y a également cette prise de conscience aux Etat-Unis ?
Tarah : Ah oui carrément. Ça commençait déjà avec le Riot Girl au début des années 90. Après c’est pas du tout que c’était mort, je dirais que c’était plus endormi, mais avec tout ce qui se passe politiquement ça réveille les femmes. Et dans tous les milieux, pas seulement la musique. On se rends compte de plein de choses et aussi que les femmes peuvent faire du bruit et envoyer quoi. Et ce qui est cool c’est que c’est partout dans le monde. Ce n’est pas qu’aux Etats-Unis, c’est partout. Les filles savent jouer quoi.
MB : Comment vous décririez le son de Tarah Who ?
Tarah : Alors ça c’est toujours la question piège parce que je me fis plus à ce que je ressens et ce que je veux faire entendre, plutôt que de rester dans un seul style. Donc mes références c’est rock, grunge, punk des années 90, tout ce qui fait du bruit. Je ne suis pas du tout solo ni quoi que ce soit, mais coco elle est plus…
Coralie : metal symphonique plus.
MB : D’accord, d’où le tee-shirt de Nightwish.
Coco montre son tatouage « Nightwish ». Rires.
MB : Pouvez-vous nous parler de votre parcours musical perso ? Comment avez-vous débuté la musique pour en arriver là où vous êtes aujourd’hui ?
Tarah : Je suis autodidact à la base, en batterie, basse. J’ai appris la guitare quand j’ai voulu écrire les chansons. Encore une fois pour moi c’est plus une thérapie qu’autre chose en fait. Donc ce que je ressens, je l’écris. Ce que j’entends, c’est ce que j’essaie de transmettre en fait.
Coralie : Moi j’ai commencé la batterie, j’avais 10 ans, à l’école musicale de ma ville. Après ça je suis allée sur Paris, j’ai pris des cours avec Nicolas Bastos, l’Esprit Du Clan, Dagoba. Et du coup, avec lui j’ai découvert un peu plus, ce qui est plus extrême. Mais c’est mon oncle, quand j’avais 12 ans et que j’ai découvert Nightwish justement et c’est ça qui m’a vraiment ouvert la porte du metal. Après ça, à 21 ans, je suis parti à Los Angeles pour étudier au musician institute. Voilà. Moi c’est vraiment plus, j’ai pris des cours toute ma vie.
MB : Donc tu disais que c’est un peu une thérapie Tarah Who ? Mais qu’est ce qui influence le jeu, est ce qu’il y a des thèmes, dans les paroles par exemple, est ce qu’il y a des choses précises qui t’incitent à écrire un morceau ?
Tarah : En général c’est l’expérience personnelle, je dirais beaucoup d’injustice en fait. A chaque fois que j’ai à faire à de l’injustice ou du relationnel pas cool, ça va m’inspirer en général. Ce qu’on entend, Black Lives Matter… Là il y a un morceau qui va sortir, Royal Night, avec Laura, c’est un featuring avec une artiste parisienne, qui fait plein de projets que j’adore et c’est sur l’état psychologique des gens pendant le lockdown. On va faire un clip assez rigolo, qu’on va tourner dans un château du côté de Angers.
MB : Si vous pouviez choisir un groupe pour partir demain en tournée, vous choisissez qui ?
Tarah : Je sais ce qu’elle va dire…
Coralie : Rapport plus niveau personnel ou avec le groupe ?
MB : pour Tarah Who ?
Coralie : Je dirais L7. Dans ce genre, Distillers…
Tarah : ça va elle dit bien… L7. Je pensais qu’elle allait dire Nightwish. Rires. Mais oui effectivement pour coller à la musique on dirait L7 ou Distillers. Mais après, d’un point de vue personnel, pour aider les copains et copines, je dirais Yur Mum et puis Bala. C’est un duo en fait, ce serait que des duos. Bala c’est du vénère, franchement allez les voir, elles sont espagnoles et le rock en espagnol ça déchire. Et puis Yur Mum ce sont des UK mais en fait ils sont brésiliens, duo aussi et puis Tarah Who ? On se connaît tous déjà bien, ce serait du vénère.
MB : Ça tombe parfaitement bien puisque ma prochaine question est sur le duo que vous avez fait avec Yur Mum, Push Me, qui est sorti en début d’année. Un titre vraiment très cool, un clip très cool aussi, bravo. Pouvez-vous nous parler de ce projet ? Comment ça s’est fait ? Et comment on travaille avec 2 batteries ?
Tarah : En fait j’avais comme idée de faire le prochain album un peu en faisant participer les potes indépendants, du monde entier en fait. Pour plusieurs raisons, un quand on va le sortir ça va aider les 2 avec leur fanbase et notre fanbase, mais aussi pour montrer qu’on peut bosser ensemble. Qu’il n’y a pas de compétition entre les groupes indépendants. Au contraire, les groupes indépendants originaux n’ont aucune raison de se sentir en compétition. Donc c’était dans cet optique et puis aider encore une fois, les femmes dans le rock. Dans chaque chanson que l’on va avoir avec les featuring d’autre groupe, en fait c’est un peu le style des 2. Un peu de Tarah Who ?, un peu Yur Mum et puis les autres vous verrez mais c’est un peu les 2 à chaque fois. Pour la plupart j’ai écrit le titre et ils apportent leur graine, leur chant et tout ça. Mais pour simplifier le truc quand même, Coco et moi, on a fait toute la musique. Comme ça c’était plus simple pour n’envoyer que des voix. Pour gagner une espèce d’homogénéité dans le son.
MB : Et donc le jeu à 2 batteries…
Tarah : C’est juste pour le clip. C’est tout Coco. Purement visuel. T’a vu elle a fait des bêtes de chœurs par contre.
MB : Ouais, carrément. Vous êtes pas mal actives sur les réseaux sociaux, est ce qu’aujourd’hui il est important d’être actif sur ces plateformes ?
Tarah : Alors oui, en plus de ça moi j’adore. Rires. Je suis instagram, les autres réseaux sociaux je ne m’y connais pas trop en fait, ça m’intéresse moins. Nous on le fait, parce que je le fais naturellement. Mais oui pour d’autres groupes c’est important, évidemment, c’est une plateforme gratuite. Mais après, la difficulté c’est que vu que c’est gratuit, tout le monde y a accès et pour en sortir, c’est difficile. S’il n’y a pas le truc un peu viral qui ressort, tu peux proposer tout ce que tu veux, ça ne sert à rien. C’est bien et en même temps c’est dur. Je trouve.
MB : Un petit mot sur, à peu près, le dernier single sorti (au moment de l’interview ndlr), Asian Blood, que vous n’avez pas joué hier….
Tarah : Ah nan mais désolé… aujourd’hui il y a un titre qui est sorti.
MB : Donc Asian Blood, grosse tuerie, l’un de mes morceaux préférés.
Tarah : Ah cool, merci.
MB : Pouvez-vous nous parler du clip, qui est très cool. Êtes-vous derrière l’idée ? Sinon qui s’en est occupé ?
Tarah : On s’occupe de tout, on fait tout, dans le sens ou les idées viennent de nous. Maintenant, on a fait appel à un couple, qui est en Israël, Glendon et Isabella, et eux ils font que des truc cartoon un peu comme ça. Et en fait ça a collé tout de suite, je voulais juste un clip un peu différent. C’était par rapport au covid et au temps et au budget, ça allait être différent, je me suis dit c’est parfait on va pouvoir sortir ça et se focaliser et focaliser le reste du budget sur les autres clips qui seront à venir. C’était ça l’idée et en fait ils ont adoré le titre, ils sont complètement tordus, mais dans le bon sens, ils ont complètement compris le truc. C’est plein de métaphore….
MB : « tick tock tick tock, but not the fucking app… » Rires. Pour terminer, pouvez-vous nous conseiller 3 albums à écouter.
Tarah : Mon album préféré c’est Coral Fang des Distillers, et puis après je dirais Tarah Who ? le prochain à venir et puis celui qu’on vient de sortir.
Coralie : euh…..
MB : il va y avoir du Nightwish….
Coralie : C’est dur de choisir quel album… Rires. Je dirais que leur dernier est vraiment bien, Human Nature et celui d’avant Endless Forms Most Beautiful. Et le dernier je dirais Once, à cause de Ghost Love Score, qui est ma chanson préférée.
MB : Il me semble qu’il vous reste encore 3 dates en France…
Tarah : ….. Peut-être ouais. 3 ou 4.
MB : C’est quoi les projets ensuite ?
Tarah : En fait ce qu’on attend avec impatience, c’est de savoir…. On a peut-être un showcase avec le label des L7 et si ça marche bien on espère partir en tournée avec elles quoi. Mais ça ce n’est tellement pas sûr qu’on ne peut pas trop en parler. Mais ouais, on essaie quoi, et puis si ça ne se fait pas on continue notre petit bonhomme de chemin, on a tout en place, il y a plein de choses qui vont sortir. On travaille quoi, on fait notre truc.
MB : Merci beaucoup pour votre temps, bonne continuation dans vos projets, en vous souhaitant le meilleur.
Tarah : Merci beaucoup c’est gentil.