Parmi ceux qui ont grandi avec du punk rock français dans les oreilles au début des années 2000, beaucoup ont eu l’occasion de découvrir l’émergence du groupe Guérilla Poubelle et les nombreux groupes qui sont venus se greffer à eux via la Guerilla Asso. L’objectif était de promouvoir les différents groupes locaux des 4 coins de la France qui avaient de l’envie, des textes et de l’énergie à revendre pour faire vivre cette scène punk rock.
A l’occasion de la sortie de leur nouvel album « Ennui » (voir la chronique de Kanarchiste), le groupe Guérilla Poubelle a eu l’excellente idée de réunir les 4 groupes « piliers » de la Guérilla pour une soirée (puis finalement deux devant le succès de l’opération) riche en émotions, en bière, en sueur, en pogos, en amour et en Jean-Claude.
Le concert se passe à Paris à la Maroquinerie, qui est un lieu accueillant une salle de concert plutôt bien foutu avec une fosse centrale entouré de « gradin » surélevé qui permet soit de profiter du mosh pit, soit de profiter d’une belle vue sur le concert si on le souhaite. Bref parfait pour des concerts comme ceux de ce soir.
1/ Charly Fiasco : Nous ne sommes rien, ni personne
On commence les hostilités avec le groupe toulousain Charly Fiasco. Le groupe déroule le concert avec des morceaux très efficace, composé de textes engagés, torturés, mais toujours mise en forme au sein de textes travaillés. Ajoutez à cela des refrains entêtants à la manière des chants d’un kop de stade de foot, et vous avez le cocktail parfait pour démarrer la soirée.
Le groupe profite de ce concert pour remercier la Guérilla Asso qui leur a permis de se faire connaitre et de vivre de belles aventures musicales au fil des années et de beaux concerts comme celui de ce soir. Le groupe en profite pour inviter Till, le chanteur de Guérilla Poubelle sur un morceau.
Le concert se termine par le morceau « Elite » de leur dernier EP « Rien » : « Nous ne sommes rien, ni personne, nous sommes le chômage et l’alcool ». Il y est question de misère et du mépris de classe dont font preuve les « élites ».
2/ Diego Pallavas : La ville est moche et les gens sont moches
Pas le temps de finir sa bière que Diego Pallavas a déjà commencé à jouer sur la scène de la maroquinerie.
Le fameux groupe de Vosgien fait monter en puissance le public qui reprend en chœur les refrains les plus connus. Le talent de composition de Bat Bat (chanteur et parolier du groupe) permet au groupe d’avoir des chansons avec des textes de qualité et des refrains accrocheurs.
Parmi les morceaux, il y a « Mulhouse » où le chanteur dépeint son expérience mulhousienne : « La ville est moche et les gens sont moches » qui peut servir de catharsis à quiconque a vécu dans une ville où il ne se sentait pas bien : « je n’ai pas d’attache, encore moins d’accroche »
Nous avons eu également eu le droit aux morceaux Fuck ‘N Drive, A ma bouteille amarée, Chantage avant de finir sur le très délicat « Poney Mort »
3/ Justin(e) : De l’amour et du Jean-Claude
On continue la soirée avec les nantais de Justin(e) et ça commence à chauffer sévère dans le public.
A l’image de leur passage au This is My Fest en 2018, le groupe offre une grosse prestation scénique ! Le public répond également présent en montant en intensité dans le mosh pit, en commençant sérieusement à slammer à droite et à gauche et en reprenant en chœur les morceaux.
Les chansons de Justin(e) traitent souvent de sujets dures, avec un constat déprimant sur le monde qui nous entoure. Pour exemple, la chanson « Habeas Corpus » nous parle des dérives de la psychiatrie.
Tout en évoquant ces thématiques dures, le groupe arrive à nous faire danser et pogoter grâce à une énergie communicative.
Bat Bat de Diego Pallavas fait un petit passage pour le morceau « Vie de Merde ».
Le show de Justin(e) se termine symboliquement par le morceau Jean-Claude Suaudeau.
Le morceau s’appuie sur la philosophie de jeu mise en place à l’époque par l’entraineur du Fc Nantes misant la force de son équipe non pas sur le talent individuel mais sur le collectif.
Le texte sous-jacent étant la mise en valeur du collectif et de la solidarité dans une société de plus en plus individualiste.
Le parallèle pouvant également être fait avec la thématique de la soirée puisque celle-ci n’aurait jamais eu lieu sans la force de ce collectif que représente la Guérilla Asso et tout ce qu’ils ont pu accomplir jusqu’ici pour cette scène.
A cette occasion, pas mal des membres des autres groupes passent sur scène durant ce morceau pour profiter de ce beau moment collectif.
4/ Guérilla Poubelle : Tous les hommes sont des cons.
On termine la soirée par Guérilla Poubelle, les instigateurs de cette belle soirée, venu sur scène pour présenter leur dernier album « Ennui ».
A ce titre, malgré une sortie toute récente, les refrains des nouveaux morceaux sont repris par une partie du public, ce qui est un bon indicateur pour la qualité des morceaux de ce nouvel opus.
Le reste du show est super bien rôdé et il est a noté qu’après le morceau super efficace « Les fils et les filles des sorcières que vous n’avez pas brûlées », ode au féminisme et à la libre sexualité, le groupe se lance dans le morceau « Etre une femme », sorti il y a quasiment 15 ans et qui se révèle encore très actuel.
Preuve en est, cette fille qui monte spontanément sur scène pendant le break de guitare pour prendre le micro et inviter toutes les filles quelques soit leurs genres, races, âges et physiques à monter sur scène et reprendre en chœur le refrain « Tous les hommes sont des cons »
Bilan : de l’amour et du Jean-Claude
Comme le scande Justin(e) dans leur morceau, ce fut une soirée pleine « d’amour et de Jean-Claude ». On a revu des têtes connues et on a échangé une petite poignée de main ou une petite bière avec des potes ou avec les différents groupes. C’est comme une réunion de famille mais en beaucoup mieux.
Crédit Photos : Apolline Cornuet (qui a fait plein de super photos du concert) et dont vous pouvez retrouver le travail sur ses pages Facebook, Instagram et Twitter