Menu

Lords Of Black – II

Comme je le disais précédemment lors du report de Paicey Story, nous avons tous des idoles, des groupes favoris. Pour ma part, l’une de mes plus grandes émotions musicales fut et demeurera à jamais ma première écoute de Rainbow. Aussi, quand Ritchie Blackmore annonça qu’une tournée Rainbow allait avoir lieu, la première depuis 1995, avec un certain Ronnie Romero au chant, alors que de nombreux articles tablaient sur Joe Lynn Turner (qui fut le chanteur de Deep Purple et de Rainbow). Le « Man In Black » se trompant rarement dans le choix de ses compagnons dans Rainbow, voilà que je tombe sur une pépite que je partage avec vous.

Si on se fie au visuel et au nom seul, cela prêterait à sourire. Ce serait néanmoins passer à côté d’un excellent moment de musique. L’album débute sur une intro avec un gimmick de guitare harmonisée, qui sonne heavy. Le ton est donné. Merciless donne d’entrée de jeu le ton : guitare propre, batterie impeccable, voix ultra expressive … c’est du bon vieux power/heavy, pas de doute possible. Soli inspirés, sonorité chaude et expressive, l’accroche est là. Only one life away est une chanson musclée comme on les aime, avec un solo impeccable, une voix très maîtrisée. Everything you’re not est le premier titre à exploiter le talent pianistique de Andy C., le batteur. New world’s comin poursuit l’album dans la droite ligne, avec encore un solo impeccable, de très haute volée. Cry No More est le titre qui fut choisi pour être le clip du groupe. Particulièrement bien construit, le morceau reste en tête longtemps après l’avoir entendu. Le morceau est un hommage au regretté Phil Lynott (Thin Lizzy). Le motif de batterie rappelle furieusement ceux du regretté Cozy Powell. Tears I will be est tout aussi entêtante, avec un motif rythmique guitare piano qu’on pourrait retrouver facilement dans Deep Purple ou Whitesnake, à condition de la convertir en Hammond B3. Les soli de guitares sont magnifiques, juste comme il faut. Insane tranche dans le choix de ses sonorités, aux couplets arpégés clairs et une modulation bien vue. Live by the lie, Die by the Truth repart à fond les manettes. Les guitares harmonisées, exercice très difficile, sont très bien maîtrisées. Ghost of you débute avec une partie de guitare classique au fingerpicking très assuré, puis se muscle au fur et à mesure, notamment le bridge avec une batterie très véloce, des guitares harmonisées du meilleur effet et des changements de tonalité très bien sentis. The Art of Illusions part III : the Wasteland est la suite de deux morceaux parus dans le premier opus éponyme Lords Of Black. Tony Hernando y sort ses plans les plus véloces, à faire pâlir de jalousie de nombreux shredders. Shadows of war conclut l’album de fort belle manière, sur un bouquet final avec un méchant goût de reviens-y.
S’ensuivent deux reprises pas évidentes, deux paris un peu fous : tout d’abord, Lady of the Lake, issu de Long Live Rock’n’Roll, l’un des joyaux de Rainbow, période Blackmore-Dio-Powell. Les morceaux de cette période demandent à la fois une voix parfaite, une musicalité impeccable à la guitare et un groove impeccable à la batterie. La seconde reprise (absente sur CD) est encore plus difficile, en l’occurrence Innuendo de Queen. Peu de groupes se sont attelés à en faire des reprises, tant ce groupe avait une signature unique, ce qui rend l’exercice encore plus difficile. After Forever avait massacré Who Wants to live forever, et Metallica Stone Cold Crazy. Ce morceau, l’un des plus complexes de Queen dans sa construction et mise en place, montre avec panache le degré de maîtrise et de cohésion de chacun.
Le dernier morceau bonus est la reprise piano-voix d’Insane, qui gagne en intensité dans cette version plus dépouillée. Dommage que cette version ne soit pas sur le CD.

Le power et le heavy sont des styles anciens, mais qui restent très écoutés ; aussi l’homogénéité et la netteté du son demeure primordiale si on veut un rendu présentable. Chaque partie est définie, claire et a sa place dans le mix.
« When I heard him, he seemed like the right guy to sing the Dio-era songs of RAINBOW, » Ritchie said. « He is versatile, he can sing like Freddie Mercury or Ronnie James Dio or Graham Bonnet. » Quand je l’ai entendu, il m’a semblé être celui qui pourrait chanter les chansons de la période Dio. Il est versatile, peut chanter comme Freddie Mercury, Ronnie James Dio ou Graham Bonnet. Pour que Ritchie Blackmore le remarque et l’encense à ce point, il fallait vraiment que Ronnie Romero ait plus que le prénom en commun avec le regretté Ronnie James Dio. Doté d’une voix chaude, puissante, ne pratiquant ni grunt, growl, comme ses idoles auxquelles il faut ajouter Ian Gillan et David Coverdale, il a son style propre, qui tranche avec la majorité des voix actuelles.

Les guitares sont un point sur lequel je porte une attention toute particulière. Bien que je n’aime pas la mode actuelle consistant à creuser à l’extrême les mediums, force est de reconnaître le talent de Tony Hernando. Le rendu global demeure rond, chaleureux, tout ce qu’on attend d’un guitariste heavy/power digne de ce nom. Les notes, même les plus rapides, sont propres et nettes. Les solis sont impeccablement construits, techniques sans tourner à la démonstration stérile. Peu d’effets, si ce n’est un soupçon de modulation, discrète et dosée avec doigté. Le travail de Roland Grapow (guitariste de Helloween, Masterplan) se ressent très nettement.

La batterie est ici aussi impeccable, avec une mise en place toute en force, mais tout en gardant un grand feeling. La sonorité de chaque élément est nette, placéeAndy C. est également aux claviers, et fait preuve d’une très grande sensibilité. La section rythmique avec Javi Garcia est impeccable. La basse a une sonorité équilibrée, et ne bouffe pas le mix.

Cet album est une excellente surprise, qui saura ravir le plus grand nombre, à découvrir de toute urgence. Un album très agréable, qui s’écoute tout seul. N’hésitez pas à regarder les performances de Ronnie Romero avec Rainbow, car cela fait un bien fou d’entendre de nouvelles grandes voix !


1. « Malevolently Beautiful (Intro) » (Instrumental)
2. « Merciless »
3. « Only One Life Away »
4. « Everything You’re Not »
5. « New World’s Comin' »
6. « Cry No More »
7. « Tears I Will Be »
8. « Insane »
9. « Live by the Lie, Die by the Truth »
10. « Ghost of You »
11. « The Art of Illusions Part III: The Wasteland »
12. « Shadows of War »
13. « Lady of the Lake » (Rainbow cover)
14. « Innuendo » (Queen cover)
15. Insane (piano track)