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Merci Patrón

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Quand on m’a proposé d’écouter et de faire une chronique sur le premier album de Patrón, j’ai tout d’abord, bien passé 20 minutes à comprendre comment faire ce putain de o accent aiguë, sérieusement 20 minutes. Et autant dire que tous les « Patrón » de cette chronique ont été copié, collé puisque sur mon clavier il faut associer trois touches avant de taper sur celle souhaitée.

Bref, une fois les modalités techniques assurées, une brève recherche m’a permis d’associer ce groupe à des noms tels que Queens Of The Stone Age, Them Crooked Vultures, Kyuss. Étant un fervent adepte et adorateur de Josh Homme et de ses différents projets musicaux, j’ai tout de suite été attiré pour en savoir plus sur ce premier album de Patrón

Donc, Patrón est le projet de Lo, aka Patrón, frontman du gorupe Loading Data. Cet album a été produit par Alain Johannes, connu pour avoir travaillé avec QOTSA, Them Crooked Vultures, Chris Cornell… Il est le dernier disque à avoir été enregistré dans le mythique studio 11 AD de Los Angeles. Studio dans lequel sont passés des groupes tels que No Doubt, Eagles Of Death Metal, Brody Dale, Chris Cornell Band etc. « Loading Data faisait une pause. J’avais des maquettes mais je ne savais pas ce que je voulais en faire. J’ai fini par les faire écouter à quelques amis. Ca leur a plu et ils sont venus jouer sur l’album ». Voilà comment se retrouver à enregistrer l’album avec Joey Castillo qui a été batteur de QOTSA de 2002 à 2012, Nick Oliveri qui lui a été bassiste de QOTSA et a également joué dans Kyuss, Barrett Martin, Aurélien Barbolosi et autres artistes talentueux. Même si cet album a été enregistré à LA et même s’il est plein de rockstars américaines, la base, les fondations, les idées, tout a été écrit par Patrón.

L’album commence sur le riff acéré de Room With A view. Une guitare, une fuzz, un ampli qui crache un son bien sale, puis une seconde guitare vient lancer la mélodie. La batterie précède de peu la voix, basse, suave, qui donne presque l’impression d’avoir été ralentie mais qui explose sur le refrain, offrant toute sa richesse. Un premier titre qui honore tout ce dont on attend d’un album de ce style, c’est à dire rock (référencé à QOTSA). Je suis tout à fait dans ce que j’aime, dès le premier morceau tu sais que tu vas adorer ou que tu ne vas pas aller plus loin si ce style n’est pas ton truc. L’album est mixé de façon à laisser les guitares prendre une place conséquente. C’est un disque de rock et ça s’entend tout de suite. Pourtant, sur certains morceaux les guitares savent se faire discrètes, voir absentes, laissant la basse appuyer la voix sur le rythme plutôt lent de la batterie. Les morceaux s’enchainent parfaitement, les riffs sont simples mais terriblement efficaces, avec une réelle attention portée sur le grain fuzz des guitares. La tonalité de la basse est également d’une importance majeure dans ce style de son et est ici parfaitement adaptée. La voix me rappel clairement la tonalité obtenue sur l’album Post Pop Depression d’Iggy Pop quand il a travaillé avec Josh Homme. Une voix de basse , pleine de coffre avec un petit côté Elvis, Rock’N’Roll. Cette voix est très agréable à écouter et est la signature musical de cet album, parfois encore plus mis en avant par les harmonies de chœurs.

 Ce disque vous transporte, on se retrouve tout d’abord dans une ville américaine déserte en plein Arizona, le vent déplace lentement un virevoltant, un homme à cheval, seul au premier plan, mâchouille un vieux mégot. Le couché de soleil sur fond de grand canyon teinte l’image en orange, au générique Quentin Tarantino, c’était le titre Seventeen. The Maker me renvoie vers une plantation de coton, les esclaves noirs enchainés les uns aux autres font les chœurs dans une longue et lente complainte, pendant qu’une guitare, fuzz toujours, vient lacérer le son avec sa mélodie.

Puis, on se fait réveiller avec de l’opéra sur Hold Me Tight, qui s’ouvre sur un roulement de batterie appuyé par les guitares avant de laisser s’échapper la basse. Dans ce morceau, la partie musicale pourrait être assimilée à un orchestre et la voix de basse, en avant, assimilée au chanteur solo, seul en front de scène.

Néanmoins, il faudra attendre Leave It All Behind, en neuvième position, pour obtenir un solo de guitare comme je les aime, fuzz à souhait toujours, un solo sur le fil, à la limite du contrôlé, le genre de truc dont Jack White avait le secret et qui colle parfaitement à ce genre de son et d’album en vous hérissant un frisson tout au long de la colonne vertébrale. Ce morceau est l’un de mes préférés, même si j’ai adoré l’album dans son ensemble, sans rien n’avoir à mettre en retrait.

She Devil, How To Land et le disque nous laisse ahuri dans le silence dérangeant du casque. Cinquante minutes pour un album c’est bien mais du coup on a envie de relancer.

Lecture.
Room With A View.
Frissons.
C’est repartit pour un tour.

Je vous invite grandement à découvrir ce disque plein de qualités, qui respecte les codes propres à son empreinte musicale tout en nous régalant de titres originaux qui ne vous laisseront pas sans émotions.

Pour une fois nous pouvons le dire, Merci Patrón.

Disponible le 29 mai via Klonosphere et Season Of Mist.

Tracklist :

Room With A View

Who Do You Dance For

Very Bad Boy

Jump In The Fire

The Maker

Hold Me Tight

Seventeen

Around My Neck

Leave It All Behind

She Devil

How To Land