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Metalearth/Ferus l’éco-festival a les crocs

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Du fin fond de mon garage, en cette matinée pluvieuse, et par l’intermédiaire de la devenue incontournable « visio », je reçois Vincent Drevillon, fondateur du Metalearth festival et Tanguy Descamps, de l’association Férus. 

MB : Commençons par Férus. Ce qui est marrant c’est qu’en latin, Férus signifie « ce qui est sauvage ». Mais là on ne parle pas du metalleux. [rires]. C’est bien le monde sauvage. Tanguy tu peux nous en parler, faire une présentation de cette association ? Qu’est-ce que Férus ?

Tanguy : En gros c’est la principale organisation en France de défense et de protection des grands prédateurs. On s’occupe uniquement de l’ours du loup et du lynx. Ça a été créé à partir du groupe Loup France, quand le loup est revenu naturellement d’Italie dans les années 90. Paralèllement à ça, il y avait une association relativement ancienne qui s’appelait Arthus et qui s’occupait aussi de l’ours dans les Pyrénées. Les deux ont fusionné au début des années 2000 je crois. Je sais plus trop.

MB : 2003

Tanguy : Parfait ! Tu connais mieux les chiffres que moi. [rires]. C’est devenu Férus. Je n’ai pas le nombre exact d’adhérents mais ça nous permet d’avoir une visibilité un peu politique. C’est-à-dire qu’on est reçu dans les ministères. La principale action est d’aller voir les éleveurs car ce sont eux les principales victimes du retour des prédateurs. Ils doivent changer leurs habitudes de travail. Il y a encore trois ou quatre générations, il y avait encore l’État qui payait leurs grands-parents pour finir de tuer le loup en France. Donc il y a un changement de mentalité important à faire. Nous on propose de « former » en grande partie. Par exemple Pastoraloup qui est en place depuis une vingtaine d’années. On forme des éco-volontaires, des jeunes et des moins jeunes, on a aussi des gens qui sont à la retraite. On en forme 15-20 par stage avec 2-3 stages par an et l’idée c’est après de les envoyer chez l’éleveur pour les périodes allant de deux à quatre semaines ou plus s’ ils veulent ou si peuvent évidemment pour faire de la surveillance de troupeau. On ne remplace pas les bergers, ce n’est pas un travail de berger car c’est un travail spécifique. Il y a des formations pour ça. Mais nous on est en soutien à la surveillance nocturne et diurne. On plante nos tentes en gros à côté des troupeaux et on fait partie du triptyque de protection des troupeaux. On sait maintenant depuis 20 ans (on a de l’expérience), qu’un troupeau qui est correctement protégé – c’est-à-dire regroupé la nuit est couplé du chien patou et d’une présence humaine permanente – réduit quasiment toutes les attaques. Donc nous, en partant du principe des éleveurs qui veulent bien aller dans cette dynamique là, on réduit fortement la prédation sur eux. Il devient tolérable. Un éleveur qui se protège comme il faut, qui a 3-4 brebis tuées par an est toujours un problème mais il peut survivre. S’il est dans une zone à loup et qu’il ne se protège pas bien, il va en avoir bien plus que ça. Et là son activité risque de se terminer tout simplement. Nous ce qu’on veut, on a essayé de comprendre à Férus, c’est que la présence du loup et de l’ours en France, et du lynx aussi, ne sera tolérée que si en gros les gens qui vivent avec eux, donc les éleveurs grande partie, finissent par les accepter. Au moins les tolérer à défaut de les accepter. On essaye de voir et c’est ce qu’on constate un petit peu chez les gens, ils disent « il a sa place finalement ».

MB : Et finalement c’est une question assez culturelle est presque éducative parce que je vois que vous êtes aussi en lien avec le programme Erasmus. Pourquoi ce cheminement ? C’est pour faire apprendre aux nouvelles générations et donc les faire accepter plus tard ? On prépare l’avenir quelque part ?

Tanguy : C’est ça. En fait, en plus de Pastoraloup, on a trois autres actions un peu moins visibles mais qui sont aussi pédagogiques. On a Parole de loup, Parole d’ours, Parole de lynx. On forme sur des périodes plus courtes des groupes de volontaires qui vont aller sur les marchés, dans les villages, prêcher la bonne parole et essayer de faire accepter le loup par exemple. Et une autre action importante effectivement c’est la participation à des programmes européens tel Erasmus, pour faire de la formation, de la pédagogie tout simplement là-dessus. On organise également des stages de formation spécifiques sur une espèce ou une autre mais on se dit tout simplement que plus les gens ont de bonnes connaissances sur l’animal plus ils sont enclins à le protéger efficacement. Nous on ne cherche pas à idéaliser l’animal, ce sont des animaux sauvages comme les autres. Ce ne sont pas des êtres qu’il faut à tout prix défendre, surtout pas au détriment de l’homme. Donc on essaye de faire de la pédagogie à ce niveau là.

 MB : Et donc en termes de pédagogie, vous vous mettez en lien avec le Metalearth. Au fin fond de l’ouest, bien loin de ce territoire d’ours et de loup. Finalement, quelle est la démarche de s’intégrer à ce festival ? C’est une question de promouvoir des connaissances ou de récupération de bénévoles ou de dons ?

Tanguy : C’est tout frais. On a toujours eu pas mal d’adhérents et de bénévoles qui sont bretons mais qui partaient comme moi faire Pastoraloup dans les Alpes. Mais il n’y avait pas d’antenne. Donc moi je suis l’animateur régional. Il y a à peine deux mois l’antenne bretonne vient d’être créée. On réagit tout simplement à la présence du loup qui vient d’arriver en Bretagne. Même s’il n’est pas installé, il y a des loups dispersants, qui se baladent depuis l’année dernière et qui passent par là. Et plutôt que de laisser le champ libre à d’autres observateurs qui sont un peu moins objectifs que nous on va dire, on essaye de donner les bons chiffres et de se baser uniquement sur les choses qui sont réellement observées, validées par l’Office Français de la Biodiversité pour essayer d’avancer. Puis on essaye de rentrer en contact, via les associations locales comme le Groupe Mammalogique Breton et Bretagne Vivante (qui sont devenus Loup En Bretagne il y a deux ans). Avec eux on essaye d’aller sur le terrain et on essaie de plus en plus de faire des actions. Je ne sais pas encore de quel matériel humain entre guillemets, en termes de volontaires, je dispose (ça c’est en cours) mais pour l’instant on programme surtout des stands. Donc le Metalearth nous a invité les premiers donc nous ça nous sert de galop d’essai. J’ai trouvé les personnes qu’il fallait pour tenir ce stand pendant deux jours, j’ai du matériel qui est en train d’arriver du siège de Férus. On a un autre stand qui est prévu à Nantes au mois de juin, et l’année prochaine on va partir sur quatre ou cinq stands dans l’année sur l’ensemble du territoire breton, plus éventuellement les interventions dans les écoles et des choses comme ça. Donc surtout effectivement de la pédagogie dans un premier temps, en lien avec les assos locales qui connaissent très bien le terrain est en lien avec l’OFB qui est l’Organisme officiel de la comptabilité des loups en France. Et peut-être dans un deuxième temps, mais là je vais avec des pincettes car pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour, on pourra finir par faire de l’intervention auprès des éleveurs de manière plus ciblée. De toute manière ça c’est pas avant l’année prochaine. Ça dépendra d’eux évidemment. Je suis un peu trop tôt d’en parler pour l’instant. Pour l’instant c’est pédagogie pédagogie pédagogie.

MB : À ce moment- là on fait le petit lien avec Vincent. Comment tous les deux, vous êtes-vous organisés ? Tanguy disait que c’était sa première fois pour être visible. Comment on goupille ça pour que ce soit bien carré mais bien visible ?

Vincent : Sur les animations on reprend la formule de l’an dernier. Ce sont des animations pédagogiques qu’on va mettre en place. Le clou du spectacle c’est effectivement l’exposition qu’on fait sur le thème annuel du loup. On a aussi des petites vidéos mais on n’a pas beaucoup de temps pour les passer alors ce sont de petites vidéos courtes. En général il n’y a pas de paroles parce que dans la salle c’est pas évident de capter les paroles. Donc ce sont surtout des images en fait. Et puis il y a le stand de l’association qui sera installé dans le hall d’accueil. Ça, c’est dans la partie animation. Aujourd’hui on se limite à ça étant donné que ça prend déjà un certain temps à préparer et puis on n’a pas forcément d’espace ou de temps disponible pour aller un peu plus loin. Mais bon on a des pistes d’évolution pour faire des animations un peu plus poussées dans les années à venir. Là Tanguy parlait de pédagogie auprès des écoles. On aimerait bien faire, même si on n’est pas compétents au festival pour le faire. Mais en lien avec les associations de protection de l’environnement, Ne se reste juste que pour proposer notre expo dans les écoles par exemple pendant quelques temps. [Ce sont] des choses auxquelles on réfléchit. Après la façon de s’organiser : on prend contact et les associations, on leur explique le concept du festival, qu’on veut monter une expo et qu’on n’est pas compétent pour fabriquer le contenu et donc on leur explique que s’ils ont des choses déjà faites c’est bien. Ou alors qu’on aimerait bien construire l’exposition avec eux et dans ce cas là ils fournissent le contenu et le festival pilote un petit peu tout ça pour monter les réunions de travail, pour suivre comment ça se monte. Et après je vais mettre en forme la mise en page, les planches. Par contre, le contenu, c’est Férus qui l’apporte. Il y a Arnaud qui est un bénévole pour l’asso qui a rédigé l’expo, récupéré les photos et des infographies. Il m’a proposé quelque chose et après moi je l’ai mis en forme sur un outil Internet. C’est comme ça qu’on travaille et puis ça se passe bien. Alors ça donne un peu de temps aux associations et je les remercie encore parce que ce n’est pas anodin. Nous avons un thème double en fait cette année. On avait « l’extinction des espèces vivantes ». On a contacté WWF mais ils n’ont pas pu venir. Alors on a gardé le thème et puis est arrivée l’histoire du retour du loup car il a été photographié dans les Monts d’Arrée et on s’est dit que c’était pas mal aussi d’illustrer l’extinction des espèces en prenant un peu le contre-pied sur l’extinction du loup qui s’est produite au 19e et la note positive de son retour. Il y a aussi l’illustration locale avec le loup qui revient dans les Monts d’Arrée. C’est comme ça que l’on s’est acheminé vers ce thème double de l’extinction des espèces qui fera la petite exposition et le loup avec Férus, qui viendra expliquer tout ça aux gens qui seront là.

MB : Férus est une association que tu connaissais ?

Vincent : Bah nous on fait des recherches. On cherche des thèmes intéressants pour les gens et puis après on fait nos recherches. Non je ne la connaissais pas. C’est une association qui est présente surtout dans le sud et nous on avait pas de loup !

MB : C’est ce que je pensais mais tu es peut-être aussi un montagnard dans l’âme !

Vincent : Pas trop non. Moi je suis plutôt mer. Je ne connaissais pas alors j’ai fait des recherches pour trouver des assos. Il y a beaucoup d’associations de protection de l’environnement mais de rien.

MB : Pour toi Tanguy, c’est aussi un concept de festival où la musique est entrecoupée de cet éco projet. Ce n’est pas un festival où y’a toute la musique dans un coin et si les gens ne font pas l’effort d’aller à l’expo, ils ne verront rien. Là c’est agréable que le festival s’engage à ce qu’il y ait une visibilité pour l’association invitée ?

Tanguy : Nous essayons de nous adapter au type d’expo et au type de lieu. Je pense que les autres expos que l’on fera après seront différentes. Mais là nous sommes dans un lieu clos avec une musique bien forte que je connais un peu aussi d’ailleurs. Donc nous savons très bien qu’il est très difficile de parler et de s’entendre, même dans les périodes de changement de groupe. Donc on s’est dit avec Vincent que l’idée de projeter des petits films, des vidéos de 3-4 minutes, était intéressante. Parfois c’est juste un bout à bout de pièges photo faits de loup dans les Alpes ou ailleurs. L’idée c’est au moment des intergroupes. Ça peut être sur fond musical d’ailleurs par exemple avec la musique des groupes qui tournerait encore. L’ambiance sonore est presque secondaire car l’idée est d’attirer l’œil là-dessus. Nous serons dans l’entrée donc forcément visibles. Tout le monde passera devant nous à un moment ou un autre et dans la salle tout le monde verra aussi que l’on est présent à ce moment-là. Donc c’est effectivement surtout en dehors de La Salle, dans les intergroupes, dans les pauses. Pendant les groupes, nous pouvons intervenir auprès des gens qui viendront nous voir sur le stand. Sur scène, sur un petit festival comme ça, avec une assez petite jauge quand même et donc des groupes de musique qui vont s’enchaîner de manière assez rapide sur la soirée, on a vraiment pas vraiment la place. Ça n’aurait pas été facile de parler à ce moment-là car on aurait pris du temps. Ça aurait été chronophage. Les gens quittent aussi la salle parfois quelques minutes pour se restaurer et compagnie Donc c’était mieux de juste attirer l’œil, c’est Vincent qui proposait ça, et ça nous arrangeait très bien car ça correspondait au matériel que l’on a de toute manière.

Vincent : Ferruce a proposé des interventions mais c’est pas évident de conjuguer ça avec le côté concert où les gens sont quand même malgré tout et avant tout là pour écouter de la musique. Attirer l’attention pour parler du loup en faisant un débat c’est un peu compliqué. Ce sont des choses auxquelles on a réfléchi déjà. Après nous le Metalearth festival, on a inscrit dans le statut le volet écologique. C’est un festival de metal engagé écologique et caritatif. Le volet écologique est aussi important que la programmation musicale. D’ailleurs quand tu vas voir sur le site Internet tu constateras que dans la programmation, tu as tout le déroulé de la soirée. On parle des vidéos autant que des groupes.

MB : Dans le Running order on voit bien qu’il y a l’introduction, un concert, un film et après deux concerts. Pour le vendredi. Je ne sais pas s’ il y aura un concert pendant le film mais en tout cas sur le running c’est bien marqué que le film a son importance dans la programmation.

Vincent : Le film pour l’instant est assez discret car ce n’est pas évident d’en avoir un, d’avoir les droits de projeter le film. Souvent les films sont pédagogiques, des documentaires où les gens parlent et en fait comme disait Tanguy, ça ne se prête pas bien à être projeté entre les concerts où on a très peu de temps et où les gens ne sont pas forcément attentifs. Le tout c’est d’attirer l’œil, de passer des messages, par des textes courts, des images. Moi j’aime bien le côté artistique. Ça met une ambiance et on voit bien que l’écologie est présente dans le festival et que c’est très important. Le côté film on essaiera de le développer plus tard voir si on peut l’améliorer. Là les vidéos, Je te cache pas que mis bout-à-bout il n’y a pas de session de plus de 5-6 minutes.

MB : Sur le programme il est inscrit que le film prend 10 minutes mais il y a toujours un petit temps avant un peu de temps après.

Vincent : J’ai essayé de les regrouper par thématiques. On a à la fois l’extinction des espèces et le loup.

Tanguy : L’idée c’est plutôt d’attirer l’œil et les gens qui sont curieux de ça viendront nous voir de toute façon. On sera à 20 m.

Vincent : Ce sont des animations qui sont assez sympa à regarder.

MB : Tu parlais également du côté caritatif. Le Metalearth a pas mal de points de récupération d’argent qui sont reversés aux associations invitées. Il y a aussi le message pour les gobelets de dire « on n’en fera pas tous les ans donc c’est important de les ramener ». Il y a des affiches, les vestiaires et donc toute cette petite monnaie, avec un peu de chance, fera un beau volume. Et tout ça est donc reversé. Il y a plusieurs associations cibles pour ces dons ?

Vincent : Il y a uniquement les associations présentes au festival à qui on reverse les dons. Pour les éco-cups, tu as raison, on essaye d’écouler toutes les éco-cups car même si c’est de l’argent reversé et que c’est recyclable, c’est pas très malin d’en refaire à chaque fois. Finalement ça devient du jetable. Donc on ne fait pas forcément la pub mais si les gens ne ramènent pas leur éco-cup, on reverse l’euro à l’asso. On a aussi le « billet engagé » qui permet aux gens qui achètent leur pass de reverser deux euros en plus à l’association Férus. L’an dernier un pass sur deux avait été vendu comme ça quand même, ce qui fait qu’on avait récupéré peut-être 150€. Donc ça permet quand même d’alimenter le pot quand même pas mal. Les gens jouent le jeu donc c’est vraiment super. On récolte gagne de l’argent avec ça !

MB : C’est un bon public pour ça ?

Vincent : Je pense qu’ils ont bien compris que ça sert à quelque chose et que c’est concret pour eux. Le festival ne sert vraiment à quelque chose. Il y a un côté pédagogique évidemment et eux ils investissent aussi. C’est-à-dire que tout le monde s’investit : le festival, les groupes, dans leur présence et dont certains font aussi des efforts sur leurs cachets. Déjà le fait d’être présent permet au festival d’exister. Et puis le public aussi s’investit en donnant l’argent. Le festival Metalearth reverse aussi un pourcentage des recettes, du bar par exemple. Alors ça n’est pas facile de savoir à l’avance car si on fait des bénéfices, on regarde ce qu’on peut reverser en termes de recettes.

MB : Si Férus a un petit chèque même en 2024, c’est toujours le budget suivant qui est gratifié.

Vincent : Oui, l’année dernière on a quand même 447 € pour le précis qu’on avait regardé en deux. Donc finalement ça fait près de 200 € pour les deux associations. C’est modeste mais c’est aussi nous ce qu’on peut faire avec notre taille.

 MB : D’ailleurs est ce que les groupes que vous invitez savent où ils viennent ? Est-ce que certains groupes sont écolo ? Peut -être que certains font des efforts financiers ?

Vincent : Tu as raison, les groupes savent très bien où ils mettent les pieds, on leur explique ce qu’est le festival. Là pour l’instant, on est sur des groupes amateurs, on est pratiquement en direct avec eux, donc on peut leur expliquer. ET il y en a certains qui font des efforts pour aider le festival, je pense à Primal Age sur le dernier, qui avait été super et qui nous avait bien aidé. Et puis après, alors le concept au départ ce n’était pas forcément de faire venir des groupes avec un message écologique, mais malgré tout, il y en a de plus en plus qui abordent des thèmes sur l’écologie et qui sont engagés, donc quand on en trouve c’est très bien.

Tanguy : C’est l’une des spécificités du metal… Ce qui n’est pas le cas dans toutes les musiques.

Mb : bah tu peux taper sur du Slipknot, Gojira, ça peut être pas mal déjà pour le festival.

Rires.

Après ce que je veux dire, c’est qu’ils peuvent ne pas être engagés officiellement en tant que groupe mais en tant qu’Etre Humain, se dire on va prendre 200 balles en moins ce sera ça de plus pour l’association. Pour toi ça ne change pas ton budget et ça fait 200 e de plus pour l’association, sans en faire la pub car aujourd’hui tout tourne autour de la pub et au m’as-tu vu.

Vincent : Oui tout à fait bien sûr, tout travail mérite salaire, je ne veux pas faire venir des groupes gratuitement. Et sur le message, on avait Nothing But Echoes, qui est un groupe de Nantes, qui vient cette année le samedi, juste avant fractal Universe, c’est un groupe qui a sorti un concept album sur la sixième extinction des espèces donc qui a cet engagement de diffuser un message écologique. Donc j’ai construit l’affiche autour de ça, autour au niveau de la cohérence musicale. Et donc leur musique va avec le thème de la soirée. Même si on n’a pas communiqué largement là-dessus, les gens ne le sauront peut-être pas, mais on va essayer de le communiquer un petit peu. Ça fait partie d’une sorte de cohérence qu’on essaie de donner au festival.

MB : Est-ce qu’il y a des choses que tu as faites différemment par rapport à l’année dernière ?

Vincent : On a fait un bilan de l’édition 2022, l’objectif de ce bilan était de voir ce qui a marché ou pas. De voir comment on pouvait s’améliorer. On a monté le festival sans en avoir jamais rien organisé niveau évènement musical metal, l’association s’est créé pour pouvoir monter le Metalearth, on était public mais pas dans le milieu événementiel.

MB : Et puis la chance d’avoir pu rencontrer cette personne, je n’ai pas retenu son nom,

pour avoir l’espace Léo Férré sur 2 jours aussi.

Vincent : Oui bien sûr, on a été très bien accompagné par Thierry Trémintin et c’est lui d’ailleurs qui nous avait proposé de faire le festival sur 2 jours car au départ on voulait le faire que sur 1 jour. Et la salle se prêtait bien à notre première expérience d’organisation de festival. Tous les points négatifs on les a mis en évidence, puis on a essayé de les corriger. On n’avait pas de graphiste, on a pris un graphiste, au niveau de l’organisation de l’association il y a des personnes qui ont pris un peu plus de responsabilités afin qu’on puisse travailler de manière mieux répartie on va dire. Et puis on a renforcé le bureau de l’association avec Mickaël qui est rentré comme trésorier. On a quelqu’un qui est responsable du merch. Le merch c’est quelque chose qu’on n’avait pas fait la première année, qu’on fait la deuxième. Voilà, après il y a des choses plus importantes, le financement on savait…. On avait fait un crowdfunding en 2022 et on savait qu’on ne le referait pas cette année pour pas demander de l’argent tout le temps au public, surtout avec le contexte actuel. Ce n’est pas l’idée que les gens financent le festival à 100%. Donc cette année il a fallu aller trouver des sous ailleurs, donc on a développé le mécénat et on a obtenu de pouvoir délivrer des reçus fiscaux et que les dons soient défiscalisés, ça c’était très important pour qu’on ait les reins solides pour la deuxième édition. On a développé des partenariats, alors il y en a peu, mais il y en a et je remercie toutes les entreprises qui ont donné, sans ça on n’aurait pas pu faire cette édition-là. On est assez dépendant du mécénat, la salle étant assez petite… ce n’est pas les recettes entrées et bar qui financent le festival aujourd’hui.

MB : Le format 2 jours, donc le soir, à partir de 19h le vendredi, 18h le samedi, c’est un format qui est bien pour vous ? ou c’est pour faire vos armes et on verra si plus tard on rajoute un 3ième jour ou une journée complète.

Vincent : Non on n’a pas réfléchi encore sur un 3ième jour. Le format 2 jours c’est aussi pour que le festival ressemble à un festival et pas seulement à une soirée de concert. Mais le format est bien, ce qui n’est pas évident c’est que le vendredi les gens travaillent donc on ne peut pas commencer les concerts trop tôt. A un moment donné si on veut grandir et si on veut mettre plus de groupes en les étalant sur la journée, on pourra le faire le samedi et pas le vendredi, ça fera un déséquilibre dans la programmation.

MB : Et ça impactera la billetterie aussi, c’est tout bête mais…

Vincent : Oui tout à fait, aujourd’hui le jour 1 comme le jour 2 sont au même prix. On a mis 1 groupe de plus le samedi parce qu’on a un peu plus de possibilités sur les horaires. Mais le tarif est identique. Si jamais on veut développer le festival avec plus de groupes, plus d’amplitude horaire, il faudra se poser ce genre de questions.

MB : En tout cas j’espère que quand vous serez énorme, vous continuerez à me filer une accréditation… Rires… parce qu’il y en a qui sont trop gros et qui ne filent plus rien.

Vincent : On est assez ambitieux mais on est très sérieux, on n’avait jamais fait ça et on le fait sans prendre de risques et le plus sérieusement possible. On ne va pas dire professionnellement mais on s’inspire de comment font les autres, on rencontre du monde, on a aussi nos idées et la tête sur les épaules, dans l’équipe on a tous 30 ans, on a un boulot, des familles donc on sait bien que on n’a pas le temps de faire un Hellfest, ni les capacités humaines ou financières aujourd’hui pour faire un festival trop gros, mais l’idée c’est quand même de monter en gamme. C’est ce qu’on a fait cette année sur le budget artistique qui a augmenté de 30%. On a programmé Fractal Universe, qui est un groupe professionnel donc c’est aussi une différence par rapport à l’an dernier. On essaie de progresser, de proposer quelque chose de sérieux et d’attractif et on verra l’année prochaine. On va déjà essayer de réussir cette édition-là, comme on l’a réussi l’an dernier puisque ça c’était très bien passé.

Tanguy : L’an dernier, je voulais savoir Vincent, l’an dernier par rapport à la jauge de la salle, vous aviez dû refuser du monde ?

Vincent : On a refusé personne, on a été complet, on n’était pas complet avant l’évènement mais quelques personnes sont arrivées le soir même et puis finalement on était complet. Cette année je ne sais pas, les gens connaissent, ceux qui sont venus connaissent le festival. J’espère que ça va le faire. Aujourd’hui les gens sont un peu plus réticents à prendre leurs billets à l’avance, les habitudes de consommation ont changé, donc ce sera un peu au dernier moment qu’on saura si ça marche bien mais il n’y a pas de raison que le public ne soit pas présent. On a une belle affiche et puis aussi il faut voir qu’il y avait des événements prévus à Brest et qui n’auront pas lieu donc voilà on se retrouve un peu seuls.

MB : C’est une petite opportunité supplémentaire.

Vincent : L’an dernier on avait le Big Four qui était à Quimper avec Mass Hysteria etc et ça ne nous a pas empêcher d’être complet sur le samedi.

 MB : Et du coup, comme on parlait de développement, tu disais que pour Férus c’était nouveau en Bretagne, du fait de l’arrivée du loup, donc tu es responsable local, tu faisais déjà partie de l’association de loin ou…

Tanguy : Oui ça fait 20 ans que je suis à Férus, dans les années 2000, j’y étais un peu plus, j’habitais déjà à Rennes et j’allais 2, 3 fois par an dans les Alpes pour faire éco-bénévole tout simplement. Puis après j’ai participé aux stages, dans la logistique, pour accueillir les jeunes dans les montagnes. J’ai fait ça pendant quelques années, un petit peu perdu de vue pendant une dizaine d’années de loin, j’avais une famille et puis les Alpes ça reste loin. Et là ça commençait à me manquer un peu, je retournais dans les Alpes mais pour des raisons persos et puis là le loup qui est arrivé l’année dernière, je me suis dit que j’allais un peu plus remplir mes RTT à rien faire… Rires. Comme j’avais des contacts dans l’association, je savais que j’avais moyen de participer.

MB : Comment dire, c’est pas une délégation, par exemple Sea Shepherd Breizh l’année dernière, expliquait que quand ils voulaient faire des interventions, un festival, ils devaient obtenir un accord de Sea Shepherd France. Toi c’est quoi, c’est un noyau plutôt électron-libre où ?

Tanguy : Je suis animateur du réseau local. Férus renforce encore un peu cette année ses implantations locales, c’est vrai qu’on était très implanté dans le sud-est, la zone loup et ours, donc tout le quart sud-est de la France, il y a toujours eu des adhérents qui venaient de partout, parce qu’on représente une association assez visible mais il y a des actions à mener, il y a un raison centre qui est basé à Orléans depuis très longtemps, mais dans l’ouest il n’y avait rien. Il n’y a toujours rien à Bordeaux et on finit par couvrir toutes les régions. Cette année on est encore un peu plus nombreux en animateurs locaux et voilà, l’idée c’est de pouvoir répondre aux questions des adhérents du coin, de les aiguiller sur les actions qu’ils peuvent mener, d’organiser des choses au niveau local. Un peu comme Metalearth, on va avancer doucement, on ne sait pas combien on est pour l’instant, on ne va pas devenir une très grosse structure mais par contre en termes d’organisation, je suis assez indépendant. Les gens de Férus me font confiance, je leur rends compte évidemment de tout ce que je fais. Si je faisais des actions ou des interventions qui seraient contraire à la politique de Férus, ils me retireraient l’habilitation entre guillemets.

MB : Il y a un kit de démarrage un truc comme ça ? On ne se dit pas je vais monter une

association…. On se dit j’ai envie de le faire mais comment on fait ? Est-ce qu’il y a un soutien ?

Tanguy : Pratiquement parlant, le gros boulot de ce genre de chose c’est de l’organisation, des contacts. J’en avais déjà un peu, beaucoup de temps au téléphone. Le matos, comme on est une association, on n’a pas un budget énorme, donc par exemple pour venir sur les prochaines associations j’ai tout simplement acheté du carton mousse et fais de belles photocopies et puis coller et ça nous fait des affiches. Après j’ai la chance d’arriver à un moment où Férus renouvelle son matériel pour tous les réseaux régionaux donc je devrais avoir une belle banderole qu’on va inaugurer à Metalearth. Après c’est pas mal de débrouille, de temps au téléphone, de soutiens locaux, on parlait d’Arnaud tout à l’heure, qui habite dans le Morbihan et qui a aidé Vincent à faire la partie exposition spécifique loup de Metalearth. Lui il avait déjà bossé au niveau local sur un produit où il parlait un peu de ça et il avait ça en boite depuis 2 ans, donc on l’a adapté à une exposition et les rendant plus visuels etc… Et puis après on va voir ce qui nous manque à ce festival là et on fera mieux au suivant. Mais c’est surtout de la débrouille, de la logistique et des coups de fil. Avec un budget très très très raisonnable.

MB : Tu écoutes un peu de musique ? Je ne sais pas s’il y a des groupes que tu connais ? Tanguy : Nan honnêtement je ne connais pas beaucoup, j’avais une amie metalleuse donc pendant quelques temps j’ai écouté du metal mais sur un plan personnel je suis resté accro depuis quelques années à Rammstein que j’aime bien et puis voilà.

MB : Et Vincent tu as une petite fierté d’accueillir un groupe que tu voulais ou tu es content de tous ?

Vincent : Je ne veux pas faire de jaloux nan je suis content de tous les groupes qu’on fait venir, pour être honnête, franchement tous. On a parlé de Nothing But Echoes, qui au-delà de la musique, ce qui est intéressant, c’est le concept album sur l’extinction de masse. Après le petit dernier qu’on vient de faire venir c’est Argue, un groupe de metalcore deathcore de Lorient, qui a une superproduction, tu peux aller voir les clips sur Youtube, qualitativement c’est super. C’est vraiment un groupe talentueux. Il y a Witches aussi qui est un groupe historique de la scène thrash death française, qui est un groupe des années 80…

MB : Tu cherches à faire des thèmes dans tes soirées ?

Vincent : Alors ouais, on cherche encore un peu notre identité mais l’idée principale était de mettre du thrash, parce que je suis fan de thash et parce que les thèmes abordés tournent autour de la société, de pouvoir, d’argent, de drogues, d’écologie… donc voilà, j’aimerais bien mettre un peu plus de thrash. Mais sur l’identité musicale, on essaie de faire 2 identités, on a le vendredi plus metal extrême, black metal et puis le samedi thrash, un peu plus mélangé aussi. On est é pour la programmation avec mon frère qui s’occupe de la programmation du vendredi et je m’occupe du samedi. On communique beaucoup et on prend des avis des membres actifs de l’asso. Et puis en fonction des opportunités… Mais il faut que ce soit cohérent musicalement. Je ne saurais pas te dire ce qu’on fera en 2024…

MB : Et puis on veut garder la surprise… On ne veut pas tout savoir.

Vincent : Mais on pourrait avoir une soirée plus heavy/thrash… je ne sais pas, à voir. Et puis ça dépend du format car avec plus de groupes ce sera plus difficile d’avoir un style très clair.

MB : Ou alors faudrait avoir 2 scènes mais c’est encore autre chose…

Vincent : Nous on veut rester indoor, l’idée c’est de continuer sur le format salle.

MB : Très bien. Est-ce qu’il y a un sujet qu’on n’a pas abordé, Tanguy, Vincent, et sur lequel vous souhaiteriez mettre l’accent ?

Tanguy : Pas particulièrement, nous sommes très contents de venir à ce festival-là. Comme on est un peu jeune Férus (en Bretagne), on va essayer de faire de la com’ sur tous les publics possibles, on ira peut-être dans les écoles l’année prochaine. Le prochain stand qu’on va tenir c’est dans un zoo donc rien à voir. Là le côté musical, on en fera certainement d’autres, ce ne sera peut-être pas du metal non plus mais plus on touche large, plus on intéresse les gens et nous on ne cherche pas à convertir les gens à notre cause mais juste à leur ouvrir les yeux la-dessus. En Bretagne, c’est spécifique parce que comme vous l’évoquiez tout à l’heure, les gens connaissent bien la problématique du loup dans le sud de la France mais en Bretagne il y a même très peu de gens qui connaissent le retour du loup en France donc pour nous, l’invitation à Brest est super importante. En plus c’est assez proche d’où le loup se balade en ce moment donc ça répondait tout à fait à nos attentes.

Vincent : Nous on est content d’accueillir Férus, je donne rendez-vous à tout le monde pour venir au Metalearth cette année.

MB : Je vous remercie tous les 2 et vous souhaite bonne chance dans vos projets respectifs. Rendez-vous tous les 14 et 15 avril prochains à Brest pour soutenir la seconde édition du Metalearth Festival avec l’association parteniaire Férus.