Samedi
Insanity Alert
Pour notre premier concert de la journée, c’est les copains de Dust Bolt qui prennent d’assaut la Supositor Stage afin de nous délivrer un message alliant humour et thrash basket. Insanity Alert joue un crossover très attendu mais non moins énergique. On ne peut rien refuser au groupe qui ira même jusqu’à nous jouer un cover d’Iron Maiden, en modifiant quelque peu les paroles alors inscrites sur une pancarte. Jugez plutôt : « Run to the pit ! Mosh for your life ! ». Et au jeu des panneaux et accessoires, ils remportent la palme du week-end avec en bonus un chanteur aux gants en forme de pinces de crabe ! De là à dire que nous avons pu assister à un concert de crabecore, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Insanity Alert surfe sur tout ce qui a fait l’efficacité d’un style à l’instar de leurs grand-frères de Municipal Waste avec des guitares jouant au taquet qui se tirent la bourre avec la batterie et la basse. Un bon concert de crossover qui nous met en appétit pour une journée qui sera longue et percutante.
Malignant Tumour
Ayant tourné de manière définitive le dos à leur grindcore engagé des débuts, dont le dernier album remonte déjà à 2004, Malignant Tumour joue désormais un savant mélange de crust/punk et de speed métal bien crasseux pour un rendu aux relents « motörheadiens ». Et c’est dommage qu’une partie de leur discographie soit désormais occultée en live afin de coller d’avantage à leur image actuelle qui correspond à leur dernier méfait (The Metallist). Néanmoins, on ne boudera pas notre plaisir devant la bonhomie et l’humour du combo tchèque. Et ainsi donc nous scanderons les refrains des titres de We Are the Metal et du génialissime Saddam Hussein is Rock’n’roll. Mais malheureusement, ce fut un set en demi-teinte auquel nous avons assisté aujourd’hui. Sûrement du à un son pas toujours au top et à un échange avec le public somme toute limité qui n’ont pas réussi à allumer cette petite étincelle qui aurait fait de ce concert un grand moment.
Providence
C’est une surprise que de voir le groupe de hardcore beatdown parisien par excellence sur l’affiche du Motocultor. Et tant mieux car nous nous y rendons gaiement sans trop rien en attendre si ce n’est de perdre quelques neurones. Il faut dire que Providence n’a jamais fait dans la douceur, à l’instar de tous ses comparses du genre. Les coreux s’installent dans la fosse pour « se mettre sur la gueule », selon les dires du chanteur. Entre ses cris, nous rappelant les doux aboiements d’un pitbull énervé, celui-ci nous délivrera son message et sa pensée du sacro-saint Paris sur lequel il ne tarira pas d’éloges. Appuyé par un son des plus classiques et attendus qui fait la part belle aux mosh-part, Providence s’impose aujourd’hui comme une force de frappe du hardcore hexagonale. Et le groupe n’est pas venu les mains vides, car après avoir balancé des capotes sur le public, le final se fait avec drapeaux et fumigènes en mode hooligan style. Nous ne nous attendions à rien et pourtant nous avons été agréablement surpris par la prestation de Providence qui nous donne une méchante envie de rebasculer du côté beatdown de la force à l’occasion.
Igorrr
On se dirige vers la Dave Mustage alors que résonnent les premières notes du sample d’ouverture de Spaghetti Forever. Igorrr commence son set devant une foule danse et compacte en nous entraînant dans son délire musicale. A travers ce morceau qui réussi à combiner guitare classique, breakcore, métal industriel, chant hurlé proche du growl, chant lyrique et tout ce qui sort de l’imaginaire de son Dr Frankenstein de créateur, Igorrr impose sa patte si particulière. Sur scène, Gautier Serre s’est entouré de musiciens de talents qui auront rendu le live d’une intensité absolue. Tout d’abord en la personne de Sylvain Bouvier (Trepalium) qui viendra marquer chaque temps et apporter un côté groovy à la musique du Dj en martelant ses fûts. Enfin au chant, l’alternance entre les cris de Laurent Lunoir et la voie de Laure Le Prunenec, (quelle voix !!!) tous deux membres du groupe de doom Öxxö Xööx, nous berce de manière successive entre chaos et réconfort maternel qui s’ensuit d’une profonde folie. Folie accentuée par la gestuelle scénique des deux protagonistes qui alternent danses improvisées et poses plus ou moins héroïques. Nous nous retrouvons sur le cul dès le premier morceau et ce ne sont pas des titres tels que Viande, Cheval ou encore Tout Petit Moineau qui nous relèverons. C’est bien simple, on ressent nos poils se hérisser le long de nos avant-bras. En guise de fin, le groupe laissera le maître sur scène pour un rappel typé hardcore/breakcore afin de venir au plus près de la foule contre les crash-barrières. Seul ce moment nous sortira de notre torpeur étant donné que la force du combo n’y est pas. En conclusion, nous pouvons affirmer que ce n’est pas à un simple concert auquel nous avons assisté ce jour. Mais ce fut une véritable expérience sensorielle à part entière que nous souhaitons réitérer au plus vite.
Obituary
Rien ne ressemble plus à un concert de Obituary qu’un autre concert de Obituary tant le show est rodé et les set-list prennent des formes de best-of agrémentés de-ci de-là de petites surprises sorties des placards. Ce soir, nous avons eu droit à du récent tel que le superbe Ten Thousand Way to Die et sa rythmique implacable, comme à du plus ancien tel que Chopped in Half ou Cause of Death. Dans la fosse, le très nombreux public est chauffé au fer rouge par le groupe. Donc ça pit, ça slame, ça headbangue, on a le droit à des prestations de air guitare et même au plus grand wall of death du week-end (allant quasiment jusqu’à la régie son). Et ce n’est pas la conclusion du set qui fera redescendre la pression, car c’est l’hystérie dès les premières notes du cultissime Slowly We Rot. Obituary, mais Obituary bordel de merde ! Ces mecs nous retournent la tête depuis des décennies sur scène comme sur album et on ne s’en lasse toujours pas. Mais le poids des années se fait sentir quand on voit les frangins Tarly au bord de l’épuisement à la fin du live. Non, il n’y aura pas de rappel ce soir malgré un temps de jeu qui fut malheureusement beaucoup trop court au regard de la discographie du groupe.
Radio Moskow
Probablement LE groupe qu’il m’était impossible de louper, c’est avec appréhension et impatience que nous dirigeons vers la Massey Ferguscène pour découvrir pour la première fois en live le combo iowien (ça c’est pour se la jouer tu peux dire aussi d’Iowa, c’est plus mainstream mais plus facile à prononcer). Impatience car les albums du trio sont tellement parfaits (Radio Moskow ; Brain Cycles ou encore le dernier en date New Beginnings) qu’il me tarde de les voir. Appréhension : pour les même raisons et donc peur d’être déçu. Pour ceux qui ne les connaissent pas, Radio Moskow c’est un groupe de rock/blues psyché énervé emmené par un petit génie (Parker Griggs), jeune surdoué à la voix de Captain Beefheart, qui joue de la gratte façon Hendrix et qui propose une musique à la Gran Funk Railroad, avec du fuzz (c’est la vie) le tout accompagné par un bassiste et un batteur au niveau du grateux. Toutes ces références ne rajeunissent personne mais la musique du groupe est très encrée 60’s 70’s. Ils l’assument et assurent. Après une entrée en matière impeccable, Parker pète une corde de sa gratte… et arrête momentanément le show ! Le mec se trimbale en tournée avec une seule guitare ! Tranquille. Après quelques minutes à changer de corde et à se ré accorder, le groupe reprend comme si de rien n’était son tour de chant. Il faut à peine 2 accords pour être à nouveau dedans et être emporté par le côté psyché du trio. Jusqu’à la fin, plus une fausse note pour ce qui est (de mon avis général) un des meilleurs concert du week-end.
Discharge
Pionniers du D-BEAT, Discharge commence son set à fond devant un public plutôt clairsemé. Les festivaliers sont décidément fatigués après Kreator ou sont-ils tous devant le show de 1349 ? Il faudra même un temps avant que thrasheur, crust, punk, grindeux et autres ne décident à en découdre comme il se doit dans la fosse. Sur scène, le groupe culte (il y en aura plusieurs ce week-end) se donne à fond, toujours emmené depuis 2014 par l’énergique vocaliste JJ Janiak. Ce dernier est de loin le plus en forme ce soir et ne cessera de bouger et de haranguer le public présent qui est maintenant déchaîné pour l’un des pits les plus violents du festival. En termes de set-list, aux classiques succéderont des morceaux bien plus récents tel que le superbe Hate Bomb qui résume à lui seul ce qu’est Discharge aujourd’hui : un groupe taillé pour le live, et ce depuis 40 putains d’années !
Primordial
Comment finir cette deuxième journée de festival de meilleure manière qu’avec Alan and Co ? Nous l’aurons déjà dit et nous le répéterons il n’y a rien à jeter dans la musique de Primordial tant elle est intelligente musicalement parlant et que dire des textes ! Mais en live, c’est une tout autre affaire si le son laisse à désirer et heureusement pour nous ce n’est pas le cas ce soir. Primordial débute donc son set devant une foule moins nombreuse qu’elle ne le fut pour d’autres concerts sur cette même scène aujourd’hui. Mais qu’importe, les absents ont toujours tort et encore plus ce soir au vu de la prestation offerte par les irlandais. As Rome Burn, The Coffin Ships, No Grave Deep Enough viendront nous prendre aux tripes alors que Empire Falls nous fera gueuler son refrain tellement épique à plein poumons. Le seul bémol que l’on notera ce soir aura été le temps de jeu accordé au groupe. Une heure, c’est si peu pour un groupe de cette envergure dont les titres font rarement moins de six minutes.