Menu

Motörhead : A la croisée des chemins

Motrhead_-_Motrhead_1977.jpg

 Jeunesse !! Fidèle lectrice de Mad Breizh. Loin de moi l’idée farfelue de te présenter ce groupe aussi antologique qu’universel : Motörhead. Pourtant, une pensée me tarabusque. Mon cortex frémit. Je me demande si, du haut de tes vingt ans, tu mesures bien ce que ce trio anglais a apporté au Metal d’aujourd’hui. La vie musicale ne tient à rien… Car l’histoire se construit de détails au primabord insignifiants.

 En effet, alors qu’en 1977 Motörhead concluait sa tournée avant de tirer sa révérence (eh oui!), la captation du dernier concert n’a pas pu se faire. En contrepartie, une journée en studio leur a été gracieusement proposée par un producteur aussi amical que dévasté de son manquement. Laissant de côté leur flegme légendaire, le band ne pond pas un titre, mais une salve de rockettes qui attise l’intérêt et la passion du producteur qui, une vision d’avenir plein les mirettes et le nez creux, décide d’en sortir un vinyl. La galette s’appelera Motörhead. Oui, bon, l’inspiration dans les textes, c’est tout ce qu’on demande.

Bien que de jeunes groupes commencent déjà à dessiner le paysage musical d’une musique bientôt qualifiée d’extrême, la jeunesse révoltée se tourne vers le punk, seul messie, à leurs yeux et oreilles, capable de raconter leur rage de vivre sous couvert de musique frénétique, de riffs simples et efficaces, pour dire « FUCK » au monde entier.

Motörhead sort donc dans les bacs. Le public découvre un Ian Lemmy Kilsmister déjanté, narcotisé au speed et au train de vie qui colle à 200% à la culture punk du moment. Le cocktail fonctionne et l’ami Lemmy entre doucement dans la légende, boosté par Top of the Pop, émission religieusement suivie outre manche, le thé (ou la bière) fermement agripé à l’heure du tea time.

Cependant, le band britannique, dans son écriture, demeure ancré dans un rock n’ roll emprunt de touches traditionnelles, aux tempos dont la célérité n’atteind parfois pas celles exigées par les standards keupons. La conséquence qui nous intéresse est que cette particularité va engendrer un certain intérêt du hardos pour ce groupe alors indéfinissable et unique. Un leader aux cheveux longs, aux fringues résolument rock, (et bientôt la lemmy-stach connue de tous) plait à la branche overide du rock et va ainsi devenir une référence, un modèle pour de jeunes groupes émergents qui ne trouvaient pas leur identité dans le punk. La mixité musicale va finalement tenir bon.

En somme, Motörhead est en toute simplicité le lien qui unit les musiques extrêmes les plus diverses. Dans toute l’histoire du Metal, ces trois jeunes musiciens sont la racine de notre arbre généalogique. Sans ce petit imprévu d’avril ’77, à Londres, seule la branche punk aurait ramifiée, laissant un rock yéyé à l’agonie et inspirant à lui seul les générations suivantes. Adieu le Metal ! Sans ce fin mélange de tempos oscillant du simple ua double, à ce jeu de basse réinventé par le band : Adieu le Metal ! Sans cette voix rauque, prémice à des vocalises plus graves, jusqu’à voir naître le glutural, qui sait ? Adieu le Metal !

 Aujourd’hui, qu’écoutent un punk et un metalleux pour passer une bonne soirée ensembles, sans se fâcher sur l’ambiance musicale de la teuf ? Du Motörhead.

Jeunesse ! Lorsque tu siroteras avec modération ta libation maltée du Tennessee préférée, et que ta play-list de musique extrême passera un morceau de Motörhead, rappelle-toi que l’incommensurable variété et la richesse musicale qui fourmillent dans ton lecteur doivent énormément à un malheureux studio mobile qui, il y a 44 ans, a cruellement manqué. La vie musicale ne tient à rien. On l’a échappé belle !