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No Terror In The Bang – Eclosion – Chronique et interview

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Chronique

Il est des albums comme ça, avec lequel tu accroches tout de suite, dès la première écoute. C’est pourquoi, j’en appel à toute votre attention, enfin toute celle que vous saurez me donner, mais retenez bien une date, celle du 5 mars 2021. En effet, il s’agit de la date de sortie d’une petite bombe tout droit venue de Rouen, un premier disque à écouter absolument. Je vous recommande chaudement de faire la démarche d’aller prêter une oreille à Eclosion de No Terror In The Bang (NTITB).

NTITB est un groupe émergent, extrêmement prometteur, qui présente avec courage et dans une période toujours critique son premier opus : « Eclosion » via M&O Music.

Alors même si le groupe en lui-même est récent, les musiciens sont confirmés et c’est immédiatement décelable. Le disque est loin de ressembler à un premier jet, les 13 morceaux à composer « Eclosion » sont riches, particulièrement bien construits et très addictifs. NTITB s’amuse à jouer avec les émotions et ambiances pour le plus grand plaisir de l’auditeur.  

La force de ce disque réside sans doute dans la richesse de la musique associée à la superbe voix de Sofia, la chanteuse au parcours Jazz, Hip Hop.

Ne vous déplaise, nous avons bien ici à faire à un disque de metal. Mais, enrichi, mis en valeur et potentialisé par les influences de chacun des intervenants. Les premiers titres reflètent exactement la dualité proposée par le groupe, entre l’ambiance chaude, calme, jazzy de l’intro rapidement effacée par le riff surpuissant d’ Another Kind Of Violence, venant lacérer le tout sans prévenir. Ainsi, vous serez peut être surpris par les notes de piano soutenu par la voix, les musiques dignes d’une scène de cinéma à base d’instruments classiques, le tout sans que la guitare, la basse ou la batterie ne se fassent trop attendre. Le mélange est subtil, précis et réussi. Bravo.

L’ensemble du disque est cohérent et s’apparente à une évolution, un parcours, comme si on regardait un film ou lisait un livre. Une intro, une fin, des passages dynamiques et des pauses musicales avec une BO qui défonce tout. La cohérence de l’ensemble étant appuyée par la rigueur de la voix. Parfois tu souhaites seulement tout casser, headbanger jusqu’au torticolis tandis que le passage suivant te surprend avec l’émotion de la musique et de la voix posée, qui te hérissent un frisson dans le dos jusqu’au bout des doigts.

En ce qui concerne la forme, le mixage fait la part belle à la voix sans renier sur la puissance des instruments. Quand la guitare rentre pour casser la douceur dans laquelle le piano venait de t’installer, elle rentre fort, appuyer par la section rythmique. Mais la prouesse du groupe réside bien dans le fait que l’ensemble paraisse malgré tout, normal, fluide, tout est adapté, à sa place, judicieusement positionné.L’écoute de cet album m’a réellement procuré énormément de plaisir.

Mon conseil pour en profiter à fond, il faut l’écouter en entier et les morceaux dans l’ordre car les titres sont parfaitement enchaînés.

No Terror In The Bang signe ici un premier opus d’une qualité impressionnante (sans compter qu’il s’agit de leur premier album). Le groupe entame 2021 de la plus belle des façons, en espérant les voir prochainement sur scène car je suis particulièrement curieux de découvrir le rendu d’un tel album en live. Je me permets d’insister, mais écoutez-moi ce disque s’il vous plait. Nous tenons ici sans aucun doute, l’un des meilleurs trucs de 2021 en scène française et le premier nom de la playlist 2021 de la rédaction. Un groupe émergent à suivre de très près, le genre qui a quelque chose en plus. Vous êtes prévenus.

Le groupe suggère les similarités avec les groupes suivants : Deftones, Pain of Salvation, Jazmin Bean, Poppy, System of a Down, Faith no more, Muse, Korn, Devin Townsend, Metallica, Skunk Anansie, Rage Against the Machine. J’ajouterais que le grain de guitare me fait parfois penser à celui de Jim Root.

Mes coups de cœur :

Another Kind Of Violence

Micromegas

Uncanny +++

Preacher Of Steel

Interview

MB : Bonjour, je suis Julien rédacteur pour le webzine de MadBreizh Production. Merci pour le temps que vous accorderez à cette interview.

Alexis Damien : « Merci Julien pour ton intérêt, bonjour à tous. »

MB : Dans un premier temps, pourriez-vous présenter le groupe, depuis combien de temps il existe, d’où vous venez, qui le compose, comment s’est passée votre rencontre…

A.D : « Nous venons de Rouen. Le groupe est né en février 2019. Sofia Bortoluzzi (Chant) et moi (Batterie, compo) nous sommes découverts de nombreux points communs esthétiques. Nous avons tous les deux une soif de création. Nous nous complétons à merveille, Sofia apportant de la fraicheur à mes idées, et moi une certaine « méthodologie » disons (rires)…

Sofia a un parcours entre Jazz, Hip-hop, mais elle affectionne des styles comme la witch-house, et bien sûr le metal. Je suis pour ma part musicien depuis assez longtemps, j’ai pratiqué principalement 3 styles : metal, jazz, composition orchestrale (Certains d’entre-vous connaissent peut-être mon ancien projet d’avant-garde metal, Pin-up went down) .

Nous avons posé des maquettes qui ont convaincues les autres membres de nous rejoindre : Etienne Cochin (Guitare) qui joue aussi du Rock-electro, Clément Bernard (Guitare), qui joue aussi du Blues, du Rock, du classique ; Brice Bouchard (basse/Contrebasse), qui a lui aussi un bagage classique, et enfin notre claviériste Romain Greffe ayant une bonne expérience de la scène, du studio, et de la musique à l’image (Il a co-remporté le césar de la meilleure musique de film en 2019). »

MB : Comment pourriez-vous qualifier le son de No Terror In The Bang ? A quels auditeurs s’adresse-t-il ?

A.D : « Sombre, énergique, dérangé, massif, mais avec beaucoup de contrastes, des passages narratifs, stellaires…De l’émotion j’espère. Nous avons décidé de prendre un parti-pris assez radical : celle d’une dualité entre d’un côté des passages calmes, sombres, orchestraux ou atmosphériques et de l’autre un Metal moderne et énergique.

Sofia apporte beaucoup d’énergie de part sa culture et ses goûts. Elle m’a fait découvrir Poppy, Ghostemane, Jazmin Bean – qui réinterrogent l’esthétique Metal d’aujourd’hui.

No Terror In The Bang s’adresse donc à tous les fans de Metal, aimant la cinématographie, les univers sombres et les voyages. Mais cela n’a rien à voir avec ce qu’on appelle le métal « symphonique ». C’est beaucoup plus urbain et le chant de Sofia n’a rien à voir avec les références de ce style. »

MB : Il me semble que vous avez personnellement des parcours très différents de musique plutôt classique, jazz, comment passe-t-on du jazz, du classique au metal ? Techniquement, existe-t-il une proximité entre les genres ?

A.D : « Le classique et le metal ont des points communs, à savoir la rigueur, la sauvagerie, l’emballement…La force du classique c’est les couleurs des timbres, les voyages harmoniques, le côté narratif et l’aspect « écrit » – qu’on a moins dans le Jazz que j’écoute beaucoup moins – je trouve ça souvent trop nombriliste – sauf le jazz vocal des années 50-60 qui racontaient des histoires. Donc en effet, si je devais garder deux styles de prédilection, ce serait le classique pour sa profondeur, et le metal pour son énergie. »

MB : J’aimerais savoir comment se passe la composition des morceaux en général, vous intégrez de nombreux passages calmes, mélodiques, musicaux, de piano, Comment ça se passe ? Comment on associe des influences personnelles de chacun afin de créer un morceau unique cohérent.

A.D : « Sur cet album c’est globalement Sofia et moi qui sommes à l’écriture. J’ai quasiment tout composé d’un point de vue rythmique et harmonique, Sofia s’est chargée d’une relecture structurelle et de toutes les mélodies de chant.

Romain Greffe est repassé derrière moi sur certains passages, soit pour les rejouer avec plus de classe, soit pour les compléter, son rôle est essentiel pour la fluidité. Les deux guitaristes du groupe se sont appropriés les parties de guitare et ont transcendés l’écriture. Brice, notre bassiste a apporté des petites touches de contrebasse afin de donner un peu de sel.

Les passages calmes, de respiration, utilisent en effet souvent du piano au son feutré et cinématographique. Les orchestrations sont légères, dans la lignée de Wojciech Kilar ou Ravel qui seraient deux immenses modèles à suivre si on n’en citait que deux. »

MB : Vous allez prochainement sortir votre premier album « Eclosion », pouvez-vous nous parler de l’enregistrement ? Comment ça s’est passé ? Où avez-vous enregistré ? Qui s’est occupé du mixage, mastering ? Avez-vous été aidé pour la sortie de cet album ?

A.D : « Nous avons enregistré avec l’ingé-son et producteur Sébastien Langle qui a non seulement fait un travail remarquable, mais qui a aussi laissé sa pâte dans plusieurs morceaux. Nous avons enregistré dans plusieurs lieux : la batterie à la Gare aux musiques de Louviers, le chant, guitares et claviers dans nos studios personnels et la basse dans le studio de Sébastien. Le mastering a été réalisé par Pierrick Noel de l’atelier mastering (Kadinja, etc…) »

MB : Quelle est l’image que vous souhaitiez envoyer avec la pochette ? Qui s’est occupé de sa conception ?

A.D : « La photographie de la pochette a été réalisée par Louise Dumont, une artiste au travail sombre et dérangeant. Cette œuvre est un autoportrait de l’artiste, doublée, repliée sur elle-même. On y voit une longue chevelure bleue. Cela m’a immédiatement fait penser à un œuf – à Alien d’ailleurs, de Ridley Scott, dans une version plus humaine, féminine, avec des os et beaucoup de froideur. Cela correspondait à notre style. »

MB : On passe de moments calmes, cinématographiques, musicaux, à de violents riffs de guitare bien en avant sans que ça nous choque. Comment avez-vous réussi cette prouesse musicale ?

A.D : « Nous sommes ravis si cela s’est fait sans douleur ! C’est effectivement le contraste que l’on a cherché. Le clair-obscur, la surprise… Le nom du groupe fait d’ailleurs référence à une phrase d’Alfred Hitchcock ‘There is no terror in the Bang, only in the anticipation of it

Pour répondre à « Comment » ? Je pense très simplement que la voix fait le lien… Un peu comme dans Poppy justement, qui passe de l’ambient à du Beatles-like, à du Metal à la Gojira…mais sa voix donne la cohérence.

Techniquement, si vous analysez ce qui est joué, ou chanté, ou dit, il y a des motifs qui reviennent– de façon assez subtile, pour faire le lien entre les parties. »

MB : L’album s’enchaine aisément, comme si on écoutait, regardait une histoire, un film. Est-ce un souhait de votre part de faire sonner l’ensemble avec une certaine cohésion, unité, d’un début à une fin ?

A.D : « Oui, en effet, on vous prend par la main et on vous emmène dans un monde. Les étapes ont été pensées comme un voyage immersif. On alterne en effet les sensations et les parfums. L’ouverture « Saule pleureur » est le titre le plus « lumineux » de l’album ; la conclusion « Broken Mind », est quant à elle déstructurée, sombre et bizarre. Au milieu, on vous emmène par différents états gazeux, solides, liquides. Il y a des ruptures, des coups de freins, des accélérations…Comme dans une narration.

Nous avons essayé de faire un album contrasté qui joue avec les nerfs de l’auditeur. »

MB : Concernant les textes, qui s’occupent de l’écriture ? Est ce qu’il y a des thèmes récurrents à l’album ? Avez-vous des sujets qui vous tiennent particulièrement à cœur ?

A.D : « Les textes de Sofia sont métaphoriques et, d’une certaine façon, autobiographiques. Ils sont assez abstraits mais parlent globalement de recherche de soi, de souffrance, de quête intérieure, de psychologie. On peut parler d’une introspection contagieuse ou d’une folie récréative… »

MB : Quels sont les influences extérieures qui impactent votre jeu au sein de ce groupe ? Que ce soit d’un point de vue musical, sociétal, cinématographique, culturel, etc…

A.D : « J’essaie d’écouter des groupes actuels et de la musique de film et classique. D’un point de vue cinématographique on n’échappe pas à la génération « série » et ciné. On est donc baignés de génériques, d’ambiances très caractéristiques et efficaces. J’ai pour ma part une sensibilité pour Johann Jóhannsson, Danny Elfmann, Bernard Hermann, Wojciech Kilar, Saint Saëns, Ravel, Satie

En ce qui concerne les groupes de Metal, c’est Devin Townsend, Faith No More, Poppy qui ont mon affection. Sofia est une fan inconditionnelle de Jinjer, Ghostemane et Ic3peak

Tous les artistes cités ont le point commun d’avoir une identité très forte, ils ont une démarche de chercheur, et c’est mon premier critère quand j’écoute de la musique. »

MB : Comment avez-vous débuté la musique ? Qu’est-ce qui vous a amené au metal et particulièrement au sein de NTITB ?

A.D : « J’ai commencé la batterie à l’âge de 10 ans et ai joué dans de nombreux groupes – pas que du metal. C’était le moment pour moi, avec un peu plus de maturité, de penser un projet plus posément et de le défendre corps et âme ! J’aime la puissance du metal – j’adore le côté urbain qu’apporte Sofia qui, je pense, amène notre style dans une dimension post-je ne sais quoi, sans tomber dans les poncifs des chanteuses. »

MB : Quels sont les projets pour 2021 ? Comment voyez-vous l’avenir de votre groupe ? Des sorties sont-elles prévues avant le 5 mars ?

A.D : « Nous venons de tourner un clip sur le titre « Another kind of violence ». Il est au montage et sortira au printemps 2021. Nous avons des résidences de prévues pour continuer notre Set live. Notre but est maintenant de jouer sur scène, c’est le moment de nous envoyer un mail ! »

MB : Quels sont, selon vous, les enjeux à ne pas louper pour un groupe de musique en période de covid sans aucun concert ni rencontre possible ? Comment survivre et trouver le courage de sortir un album ?

A.D : « Nous sommes émergents donc pour nous ça ne change pas tant de choses que ça. La priorité c’est la diffusion de notre musique, que les gens nous découvrent. Pour un groupe indé, les chroniques sont importantes, le buzz…un petit article peut changer des choses. Merci à vous et à vos lecteurs…Bientôt nous aurons un clip, le public mettra un visage sur notre musique. »

MB : Pour terminer, vous écoutez quoi en ce moment ? Avez-vous un truc à nous conseiller ?

A.D : « Poppy pour la nouveauté, Ghost parce qu’ils ont truc entre héritage et modernité, la magnifique B.O de Joker (Hildur Gudnadottir ) car elle incarne parfaitement le personnage, le dernier Klone – Le grand Voyage, un groupe bien de chez nous qui déchire. Hypno5e aussi ont une démarche très intéressante. »

MB : Merci à fond encore. Je vous souhaite bonne chance pour la sortie de cet album durant lequel j’ai pris énormément de plaisir. Vous avez mis la barre de 2021 très haut. Bravo. En espérant vous croiser sur scène.

A.D : « On est très touchés si tu as eu des émotions. On y a mis beaucoup de cœur et de travail. J’espère que les lecteurs prendront le temps de se poser et d’écouter (très fort !) notre album.Au plaisir aussi de vous croiser sur scène dès que possible. Merci infiniment pour cette interview ! »

Label : M&O Music

Promotion : M&O Office

No Terror In The Bang c’est :

Sofia Bortoluzzi : Voix, Textes, Composition
Alexis Damien : Composition, Batterie, Orchestrations et Programmations Clavier.
Romain Greffe : Claviers & Piano
Brice Bouchard : Basse & Contrebasse
Etienne Cochin : Guitare
Clément Bernard : Guitare