Sortie : le 3 octobre 2025
Dans ce nouvel album, Romain Humeau, le chasseur de mots, le cueilleur de météores, jamais repu,
toujours en quête du vers incandescent qui cloue au sol ou qui sauve, réenchante les comètes en
détresse, traçant une traînée de néons liquides. Le vélo rouillé du village a été troqué contre une
machine temporelle montée au chrome, secoué des tambours jusque dans les entrailles des ours et
pressé des fruits lunaires qui éclaboussent de nectar noir. Entre la cave boisée des souvenirs et le
grenier cosmique des années fluorescentes, il a brassé un vin d’étoiles et de pétrole, fort comme une
gifle, tendre comme un soir d’été.
Dès qu’ Interstellar démarre, on sent le sol se dérober sous les pieds, le ciel se plier en accordéon et les
étoiles se mettre à danser comme des lucioles sous LSD. Romain Humeau y enfile le costume du
capitaine d’un vaisseau de carton, les yeux fermés et nous entraîne à travers des néons liquides, des
météores en goguette et des planètes qui grincent. Le funk du vieux Chic flotte dans l’air, invisible mais
présent, le parfum de poudre cosmique qui colle aux doigts, qui fait battre les tempes et qui transforme
chaque geste en chorégraphie lunaire. Les synthés serpentent et se mêlent aux éclats de voix, aux
harmonies qui s’écrasent contre les murs de la cabine spatiale, aux harmonicas qui n’existent que dans
nos rêves. Les percussions cliquettent et rugissent comme des sabots de centaures ivres. On a
l’impression qu’une pluie de météorites se transforme en une piste de danse pour fantômes en colère.
Interstellar n’est pas seulement un morceau, c’est une chevauchée folle sur une comète en peluche, un
saut dans l’inconnu avec la certitude que chaque note va te retourner la tête, te chatouiller les côtes et
t’emporter vers un espace où les lois de la gravité, du temps et du sens ont été dissoutes dans le groove.
On en ressort lessivé, électrisé, le cœur pulsant comme un moteur de fusée déjantée, les yeux pleins
d’éclairs et d’astres rebelles, prêt à replonger dans ce chaos joyeux encore et encore.
L’album n’a ni début ni fin : il s’ouvre comme une trappe sous un ciel orageux et nous entraîne dans des
sentiers suspendus où les guitares se plient comme des roseaux et les synthés suintent des couleurs
qu’on ne peut nommer. Il se verse comme une potion étincelante, il titille, il dérange, il rit dans nos
oreilles. Traversé de courants eighties, il bâtit des palais de brouillard, il sculpte des falaises de sons
clairs. La Peur et le Vent, c’est une pierre levée au milieu du champ, une stèle minérale qui chante. Et
Humeau, au lieu de la tailler, la caresse et la fait vibrer comme une corde cosmique.
Ici, les chansons frappent comme des lames mais qui tiennent la tendresse au bout de leur pointe.
Quatorze incantations façonnées entre la nuit et l’aube, sous le toit d’un atelier devenu chapelle. Elles
jouent avec nos émotions tel un funambule avec la gravité. La tristesse peut devenir exubérance, la
mélancolie peut se muer en danse folle et chaque silence est chargé de tension, prêt à exploser en
éclats de rire ou en frissons. On voyage entre hallucination et émerveillement, entre la chaleur d’un feu
invisible et le froid d’un vent qui mord. On traverse des paysages où la peur s’éclaire de poussières
stellaires et où le vent porte des messages impossibles à comprendre. Certaines chansons brûlent à la
manière des braises du firmament, d’autres glissent comme des brumes opalines. Chaque instrument
semble habité par un génie malicieux. La voix, tirée comme un arc tendu vers l’horizon. La basse, un
cœur qui aurait trop grandi. Les guitares, des bêtes sauvages domptées. Les claviers, des spirales
infinies tournoyantes à la manière d’escaliers fuyant le monde. Le rythme, un souffle qui te prend par la
nuque, te tire, te pousse, te fait tanguer en bateau ivre dans un ciel de plomb. La batterie gronde et
ronronne à la fois, tape comme des sabots d’ouragan sur des pavés de verre.
Quand l’album s’achève, il laisse derrière lui une trace indélébile. Le corps vibrant, la tête pleine de
reflets insensés, le cœur prêt à bondir au rythme d’éclairs sonores. On distingue au loin la biche fragile
qui s’avance, museau vers la rosée, comme un symbole de grâce arrachée au tumulte. La Peur et le
Vent n’est pas seulement une écoute, c’est une traversée hallucinée, une chevauchée où la lumière et
l’ombre se mélangent. Chaque note semble nous dire : «Ose rester vivant dans le vertige.»
Liste des morceaux :
1)Interstellar (5’01)
2) Skin on Skin (4’18)
3) Save Me (4’44)
4) Luxe, Calme & Volupté (4’23)
5) Ton Temps, Ma Jolie (4’17)
6) La Peur et le Vent (4’59)
7) Or (3’38)
8) Belle of the Bal (4’38)
9) Baiser Sioux (4’00)
10) Anaïs Attend (4’50)
11) Joue la Vie (4’25)
12) Plaie Divine (4’23)
13) You Waste Me (4’31)
14) Abracaputana (4’56)
Par Coralie
Merci à Oblique Music





