Menu

​Ormyst – Arcane Dreams

Il est toujours difficile de faire son premier album, surtout dans un style aussi fourre-tout que le métal « sympho », sans tomber dans l’écueil des clichés ou de reprendre des recettes qui ne marchent plus. Il est tout aussi difficile de faire une chronique objective sur un style que l’on écoute et que l’on joue depuis une vingtaine d’années. Le premier opus de Ormyst, intitulé Arcane Dreams, fonce droit dans ce mur. La plaquette semblait initialement alléchante, on pouvait s’attendre à quelque chose dans la droite ligne de The Awakening of Gaia dans le genre. On va de déception en déception avec cet album, où le ressenti global est : maladroit, inabouti. On est loin, très loin, de ce qu’ont pu produire des groupes comme Whyzdom, Asylum Pyre, Sainte Ombre ou encore Crysalys lors de leurs premiers albums, qui ont pu et su convaincre dès le début.

L’album débute sur Beneath the Hat, de manière fort classique pour ce style, un thème faisant BO de film avec voix éthérée racontant une histoire, qui amène la seconde piste. Ce qui était original il y a une quinzaine d’années et qui est devenu la norme aujourd’hui. Following Three Ghosts, morceau de facture un peu démodée, rappelle le premier album de After Forever. Above Airplanes évoque les sonorités du premier Sonata Arctica, surtout en ce qui concerne les sonorités de clavier. La basse peine cependant à sortir du lot dans sa partie solo. Le premier morceau calme, Taste of your Tears, manque de ce petit quelque chose qui permet d’étonner. Le choix de sonorité de guitare sur le solo qui se voulait aérien est totalement loupé. Lady Shalott est le premier morceau à sortir réellement du lot, car on ne pense pas à quelque chose de déjà entendu. Le plan de vélocité à la guitare est trop convenu. Un groove presque en place, des claviers moins envahissants, mieux dosés. Scratching Games est assez énergique, sans pour autant convaincre. Dreamsailor est de facture très Nightwish, dans leurs débuts. Back to Salem aurait pu faire un morceau d’ouverture convaincant, et le bon point pour ce morceau est que la voix y est presque audible. Les rimshots auraient mérité une mise en valeur plus importante. Randomization se veut électro, sonne comme du Markize ou du Dreamslave, ce qui est déjà grave en soi. L’éponyme Arcane Dreams clôt cet opus peu convaincant, finalement sans grande originalité et dont l’écoute demeure laborieuse.

Lorsqu’on écoute du métal symphonique, on s’attend quelque chose de dynamique, de grandiose. Lorsqu’on annonce des influences, il faut éviter que l’hommage ne se mue involontairement en parodie. Ici, tout est surcompressé, et de bout en bout, on a cette impression désagréable de boue sonore, où aucune sonorité d’instrument ne perce. Ce rendu brouillon et baveux nuit énormément aux bonnes idées que l’on retrouve çà et là. L’album mériterait d’être repris, et c’est là où on se rend compte du choix de la personne qui va gérer le mixage. Peut-être qu’une oreille plus dans le style aurait pu tirer l’album vers le haut, corriger les erreurs de jeunesse et orienter correctement chacun pour en tirer le meilleur.
La voix n’est pas du tout mise en valeur, peine à être entendue. Les moments où le chant est audible et intelligible sont trop rares. Il n’en ressort aucune émotion, juste une impression de lecture lyrique. Bien loin de Nightwish ou Epica … 
Les claviers, où l’on devrait sentir le côté électro annoncé, manquent cruellement de nuances. Seule une écoute attentive au casque a permis de sentir de la subtilité dans le jeu. Il y a pourtant des bonnes idées, des choix d’instruments, de sonorités qui auraient mérité d’être poussés sur le devant. Les sonorités choisies sont fidèles à celles de Nightwish, mais sont très envahissantes, la faute à un mastering très mal dosé et trop compressé.
Le groove basse-batterie peine à sortir du lot, réduit à un rôle strictement métronomique. La basse ne ressort que rarement, et aurait mérité une sonorité plus affirmée. Les motifs de batterie n’ont absolument aucune originalité, peu de variété.
Le point le plus négatif, le plus gros loupé est la place réservée aux guitares. Lorsqu’on est soi-même guitariste, et que l’on gère son rig de bout en bout, on devient très exigeant vis-à-vis du rendu sonore. Surtout quand on lit une influence Dream Theater où les guitares de John Petrucci sont très soignées, travaillées à l’extrême. Les guitares ne sont absolument pas à la fête dans cet album, avec une sonorité absolument indigne. Les « riffs techniques » sont fades, réduits à un borborygme grave, quant aux lignes lead, le choix de sonorité ne leur permet pas de percer comme elles le devraient. La sonorité choisie est à la mode, à savoir un creux exagéré dans les médiums, faisant ainsi perdre toute saveur au son.

A réserver aux inconditionnelles du genre, pas trop exigeantes ou regardantes.


  • Beneath the Hat (1:43)
  • Following Three Ghosts (4:58)
  • Above Airplanes (4:52)
  • Taste of Your Tears (4:48)
  • Lady Shalott (5:23)
  • Scratching Game (4:08)
  • Dreamsailor (3:44)
  • Back to Salem (3:31)
  • Randomization (5:00)
  • Arcane Dreams (9:41)