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Point Mort : Puissance et sincérité.

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 Quoi de plus sympathique qu’un bon set sous la Valley, de bon dimanche ? Il fait déjà très chaud ce matin, lendemain de la journée la plus saharienne du week end. L’arrivée de Point Mort se fait en douceur. Les quatres instrumentistes entament une douce musique, peu à peu accompagnée de la voix de Sam, haute et lyrique. C’est alors que, soudainement, la pression monte dans nos oreilles : la batterie s’affole, le jeu se durcit. Mais ce qui me scie, c’est que cette femme aux allures de belle-fille modèle, ferait pâlir de jalousie les plus costauds des chanteurs/hurleurs ! Le quintet nous en met plein la façade. Il nous embarque avec lui dans une ambiance intimiste construite de lignes musicales recherchées. Trente minutes de set, trois titres éprouvés. Oui, vous lisez correctement. Point Mort ne cherche pas à tabasser pour tabasser. Leurs paroles, leurs compositions nécessitent du temps pour que tout leur univers nous touche. L’après-midi même, l’organisation Média du Hellfest cherchait désespérément une petite place à l’ombre pour le groupe qui allait enchaîner les entrevues, en commençant par moi ! Privilège modestement accepté et place trouvée, Point Mort m’accorde donc ces quelques mots :

MB : Nous voilà avec Point Mort. Concert 10h30 à la Valley. Bonjour Sam ! Alors ça a été bon ?

Sam (chant): C’était pas mal du tout je crois oui. En tout cas, on s’est bien marré. On a passé vraiment un super bon moment et il y avait du monde. Donc déjà ça c’est hyper chouette. Et nous, entre nous, on a vraiment pris plaisir à jouer. Donc c’est super en fait. Je pense que c’était la bonne heure pour jouer. Plus d’avance de la journée et puis la chaleur devient extrêmement pesante. Donc 10h30 c’était parfait. Et en plus les gens étaient là.

MB : Et vous sur scène, avec les projo tout ça, j’imagine que c’était encore pire !?

Aurélien (guitare): Et non car imagine toi quand nous avions des ventilateurs ! On était des vrais rock stars ! C’est pour ça qu’il y avait des cheveux dans le vent.

MB : Personnellement, j’ai trouvé ça très transcendant. Il y a une transmission. À vous cinq, surtout Sam avec la puissance de ta voix, et aussi vous jouez, vous aviez une énergie à donner et que nous public on l’a vraiment reçu. Ça représente bien ce que vous voulez faire pour transmettre des émotions et des choses importantes pendant ses concerts.

Sam : Oui c’est primordial pour nous ! Il y a évidemment la musique qui nous tient à cœur, mais comme c’est la musique que l’on aime tous et qu’on joue tous ensemble, le but est vraiment de lâcher les chevaux. Et jusqu’au bout ! Se trouver nous, échanger, et puis échanger avec le public mais toujours dans une dynamique d’hyper partage.

Aurélien : On l’a dit sur scène, on était tous ensemble déjà nous et après avec le public. Mais ça s’est fait progressivement. On n’est quand même pas habitué à jouer sur des scènes aussi grandes. On a eu quelques scènes qui étaient de taille, mais pas de cette envergure là. Déjà faut qu’on arrive à se trouver sur scène. Après on peut se projeter vers les gens. Et je pense qu’on a pas trop mal réussi notre truc.

MB : Il semble que le staff du Hellfest est dans l’accueil très bienveillant et que déjà ça peut vous mettre en confiance de se dire « bon on joue là, c’est une heure assez tôt , mais tous les artistes sont accueillis et des de la même façon ». Donc ça a dû aider ?

Aurélien : Si tu veux je suis arrivé, j’étais hyper énervé et hypertendu. Car on a eu des soucis de bagnole, etc. J’étais vraiment sur les nerfs et au final celui qui gère la scène, Seb, a tout fait pour que justement je puisse redescendre en pression, me mettre dans le concert et s’il n’avait pas été là je pense que j’aurais vécu moins bien le concert. Comme tu dis il était hyper bienveillant, on se connaissait pas ! Et bien je vais aller le revoir pour lui payer un coup tu vois !

MB : Il faut s’hydrater c’est important ! Du coup, votre concept avec Pointless (2022), votre album de cette année tout frais, a été un challenge à présenter ?

Sam : C’est vrai que l’on commence à peine à le jouer. On a eu l’occasion de l’essayer sur 2/3 concerts qu’on a fait auparavant. Mais c’est le but de le présenter. Pointless, pour nous, est enregistré depuis juillet dernier déjà (2021) donc c’est récent et loin à la fois. C’est vraiment maintenant qu’on éprouve et qu’on le partage. C’est ça le but premier. Il y avait deux morceaux du nouveau et un morceau du précédent pour faire un peu plaisir à ceux qui nous connaissent déjà avec un morceau familier et nous, nous faire plaiz’ en allant sur la nouveauté. Olympe est un morceau qui commence très calme, après qui devient un peu Creuz, D-beat, on peut vraiment se faire plaisir avec. On va tourner en octobre et on a hâte de vraiment pouvoir en jouer plus que trois en tout cas ! On va pas se mentir, ça reste frustrant mais c’était hyper cool de le faire ici !

MB : C’est un set qui a été testé ? Car il y a quand même cette introduction très douce. Après on prend une grosse claque dans la tronche et c’est parti : on est vraiment dans votre style. Et finalement la dernière chanson avec les hurlements lointains de Sam et la musique qui s’estompe peu à peu, c’était d’une construction bien pensée. C’était un test ? Le set peut-être ou le morceau peut-être ?

Aurélien : Il y a ça et il y a aussi le fait de la contrainte de la durée du set. Il a fallu savoir comment on allait pouvoir faire quelque chose de cohérent avec des morceaux qui font plus de 10 minutes. C’est quelque chose que l’on aime beaucoup, travailler les nuances. C’est donc intéressant d’avoir quelque chose qui s’ouvre progressivement, même pour nous. D’aller doucement dans la musique et, comme tu as dit, de faire en sorte que tout le set tende vers quelque chose de plus en plus énervé, pour revenir sur quelque chose de plus intimiste où Sam termine sans micro et d’être le plus doux possible. On a commencé doux, on finit doux. Un peu comme la vie… C’est un peu con ce que je viens de dire [rires].

MB : Donc Pointless a une composition encore plus riche par rapport à l’évolution de votre style, et votre envie de proposer des ambiances différentes. Du coup votre spontanéité, qui est votre base, s’exprime pendant les live ? Vous vous dites « on se lâche un peu plus que ce qui est prévu » ? Car pour transmettre une émotion, il faut se laisser aller. Et nous, côté public, l’émotion, nous en avons pris plein la tronche ! Donc ça fonctionne ! Votre spontanéité est pour le live ?

Sam : La spontanéité c’est déjà pour le disque puisque nous enregistrons en live. C’est le même délire sauf que c’est entre nous. Il faut qu’on soit cinq en même temps avec la bonne énergie. Pour le live, il y a quelque chose d’assez similaire sauf que là, en plus de le faire entre nous, on le propose à d’autres personnes et le but est qu’elles y adhèrent et qu’on les touche. Donc oui je pense que notre musique est clairement spontanée et on est tous comme ça. En plus, comme on dit souvent qu’on écoute pas tous la même chose, il faut donc que je sois sincère. Sinon ça te fait du bricolage, un assemblage de Lego. Il y a plein de couleurs, de petites briques et ça donne un truc qui est moche. Il faut construire avec plein de Lego différents, mais il faut qu’à la fin on ait une belle baraque. Sincérité et spontanéité sont des choses sur lesquelles on est tous d’accord.

MB : C’est un peu la même voix finalement pour ce petit ovni Corners qui finalement propose un titre d’une douceur et d’un tempo qui ne tabasse pas comme le reste de l’album. C’est une volonté de proposer autre chose ou c’est finalement vous qui aviez envie que ce soit là, au milieu de cet album, qu’il y ait cette parenthèse ?

Aurélien : On n’en parlait déjà depuis quelque temps d’avoir un morceau complètement acoustique. Je dis pas que c’est facile de faire de la musique qui tabasse mais c’est peut-être plus naturel. C’est plus délicat d’aller sur quelque chose de plus intime. C’est plus casse-gueule pour nous car ce n’est pas quelque chose que l’on fait souvent. On a toujours des passages qui sont très intimistes mais là c’est vraiment sur un morceau complet. La difficulté était d’arriver à garder ce côté torturé sans tomber dans la balade facile. C’était d’avoir quelque chose sans saturation, sans batterie. Juste deux guitares… et de voir ce que ça donne. Et même les gars, quand on a commencé à emmener la démo, n’étaient pas forcément motivés par l’écoute. Ils étaient persuadés que c’était là où on voulait aller mais ça a pris vie au fur et à mesure des démos et pendant l’enregistrement. Finalement c’est un morceau qui est un peu étouffant, assez bizarre et il articule complètement la dynamique de l’album. C’est trop bien..

Olivier (guitare): Paradoxalement c’est le morceau qui est le plus compliqué en termes de signature rythmique car c’est un bordel pas possible. Mais finalement ça passe bien. On n’a pas eu de retours sur ce côté hyper écrit et donc généralement quand la musique passe, le reste passe. Je suis hyper fier de ce qu’on a fait par rapport à ça car c’était pas gagné. C’est un morceau dont les gens me reparlent souvent c’est qu’à priori, on a pas trop mal réussi notre coup.

MB : Me semble-t-il que tu écris les paroles. Comme FrontWoman, c’est important de dire les textes que l’on a envie de dire. Mais finalement ses compositions se font à partir d’un riff ou tu apportes un thème, vous en parlez et ça se compose petit à petit ?

Sam : Il n’y a pas une personne qui fait tout, chacun est libre d’apporter des idées. Ça commence souvent autour d’une maquette que quelqu’un va apporter, quelque chose d’un peu construit. Une fois que ça ressemble un petit peu à quelque chose, on va l’éprouver tous ensemble. On répète en live et moi je suis toujours présente, même si je ne chante pas encore à ce moment-là, parce que j’ai besoin de rôder le truc. Donc des fois ça peut être bossé chez moi en amont, mais souvent c’est sur le terrain ; j’essaye des trucs. On commence à construire comme ça et on en discute. Ça permet d’arriver sur des choses qui vont faire que je vais dire « deux mesures c’est pas assez il en faudrait quatre ou six ». On construit et on déconstruit, ça part comme ça. Je prime d’abord sur la mélodie, c’est ce que ça va m’inspirer. Les lignes de chant commencent à arriver et de là les thèmes commencent à arriver aussi, les couleurs, les harmoniques. Tout ça se fait un peu au fur et à mesure et au bout d’un moment, ça devient assez clair et je commence à vraiment poser des mots concrets. C’est souvent ce schéma là en gros.

Aurélien : On enregistre toutes les répèt’, on les réécoute. Il y a des lignes de chant qui sortent parce que mine de rien ce n’est que de l’impro à chaque fois. Des fois il y a des mélodies où on se dit « c’est mortel faut utiliser ça ! » et à partir de là, on bifurque sur une autre idée et on construit au fur et à mesure. À un moment ça va se cliquer tout seul. On le sait tous les cinq car tous les cinq on est dans notre partie et le morceau existe. Il n’y a plus qu’à le jouer correctement !

MB : Petite dernière question par rapport au live : on vous voit arriver, de grands gaillards aux cheveux longs (enfin pas tous) [rires car je me moque gentillement d’un zikos], et il y a la jeune femme au milieu. Et t’as envoyé ! As-tu la chance que ce soit naturel ou est-ce que c’est beaucoup de boulot pour que tu aies ce rendu vocal et cette puissance sur scène? En effet ça se verra pas sur l’interview magazine mais tu n’es pas spécialement « baraquée ».

Sam : Honnêtement je chante depuis pas mal de temps mais le champ hurlé, j’ ai commencé à le travailler avec Point Mort. Ça a été beaucoup de boulot au départ parce que j’ai clairement pas la voix pour ça à la base. J’ai une voix de soprano qui devrait aller taper dans les aigus, donc pas ça du tout. Du coup au chant je ne vais pas forcément là où il faudrait même si j’ai un panel assez large quand même je pense. En tout cas je peux chanter du classique, mais c’est pas ma came ! Le hurlé, ça a été beaucoup de boulot au début parce que c’était beaucoup d’expérimentation. La peur de me faire mal aussi. C’est quelque chose qui me faisait assez flipper et du coup j’y suis allé à taton. Progressivement j’ai appris que quand tu étais sincère et que tu y allais à fond les ballons, c’est comme ça que tu te faisais le moins mal et qu’il fallait justement y aller. J’imagine que c’est comme pour n’importe quel sportif : si tu fais les choses qu’à moitié et que tu as peur de tomber, ça va pas. Maintenant ça me demande moins de boulot au quotidien parce que j’ai des acquis techniques mais par contre ça demande quand même de faire gaffe, de rester un peu sérieux. Je peux pas trop me la coller la veille d’un concert ! C’est ce genre de choses quoi. C’est un apprentissage sur du long terme mais maintenant ça va mieux parce que c’est plus naturel tout simplement. Mais c’est encore du boulot ! Et heureusement, car on continue de progresser. C’est le but.

MB : Donc là vous avez des interviews tout l’après-midi et après profiter d’un bon dimanche de concert, mais après j’ai vu que vous étiez par exemple Macumba Open Air au mois d’août (du 5 au 7). C’est peut-être votre prochaine date ; je ne sais pas si il y a entre deux. Avez-vous quelques dates pour continuer sur cette belle lancée du Hellfest ?

Sam : Niveau festival cet été, nous n’aurons que le Macumba en plus. On reprendra les concerts au mois d’octobre. Là on a une petite dizaine de dates dans toute la France avec au cœur de ça notre Release Party qui se fait au cœur de Paris dans une salle qui s’appelle FGO Barbara. Donc là c’est vraiment la date de la fête de sortie de l’album. Une petite dizaine de dates donc, on va dans le sud. On va faire un petit périple qui est déjà annoncé sur nos réseaux. Et on espère des dates aussi l’année prochaine !

MB : Pour le Macumba, avez- vous déjà votre date et heure de passage ?

Sam : Je n’ai pas l’heure mais on joue le dimanche. Je pense vers 20 heures. Ça se trouve il fera hyper froid !

MB : En tout cas merci bien à vous ! Bon courage pour ces températures affolantes. Bonne continuation. Tiens et des incontournables à voir sur les concerts ce week-end ?

Aurélien : Je t’avoue que je n’ai pas encore regardé. Nous étions tellement concentrés sur le set et on commence juste à peine à redescendre en pression et à reprendre nos esprits. Je pense qu’on va regarder ça tranquillement, il y aura sûrement des choses très bien à voir.

Sam : Je vais aller voir Envy je pense. Et pour le reste il faut que je ré-épluche le programme.

MB : Très bien ! Grand merci et bon week-end à vous !