9 février 2020 – Zénith de Paris
Pour tous ceux qui ont eu la chance de voir au Hellfest ou lors des rediffusions sur Arte concerts les Irlandais de Boston en live, les deux soirées des 8 et 9 février étaient un passage obligé.
Alors que le premier concert annonce complet depuis bien longtemps, le second n’est pas sold out et cela permet à la presse de voir le concert de façon plus « intimiste ». A la sortie du concert, certains ont entendu : « hier c’était la grande jauge, 5000 personnes ; ce soir seulement 3200… » peu d’artistes peuvent quasiment remplir deux Zéniths c’est ce qui caractérise nos punks de Boston.
« Peu importe la première partie, pensent certains, pourvu que nous ayons la tête d’affiche »…
Mais c’est quand même mieux d’avoir une première partie qui chauffe correctement la salle.
JESSE AHERN
Le premier à ouvrir la soirée est Jesse Ahern, du folk de col bleu qui sent bon les émanations de whisky. Seul avec son harmonica et sa guitare, Jesse nous emballe avec sa voix cassée et ses chansons chantées avec une voix si grave et particulière qu’elle oblige le public à écouter.
Jesse entame son set par « Sunshine » et il me surprend car ce ne sera pas le set de la veille, l’artiste a complètement changer la setlist. Comme quoi il ne servait à rien de réviser le set de la veille pour capturer des moments dans les breaks sur les chansons de la veille.
Ceux qui étaient là la veille découvrent ce soir un set complètement différent. Pas de reprise de « Bankrobber » de The Clash mais un « redemption song » de Bob Marley où sont convoqués à la fois Bob Dylan et Nick Cave sur une interprétation quasi d’outre-tombe. Loin le soleil de Jamaïque, ici ce sont les travailleurs en uniforme de Boston et cela devient une évidence que Jesse ait été choisi par les Dropkick Murphys.
Jesse parcourt sa discographie et notamment son dernier EP pour un set d’une grosse demi-heure qui permet aux retardataires d’arriver et au public ponctuel de passer un superbe moment.
Jesse est un homme couteau suisse, pas de roadie, il range sa guitare lui-même mais trouve le temps de serrer des mains aux premiers rang et d’offrir quelques vinyles à ceux qui étaient venus pour lui.
Le genre de personne qui semble représenter l’intégrité.
Les échanges que nous avons eu aftershow le confirment largement.
Une belle découverte musicale et humaine.
Setlist:
Sunshine
Paddy O
A Woman Like You
Out Of My Mind
Redemption Song (Bob Marley cover)
What’s Wrong With
On Our Own
Highway Of Life
FRANK TURNER AND THE SLEEPING SOULS
Changement de style avec ceux qui sont habitués à ouvrir pour Les Dropkick Murphys.
Frank Turner et ses esprits endormis font plutôt dans le punk à roulettes à clavier. Un côté pop rock assez sympathique mais qui sent moins le « rock prolétaire » que les Dropkick Murphys ou que Jesse Ahern.
Passons le côté un peu aseptisé par rapport à la soirée et apprécions néanmoins les compositions de Frank Turner.
L’anglais choisi d’échanger au public en français et se le met donc directement dans la poche en plus d’une musique assez entrainante. Le grandiose « merci public d’être venu pour moi, s’il te plait reste quelques chansons pour le groupe d’après, même une ou deux chansons, c’est un jeune groupe, ils le méritent ! » entraine une vague de rire dans la fosse et les gradins.
L’anglais oscille entre le folk acoustique et le punk flirtant avec l’emo.
Sur la partie folk, Frank Turner joue une chanson de son album folk sur l’« inconnue de la Seine », une jeune femme noyée dans le Paris des années 1900 et qui par sa beauté a inspiré de nombreux artistes.
Le portrait de cette jeune femme a servi également en Norvège pour le mannequin de premiers secours. « Rescue Annie » sera une des pépites du set de Frank Turner par l’implication que l’artiste a eu en la chantant.
« Eulogy » sera ensuite chanté en français et malgré l’effort, le charme de la chanson précédente ne sera pas reproduit.
Frank Turner ne lésine pas sur la dépense d’énergie en slammant, descendant dans la foule pour lancer des circles pit, en allant danser une sorte de Valse avec une personne du public au milieu d’un cercle pit.
Bref Frank Turner a joué le rôle d’excellent chauffeur de salle pour que les hommes du Massachussetts puissent rentrer en scène avec un public déjà bouillant.
Setlist:
Get Better
1933
The Lioness
Try This at Home
If Ever I Stray
Photosynthesis
Polaroid Picture
Long Live the Queen
Rescue Annie
Eulogy (French version)
The Next Storm
Sons of Liberty
Out of Breath
Recovery
I Still Believe
Four Simple Words
Dropkick Murphys
Les DKM sont attendus et tellement attendus que les premiers riffs, une fois passée l’introduction de Sinéad O’Connor & The Chieftains, sont joués derrière un rideau qui fait de superbes ombres chinoises comme s’il y avait besoin d’haranguer encore la foule qui bouillonne déjà.
Le set attaque avec « the lonesome boatman » et les deux chanteurs survolent le pit photo pour aller vers les crash barrières et chanter avec le premier rang. Ce côté chaleureux est également une tannée pour les photographes qui ne peuvent se déplacer dans le pit et sont donc restreints pour shooter l’ensemble du groupe. (Ok nous sommes une dizaine, le public est plus de 3000, c’est assez égoïste).
Avec du recul, il n’y aura pas eu de temps mort dans ce set. Les membres du groupe sont suffisamment nombreux pour donner l’impression que la scène est minuscule et l’écran géant est superbement utilisé pour envoyer successivement des pochettes d’albums, des clips (dont celui du dernier single qui vient de sortir « Smash shit Up »), des flyers anciens, des tatouages « rose tattoo », etc.
Nous sommes à Boston à la Saint Patrick, nous sommes à Dublin et les accordéons banjos et autres fifres, outre le côté « folklorique » dans le sens péjoratif, donnent du relief au punk rock dont l’ADN fait ressortir le vert du trèfle souvent associé au logo du groupe.
Le groupe égraine les chansons les unes après les autres et ce sont autant de tubes qui résonnent dans le Zénith.
Le jeu de scène est agrémenté de canons à cotillons ce qui galvanise encore plus le public.
Les rares temps morts sont comblés par le public par des « let’s go Murphys » souvent accompagnés par des coups de grosses caisses de la batterie.
Que cela soit sur leurs titres ou sur les covers traditionnelles les Dropkick sont impressionnants.
Le triptyque de fin « Going Out in Style », « Until the Next Time » et « I’m Shipping Up to Boston » avec une bonne partie du public sur scène est entonné comme un seul homme par l’ensemble du public. Le Zénith, un temps transformé en pub de Temple Bar à Dublin, devient un stage où ces trois titres sont repris comme des hymnes.
Quelle soirée ! les Dropkick ont su rendre cette salle si froide d’habitude en sauna.
Et même une Outro de « My Way » de Frank Sinatra est entonnée par le public encore chaud qui serait bien resté pour une heure de show en plus.
« We’ll meet again, don’t know where, don’t know when… »
Setlist :
Intro: Foggy Dew (Charles O’Neill song) (Sinéad O’Connor & The Chieftains version)
The Lonesome Boatman
The Boys Are Back
Famous for Nothing
Blood
The State of Massachusetts
The Bonny (Gerry Cinnamon cover)
The Walking Dead
The Fields of Athenry (Pete St. John cover)
Rocky Road to Dublin ([traditional] cover)
Citizen C.I.A.
The Black Velvet Band ([traditional] cover)
First Class Loser
Smash Shit Up
Cruel
The Warrior’s Code
Amazing Grace ([traditional] cover)
Prisoner’s Song
Sunday Hardcore Matinee
Caught in a Jar
Johnny, I Hardly Knew Ya
Out of Our Heads
Worker’s Song
Rose Tattoo
Encore :
Going Out in Style
Until the Next Time
I’m Shipping Up to Boston
Outro My Way (Frank Sinatra song)