Whaou, une chronique pour un album pop/folk dans un webzine de musique extrême ?
Et bien oui mes canards !
Celle-ci est dédiée à toutes les bonnes âmes qui, le lendemain de soirées bien arrosées, les lendemains de festival où on s’est bien râpé les oreilles sur des sons bien saturés, ramènent les potes entassés dans la bagnole, ronflant à qui mieux mieux et qu’on laisse soigneusement dormir sur les 2 ou 3 heures de route qu’il nous reste à faire au petit matin.
Et dans ces moments là, autant trouver une bande son qui convienne à tout le monde, qui garantisse à la fois le dodos des potos afin qu’ils ne vous prennent pas la tronche avec leurs discours encore bien imbibés et qui vous maintienne, vous, réveillée pendant le trajet. Et on a trouvé.
CHADWICK STOKES AND THE PINTOS !
L’album éponyme est sorti le 15 novembre dernier via Thirty Tigers et présente 11 titres d’une musique guillerette avec de jolies mélodies bien rondes, et un travail de voix subtil. Certains de ces titres ne sont pas inconnus car Chadwick Stokes, également leader du groupe rock Dispatch (label indépendant) les a égrainé au fil des tournées. Re-travaillées en studio, Chadwick Stokes a vraiment chiadé le son et les arrangements que proposent Les Pintos sont une pure merveille et notamment en terme d’harmonies vocales.
On voyage entre ballades, avec ça et là, une touche de pop pas trop mal foutue, un peu de reggae, de country, de bluegrass et des rythmes plus entrainants. Les morceaux s’enchainent bien avec une vraie cohérence dans l’ensemble. C’est plaisant, on se sent bien, on se laisse porter, et tout va bien.
Mais ne vous méprenez pas. Sous ses aspects de musique suave et enjouée, il y a un véritable fond revendicatif, puisque Chadwick Stokes est non seulement auto compositeur mais aussi un activiste reconnu qui a mené différentes campagnes en soutiens aux réfugiés, à la prévention de la violence armée, l’égalité de mariage… Co -fondateur avec son épouse Sybil, de l’organisation Calling All Crows, ils œuvrent à sensibiliser le public sur les questions en matière de violence sexuelle dans les milieux de la musique.
Joan of Arc dont Chadwick Stokes en fait un récit historique développe intrinsèquement le parallèle sur les luttes en cours pour l’égalité et le respect des femmes.
Chaska, à mon avis, le meilleur des titres de l’album, développe un fait historique qui retrace l’exécution de 38 sioux en 1862 qui avaient attaqué des colons parce qu’ils crevaient de faim. Chaska, l’un des indigènes qui n’avait pas pris part à l’attaque, avait été épargné par Lincoln une première fois, avant d’être exécuté, parce qu’il était tombé amoureux d’une femme blanche et qu’il avait pris soin des enfants de celle-ci.
What’s it’s going to take, reprend la question des des fusillades dans les écoles américaines et interpellent le gouvernement sur l’inaction de celui-ci.
L’album est assez surprenant car les musiques tranchent carrément avec les thèmes abordés au niveau de l’écriture des textes. Ça peut laisser perplexe pour le coup, à moins d’y voir, à travers les mélodies l’expression d’un espoir possible, que tout n’est pas encore foutu.
Chadwick Stokes à l’instar de Woody Gutry dans les années 30 /40, renoue donc avec la vieille tradition américaine, qu’est celle des musiciens folk, gardiens d’une tradition musicale, parolière et historique d’une Amérique de pionniers et plus tard, l’expression d’un mouvement militant pour les droits de l’homme, la paix et la justice sociale .
Bref, moi j’ai aimé et j’écouterai probablement Chadwick Stokes and the Pintos dans ma caisse quand je ramènerai mon petit monde de retour de GBH.
- – Joan Of Arc
- – Chaska
- – Blanket on the moon
- -Hit the bell with your elbow
- -Love and war
- -Lost and found
- -What’s it going to take
- -Let me down easy
- -Sand from San Francisco
- Mooshiquoinox
- 11 second favorite living drummer