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SOYUZ BEAR – Black Phlegm [2017]

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Fondé en 2012 et suite à la sortie d’une première démo sobrement intitulé MMXV il y a deux ans, SOYUZ BEAR revient à la charge en cette fin d’année 2017 avec un premier album : Black Phlegm. Ce titre, teinté d’humour ou de tout autre chose de beaucoup moins légère, plante le décor avant même la première écoute qui nous révèlera un doom imprégné de sludge dans la plus pure tradition du genre. Il aurait été au combien facile de chroniquer Black Phlegm si, justement, nous nous étions contentés d’une première écoute. Voici le rendu qu’aurait alors pu alors avoir cette chronique : 

« Black Phlegm suit les pas de son prédécesseur MMXV en proposant un sludge/doom racé qui sans aller jusqu’à révolutionner le style, ne fait que rajouter une pierre à l’édifice du sludge principalement influencé par EYEHATEGOD ». Fin de l’histoire, passons à autre chose.

Seulement, la curiosité nous a poussé à réitérer notre écoute et à dépasser les a priori du «sludge déjà vu mais efficace». Et la preuve en est que nous avons eu raison de le faire à en juger par la vision que nous portons désormais sur l’œuvre de SOYUZ BEAR. Premièrement, la pochette stylisée du loup tricéphale et le titre de l’album nous ont tapé dans l’œil dès le premier regard. Mais la musique, qui nous a paru froide et insipide, se révèle finalement toute aussi lugubre qu’accrocheuse. Enfin, Black Phlegm dispose d’une certaine structure. En effet, l’album est une œuvre composée de deux actes distincts complémentaires. 

L’album s’ouvre un larsen qui donne le ton d’entrée de jeu avec une musique lente et puissante à souhait où chaque temps est appuyé avec la lourdeur qui caractérise un doom à la CONAN. Ce premier extrait s’efface ensuite pour laisser place au véloce « Human vacuity » et son refrain brut et direct. Nous sommes passés d’un morceau doom à un titre, que n’aurait pas renié nombre de groupes de sludge, qui renforce ici l’animosité déjà présente sur cet album. Effectivement, ce qui prédomine dans Black Phlegm ce sont des sentiments de colère et de frustrations qu’un chant criard vient renforcer et où toutes ces composantes ne vont qu’amplifier au fur et à mesure de l’écoute jusqu’à atteindre son point d’orgue avec le dernier morceau qu’est Swollen. Mais avant d’y parvenir, il faut se taper Dying People qui ne fera pas retomber la tension puisqu’il reprend un schéma doom à l’aspect glauque grandissant. Vient alors Scrub, qui mettra du temps à démarrer avec une rythmique d’une lenteur lancinante, mais qui se révèlera certainement le meilleur titre de l’album avec ses riffs qui feront bouger dans la fosse en live et où un refrain au combien explicite fera gueuler l’auditoire.

L’acte I est maintenant terminé et SWTVM s’avère être une phase de transition sans musique où seule résonnent des voix et un bourdonnement permanent. Passage de 3 minutes qui nous semblera néanmoins un peu long mais qui prépare l’entrée en scène de Swollen. La pièce maîtresse de cet album est un pavé long de 10 minutes que SOYUZ BEAR nous lance en pleine face. D’une crasse auditive constante et au combien angoissante, le morceau ne décolle pas de la boue dans laquelle il est enlisé. Pesant comme rarement nous avons pu l’entendre ; il ressort néanmoins un certain côté PRIMITIVE MAN de l’ensemble, nous rappelant ainsi que nous sommes en terre connue et qu’il est tout à fait possible de se laisser bercer par ce morceau au point de le trouver à la limite de l’atmosphérique, un comble. Swollen conclut ici Black Phlegm dans la noirceur avec laquelle il nous a entraîné durant plus d’une demie heure.

En conclusion, Black Phlegm est une réussite pour groupe tout aussi franc que l’est sa musique et qui ne renie pas ses origines. Car si l’ombre du bayou ne cesse de planer au dessus du combo, SOYUZ BEAR parvient néanmoins à s’en détacher afin de nous proposer un son que certains qualifieront de déjà entendu mais que d’autres apprécieront à sa juste valeur. Toutefois, nous déconseillons cet album aux personnes dépressives, souhaitant s’en sortir. Pour les autres, nous vous recommandons ces 33 minutes de crasse auditive inspirée par notre si belle société que nous décrit SOYUZ BEAR à travers Black Phlegm. Car bien que le quartet nous vienne de la ville rose, c’est un bien plus sombre tableau que nous dépeint ici le groupe. Mais de là à dire que la nouvelle région qu’est l’Occitanie est la nouvelle Indochine ; il n’y a qu’un pas. Que nous ne franchirons pas. 

SOUYZ BEAR

Black Phlegm (Durée : 33.43 min)

  • 1. Black Phlegm (04.56)
  • 2. Human Vanity (03.33)
  • 3. Dying People (05.49)
  • 4. Scrub 05.45)
  • 5. S.W.T.V.M (03.16)
  • 6. Swollen(10.22)

Sortie : 13 octobre 2017

Label : Zanjeer Zani Productions

https://soyuzbear.bandcamp.com/

https://fr-fr.facebook.com/SoyuzBear/