Menu

Wednesday 13, Halloween tous les jours !

Capture-dcran-2022-11-17--07.40.27.jpeg

Relecture : Victor

Voilà 2500 ans, nos ancêtres celtes pensaient qu’en ce jour du 31 octobre, le monde des morts et des vivants se connectaient. Pour ne pas se faire trop casser les pieds par ces esprits momentanément libres, ces petits malins se costumaient avec horreur pour éloigner les mauvais esprits. De nos jours, après un petit tour par l’Amérique de Nord et affublé d’une stratégie commerciale digne d’une OPA internationale et agressive, nous voici donc pourvu d’un traditionnel Halloween.

Si vous êtes fan de John Carpenter, le genre n’a plus de secret pour vous. Il n’a d’ailleurs plus de secret non plus pour Wednesday 13, nom de scène du leader du groupe éponyme. Car cet artiste très jeune (46 ans, oui c’est jeune!) en fait sa ligne directrice depuis ses débuts. Fan de films d’horreur, il nous sert un horror punk au travers de différents groupes, depuis 1992. Avec ce dernier opus en date, intitulé Horrifier, notre frontman de Caroline du Nord ne déroge pas à la règle.

Telle une musique d’ambiance glauque et stressante, une intro instrumentale donne le ton de l’album. Le soleil s’est définitivement évaporé dans les riffs sinistres de Severed. S’en suis Insides Out à la lourdeur très metal où notre personnage du jour exprime ses envie d’éventration et, vous l’aurez compris, Insides Out ne se traduit pas littéralement, mais bien par quelque chose du genre « les tripes à l’air ». Ça commence bien !

Il n’empêche que le rythme et l’ambiance rappellent les années Alice Cooper. Un côté nostalgique, ou peut-être un hommage ? Ce qui me surprend surtout, c’est que bien que piètre connaisseur du punk dans sa grande complexité et large famille, je n’y vois pas grand rapport avec ce genre musical. Je décide donc de porter mes esgourdes sur le titre suivant. Élégamment appelé Exhume And Devour, le morceau prend des allures au tempo plus dansant. Toujours pas de punk mais un riff efficace qui, lors des bridges, se contente du duo batterie basse sur quelques courtes mesures. Ça fait le job, la tête oscille. Par contre, avocat du diable (c’est de saison), je lui trouve encore une grosse influence Alicienne. Je pense que sur les 11 chansons de cet album, c’est une patte qui va rester.

You’re So Hideous et Good Day To Be A Bad Guy prolongent cette prise de rythme et l’on constate que ça tire effectivement vers le punk. C’est une invitation aux années 90. Efficace sans complexe: C’est brut et ça fonctionne. Good Day To Be A Bad Guy pourrait faire office d’hymne, de tube que des personnes pourraient reprendre ensemble autour du poste de radio.

Les morceaux suivants remettent le pied dans la mare de sang coagulé. Return To Haddonfield rend hommage à John Carpenter dans un flow très rock, mais pas plus. Les paroles sont effrayantes mais le titre est mignon à l’écoute. S’en suis Horrifier, qui reprend du poil de la bête pour offrir une mélodie rapide avec un riff, vous m’excuserez si je me gourre, toujours plus proche du bon vieux metal que du punk. Le guitariste semble pouvoir gratter la corde du MI sans jamais interrompre la sonorité par la pose ponctuelle d’un index sur la frette adapté. Ca gratte dans les graves. Mais qu’on soit d’accord, c’est bon quand même ! Je suis comme dans un film à suspens où l’on cherche le coupable. Dans notre cas, je cherche le punk. Avec Hell Is Coming, nous retrouvons une lourdeur de son qui, par une rythmique plus lente, semble insister sur l’horreur des lyrics. Ça marche ! Le son s’unit aux paroles pour nous mettre dans une ambiance de fin du monde. Une guitare au son métallique joue quelques notes de solo, amenant cette opposition sombre/effrénée qui sied si bien au genre.

Le morceau qui me frappe ensuite est l’avant dernier. Le 10, numériquement parlant. Hommage à Christine, voiture légendaire de Stephen King, le ton est donné de puissance et de tempo. Légère ambiance dérangeante comme pouvaient le produire les phares troublants de l’auto, Christine, Fury In The Night est un court morceau concentré d’énergie. Dans une version moderne de l’œuvre cinématographique, il aurait largement sa place lorsque la Plymouth essuie ses roues sur le dos des pauvres lycéens perturbateurs.

En guise d’outro, Wednesday 13 propose un ovni, un morceau à la fois long (5:15) et d’une presque douceur baladesque. The Other Side sonne comme une complainte. En toute fin d’album, il me fait ressentir l’inexorable fatalité de la nuit et des déconvenues diverses qu’on peut y rencontrer. L’artiste nous attend de l’autre côté comme si tous, nous allions de toute manière y arriver… Et pas nécessairement de manière très naturelle !