Nigger music + Black metal ?
C’est parti d’un blague sur un forum un peu g33k (4chan) et nous voilà avec une belle formation très originale : « Zeal and ardor » De l’éléctro, de gros riffs aigus et stridents, un concept novateur, du chant gospel, une ambiance unique quelque peu rituelle… Une production unique pour une bonne claque artistique.
Du « blackened blues » voilà comment certains appellent leur style de musique et je trouve que cela leur va à ravir. Une thématique très sataniste, motivée par un rejet du christianisme et de l’esclavage. Leurs morceaux sont non construits sur les riffs de guitare, mais bel et bien sur les lignes de chant. (Devil is fine, Blood and the river) Il chante : « Little one gotta heed my warning » suivi de bruits de chaînes qui traduisent la révolte de l’esclave envers son bourreau. Blood in the river : « A good god is a dark one, a good god is the one that brings the fire » cherchant la destruction du sacré. Manuel Gagneux, l’homme qui se cache derrière ce projet a inventé un concept, celui de l’esclave noir qui se révolte contre la religion de l’homme blanc qui enchaîne son peuple, d’où la dévotion au démon. Et je dois dire qu’il fait mouche ; 9 morceaux pour un album qui dure environ 24 minutes, vous comprendrez donc que ce format intelligent laissera la possibilité au cerveau humain de ne pas s’évader pendant l’écoute et de rester concentré sur son objectif. (personal joke aux fans de doom)
En général, j’aime citer des groupes pour illustrer un artiste mais c’est un exercice difficile sur ce coup là ! Prenez je sais pas euh… Moonsorrow, au pif, virez le côté Pagan et remplacez le par un blues torturé venant tout droit de Memphis, mélangé à du Gospel et de l’éléctro tout en prônant Satan et vous obtenez, Zeal and Ardor.
Sur les 9 morceaux, on retrouve 3 tracks, respectivement Sacrilegum I, II et II qui sont des interludes éléctro qui aèrent le tout, l’outro de l’album évoque pour moi une certaine fin du monde assez planante mais tout le monde ne sera pas forcément de cet avis, c’est très subjectif. L’album est assez inégal et ça ne plaira clairement pas à tout le monde. Personnellement, je le vois comme un premier essai plus que réussi car à l’heure ou j’écris ces lignes leur concert est déjà sold out à Paris et ils ont leur place au Roadburn festival. Cet album reste pour moi une ébauche presque parfaite d’une fusion de deux genres et il est clair qu’on peut s’attendre à une suite un peu plus structurée. En poussant un peu plus loin l’analyse, Gagneux à même émulé le son de vieux enregistrements, c’est la petite touche old school qui va bien et qui fait que l’album se vend à merveille. Ce gros côté avant-gardiste « folk-black » reste très accessible et même après la première écoute on a pas l’impression de nager dans l’inconnu, l’album est très court et je suis bien rentré dans le concept, je ne suis pourtant pas fan de blues ou de black metal. La production unique et non exempte de quelques défauts rajoute du charme au contenu, je suis las de ces grosses productions (avec un son de porc) sans aucune originalité ni authenticité. Il y’a un vrai ressenti et le tout procure des frissons par moments, c’est ce qu’on demande à une œuvre artistique.
Verdict, Devil is fine est un superbe opus qui procure toutes sortes d’émotions tout au long de l’écoute, le pari 4chan est plus que réussi, la sauce prend bien et le public ratissé est plus large que ce qu’on pourrait penser au premier abord. J’avoue être assez impatient et curieux de voir ça en live !