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20 seconds Falling Man, ou comment bien commencer sa dernière journée.

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Sept jours de festival sur dix jours calendaires, ce n’est pas le plus simple dans une vie de quadragénaire ! Malgré les successions de tards couchés, et de tôts levers, en ce dimanche 26, je me suis quand même hâté de découvrir la prestation de 20 Seconds Falling Man. Le site est maintenant séché des torrents d’eau déversées le vendredi précédent et le public, quand même bien présent, attend le début du show dans une posture tout à fait naturelle pour répondre à cette accumulation d’heures matinales et de fatigue intellectuelle : Les gens sont assis. Pourtant, à l’arrivée du groupe, l’énergie revient, les guiboles hissent à nouveau les metalleux dans une position plus dynamique. Les artistes reçoivent déjà l’accueil qu’ils méritent, le public l’applaudit chaudement. Le set est top, et je vous invite à en lire la très belle description de Julien qui a même classé le band parmi ses 5 favoris du double week-end. Comme quoi, de belles surprises peuvent vous sauter au visage et emplir vos oreilles à tout moment, en tout lieu. Retrouvons ici les quelques mots échangés avec le frontman Arno et le guitariste Gru au soleil du coin press. 

MB :Nous voici, pas du tout en direct [interview réalisée au micro et mes travers d’animateur radio ont commencé à me faire dire « en direct » ; ndr], avec 20 Seconds Falling Man. Vous avez ouvert la Valley en cette dernière journée de ce double festival avec votre set. Quelles sont vos premières impressions ?

20SFM : Trop bon mais trop court. C’est assez énorme même si on a joué à 10:30, la tente était assez remplie ; c’est toujours un pur plaisir de jouer sur un festival comme ça même en ouverture… Et surtout en ouverture d’ailleurs! On a eu un gros bon ressenti.

MB : Nous côté public, il peut rarement arriver d’être emmené tout de suite dans un univers qui est celui des artistes. Vous avez mis toute une atmosphère autour de nous dès les premiers instants. Parlez-nous de cet univers.

Gru : Holà à la question ! C’est un gros compliment merci. Notre univers c’est lequel ? Nous, ce qu’on aime, c’est avant tout créer de l’émotion. Donc déjà dans ce que tu dis déjà ça ça te représente bien. On est passé du simple au double. C’est-à-dire avoir des parties prenantes, t’emporter loin, et aussi avoir la rage. Le but premier c’est que tu ressortes de cette aventure en ayant pris plein la gueule.

Arno : Nous, quand on écrit, quand on répète comme ça, on a cette sensation et ces émotions. Le but c’est justement de les transmettre. On crée une atmosphère aussi parce qu’on ne s’arrête jamais de jouer. Entre les morceaux il y a toujours un fil rouge. On a envie justement de créer un univers global et pas juste un univers par morceau. Pour les guitares et la basse, on utilise des effets englobants, de la reverb, etc… On est tous fans de musique de cinéma et de choses comme ça et donc c’est vrai que nous évoluons dans un style un peu sombre, un peu post-apocalyptique et on aime bien se créer des images quand on compose. C’est plus plaisant de savoir que les gens vont intégrer et être happés par ce que nous on fait.

MB : Vous défendez l’album Void (2021), si je prononce bien. J’ai lu du coup l’étiquette de post- hardcore apocalyptique, c’est une drôle de description. Déjà est-ce que ça vous correspond ? Ou alors il faut peut-être préciser un peu les choses. Comme vous dites c’est une question d’émotions donc une étiquette, c’est toujours délicat.

Arno : Au-delà de ça, on ne cherche pas forcément à avoir une étiquette. Mais on est pas content d’en avoir non plus. On nous a posé cette étiquette, ça nous va bien.

Gru : C’est vrai que dans les sonorités on peut sonner un peu Metal, mais on n’est pas sur des amplis Metal, on ne joue pas sur des guitares Metal, même si on est tous fans de différents styles de métal à l’intérieur du groupe. Ça nous influence mais on n’est pas dans le même délire. On a tendance à partir sur la Noise, essayer de changer un peu de ce qu’il se fait car le post-Metal en France, y en a pas beaucoup. Mais on a envie de montrer notre singularité tu vois. Je pense que au niveau de l’étiquette c’est pas évident toujours.

Arno : Au-delà de ça c’est surtout que l’on crée ce qui vient. On ne réfléchit pas à quelle famille on appartient, tout nous plaît et nous sommes tous d’univers différents dans la musique extrême, c’est ce qui donne ce mélange de nous cinq.

MB : En effet, il y a beaucoup d’effets sur les grattes pour ajouter une atmosphère. Avec la lourdeur des riffs et le bassiste qui est vraiment pris dans son trip (on voit qu’il est vraiment dans son univers tout en le transmettant par son jeu de scène), les effets de guitare mettent de la nuance dans la lourdeur du riff. Comment fait-on pour se dire comment ça va donner en live ? Peut-être avez-vous ressenti que tous ses réglages étaient ceux que vous vouliez pour nous le transmettre ?

Gru : Je pense que nous travaillons beaucoup avec Pierre Denis qui est l’autre guitare, il est plus le guitar lead, il fait vraiment tout ce qui est mélodies. On travaille avec des effets qui sont très amples, de la reverb, vraiment de la grosse amplitude. On crée une espèce de nuage permanent qui tranche avec les grosses rythmiques pour créer une dynamique. On arrive à un niveau qui nous satisfait vraiment. On a cherché ! On s’est pris la tête ! On se posait la question des longueurs des reverb, etc… Il y a encore du travail mais on a une bonne texture de son. On arrive à un résultat qui nous satisfait. Même si on sait qu’on peut aller encore plus loin.

Arno : Ça a été une grosse réflexion de se dire que « est-ce qu’on passe le pas de mettre du clavier ? » Et à la finale les gars ont préféré travailler, mettre des pédales d’effet, des sons pour compenser le fait qu’on avait cette envie, ce besoin, de mettre quelques nappes et de la texture. Et c’est vrai qu’on arrive à quelque chose de sympa. C’est organique.

Gru : On ne voulait pas se trouver l’excuse de mettre du synthé juste pour mettre du synthé. Si ça n’apporte pas, si on ne peut pas le faire avec les pédales c’est que ça le fait pas. On s’est fixé une petite limite, une contrainte de tout faire avec les pédales. C’est une façon de garder ce côté organique qui vient de nous et pas d’un clavier encore en plus. C’est pour ça qu’on a mis du temps à trouver ça et à travailler là-dessus.

MB : Pour toi Arno, ce qui est important aussi, c’est de tout déboîter à plein poumons. Avec une énergie folle ! Mais il y a ce réglage de micro qui fait qu’il n’y a pas de sur-sonorité de ta voix par rapport à tout ce travail instrumental. J’imagine que c’est fait exprès pour que finalement, on se voit dans un tout ?

Arno : Oui c’est ça. La voix est là un peu pour sublimer, sans vouloir me la péter [rires ; ndr], mais elle n’est pas là pour être en avant. Ce n’est pas un groupe avec un chant et des instruments, c’est un tout. C’est une seule et même machine. C’est donc volontairement que l’on noie un peu plus le chant dans le mix.

MB : C’est vrai que les premiers accords et les premiers chants, je me suis dit « tiens si il y a un problème avec le son », et finalement très vite on se prend dans le jeu et on se dit que non, c’est carrément fait exprès en fait ! Ça envoie quoi !… A ce moment-là, les tournées ça continue cet été ? [Ouais, transition un peu naze…; ndr]

Arno : Et bien écoute, cet été on va se calmer un petit peu. On est en train de travailler sur les futurs projets qui vont vite arriver mais on n’en reparlera plutôt à l’automne.

MB : Et donc ce projet c’est ?

Arno : On va voir un deuxième album qui va se préparer pour 2023 et on va sortir une petite surprise, un morceau certainement à l’automne qui sera une Cover hommage. Je n’en dis pas plus. Ce sera la surprise.

MB : Ça sortira de quelle façon ? Il y aura carrément une vidéo qui va avec ?

Gru : On est encore en préparation là-dessus. Ça sortira en numérique. Et peut-être avec une vidéo, on essaye de réfléchir. On essaye de trouver le bon concept, t’as juste sortir une vidéo pour faire une vidéo mais trouver un truc qui soit cool quand même

MB : Ce n’est pas trop compliqué justement de mettre de l’image sur votre univers ?

Arno : Ce n’est pas toujours évident. On cherche un petit peu à se renouveler car tout ce qu’on a fait aujourd’hui c’est de la capta live à chaque fois donc là on est vraiment dans une réflexion de faire quelque chose de plus abouti. On a la chance d’avoir Gru, c’est son métier depuis quelques temps. Donc on a qu’une facilité. Maintenant il faut trouver le temps et les moyens.

Gru : Le temps, les idées, moi je n’ai plus envie de m’en occuper. Au bout d’un moment je n’ai plus de recul et c’est dur de se renouveler sur les idées. J’aimerais bien faire appel à plein de potes qui sont dans la vidéo, qui ont de très bonnes idées. On va essayer de travailler un petit peu en externe pour avoir cette vision que les gens qui écoutent puissent aussi la voir également. Je pense qu’on va travailler ça bien comme il faut mais on veut vraiment sortir quelque chose de bien fini, pas juste des clips faciles à faire. On a envie de passer à une étape pour mettre en image cet univers global. Moi je mets toujours des panoramas et des grands plans séquences, on va essayer de travailler là-dessus.

MB : Oui après ça dépend si vous voulez de bonnes prises d’image dans un scénario bien calé, ou si vous voulez partir dans quelque chose de plus « création numérique ». Là, on a pas à faire aux mêmes un gaziers pour arriver à vous faire ce clip.

Gru : En fait, tout nous fait envie ! Il y a beaucoup de gens avec qui on a envie de bosser. On aime beaucoup avoir des projets avec des artistes différents. On a rien d’arrêté.

MB : Faut mettre une petite annonce sur les portes ! « Recherche modéliseur et si vous avez travaillé pour Pixar c’est encore mieux ! » [rires ; ndr]. En tous les cas merci les gars ! On attend votre petite surprise de fin d’année avec impatience et on se revoit très vite pour l’album de 2023.

20SFM : Carrément, on est à fond ! Merci et bonne journée.