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A la lumière de la chandelle

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Relecture : Viktor ( Un vrai Viking !)

J’adore les anciens ! Aussi, lorsque j’ai vu passer le nom de Candlemass, n’ai-je pas été ravi ? Si ! Ces suédois avoisinent les soixante balais quand même. Le temps passe vite et c’est depuis 1984 qu’ils nous tiennent la chandelle (jeu de mots pour les bilingues). L’histoire de ce band est assez riche et variée avec notamment un line up qui a connu des changements, bien qu’aujourd’hui, trois membres sur les cinq actuels sont des pièces d’origine.

J’adore les anciens, car nés dans les années 60, il ont baigné tout jeunes et réceptifs à bloc dans cette décennie furieuse que sont les 70′. A 17 ans, lorsque tu découvres Black Sabbath et que ça tourne en boucle pour te réchauffer du rude hiver nord européen, tu joues de la musique autodidacte, tu vas aux concerts… Tu vis cette musique indéfinissable qui débarque et te fait vibrer dans les recoins les plus profonds de ton être. Il y a tout à inventer et Candlemass va le faire. Nous y reviendrons.

Nous voici donc à causer du 13ème album, Sweet Evil Sun. D’emblée, ça groove sec. Nos amis nord européens officient dans le Doom Metal. De ce fait, l’opus baigne dans les graves, les riffs lents et réguliers, les ambiances angoissantes. Comme toute sortie musicale de Candlemass, Sweet Evil Sun est composé par le fondateur, leader, compositeur et bassiste Leif Edling. C’est souvent le cas dans ce type de configuration, il en résulte une certaine continuité, une habitude dans l’univers. Mais peu importe, c’est très bon. Au chant, Johan Lanquist de sa voix légèrement rauque mais puissante déverse sur nous des paroles de désespoir. Dans un autre style, il conviendrait à Grand Magus, si vous connaissez (sinon écoutez Triumph and Power, c’est cool!).

Enfin bref, revenons à nos élans. Sur les 10 titres de cet opus, force est de constater que les gratteux Lars Johansson et Mappe Björkman ne doivent pas avoir de longues heures de travail pour apprendre les lignes musicales. En effet, les riffs sont un tantinet répétitifs. Je suis à la 4ème chanson, Black Butterfly, et quand elle a débuté, je suis retourné voir si mon lecteur (pas toi hein!) était sur une boucle. Ce n’est pas le cas. Cependant, ça ne gâche pas l’écoute. La musique est une véritable toile de fond enivrante pour le chant et les paroles. Je comprends bien le concept. Du moins je le pense. Imaginez le ménestrel médiéval qui parcourt sans relâche les villages pour chanter les nouvelles du pays. Il se balade avec sa lyre et annonce, apologise, prévient. L’important dans sa démarche est la transmission d’histoires. Et bien Candlemass, pour moi, a cette même intention simple et efficace. Ils privilégient le fond de l’histoire.

Avec When Death Sighs, je retrouve l’implication vocale qui m’a fait vibrer quand j’ai découvert Saint Vitus qui, outre-atlantique, fait également partie des précurseurs du Doom (depuis 1979). Le titre inclut également un solo de guitare bien strident qui ne permet pas de sortir de notre pénombre doomophile.

 Petit retour en arrière dans l’album qui va me permettre de vous évoquer un sujet pas si souvent abordé. Sweet Evil Sun est le titre de l’opus, mais également celui de la deuxième chanson. Avez-vous remarqué que c’est monnaie courante qu’un titre et un même album possèdent le même nom ? Je me demande depuis longtemps maintenant pourquoi il en est ainsi. Est-ce que le titre est le préféré du groupe, celui qui représente le mieux le travail accompli ? Et que par conséquent il mérite le statut de « titre de l’album » ? Cérémonie, champagne, mesdames messieurs, le vainqueur est Sweet Evil Sun ! J’avoue que la rythmique est d’enfer. Les paroles sont comme une prière, une vénération au doux soleil maléfique. Cependant, des titres tels When Death Sighs (Quand la Mort soupire), Scandinavian Gods ( Dieux Scandinaves) ou encore A Cup Of Coffin (Une coupe de cercueil. J’adore celui-là, c’est drôle en plus) sont tout aussi éligibles. Musicalement aussi.

Tiens, je suis en écoute de la huitième, Crucified, et elle débute doucement par un duo de guitares, sèche et électrique, avant l’arrivée de l’introduction du chant. Puis ça y est ! Le rythme s’enflamme et je ressens immédiatement l’influence Black Sabbath. Les riffs sont aussi simples qu’ils sont pêchus. Janne Lind à la batterie donne le tempo. Rapide, puis lancinant, les coupures typiques du Doom sont un régal et si je n’étais pas si concentré à vous narrer tout ça, je crois bien que j’en transpirerais de frayeur ! Candlemass est d’une efficacité sans faille. Voilà pourquoi j’aime les anciens !

En plus, les titres sont d’une parfaite longueur. Seuls quatre morceaux durent moins de 5 minutes. De ce fait, il est super agréable d’avoir le temps de se plonger dans l’univers de chaque chanson. Ça permet de rendre gloire aux bridges, les changements de son et des coupures de rythme qui ne sont plus ici seulement des accessoires. Tout est aussi impactant. Tout est aussi nécessaire pour raconter les histoires en gardant le public en haleine.

 Dernier passage de l’album, A Cup Of Coffin est un petit outro de 1 minute instrumentale. Basse grave, guitares grasses, batterie lente mais percutée semblent dire au revoir alors que peu à peu le son d’un public applaudissant se mêle aux instruments avant qu’un petit fondu de sortie clôt définitivement l’opus. C’est juste top. Ben oui car comme je vous le disais précédemment, les mecs racontent des contes et des histoires, nous captivent par ce chant qui vit le moment, soutenu par une instrumentalisation rigoureuse et magnifiquement standard. A l’image d’un ménestrel, ils apportent un divertissement sans pour autant faire l’impasse sur leur fonction, leur volonté première : nous livrer un message, leur message. Et je trouve donc ça top car du début à la fin, je me suis retrouvé plongé dans le Doom. Dans LEUR Doom.