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Blackbird Hill : une simple complexité

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 Dans ma jolie petite ville de Douarnenez, la musique se veut notamment rock, punk, hardcore… Mais aussi rock N’ Roll… Avec une patate d’enfer. Les Locos Rock, centre de répétition amplifié de l’école de musique, en est la force gravitationnelle. Pourquoi m’épancher sur ma ville dans cet article voué à vous occuper, vous surprendre quelques minutes ? Vous qui demeurez possiblement so far de chez moi. La réponse est complexe mais limpide à la fois.

Pendant que je fais des recherches sur Blackbird, le groupe qui nous intéresse aujourd’hui, je me permets bien entendu de laisser tourner leur musique dans mes oreilles. Pour se faire, bien entendu, j’attaque le dernier opus, Embers In The Dark dont la sortie est imminente puisqu’elle est prévue le 7 octobre prochain.

 La première chose qui remonte en moi est justement le lien avec une partie de la musique douarneniste. Ce son est d’une riche simplicité et met l’accent sur l’énergie et l’émotion. Ici, pas de fioriture ! Pour commencer, ils ne sont que deux. Une batterie épurée au maximum. En effet, Théo martèle des rythmes sophistiqués avec seulement trois fûts, grosse caisse, caisse claire et tom; et autant de bronze: 2 cymbales accompagnent le charleston. La gratte, aux mains de Maxime, est une demie caisse aux allures jazzy. Elle envoie des riffs d’une lourdeur extrêmement agréable. Que j’aime cette vibration dans les réglages, ce toucher du doigt des infrabasses, à la stoner.

Ainsi nos amis bordelais nous offrent un album de neuf titres à la diversité bien ancrée dans le blues stoner. Toi, amateur de musique extrême, tu n’es peut-être pas friand de ce mot « blues ». Pourtant, tu devrais porter attention à cet opus. Avec Reset, introduction pulsive et rythmée, tu vas prendre toute la mesure de leur écriture. Le riff est rapide et lourd, saturé, réglé pour les oscillations de la tête à son écoute. La batoche, légèrement en retrait, offre des roulements percutants et des coups de cymbales puissants. A se demander comment cette dernière peut ne pas se décrocher et rouler loin pour fuir les coups de baguettes. C’est très très bon !

Accroché à ce style, on retrouve une voix mélodieuse. Sans excès mais avec justesse, elle apporte cette touche années 60 merveilleuse dans les BO de films d’un autre temps. Quand je suis à l’écoute de Flatline, troisième morceau plein d’entrain, je me demande si les Blue Cheer n’ont pas eu leur influence, même si je souhaite plus de stabilité de line up que les fondateurs des sixteen ! S’ensuit le lourd Beat The Retreat. Le tempo est largement revu à la baisse mais il ne perd rien en groove. Pour vous dire, je l’écoute en ce moment même et je n’arrive pas à vous écrire en même temps tellement l’ambiance immersive du titre me capte.

A propos de baisses de tempo, Blackbird Hill s’accorde également quelques titres à la structure régulière. En effet, Embers In the Dark et Black Feathers nous proposent une intro intimiste avant que Maxime ne presse la pédale de distorsion et que la chanson prenne un chemin d’avantage saturé. Il est toujours délicat de placer les tubes sur un album pour en révéler toute l’essence de ses paroles, de sa musique… De son message, quoi ! Si une critique devait modestement émaner de moi, elle concernerait ce point. J’ai été surpris et je me demande encore pourquoi Embers In The Dark est placé en deuxième place. Après une intro démontant agréablement mes esgourdes, pourquoi immédiatement casser le rythme par un tempo si bas ? Pourquoi me dire immédiatement « tu te calmes » ? Il sera intéressant, chers artistes de Blackbird Hill, qu’on en parle car je m’interroge. Attention ! Sans pour autant déprécier la qualité des titres ! Je suis actuellement sur The Masquerade et je ne peux que scotcher. C’est toujours lourd, accompagné d’une voix naturelle, alternant des rythmes lancinants et rapides.

 A cet album, je lui trouve un petit goût de progressif. Sur Grapevines, c’est la petite impression que j’ai. Théo, derrière ses fûts, imprime le rythme de contretemps qui accompagnent la balade des notes de la guitare qui, sans réelle destructure, innove et surprend tout au long du titre.

Vous l’aurez compris, Embers In The Dark est un bel opus énergique et je vais peut-être me faire reprendre par nos artistes bordelais, mais il y a une touche Graveyard dans leur musique. En tout cas, pour ma part, la comparaison avec le band suédois me semble méritée.