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Disconnected : Entrevue au HellFest

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Il y a des entrevues où l’on ne s’attend pas à entendre certaines réponses. J’ai le privilège de croiser des artistes de tous horizons, de diverses motivations et il demeure un fait certain : je suis toujours admiratif de leur travail accompli et du professionnalisme avec lequel je suis accueilli. Mais alors là, les mecs de Disconnected m’auraient presque fait poser un genou à terre, le coude posé sur la cuisse et la tête baissée, provoquant l’inclinaison respectueuse due à leur personnalité. Ces mecs ont un début de carrière qui ferait rêver tout zikos qui se respecte, côtoyant les plus grands, accompagnés des plus grands, et la seule chose qui m’a claqué au visage, c’est leur incroyable gentillesse. La vache ! Silencieux à les écouter, je me disais dans mon for intérieur qu’ils semblaient presque gênés d’énumérer les talents et les premières parties déjà dans leur besace.

Ils sont à suivre. Vraiment. Mais pour cela, il faudra aller de plus en plus loin car ils ne comptent pas leurs efforts pour exploser les frontières et proposer leur musique loin, très loin. Je vous rends ici les quelques mots échangés avec eux au HellFest 2022.

MB : Je suis donc en entrevue avec Disconnected. Dur labeur pour le chanteur et les gratteux de faire les interviews. Hier matin, 11h05, vous avez bombardé une grande joie d’être là sur la Mainstage, et le public vous l’avait rendu. Je me retourne, et je pense que jusqu’aux toilettes il y avait du monde. Ça doit être impressionnant. Et ça me fait plaisir de voir ce monde..

Ivan (chant) : C’est complètement dingue d’avoir autant de monde à cette heure-ci. C’est vrai que c’est un souvenir qui restera gravé à jamais dans nos mémoires. C’est l’accomplissement de beaucoup d’années de travail même si le groupe n’est pas si vieux. Derrière il se cache quand même beaucoup d’années de dur labeur et c’est vraiment un sentiment incroyable de pouvoir jouer ses morceaux sur une scène aussi grande et aussi légendaire.

Adrian (guitare) : Pour moi c’est pareil : un sentiment d’accomplissement total. Je racontais cette petite anecdote tout à l’heure parce qu’il y a la scène et il y a tout ce qui se passe à côté en Backstage. Hier quand on était au Catering artistes [Nous, les non artistes, pourrions appeler ça la cafet’ ; ndr], on s’est mis à manger et tu vois Monsieur Dave Mustaine [chanteur de Megadeth ; ndr] qui arrive à ce moment-là. Quand tu te dis que tu foules les mêmes endroits que des gens que tu écoutes depuis que tu as 14-15 ans, tu te rends compte que tu as touché du doigt un truc dont la plupart des gens rêvent quand ils font de la musique. Un gros gros kif quoi !

MB : Surtout que j’ai entendu dire que la tête d’affiche du jour avait son mot à dire sur les gens qui commencent la journée de concert. Finalement, je ne sais pas si c’est votre cas, mais FauxX, qui est passé avant vous sur l’autre Mainstage, avait été choisi par Nine Inch Nails pour commencer la journée. Donc c’est gratifiant quelque part. À partir du moment où on apprend qu’on est confirmé au Hellfest, qu’on a un album à défendre, il y a ce mélange de stress et d’excitation ! On se dit « mince, quel set va-t-on faire ? ». C’est du stress mais aussi c’est pour le moins exaltant à préparer.

Adrian : Ça n’a pas été compliqué. On a eu beaucoup d’hésitation ça, c’est clair, on avait vraiment très envie de proposer le meilleur set, le plus efficace possible. C’est plutôt une réflexion dans ce sens là : Quels morceaux on va-t-on mettre ? Dans quel ordre pour que ça marche mieux ? C’est aussi pour que les gens puissent aussi découvrir notre musique sur tous nos aspects et pas seulement un seul aspect du groupe. C’était vraiment ça la complicité du truc. Mais je pense qu’on a pas trop galéré non plus. Et surtout beaucoup d’impatience ! Hâte d’être au concert.

Ivan : La configuration « Vous avez une demi-heure pour convaincre », on la connaît très très bien. On a fait ça 24 fois avec Tremonti et partout en Europe. On a fait ça en ouverture de Judas Priest. On a fait deux fois avec Mass Hysteria… On a l’habitude d’ouvrir pour des gros en fait, depuis quand même quelques années, et du coup on sait ce qui marche chez nous et on sait ce qu’on veut proposer aux gens. Effectivement quand tu as une demi-heure, l’atout majeur du groupe c’est son énergie. Il faut proposer quelque chose avec certaines variations mais quand même quelque chose qui tape vraiment au fond et qui est proche des gens en fait. Quelque chose qui crée ce lien qu’on aime créer directement avec les gens. Je pense qu’une fois de plus hier on a réussi à bien fagoté un truc.

MB : Vous défendez sur scène aussi We Are Disconnected, votre dernier album de 2022.

Ivan : En 2021, on a sorti un EP qui s’appelait The Downtime. En avril 2021. C’était une espèce de réadaptation acoustique orchestrale électro de précédents morceaux et We Are Disconnected est sorti en avril 2022. Donc c’est tout frais il y en a vraiment envie de jouer l’album quoi !

MB : Et donc pour présenter We Are Disconnected, Parlez-nous de la ligne directrice de cet album en écriture. De ce qui vous représente.

Adrian : La différence majeure qu’il y avec White Colossus, notre premier album, est que c’est un album de groupe. Le premier album était écrit dans ma chambre tout seul car je n’avais pas de groupe. Je ne connaissais pas encore Ivan. C’était donc un album à tiroirs avec des morceaux écrits à tout moment, d’autres morceaux écrits six mois plus tard et un autre un an après, etc… Cet album là [We Are Disconnected ; ndr] a été écrit en six mois et après plusieurs expériences de tournée dont avec Tremonti et Judas Priest, et en connaissant vraiment le groupe humainement et musicalement, les influences de chacun et leur part d’influence sur mon écriture aussi ont permis de pouvoir se projeter sur scène quand j’écrivais les morceaux. Car je sais que Gedi [Adrian prononce « Djédi », désolé pour l’orthographe très personnelle ; ndr] joue de la batterie d’une certaine façon, que Romain joue de la basse de telle manière et qu’Ivan chante de telle façon.. Enfin c’est simple d’écrire de la musique comme ça et c’est beaucoup plus cohérent. La différence est là. C’est ça qui a fait l’évolution du groupe sur ce deuxième album.

MB : Dans un magazine je lisais votre biographie et il y a un site qui s’amuse a priori à faire des comparatifs. Si je vous dis Periphery ou Alter Bridge, c’est plutôt une bonne nouvelle de dire que vous accrochez à ce style là ? Vous parliez de Tremonti tout à l’heure c’est amusant.

Ivan : Oui clairement ! Periphery, le côté puissant, beaucoup de mélodies et des trucs Catchy en tout cas c’est très technique parfois. Et Alter Bridge, avec Adrian on est très fan. Tremonti reste une influence majeure pour nous. On a la chance de le connaître de manière intime aussi… En tout bien tout honneur bien sûr ! [Rires]. Effectivement c’est un beau mélange oui.

MB : Pour la suite du festival vous allez profiter j’espère, Myles Kennedy peut-être? Et sinon quelles sont vos prochaines dates, vos prochains concerts pour continuer à défendre cet opus et peut-être dans ta chambre, écrire d’autres choses.

Adrian : Les prochaines dates : samedi prochain on joue au Roll Fest à Barcelone le même jour que Kiss et Megadeth. Le mois prochain on joue au Wacken Open Air. Le 18 août on joue au Cabaret Vert le même jour que Slipknot et après on va lancer d’autres dates d’ici la fin de l’année. On va essayer de défendre au maximum cet album que ce soit en France ou même en Europe, voire même plus loin ! C’est le but.

MB : Et comment on fait alors pour avoir toutes ces têtes d’affiche ? Déjà on doit se dire « on doit être pas mal ». Ce n’est pas qu’un concours de circonstances que vous n’ayez que des dates de grosses têtes d’affiche dans de gros festivals. Parce que le Wacken, ça rigole deux minutes aussi !

Ivan : C’est clair. Disons qu’on a fait certaines bonnes rencontres et on a provoqué ces rencontres avec des personnes qui ont entendu parler de nous, qui nous ont vu quand on était en tournée avec Tremonti. Et du coup suite à ça on a vraiment marqué les esprits sur cette tournée. Les gens aimaient dire qu’ils ont rarement vu une première partie qui n’avait pas l’air d’une première partie et du coup ça attise la curiosité et on est la chance, en ce qui concerne la France, d’être vraiment repéré par Matthieu Drouot qui est notre booker maintenant chez Gérard Drouot Production. Le groupe est officiellement chez Drouot Production et on a fait aussi la rencontre d’un grand monsieur dans le business de la musique qui s’appelle Ozzy Hoppe qui a créé le label Wizard Promotions, le plus grand promoteur de spectacles en Allemagne : 20 ans manager de Deep Purple, de Whitesnake, etc. Et lui c’est pareil, il a flashé sur le groupe. J’ai eu la chance de le rencontrer personnellement à de multiples reprises, et donc, ce sont ces gens là qui te disent « on va t’essayer là, on va t’essayer là » et j’espère qu’ils ont tous des bons retours !

MB : Je peux du coup ne vous souhaiter qu’une bonne continuation parce que c’est un départ, le groupe n’est pas très vieux comme tu le disais tout à l’heure, mais ça monte en flèche ! Donc bientôt en tête d’affiche de festivals et c’est vous qui choisirez ceux qui commenceront votre journée, peut-être.

Adrian : Oh tu sais, déjà 14 heures on sera déjà très content ! [rires]… C’est clairement le but à terme. On ne se pose pas de limites. Jour après jour, étape après étape, on essaye toujours d’aller plus loin et de ne pas se satisfaire de nos acquis. Toujours se remettre en question pour essayer de faire mieux. Faire plus grand, c’est l’optique qu’on en a fait.

MB : Merci les gars pour votre temps, c’était bien tout cas. Comme tu l’as dit sur le live, c’était court mais c’était intense. On a bien vu que vous êtes éclatés, un grand plaisir d’être là, et connaître votre parcours c’est quand même intéressant de voir que vous êtes toujours aussi heureux, à 11h le matin, de faire votre « boulot ».

Ivan : Le mec qui fait la première fois le Hellfest et qui joue le matin sur une grande scène devant 10000 personnes et qu’il n’est pas content, il faut qu’il arrête de suite ! Il faut qu’il arrête ce métier là parce que c’est pas fait pour lui. Évidemment que c’est extraordinaire. Tu ne peux pas ne pas être survolté quand tu te retrouves dans cette configuration là. Je suis largement le plus vieux du groupe, j’ai 45 ans, j’ai toujours les mêmes étoiles dans les yeux. Les mêmes que j’avais que j’avais il y a 14-15 ans quand j’ai commencé. C’est la même chose pour moi. Je vibre de la même manière. Ça craque juste un peu plus parce que les os sont plus vieux mais c’est tout ! [Eclats de rires]… C’est la même passion, c’est le même truc chevillé au corps.

MB : C’est ça qui fait que le public se rend compte aussi. On voit bien quand l’artiste n’est pas là que pour gagner sa croûte ou juste faire le show comme ça peut être malheureusement le cas parfois.

Adrian : C’est sûr, ça se ressent. On a vu pas mal de concerts où quand un groupe se fait chier, tu le vois. Et un qui te kiffe, tu le vois tout de suite. Ça se ressent sur scène je trouve. Cette énergie là est communicative.

MB : Très bien ! Je vous remercie les gars. Bonne petite pause médias et bonne continuation. Salut !

Disconnected : Salut !