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Fractal Universe au Metal Earth Festival

Relecture par Noelline

La vie est loin d’être un fleuve tranquille. Ce n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Dans mon cas, ces derniers temps ont été ponctués d’opportunités. Elles ont été professionnelles et associatives.

De ce fait, l’entrevue que je vous propose aujourd’hui a déjà quelques semaines de retard. La faute à qui? La mienne ! Je m’incline avec ma souplesse légendaire de parpaing face à Fractal Universe qui m’a fait confiance pour rapporter leurs dires, leurs impressions et leur avenir.

Ne tardons plus ! Voici (enfin) la retranscription de cet entretien cosy, réalisé lors du Metal Earth Festival qui s’est déroulé à Brest en avril dernier.

Une grande tournée

MB: Vous faites du Metal progressif, il y a énormément de jeux de textures dans vos compositions. Il y a deux jours de ça vous étiez dans une grande salle à Nancy, aujourd’hui vous voilà dans un festival de taille plus modeste. Est-ce que le set s’appréhende de la même façon?

Fractal Universe : Oui et non, ça dépend de ce que tu bosses. C’est surtout autour de la sonorisation que ça va être très différent. Sur une scène immense, tout est loin. Ce qu’il y a sur scène, tu ne l’entends quasiment pas dans le public. Là, à un mètre devant, le mec il va tout prendre. C’est plutôt ça la contrainte. Sinon pour le reste, non.

On se pose quelques questions sur les cymbales de batterie… C’est l’enjeu de la soirée [rires].

Il y a aussi la durée de la set-list. Pour le coup, ce soir ça va être bien plus costaud qu’il y a deux jours! On jouait 30 minutes. Tu peux y aller à fond, il n’y a pas de retenue à avoir. Ce soir on va jouer 80 minutes. Il va falloir les tenir car à ce niveau là ça change beaucoup effectivement. Ça fait très longtemps qu’on n’a pas joué plus d’une heure, en 2021.

MB: Vous avez un univers assez particulier. On parle souvent de concept album et parfois les sets de live essayent de retranscrire cette vision que vous avez depuis votre premier album [en 2015; ndr]. Vous essayez aussi certainement que vos sets soient des “concept-sets” j’ai envie de dire. Et donc ce n’est pas difficile de trancher, de jouer dans les longueurs?

Fractal Universe: On essaye toujours de faire au mieux évidemment en fonction de la durée. Sur des sets courts, c’est assez facile de savoir quels morceaux tu vas choisir parce que finalement, il y a les morceaux que les gens attendent. Sur ce set c’est plus long mais après on a plus de liberté. C’est là qu’on peut se faire plaisir justement. Aller chercher des morceaux qu’on n’a pas joués depuis longtemps tout en essayant de faire un set qui tient la route et qu’il soit dynamique, qui respire et a une belle énergie. Qu’il soit cohérent d’un bout à l’autre. Là pour aujourd’hui justement on sort les morceaux que l’on a pas joués depuis 3/4 ans pour certains. On a hâte de voir ce que ça va donner.

The Impassable Horizon

MB: Vous êtes donc en tournée sur votre dernier album The Impassable Horizon. Dans ce nouvel album, y a-t-il un univers particulier ? Y a-t-il une évolution sur les précédents albums qui se sont enchaînés ?

Fractal Universe : Sur le plan musical, je pense que c’est dans l’évolution des précédents. On a pu s’intégrer des éléments comme le chant clair, le saxophone que j’ai moi-même pris en main pour cet album. Sinon au niveau des paroles c’est à nouveau un concept album. Pour le coup il s’intéresse au thème de l’amour, tout ce que ça représente pour nous en tant qu’être humain de savoir que nous avons une existence finie et à quel point ça influence toute notre culture. C’est à peu près tout.

MB: Depuis 2015 vous êtes quand même bien inspirés puisqu’il y a foison d’albums et de tournées. Qui écrit et compose ? Est-ce que c’est un travail de groupe ou le travail d’un seul homme ? 

Vince (Guitare / Chant): Pour la compo c’est en grande partie moi qui m’en charge. Du coup je travaille beaucoup à la maison. Je fais des maquettes et je retranscris tout sur guitare pro en partitions, pour tout le monde. Après je leur envoie les maquettes, on écoute et on en discute. On travaille et on peaufine tout ça. Finalement c’est un rythme assez soutenu d’avoir sorti un album ou un EP tous les deux ans. C’est quelque chose qui demande effectivement beaucoup de travail quand tu es souvent en concert et que tu dois prendre le temps d’enregistrer, c’est quasiment un travail à temps plein de se consacrer à un groupe comme ça. 

MB: Tu disais que cet album est sur la mort et sur notre existence finie. D’autres part tu parles d’un rythme soutenu mais ce n’est pas un rythme imposé. C’est un peu comme si “il faut que ça sorte” ? C’est en vous et il y a beaucoup de choses à exprimer ?

Vince: Oui c’est sûr ! Comme tu dis, il ne faut pas que ce soit quelque chose de forcé. Il faut prendre le temps finalement. Si en deux ans tu estimes que tu as quelque chose à raconter, ça prend tout son sens de faire un album. Si tu as des idées qui viennent, un point de départ, ça peut finalement découler assez rapidement.

Le Metal Earth

MB: Le Metal Earth qui nous accueille aujourd’hui est un festival que vous connaissiez déjà ? Ça doit être un plaisir de venir car Nancy – Brest est une sacrée route à se tartiner. Du coup pourquoi le Metal Earth si vous aviez peut-être d’autres dates plus près de chez vous?

Fractal Universe: La réponse va être très courte. Nous avons envie de jouer devant tous les publics. Partout sur terre ! Ce festival nous a proposé alors évidemment nous sommes contents de venir. Après par rapport à la thématique du festival, c’est quelque chose qui nous touche. Mais ce n’est pas spécialement pour ça que l’on est venu. Nous voulons bien jouer pour tout le monde.

MB: Ce soir vous êtes au Metal Earth mais ensuite, la tournée continue ?

Fractal Universe: On a bien tourné pour cet album là. On a fait une grosse tournée en première partie d’Evil Gray l’année dernière. On a joué pour la première fois en dehors de l’Europe sur les 70 000 tonnes de metal aux États-Unis. On a fait le Hellfest l’année dernière. Là pour le coup, on est plutôt sur la fin de la tournée pour cet album là. Le prochain qui est enregistré, dans la boîte, va maintenant prendre toute notre concentration. On va se concentrer sur sa sortie. On a pas vraiment de date et donc on a pas vraiment de date de concert pour cet été. On va surtout développer la suite.

MB: Et en parlant de scène et de concept-set, y a-t-il aussi plein d’idées pour ce qui est de l’ambiance visuelle des concerts ? Des idées à venir ? Même si elles ne sont pas forcément réalisables quand on est en festival ou en première partie j’imagine. 

Fractal Universe: À mettre en place physiquement sur une scène c’est plus compliqué oui. Là ce qu’on a actuellement ce sont des images, des Roll Up sur les côtés. Pour les trucs un peu plus ambitieux, ça devient vite le bordel. Dans une petite salle comme celle-là, on ne peut pas retranscrire ce que l’on veut. L’aspect scénique est vraiment important. Dans le milieu progressif ça a vite tendance à être très statique : le musicien veut s’appliquer finalement. Donc nous on essaye d’être à l’opposé de ça je dirais. On essaye d’être dans l’énergie. Les morceaux on les a travaillés et on les a joués. Quand on joue sur scène c’est pour dégager quelque chose. Le but est de chercher à toucher des gens qui ne sont pas forcément dans cet univers là de base. Quand tu arrives à happer des gens qui n’écoutent pas ce style, c’est que ta musique dégage quelque chose. Que la personne aime ou pas ton album, qu’elle connaisse ou pas, s’il apprécie ton concert, c’est tout aussi bien.

Le plein d’énergie

MB: Quand le thème de l’album c’est la mort, est-ce que justement le jeu de scène dans l’énergie est volontairement à contre-courant ?

Fractal Universe: Bah tu sais déjà que le concept de la mort dans l’album n’est pas forcément négatif. La manière dont on en parle n’a pas de côté renfermé. Mais le but n’est pas de dégager du deuil ! [rires]. Donc il n’y a pas forcément de contre-courant sur scène. La musique est vachement nuancée alors ce que tu dégages sur scène est aussi dans la musique. On ne va évidemment pas pouvoir headbanguer sur certains passages. C’est aussi libérateur de jouer. C’est important de se la donner. On trouve important ce que dégage le son brut, pas forcément les paroles. Ce qui se dégage musicalement, souvent c’est super énergique. Ça, on peut le retranscrire sur scène. On ne fait pas de Black métal non plus ! [rires].

MB: Vous disiez donc que la tournée de cet album a été longue, vous terminez avec un set qui est très long par rapport à vos habitudes. On a encore l’énergie de retranscrire physiquement sur scène cette envie ?

Fractal universe: Bien sûr qu’on va tout donner ! Entre le moment où on rentre sur scène et le moment où on en sort, c’est là que tout se passe. Quand tu penses à toute la logistique qu’il y a derrière un concert comme ça, particulièrement comme aujourd’hui quand tu te tapes une traversée de la France de bout en bout, même si on est claqué, on va tout donner.

MB: J’imagine que ce n’est pas comme travailler à l’usine et qu’il n’y a pas de coup de mou, que tous les jours c’est la passion ? On se dit que encore une fois il faut porter la grosse caisse mais que finalement c’est cool ?

Fractal Universe: C’est le plaisir d’être sur scène et de partager. Déjà nous quatre, de faire de la musique ensemble et de le délivrer au public. Y’a ça qui joue vachement. Ce sont des heures de boulot pour une heure de set ce soir.

Il est aussi flatteur d’être en tête d’affiche de festival. Ça ne nous est pas arrivé super souvent donc c’est quand même super bien. 

MB: D’ailleurs, comme ça arrive souvent lors du festival, il y a eu des changements de prog. Un groupe qui en  remplace un autre. Vincent m’a dit tout à l’heure “heureusement que je n’ai pas à remplacer Fractal car ça je veux vraiment voir ». Je peux vous dire qu’il  va être au taquet dans le Pit !

Fractal Universe: C’est plutôt gratifiant ça effectivement ! Ça fait plaisir qu’il nous ait fait confiance pour remplir à Brest et que la soirée soit sold out, c’est vachement cool !

MB: Bon, il est important que vous vous reposiez quand même avant votre set donc je vous remercie pour ces minutes que vous m’avez accordées et je vous souhaite bon repos avant de tout donner sur scène. Merci. 

Fractal Universe: Merci à toi et bonne soirée. Bye.