IGORRR à Nantes, retour d’une folie, un soir du 19 octobre 2025.
Il y a des soirs où la musique ne se contente pas de remplir l’air. Elle le déchire. Elle le broie, le malaxe, le mutile pour en faire un monstre sacré.
Ce 19 octobre 2025, à Nantes, le Stereolux n’était plus une salle. C’était une cathédrale païenne, une arène post-apocalyptique, un opéra dégénéré. Et sur l’autel : IGORRR.

Gautier Serre et sa horde, mi-humains, mi-divinités noise, sont montés sur scène comme on ouvre une faille dans la réalité. Le silence s’est figé, l’air s’est chargé d’électricité moite et « Daemoni » a jailli comme un serpent sorti d’un cercueil
d’orgue.
Un blast. Un cri. Une prière à l’envers. Le public vacille, pris à la gorge, et bascule avec ferveur dans une transe d’un autre âge. Puis la lumière meurt, la chute libre commence… Plus qu’un morceau introductif, un exorcisme, une montée lente, rituelle. Quelque chose d’étrange s’ouvre dans nos tripes. Le son vrille. Le plafond descend. Le sol tremble.




Et soudain, c’est l’Italie, « Spaguetti forever », l’absurde sacré. Mais une Italie cuite à l’acide, où Vivaldi s’envoie en l’air avec un micro-ondes en feu. Les beats partent dans tous les sens. On cherche son souffle entre deux syncopes baroques.
Puis, le breakcore de « Nervous » lacère les tympans. Les guitares labourent le plexus. La voix de Marthe Alexandre, incantatoire, plane au-dessus du tumulte comme une sirène aux poumons de lave. C’est le moment où tout lâche. Le cerveau
ne suit plus. Le cœur pompe à l’envers. On se fait gifler par des breakbeats, écraser par des riffs, aspirer par des voix trop grandes pour nos cages thoraciques.



Mention spéciale à « Blast Beat Falafel », un morceau qui sent la viande grillée et le chaos dans une ruelle d’Istanbul un soir d’émeute cosmique. Des derviches imaginaires se déchaînent dans nos cerveaux en feu. Le sol tremble. On sent nos
membres bouger indépendamment de notre volonté.

Le point de non-retour, « iEUD ». Un classique. Une bête noire. Ça hurle comme si quelqu’un accouchait d’un modem et pourtant, c’est beau. Une beauté cabossée, sale, qui racle l’âme. On ferme les yeux, on flotte et on tombe.


« Hollow tree » amorce la descente. Mais pas une descente calme, une glissade sur des tessons de verre avec du chant lyrique dans les oreilles et un démon qui joue du tambour dans ta cage thoracique.




Treizième morceau, « Silence » et tout explose. On part dans un tunnel plein de loups et de stroboscopes. Le public retient son souffle. Un mec hurle « Je suis en dehors du temps ! » et il a probablement raison.

Et enfin, le triptyque final : « Very Noise » / « Camel Dancefloor » / « Opus Brain ». La foule n’est plus qu’un monstre à mille bras. Le sol est glissant de sueur et de bière. Les fronts ruisselants, les esprits déconnectés. On ne sait plus en quelle
année on est, ni qui on est. Et ça n’a aucune importance. Dernier souffle, le dernier morceau prend nos têtes, les retourne, les peint en rouge et nous dit merci.

Igorrr ne donne pas de concerts, il ouvre des failles, il repeint l’intérieur des âmes. Ce soir, nous avons assisté, une fois de plus, à la fabrication fascinante d’oxymores sonores. La douce violence, l’harmonieux chaos, la brutalité baroque, la dissonante grâce Marthienne.


Ce soir au Stereolux, nous étions beaux. Sales, détraqués, en sueur. Mais beaux. Comme des cœurs battant trop fort au bord du monde, les corps titubants, repartant hagards entre les gouttes des crépusculaires rues de Nantes.


Récit d’une cyber transe baroque en 18 convulsions sonores
Par Coralie
Note de Myriam Minoxys :
Je remercie notre Rédactrice Célia Vicente d’avoir laissé Coralie la remplacer le temps de sa convalescence. Heureusement, elle commence à reprendre des forces après plus de trois mois très compliqués. Force à elle !
Mes meilleurs remerciements à Maxime de N-SYNDICATE PRODUCTIONS pour sa confiance réitérée et sa gentillesse.
Merci à IGORRR pour son incroyable prestation qui fut pour moi une découverte sur les conseils d’un de mes Etudiants en Soins Infirmiers.
Je remercie les copains du pit pour nos photos et échanges en sachant qu’au regard des lights et des fumées, on allait tous souffrir sur le développement.
Merci à toi Lecteur, qui fait que chaque ligne lue est un véritable soutien et marque le respect pour notre travail de bénévole.
Enjoy !




