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Néfastes – Scumanity

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« En des temps extrêmes, naissent des projets extrêmes ». C’est cette phrase qui a immédiatement attisé ma curiosité sur le projet français Néfastes, qui trouve ses origines au sein de Benighted (brutal death français). Le groupe de black metal présentant ici son premier album, sobrement intitulé Scumanity. Tu as la référence ? Allez je te file un coup de pouce, c’est un néologisme dont l’un des mots utilisé est Humanity. Pour l’autre je te laisse imaginer ce qu’un groupe du nom de Néfastes, profondément misanthrope, aurait pu vouloir associer avec.

Il présente donc son premier album, fraîchement sorti, composé de 8 titres pour environ une demie heure de désolation. Il faut dire qu’avec une communication ancrée dans l’aversion du genre humain et une utilisation des termes « Néfastes » ou « Scumanity », on s’attend bien évidemment à quelque chose de particulièrement sombre.

Précisons que le trio est composé de Julien Truchan au chant, de Liem N’Guyen à la guitare et d’Olivier Gabriel à la basse. Pas de batteur donc, la batterie sera programmée numériquement. Un choix que je trouve dommage mais qui n’entache en rien la volonté d’exprimer ce sentiment envers l’espèce humaine.

Et on peut dire que le rendu est très expressif. En effet, l’utilisation du black metal semble parfaitement adapté au contenu puisque ce genre se marie à la perfection avec les côtés sombres, torturés, malsains, néfastes en outre.

L’album ouvre sur le titre Progéniture Décadente qui confirme les attentes de l’auditeur en quête de violence. On est immédiatement submergés, dans le bain de ténèbres qui nous envahit . La guitare vient littéralement trancher le mix tandis que la voix écorchée, hurlée, torturée, déverse le flot des paroles, poussant parfois jusqu’aux limites de la nausée. Le kick est programmé en continu, façon black metal, la batterie est très rapide, le tout s’arrête brutalement, net, avant d’enchaîner sans laisser la moindre pause. 

Les titres de ce premier disque sont cohérents, l’ensemble sonne dans la même veine, mais une veine bien dégueulasse, sombre et glauque. La voix, avec son grain, son timbre et sa position dans le mix général, prend une part indéniable de responsabilité « néfaste » à l’ensemble. Enfin presque. Après avoir enchaîné 2 morceaux à en perdre haleine, Scumanity propose Make Apocalypse Great Again, la promesse de jours plus sombres sur un rythme plus lent mais avec un riff plus posé et construit. C’est selon moi, le titre le moins brutal mais sans être moins intéressant que ses compères.

Le fameux Supplice ouvre, quant à lui, aux sons d’une corde qui grince en se balançant sous le poids qu’elle supporte. Nous voilà certainement au summum du côté sombre de Néfastes, avec un titre malsain, parfois presque dissonant, soutenu par un riff bien construit, nous laissant cette fois, reprendre notre souffle quelques secondes avant de nous entraîner encore plus profondément dans la noirceur. Oui c’est encore possible à ce stade. Ça ne le sera plus après, car il me semble que nous avons atteint ici, le point de non-retour, le point le plus profond. Nous sommes à la moitié de l’album. Nous sommes passés de l’autre côté.

Parmi la seconde partie du disque, car il y a bien un avant et un après Supplice, vous pourrez profiter du titre éponyme, Scumanity ouvrant sous les huées d’une foule, de l’instrumentale Charognards, dont le croassement des corbeaux au-dessus de vos têtes ne vous fera pas oublier les pesantes notes de piano. Être dépourvu de chant ne le rendra pas plus sympathique, l’ambiance générale de cet album étant bien soulignée par la conception musicale intelligente de chaque titre. Charognards se termine sur les crépitements d’un feu vous interrogeant d’autant plus sur ce qui brûle, l’album enchaînant sur Ashes Return.

Carved Into The Flesh viendra mettre un terme à ce voyage parmi les ténèbres les plus sombres qui s’avèrent finalement être nos ténèbres.

Néfastes signe ici un premier album engagé, profondément marqué de son empreinte noire, sur fond de black metal. Le style servant le message, cet album ne sera possiblement pas à mettre entre toutes les oreilles, mais il aura su me séduire de par son identité forte, sa conception, sa noirceur et son engagement. Car oui, j’apprécie les groupes qui s’engagent dans quelque chose et qui le font sans se fixer de limites, et des limites ici, je n’en ai toujours pas trouvé.

Bravo et merci.