“She likes Monster”… Et dire qu’en juillet 2021 tu découvrais, cher lecteur, un papier de mon étrange verve tapuscrite qui présentait le groupe parisien 2Sisters. Cet article se nommait “Cours chérie! Cours! Et viens écouter ce son…” et je me laissais porter par l’opus “Run Baby! Run!”.
Il y a deux éléments qui pourraient faire l’objet d’une étude approfondie sur ce quatuor énergique. Le premier est de se demander où se puise autant d’envie, de patate et de motivation depuis 2009, sachant que 2Sisters semble ne vivre, ne respirer que sur scène. Au point d’ailleurs que si tu aimes et que tu creuses un peu pour les connaître, même la page boobook “à propos” te dira “Viens voir par toi même!”. Le second élément est que ces copains ont temporairement quitté les planches, scènes, estrades et ont trouvé, voire même pris le temps d’enregistrer cet album ! Grand bien nous fasse, mon ami.
Ainsi donc, le band nous annonce que la dame a fini de courir. Je m’attarde sur ce point car il est pour moi d’une finesse assez poussée. En effet, le style musical, au croisement du rock, du punk, du monochrome et de la couleur trouve un superbe support dans le visuel des films d’horreur si sympathiquement kitsch. Et derrière ça, on pourrait penser à cette phrase dite ou entendue dans un lieu de concert peu féru de bon rock transpirant: “Tu n’aimes pas ma zik’? Alors cours baby ! Cours!”.
Presque 4 ans plus tard, la dame ne court plus et s’abandonne même à un moment de partage caféiné avec cette brave créature du doc Frankenstein qui, apparemment, ne voudrait pas se brûler la langue fraîchement cousue! 2Sisters a t’il convaincu l’auditoire de récalcitrants? Nous annonçant ici que finalement, la dame, elle aime les monstres…
“She likes Monsters” (chez M&O Music) est un bijou de 11 titres tout chaud sorti ce 24 janvier dernier. À la manière du vieux rock, aucun titre n’atteindra jamais les trois minutes, exception faite pour l’outro de l’album. En pures mathématiques de base et en additionnant les temps, cet ovni grisant dure 27 minutes et quelques. Alors que pourtant ça fait déjà bien plus d’une heure que je t’écris tout en l’écoutant. Que c’est bon! La manière de balancer les tubes est nerveuse, entraînante. La basse claque frénétiquement, accompagnant une guitare aux riffs justes et efficaces, qui se laisse aller à des solos éparpillés aux quatres coins de l’opus pour la délectation de nos oreilles. “Shake Shake” en est un exemple frappant. On est à fond pendant tout le morceau. Ce délicieux arrière goût d’Iggy Pop toujours présent s’entremêle à d’autres références dont 2Sisters a fait siennes. J’adore la seconde piste, “Death”. Si tu te souviens de la série Happy Days? Imagines un psycho-Fonzie taper du poing sur un monstro-jukebox et qu’il en sorte un tube parfaitement à sa place. Je te la propose en fin de papier. Mais finis ta lecture d’abord !
Il est déroutant de se dire que ce que j’écoute ne se déroule pas devant moi. Le son garage est immersif à souhait par le tabassage net de la caisse claire, le côté basse très audible, la gratte jubilatoirement stridente et l’énergie indéfectible du front man. Ce côté représentation se retrouve dans le dernier titre, “Walker”, qui de par sa longueur, 4 minutes!, et son tempo, sa richesse, ressemble à s’y méprendre à une fin de set où artistes et public sont homogènement en transe. Un rappel harangué par la foule qui en veut encore. Si toi aussi tu en veux encore, rappelle toi le conseil des 2Sisters : “Viens voir par toi-même”.